((ootd)) C’est assez inhabituel, mais aujourd’hui Sanha a passé presque toute la journée dehors. D’ordinaire il travaille depuis chez lui, affalé sur son lit ou bien assis devant son bureau, mais il lui est parfois nécessaire de rencontrer les auteurs avec lesquels il travaille, surtout en début de projet afin de bien discuter de leur collaboration. Ordinateur portable dans son sac et planches de dessins dans sa grande pochette, il s’était rendu au studio de cette auteure qui l’avait contacté peu de temps avant pour que le coréen illustre ses écrits et qu’ils lancent ensemble un nouveau webtoon. Et puis les discussions se sont éternisées, à parler du synopsis, réfléchir ensemble à l’apparence des personnages, la palette de couleurs, les décors. Quelques planches de croquis et beaucoup de café plus tard, ils ont même terminé la soirée en commandant un bon repas, comme pour célébrer cette nouvelle collaboration et ce contrat soigneusement signé par les deux parties.

Et même si l’ambiance était plus qu’agréable, Sanha ne peut jamais s’empêcher de scroller sur son téléphone. C’est là qu’il est tombé sur le profil de son colocataire sur l’application de rencontre qu’il a ouverte presque instinctivement. Quelques messages échangés avec Minki, et une fois sa soirée avec sa nouvelle collaboratrice terminée, il s’est dépêché de rentrer chez eux. Il a d’abord marché jusqu’à la première bouche de métro, et une fois arrivé dans le quartier où ils résident, sa démarche était rapide, trottinante même. Pressé sans trop savoir pourquoi. Après tout, ils sont habitués à coucher ensemble, ont commencé relativement tôt après que Sanha se soit installé avec lui. Ce n’est pas non plus comme s’il n’avait rien fait depuis longtemps, et au final peut-être qu’il n’y a tout simplement pas de raisons à son impatience. Il a hâte de rentrer, de l’embrasser, de l’entraîner jusqu’à sa chambre, c’est tout. Et il arrive enfin devant la porte encore un peu haletant et s’empresse de l’ouvrir, un grand sourire se dessinant sur ses lèvres en voyant son colocataire devenu ami puis sexfriend là, sur leur canapé. « Salut bg » Sanha s’empresse de retirer ses chaussures et sa veste, puis de poser ses affaires dans le salon pour finalement le rejoindre et s’asseoir perpendiculaire à lui directement sur ses cuisses, ses bras autour de son cou. « Ça va, t’as passé une bonne journée ? Tu sais j’suis presque déçu, je pensais que t’allais m’attendre à poil dans mon lit moi »

((ootd)) C’est une journée tranquille, comme beaucoup des journées que Minki passe en réalité. Une journée de travail, certes, mais contrairement à toutes les personnes qui s'enferment huit heures par jour dans un bureau, lui a des journées de travail plaisantes. Il les vit comme il l'entend, n'a qu'à photographier et rapporter sur son compte instagram absolument tout ce qu'il fait, poster des images des endroits où il a été ou bien des vêtements sur lesquels il a craqué, et sa journée a été productive. Alors comme souvent il est allé dehors, a fait son petit tour, pris un café, s'est promené, a essayé de repérer des spots pour des futurs réels de recommandation. Et il a trainé, a pris son temps. De toute façon il n'est pas pressé de rentrer, puisqu'à la maison, Sanha n'est pas là.

D'ailleurs il était tranquillement assis à une terrasse lorsqu'il a reçu un message sur son application de rencontre ; et s'il s'attendait à un match, l'expéditeur l'a plus fait sourire encore. Son colocataire et meilleur ami, à qui il n'avait vraisemblablement jamais montré son profil. Et il ne suffit que de quelques messages pour que les plans du soir soient évoqués, qu'ils réservent leur nuit l'un pour l'autre, comme c'est souvent le cas. Et il a hâte maintenant, Minki ; hâte de retrouver les bras et le corps de son meilleur ami.

