Toru était excité comme un enfant la veille de Noël. Les beaux jours commençaient à s’annoncer, le ciel s’éclaircissait et il entendait déjà parler autour de lui des grandes préparatifs des grandes fêtes de printemps. Il aimait ça, comme on aimerait une pâtisserie, parce que la fête, c’était un peu sa friandise à lui dans la vie bien rangée et stable qu’il s’était créée.
Certes dernièrement il avait été quelque peu bousculer par les évènements. Il faut dire qu’entre ses exs et la sortie du tout premier projet de la dr.EA.m tech, il avait eu quelques nuits blanches. Mais enfin son sommeil était revenu, et son appétit aussi.
C’est pourquoi il arrivait tôt en cette matinée venteuse, son sac à dos débordant de boites dans lesquelles se trouvaient des madeleines au matcha maison pour la réunion du jour. Une réunion pour laquelle il avait déjà tiré tous les documents. Séparés en paquets bien rangés sur son bureau à l’accueil, il avait pris le soin de vérifier toutes les composantes et surtout l’ordre du jour. Car oui, ce n’était pas une réunion habituelle, oh ils allaient très certainement aborder les questions urgentes en premier, comme à leurs habitudes, et le Ishihara espérait profondément que cette histoire de fournisseur puisse se régler sans qu’il ait encore besoin d’harceler le livreur au téléphone cette semaine. Mais tout aussi important, il était question de vacances. D’un séminaire à Okinawa dans les quelques semaines à venir, et si l’agenda si prêtait, toute l’équipe pourrait apparemment en profiter pour prendre un repos bien mérité.
Sifflotant, Toru ouvrit la porte de la dr.EA.m tech. Ses pensées obnubilées par le faite de pouvoir passer une journée entière à nager dans les eaux claires. Ce fut alors que le vent s’engouffra à sa suite dans l’entrée. Toutes les feuilles bien arrangées qui se trouvaient sur son bureau s’envolèrent sous ses yeux écarquillés et il n’eut pas le temps de se rendre compte de ce qu’il se passait que l’alarme de la sécurité se mit à retentir pour appeler le poste de sécurité le plus proche. Toru avait déjà dit plus d’une fois que le délais pour entrer le code de sécurité n’était pas assez long sur ce foutu boitier.
Se précipitant pour entrer son code en jurant et en serrant les dents sur son gant qu’il avait retiré à la va-vite, il finit par réussir à arrêter la machine infernale. Nul doute que les patrons devaient avoir reçu l’alerte sur leurs téléphones… le secrétaire espérait juste ne pas avoir à faire à la police ce matin pour expliquer la situation. La porte enfin refermée, il observa son entrée et son bureau qu’il avait prit tant soin de ranger et de nettoyer la veille. Une mer de papier et de trombones colorés s’était rependue et on ne pouvait décemment plus faire un geste sans marcher sur une page de statistiques.
Toru enfouis ses gants dans les poches de son manteau, son lourd sac toujours sur son dos et commença à ramasser les quelques papiers en commençant par ceux qui se trouvaient le plus près de la porte d’entrée. Un lourd soupire s’échappa de ses lèvres tandis qu’il se mettait au travail. La matinée serait moins amusante qu’il ne l’avait envisagée visiblement.