Lorsqu'il est rentré Sanha n'était toujours pas là, alors il est allé se prendre une douche et se faire tout beau pour son live quotidien ; il a livé pendant une bonne heure assis dans le canapé, à discuter avec son chat, et quand Sanha rentre enfin, il vient tout juste de couper. Aussitôt il lui tend les bras d'un grand sourire, impatient de l'étreindre. "Hey babe." il lui répond et l'accueille sans problème sur ses cuisses, ses bras glissant autour de sa taille et son visage niché dans son cou pour y déposer des baisers, et y faire vibrer son souffle d'un rire. "Sorry j'viens tout juste de finir mon live." il justifie et sait que l'excuse sera suffisante ; que Sanha n'est de toute façon pas réellement fâché ou déçu comme il le dit. Ses mains glissent doucement contre ses hanches, doigts se faufilent sous le tissu léger qui les recouvre à peine, et ses sourcils se froncent un peu. "T'es un peu chaud babe, t'as couru ? T'étais si pressé d'me voir ? J'vais pas m'envoler tu sais."

((ootd)) La relation entre Sanha et son colocataire est assez unique, et bien loin d’être conventionnelle. Minki est la première personne qu’il a connu en arrivant au Japon, et il est chaque jour un peu plus reconnaissant de vivre avec une personne comme lui. La cohabitation est simple, et puis au fil des jours, les deux coréens sont devenus amis. Au fil des semaines ils sont devenus amants. Au fil des mois leur relation est devenue fusionnelle, ils savent tous de la vie de l’autre, de leurs problèmes familiaux, leurs traumatismes, leurs maladies. Ils sont un peu tout et rien à la fois, peuvent avoir mille étiquettes et pourtant aucune. Et ils sont si nombreux à les penser en couple, même leurs communautés respectives sur les réseaux sociaux semblent convaincues qu’une histoire d’amour les lie. Ils ont raison, en un sens. Il y a un amour infini entre eux, il n’est seulement pas dans le sens romantique du terme. Ça n’empêche pas Sanha d’avoir vraiment hâte de le retrouver, pour coucher avec lui évidemment, mais aussi simplement pour passer du temps en sa compagnie, trop peu habitué à passer ses journées entières hors de chez eux, lui d’ordinaire plutôt casanier. Il à hâte qu’ils se racontent leurs journées, enlacés dans les bras de l’autre, à discuter et rire jusqu’à s’endormir.

C’est pour tout ça qu’il s’empresse de rentrer chez eux, la démarche rapide dans les rues de la ville. Il pourrait presque courir, n’est retenu que par sa flemme, et accessoirement par les contres indications médicales. En réalité il ne fait pas vraiment chaud, enfin lui n’en a aucune idée mais la température indiquée par son appli météo est tout à fait correcte et il ne risquerait pas grand chose à courir, hormis peut-être se fouler encore la cheville en trébuchant dans les ruelles les moins éclairées. Et il arrive finalement, se jette directement dans les bras de Minki, lui offre son plus beau sourire et ses meilleures disquettes. « J’ai un bon timing alors » Il tend son cou pour lui laisser tout le loisir d’y déposer mille baisers pendant que ses mains détachent lentement les boutons de la chemise du plus jeune, jusqu’à cette remarque sur sa température corporelle. « J’ai pas couru. » Et c’est la vérité, il a simplement pressé le pas. « Puis d’abord, j’ai encore le droit d’être pressé de te retrouver ! J’vais bien t’inquiètes » Il le repousse légèrement pour qu’il soit appuyé contre le dossier du canapé, ses mains baladeuses s'immisçant sous son t-shirt. « J’ai même pas eu le droit à un bisou, quel goujat tu fais » Alors c’est lui qui l’embrasse en premier, qui vient coller leurs corps. « Touche moi Min »

((ootd)) Tout entre eux est si simple, et pourtant si unique. Si ses premières années au Japon Minki a plusieurs fois remis en question ses décisions et ses choix, ça n'est pas arrivé une seule fois depuis qu'il a proposé à Sanha d'être son colocataire, depuis qu'ils vivent ensemble, se côtoient, couchent ensemble et passent toute leur vie l'un avec l'autre. Convaincu qu'il a pris les bonnes décisions puisqu'elles l'ont conduit jusqu'à lui ; et rien que d'imaginer une possibilité où il n'ai pas vécu à Osaka, où Sanha aurait trouvé un autre colocataire avec qui il aurait désormais une relation identique à la leur le rend fou de jalousie. Il n'y a que lui qui puisse avoir un tel lien avec lui, personne d'autre. Même dans toutes les réalités parallèles qui puissent exister. Parce qu'il n'y a que lui qui puisse se vanter d'aussi bien le connaitre, de tout savoir de sa vie, de sa maladie, de ses traumas. Il n'y a que lui qui sait comment les gérer, qui sait exactement comment agir pour que son aîné soit en bonne santé, physique et mentale. Personne ne pourrait jamais lui prendre cette place.

Et d'ailleurs, il sait tellement exactement comment son amant fonctionne qu'il perçoit immédiatement les subtiles changement de température dans son organisme. Il y est plus attentif de quiconque, puisqu'il sait que Sanha ne le remarque pas, c'est donc à lui d'y faire attention. Et même s'il se laisse facilement distraire par ses baisers et ses caresses, ilm n'oublie pas que sa santé passe avant. "Hmm jte jure babe... T'es plus chaud que d'habitude." Il répond comme il paut, parce qu'il en faut de la volonté pour résister à un Sanha qui vous embrasse et vous fait clairement comprendre qu'il veut vous mettre dans son lit dans les cinq prochaines minutes. "Et me sors pas que c'est moi qui te chauffe à ce point." Même si c'est en soi très flatteur.

Partagé entre son désir de continuer et son inquiétude quant à la température anormalement haute du corps de son coloc, Minki prend tout de même la peine de lui retirer son haut et de lui embrasser les clavicules, de caresser ses bras ; et c'est là qu'il jette un coup d'oeil à sa montre connectée. Et c'est là qui constate qu'elle clignote. "Sannie... Ta montre." Il souffle avec tracas. Si elle émet un tel signal lumineux, c'est qu'il y a un problème. A contre coeur, Minki remue pour se pencher sur le côté et attraper un thermomètre qui traine toujours dans le meuble à côté du canapé, puis le l'allume et le lui colle dans la bouche. Patiente les quelques secondes en lui caressant délicatement les hanches, puis le récupère une fois qu'il sonne, et écarquille les yeux en voyant le résultat. "Bébé t'as plus de 40 de fièvre."

((ootd)) Minki le sait parfaitement : il n’y a personne qui lui arrive à la cheville aux yeux du plus âgé. C’est bien pour cette raison que malgré les nombreux partenaires, les nuits entières à découcher pour finir dans les draps d’inconnus ou dans une chambre d’un hôtel dont il connaît le personnel par coeur à force de s’y rendre, il retombe toujours dans ses bras à lui. C’est bien loin d’être uniquement parce qu’avoir quelqu’un sous le même toit est pratique, non si Sanha aime tant coucher avec lui, c’est pour un millier de raisons bien plus complexes. Ils sont simplement parfaits l’un pour l’autre et qui sait, peut-être que dans une dimension où tous deux ne sont pas si réfractaires à l’idée d’une vie de couple exclusif, ils filent le grand amour ensemble. Mais dans cet univers là ils apprécient trop leurs libertés respectives, même si personne d’autre n’égale l’un aux yeux de l’autre. Ça n’empêche en aucun cas l’illustrateur de fondre dans ses bras, coller leurs corps si proches qu’ils pourraient presque fusionner. Ça ne l’empêche pas non plus de caresser son épiderme si doux, de chercher ses lèvres pour les dévorer. Peut-être que Minki a raison, peut-être que sa température corporelle est un tout petit peu élevée, mais ce n’est forcément rien de grave. Il va bien. Ira infiniment mieux lorsque les mains du plus jeune glisseront sur son corps.