Une cigarette. Non, d'abord, un café : la première risque bien plus de lui retourner l'estomac qu'autre chose, à cette heure. Un soupir, tandis qu'il combat encore les affres du sommeil qui avait enfin réussi à le happer après des heures à l'attendre. Les cernes bien creusés sous ses jolies prunelles, Yuu s'extirpe finalement de son lit, frotte son visage d'une main en espérant y faire disparaître les dernières traces de fatigue. Sans succès, évidemment. Il s'étire dans un bâillement avant de rejoindre la cuisine de son petit appartement et de mettre en fonction sa machine à café. Si les autres le voyaient ainsi, il ne le reconnaîtrait sans doute pas. Décoiffé, l'expression si lasse et l'apparence négligée. Lui qui est toujours propre sur lui et dégageant un charisme certain, habituellement. Il n'y a bien que dans son antre qu'il se permet d'avoir l'air aussi misérable. Une fois son café prêt, il commence à entamer sa petite routine matinale, c'est-à-dire, se remettre d'aplomb pour être présentable. De longues minutes s'écoulent avant qu'il ne soit fin prêt. Le visage que le miroir lui reflète n'a plus rien à voir avec celui qu'il lui montrait avant la douche. Toute trace de fatigue a disparu et il a réussi à camouffler ses cernes si accentués. Une fois les boucles accrochées à ses oreilles, il est finalement prêt à sortir et rejoindre le bureau de la dr.EA.m tech. C'est qu'aujourd'hui, ils discuteront des vacances. Si tout allait pour le mieux, tout le monde pourrait en profiter. Yuu, dans ses beaux habits, rejoint sa voiture qui le mènera à sa destination. Sur le chemin, une notification retentit sur son téléphone et celle-ci s'affiche sur le tableau de bord électronique de son véhicule. L'alarme s'est déclanchée. Sans trop s'en rendre compte, le pied appuie un peu plus fort sur la pédale d'accélération pour arriver plus rapidement. Si ça se trouve, il s'en fait pour rien, c'est l'un des employés qui n'a pas eu le temps de rentrer le code du système d'alarme. Néanmoins, il y a toujours la possibilité que ce ne soit pas cette raison qui le titille. Sur place, il s'empresse de sortir de sa voiture pour rejoindre l'entrée et alors qu'il pousse les portes, il comprend. Car une multitude de feuilles de papier ornent le sol et Toru s'affaire à les ramasser. S'engouffrant dans la bâtisse, Yuu se penche près du secrétaire pour l'aider à ramasser. ━ T'as les mains pleines de pouces, dis-moi? Lancé à la blague, un sourire qui étire doucement un coin de ses lèvres discrètement peintes.

Les beaux jours étaient en approches, ce n’est pas pour te déplaire. Tu commençais à en avoir marre de tes bottes et de ton manteau fourré. T’avais envie de claquette et de robe légère. Pourtant, ce n’était pas encore pour tout de suite, mais le printemps était proche. T’avais déjà hâte de revoir les Sakura en fleur.
Pourtant, tu n’avais clairement pas le temps de te poser, le nouveau projet de la dr.EA.m tech était pour bientôt et tu avais un boulot monstre. Comme toujours, tu te mettais une pression de fou et ta famille ne t’aidait pas à mieux te sentir. Tu as pris les transports ce matin, t’avais déjà passé deux trois coups de téléphone quand tu as descendu du bus.
Tu n’étais qu’à quelques mètres de la société, tu te dépêchas quand même car si tu rêvais du Printemps. Il n’était pas encore arrivé. Tu passas dans le café du coin pour rapporter la commande habituelle. Ils avaient l’habitude maintenant.
Tu passas les portes du bâtiment et monta à l’étage où se trouvait la startup. Tu passas les portes de la société et te trouvas en face d’un Toru en train de ramasser une rafale de papier à terre et Yuu en pleine contemplation. « eh ben alors, il y a eu un ouragan ou bien » demandas-tu en arquant un sourcil.
La porte se referma derrière toi. Tu déposas la commande de café sur le comptoir et te pencha pour aider Toru a ramasser le reste des papiers. « vous êtes en avance dis-donc » il faut dire que c’était une journée importante avec une réunion également importante. T’avais déjà une to do list interminable pour la journée.

Lorsque le talon de Rika claqua sur le bitume, sa montre indiquait les soixante secondes restantes qui lui fallait pour atteindre le bureau de la d.RE.am Tech. Sortant de sa voiture, elle récupéra son sac, relevant ses lunettes de soleil sur ses cheveux toujours aussi élégamment attachés, relevés pour dégager sa nuque. Aujourd’hui, elle se pensait presque déjà en vacances, alors elle ne portait qu’une combinaison blanche à dentelle, que certains trouveraient dévergondée, surtout pour ses chaussures qui lui ajoutaient plusieurs centimètres. Mais bien sûr, cela ne valait que pour celles et ceux qui ne voyaient en elle que la consécration de leur frustration les plus intimes. La jeune femme se dirigea vers le bâtiment, les pas régulier, la démarche assurée. Leur premier projet était déjà un franc succès et les investisseurs se bousculaient à leur porte pour donner les financements au prochain. Et même si elle ne se reposait pas, ayant déjà proposé sa prochaine initiative au groupe, il fallait dire que si elle continuait, elle allait faire un burn-out, la Takano. Elle avait accordé une bonne semaine de repos à son.a assistant.e pour lui permettre de se remettre. Aujourd’hui, en plus de tout, ils allaient parler de vacances.