Pourtant ce dernier insiste, au moins aussi têtu et borné que lui, et tout ce que Sanha peut faire, c’est espérer qu’il se trompe, que ce n’est qu’une impression, un contraste avec ses mains peut-être froides. « C’est toi qui me chauffe à ce point » Qu’il répète avec un brin de malice, espérant que son amant passera à autre chose. Pourtant il a raison, ils devraient d’abord vérifier son état de santé, s’assurer qu’il n’a pas de fièvre, mais pour une fois cet idiot n’a pas envie de penser à sa maladie, lui qui prend pourtant d’ordinaire très à coeur les contrôles de son état ne veut pas s’y soumettre là maintenant. Il ne veut que Minki. Et il pense y avoir enfin droit quand celui-ci glisse ses lèvres contre sa clavicule, du moins jusqu’à ce qu’il ne mentionne sa montre, celle qui surveille le fonctionnement de son corps. Un grognement et Sanha se décide finalement à y jeter un œil, plus agacé qu’inquiet en voyant le signal lumineux d’alerte. Évidemment le plus grand ne perd pas de temps pour sortir un des nombreux thermomètres de l’appartement pour prendre sa température, et lorsqu’il annonce que celle-ci est bien trop élevée, son rythme cardiaque s’accélère. C’est dangereux, tellement dangereux pour lui. « Mais non c’est pas possible je… J’ai fait attention Min j’te jure ! Il doit déconner, peut-être qu’il a plus de piles ? » Ça ne peut pas être si grave, pas comme ça sans aucune raison. Pas quand il devait passer la soirée avec Minki. Et si il décidait alors d’aller rejoindre quelqu’un d’autre puisqu’ils ne pourront pas coucher ensemble ? « Ça… ça va aller, t’inquiètes je gère on peut continuer, j’vais pas te laisser frustré comme ça »

((ootd)) Tous ceux qui le connaissent s'accordent à le dire ; Minki est têtu. Très têtu. Un peu trop même, au point de ne jamais vraiment revenir sur ses positions, sur des avis qu'il pense acquis, sans comprendre qu'ils peuvent aisément changer au cours d'une vie, au fil des expériences et des rencontres. Comme lorsqu'il dit qu'il ne sera jamais amoureux, alors que ce qu'il ressent pour son colocataire est tellement profond et complexe. Comme lorsqu'il dit qu'il ne sera jamais en couple, alors que l'exclusivité serait le seul et dernier pas à franchir pur que lui et Sanha le soient. Mais non, il est campé sur ses positions, est convaincu d'avoir raison, que rien ne changera jamais. Que  leur relation est parfaite comme elle est, qu'ils s'adorent et s'honorent sans s'enclaver, même si personne ne l'a jamais égalé aux yeux de l'ancien danseur. Et il est tout aussi têtu, lorsqu'il insiste sur le fait que son aîné semble avoir la température trop haute ; et évidemment, il a raison.

Le chiffre indiqué sur le thermomètre est terriblement alarmant. Déjà pour une personne normale, avoir plus de 40 de fièvre est terriblement dangereux, mais alors pour quelqu'un atteint de la même maladie que son meilleur ami, ça peut carrément être fatal. Heureusement que Minki a l'habitude, ce n'est pas la première fois que Sanha monte à des températures aussi hautes, et le plus jeune sait garder son sang froid, sait comment agir sans paniquer, sans dramatiser. Cependant, d'habitude Sanha collabore sans problème, mais ce soir il ne semble pas vouloir être coopératif et insiste même pour continuer ce qu'ils faisaient, clamant que le thermomètre a un problème. Alors le plus jeune pose une main sur son propre front, et l'autre sur celui de son aîné. "Hmm. Désolé bébé mais j'pense pas qu'il déconne, et je prendrais pas le risque de te chauffer encore plus." Déjà que sa santé est clairement en danger là, hors de question qu'il y porte davantage atteinte. Au final peu importe comment cette soudaine poussée de fièvre est arrivée, que son amant ait fait un effort trop grand, qu'il fasse trop chaud dehors ou qu'il soit simplement tombé malade ; la fièvre est là, et il faut la faire descendre rapidement. Il vient donc mettre une gentille petite tape sur la fesse. "Bouge, j'vais te faire couler un bain. Et il se lève immédiatement pour filer vers la salle de bains en tirant son amant par la main, et remplit la baignoire d'eau tiède. "Tu veux un médoc pour faire baisser la fièvre ou pas ? il interroge pendant qu'il vient l'aider à retirer le peu de vêtements qu'il lui a laissé, et ensuite l'épauler pour qu'il entre dans la baignoire.  

((ootd)) Cette maladie le suit depuis sa naissance. Sanha a grandi avec, et toute sa vie est rythmée par les symptômes, et surtout par les précautions. Tant de choses lui sont interdites pour sa sécurité, déjà tout petit il n’avait pas le droit de jouer comme les autres enfants, ne pouvait pas se permettre de rester pendant des heures dehors. Et aujourd’hui encore il ne peut pas cuisiner seul, ou bien pratiquer trop de sport. En été il doit rester le plus possible en intérieur, et ses rendez-vous hebdomadaires à l’hôpital pour surveiller son état de santé ne s’arrêteront jamais. Pour tout un tas de choses, le coréen a appris à faire attention, sait la plupart du temps comment éviter la moindre blessure ou même tout risque de coup de chaud. Mais parfois il aimerait être normal, en bonne santé. Il aimerait savoir ce que ça fait de ressentir la douleur, d’avoir des sensations de chaud et de froid, oui il aimerait simplement que son corps lui signale quand il est en danger plutôt que d’agoniser en silence. Tout serait bien plus simple, mais comme ce n’est pas possible, Minki s’en charge plus ou moins à sa place, sait détecter la moindre fluctuation de température, peut repérer jusqu’au plus petit hématome ou saignement.

Malheureusement c’est ce qu’il fait ce soir. Il ne lui a de toute évidence fallu qu’une fraction de seconde pour réaliser que le plus âgé a de la fièvre, mettant ainsi immédiatement un terme à leurs baisers et compromettant le programme de toute la soirée. Et Sanha déteste ça. Pour une fois, oui rien qu’une fois il aurait voulu que son corps les laisse tranquille, qu’il puisse explorer celui de son colocataire jusqu’à s’assoupir dans ses bras. Mais non. Sa santé avant tout paraît-il. Et au lieu d’être inquiet, aujourd’hui le dessinateur est juste déçu, frustré et agacé. Parce qu’il tenait vraiment à ce moment partagé avec Minki, craint surtout que ce dernier ne décide d’aller voir ailleurs. Après tout, lui aussi a une forte libido, alors il pourrait très bien se dire que puisque le plus petit ne peut pas le satisfaire, quelqu’un d’autre le fera à sa place. Et ça ne devrait pas poser problème, après tout ils ne sont pas exclusifs.

Ça ne devrait pas non, et pourtant cette simple idée tord l’estomac de Sanha. Non, il ne veut pas que son amant aille voir ailleurs. Alors il essaye de le convaincre de continuer, mais l’entêtement bien célèbre de l’influenceur est plus fort que tout, et il se retrouve entraîné vers la salle de bains sans avoir la force de résister. « Je vais bien Min, vraiment » Vraiment pas oui, pas avec une telle fièvre. Alors il rentre dans le bain, la mine toute triste et secoue la tête pour refuser le médicament. Quel fiasco. Il appuie son menton contre le rebord de la baignoire, yeux clos pour respirer lentement et laisser sa température corporelle descendre doucement. « Désolé » Il a tout gâché, et ce n’est même pas la première fois qu’une telle chose arrive. « J’voulais vraiment pas te chauffer pour rien j’te jure. T’as besoin que je te touche ? Ou avec ma bouche si tu préfères » Tout pour qu’il ne parte pas voir ailleurs. « T’en vas pas… s’te plait, promis je me rattraperai, va pas voir quelqu’un d’autre »

((ootd)) Depuis deux ans que sanha et lui se fréquentent, Minki a appris à connaitre sa maladie et à la comprendre pour pouvoir vivre en conséquences, l'aider dans son quotidien pour que tout se déroule du mieux possible. auto proclamé le système immunitaire extérieur de son aîné, il a appris à le connaitre par coeur dans ses moindres recoins lorsque tout va bien, pour pouvoir détecter la moindre variation. Et au final être son amant en plus de tout ça aide grandement dans ses vérifications, puisqu'à connaitre le moindre grain de sa peau il peut y déceler un bleu ou une coupure, ou bien plus facilement capter une fluctuation de température puisqu'il a si souvent sa peau nue contre la sienne. Aujourd'hui il est difficile de dire s'ils ont été amants avant d'être amis ou l'inverse, mais ils sont incontestablement les deux à la fois à présent. Dans une parfaite réciprocité d'ailleurs, puisque Sanha aide sans problème le plus jeune dans sa vie aussi, connait tout aussi bien ses troubles anxieux ou alimentaires, et sait tout aussi bien comment les gérer et l'aider. Au final Minki n'exagère rien quand il affirme qu'ils ne peuvent tout simplement plus vivre l'un sans l'autre.