L’horloge mural indiqua l’heure à zéro au moment où elle poussa la porte de l’entreprise, découvrant ses trois collègues fars déjà affairés dans une situation quelque peu amusante. Le coude sur la hanche, la main coincée ce dernier, dans une pose qui laissait sous entendre sa confiance et mettait en valeur ses jambes, elle les observa, un sourire plus que narquois sur le bord de ses lèvres rouges. Elle retint une remarque sur le fait qu’ils étaient à ses pieds du bout de la langue. Il fallait garder un environnement sain et stable. Mais ce n’était pas pour cela qu’elle allait les aider pour autant. Takano Rika ? Se pencher pour ramasser des feuilles ? Jamais.

« C’est bien, vous êtes tous à l’heure aujourd'hui, ironisa-t-elle, surtout en jetant un coup d'œil à Yuu. Merci pour le café, Hanae-chan ! »

Elle se saisit du porte-gobelet pour l’embarquer avec elle dans la salle de réunion, passant à côté du trio sans un regard en arrière. Quoi ? Elle était tout à fait l’heure, mais s’ils continuaient à ramasser les dossiers étalés sur le sol, ils allaient finir par être en retard. Et ça, Rika ne le supporte pas. Elle s’installa comme si elle était chez elle, ce qui était plus ou moins le cas, glissant ses jambes sous la table pour les croiser, un bloc note et son dernier dossier déjà alignés devant elle. On peut dire qu’elle est de bonne humeur aujourd'hui. Comme quoi, tout est possible.  

C’était la faute du vent. Il avait suffi de le laisser s’engouffrer un peu pour que toutes les préparations et la rigueur dont il avait fait preuve ne s’envolent.
Toru soupirait en essayant de ramasser et trier les feuilles sur le sol, et bien évidemment, il avait fallu que la première personne entrante ce jour là fusse Yuu. Le Ishihara tourna la tête en entendant la porte s’ouvrir derrière lui, écarquillant les yeux et il pinça les lèvres presque immédiatement.
La journée allait donc commencer avec la pique taquine et sans tact de son patron et le secrétaire n’était pas du genre à laisser cela passer si facilement. Mais il ne s’attendait pas non plus à ce que ce dernier ne se mette à l’aider sans ajouter quoi que ce soit de négatif non plus. Il n’eut donc pas le temps de réagir, d’abord surprit de recevoir de l’aide, puis par l’arrivée d’Hanae, la professionnelle de la communication et du marketing qui fit irruption pour découvrir à son tour la scène.
Toru la salua d’un court hochement de tête, la fragrance du café emplissant le lieu en quelques secondes avant qu’elle ne se mette à les aider à son tour. Toru se repentit en une nouvelle courbette tout en remerciant les deux qui se trouvaient à présent accroupis sur le sol avec lui en un « merci » court et presque inaudible tant il fut soufflé du bout des lèvres.
Puis ce fut au tour de Rika de faire irruption, les prenant encore plus de haut que d’habitude, un signe qu’elle n’était pas non plus au top de sa forme.
Toru se précipita alors, et arrachât des mains les feuilles déjà assemblées par les deux personnes qui lui étaient venu en aide, ne cherchant pas à les ralentir plus que de raison avant a réunion.
« Je vais m’en occuper. » dit-il en affichant un regard sombre, mécontent envers lui-même mais aussi préoccupé qu’on ne le prenne pour un incapable, ou pire pour quelqu’un de désordonné.
« Je vous apporte les documents dans une minutes. »
Il fit un signe de la main en se penchant à l’avant avec le respect dû à ses supérieur pour leur indiquer de rejoindre la salle de réunion et se réfugia derrière le comptoir qui lui servait de bureau pour trier et agrafer les feuilles en prenant soin d’avoir bien tout remis en ordre.
Ouvrant son sac en grand, Toru en sorti les quelques pâtisseries maison qu’il avait préparée et les disposa sur une assiette de couleur vert clair aux motifs de fleurs jaunes. Une trouvaille de brocante qu’il avait particulièrement appréciée et qui allait avec l’esprit printanier de ces derniers jours.
Une fois tout cela préparé il se dirigea avec un pas rapide, les documents sous un bras et l’assiette dans la main vers la salle de réunion dont il poussa la porte en grand avant d’entrer, un sourire poli et professionnel sur les lèvres.
« Pardon pour le retard. Servez vous je vous en prit. » ajoutât-il en posant l’assiette sur la table de la réunion avant de distribuer les quatre dossiers autour des quatre chaises occupées.