Et c'est bien par soucis de ne jamais avoir à vivre sans lui que l'influenceur se préoccupe autant de sa santé, même si c'est effectivement frustrant de couper court au programme pourtant prometteur de la soirée. Surtout que ce n'est pas la première fois que ça arrive. Mais c'est bien là tout ce qui fait la force de leur relation ; en deux ans un autre aurait déjà perdu patience, se serait agacé de devoir constamment prendre soin du dessinateur, de vérifier la température de tout ce qu'il ingère, de s'assurer qu'il n'a ni fièvre ni blessure constamment. Mais pas Minki. Lui prend ce rôle très à coeur, ne laisse jamais le désir ou la frustration prendre le pas sur son rôle de protecteur ; et évidemment, il ne laisserait jamais personne lui prendre cette place dans la vie de son ainé. C'est son rôle, sa place, à lui et personne d'autre. Et c'est pour l'appuyer encore et encore qu'il continue de prendre soin de lui ainsi.

Une fois Sanha dans son bain, le plus jeune s'installe en tailleurs devant la baignoire, le dos appuyé contre la céramique, une main dans l'eau pour avoir un oeil sur la température, alors qu'il surfe sur son téléphone de l'autre. Mais les mots de Sanha l'interpellent et il relève la tête vers lui pour lui offrir un visage choqué. "J'ai l'air d'avoir envie de partir là ?" C'est tellement invraisemblable pour lui qu'il ne comprend même pas comment son amant a pu y penser. "Ta santé est en danger, peut-être même ta vie aussi, tu crois vraiment que j'vais te laisser tout seul et partir m'envoyer en l'air ? J'serais même pas capable de pas être dans la même pièce que toi avant d'être sûr que ta fièvre a chuté." Il soupire un peu, puis range son téléphone dans sa poche pour plutôt venir s'agenouiller afin de lui faire face, et prend ses mains dans les siennes pour le regarder droit dans les yeux. "Et de toute façon j't'ai réservé ma soirée et ma nuit. Qu'on baise ou pas, j'suis rien qu'à toi alors j'irais nulle part." et encore plus en sachant qu'il est malade ; mais même sans ça, même s'ils n'avaient pas couché pour une raison ou une autre, Minki serait resté avec lui.

((ootd)) Il est évident dans la réaction immédiate de son colocataire et dans sa façon d’agir calmement que ce n’est absolument pas la première fois que quelque chose du genre arrive. Au contraire même, il y est presque autant habitué que Sanha, sait comment gérer ce genre de situations sans paniquer et sans même hésiter à force de répéter toujours les mêmes gestes, les mêmes actions. Et c’est bien ça au final le plus frustrant. Le fait que ce soit assez récurrent pour devenir une routine, qu’ils aient l’habitude d’être interrompus par les signaux de détresse du corps du plus vieux. Car plus le temps passe, plus l’illustrateur tient à ces moments partagés avec Minki, veut en savourer la moindre seconde, complètement accro à tout ce que le jeune homme est. Il ne vit pas aussi mal le fait de devoir tout arrêter lorsqu’il est en compagnie de quelqu’un d’autre (chose qui d’ailleurs semble arriver de moins en moins tant son cadet suffit largement à le combler). Alors aujourd’hui il n’est pas rationnel et déteste bien plus sa maladie parce qu’elle ne cesse de l’interrompre lorsqu’il est avec son amant plutôt que parce qu’elle risque de le tuer un jour. Et Sanha il se demande même s’il n’est pas responsable de son propre état, si il a de la fièvre parce qu’il a marché trop vite, est resté trop longtemps dehors, si c’est de sa faute et qu’il aurait pu éviter de se retrouver malade.

Minki lui, ne semble se poser aucune question. Il est comme toujours très concentré sur sa tâche tout en restant détendu et ne montre aucun signe de frustration, d’agacement ou de colère. Sans doute parce qu’il tient énormément à son rôle de protecteur, qu’il a tellement pris cette habitude que tout ça est naturel, instinctif pour lui. Il est simplement installé contre la baignoire, prêt à attendre sagement que son état s’améliore et qu’il soit hors de danger. Et pourtant. Pourtant le plus petit ne peut pas s’empêcher de craindre qu’il ne supporte plus cette situation, qu’il décide d’aller voir ailleurs. Le remplace. L’oublie. Il a tellement peur que tout ça arrive qu’il en vient même à presque le supplier de rester, prêt à tout pour ne surtout pas le voir partir. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de sexe pour lui, c’est la simple existence de Minki dans sa vie dont il a besoin. Et ce dernier ne se rend probablement pas compte de l’impact de ses mots, de ce qu’ils provoquent chez l’illustrateur qui se sent rougir un peu trop vite, un peu trop fort. Surtout quand leurs regards se croisent, qu’il sent les mains dans les siennes. Et tant pis, il justifiera la couleur de son visage par la fièvre trop forte dont il souffre.

Il aura cependant beaucoup plus de mal à justifier le son étouffé qui lui a échappé quand son cadet a soufflé avec autant d’assurance lui appartenir quelles qu’en soient les circonstances. Parce que Sanha réalise. Ces quelques mots lui font un effet tout nouveau, aussi incontrôlé qu’imprévu. En fait c’est ça. En fait oui, il rêverait que Minki soit vraiment rien qu’à lui. Bien plus qu’un colocataire, qu’un ami, qu’un amant. C’est un peu quelque chose qui ressemble à de l’amour, peut-être, il ne sait pas. Ou peut-être que si. Peut-être qu’il est grand temps de le réaliser, de l’accepter. Sanha est amoureux. « J-je… » Un peu paniqué, il brise le contact visuel et immerge même son visage dans l’eau du bain, espérant que la température calme ses rougeurs. Il le ressort finalement après quelques instants, fuyant son regard. « Coup de chaud, enfin j’suppose. Ça devrait baisser plus vite si je mouille mes cheveux » Ça passe ? « Tu disais… enfin t’as dit que tu pourrais pas ne pas être dans la même pièce que moi et tout… mais tu peux hein haha t’inquiètes, tu peux retourner dans le salon, de toute façon moi je bouge pas »

((ootd)) C'est vrai que c'est loin d'être la première fois que ça arrive. A vrai dire, Minki ne compte même plus le nombre de fois où leurs moments intimes ont été stoppés par la maladie de son amant, que ce soit avant comme aujourd'hui, mais même parfois pendant. Pourtant jamais l'ancien danseur n'a éprouvé la moindre amertume à ce sujet. Evidemment il a été frustré de ne pas pouvoir aller au bout des choses, mais il était au courant de sa maladie et de ses effets avant qu'ils ne soient amants, a tout de suite su à quoi s'attendre avant de s'engager dans ce type de relation avec lui. Il connaissait les risques et les dangers, et a accepté de partager ses nuits avec lui malgré tout, alors maintenant il serait vraiment odieux de le rejeter pour ça. Moralement il ne peut pas lui reprocher quelque chose qui n'est pas de sa faute, et surtout, il s'est imposé comme son protecteur et gardien depuis la naissance de leur amitié et tient beaucoup à son rôle. Alors même si oui, c'est frustrant ; ça ne sera jamais agaçant ou lassant. Parce que c'est la vie de son amant qui est en jeu et qu'il ne peut pas le prendre à la légère, ne peut pas le faire passer après son envie de sexe.

Et il est convaincu que Sanha sait tout ça ; c'est bien pour ça qu'il ne comprend pas pourquoi il a si peur qu'il parte, au point de le supplier de ne pas le faire. C'est presque vexant, après toutes ces preuves de dévotion, que son aîné le pense encore capable de s'en aller comme ça alors que sa vie est en péril, juste parce qu'il n'a pas pu tirer son coup. mais heureusement comme dans toutes les situation qui impliquent la santé de Sanha, il parvient à garder son calme et à lui répondre (plus ou moins) tranquillement.

Evidemment il ne perçoit pas la différence de teinte des joues de son aîné, ou bien il met ça sur le compte de sa fièvre ; par contre le voir s'immerger tout d'un coup le fait un peu paniquer il faut bien l'avouer. "Sanha ?!" Il panique une seconde, mais heureusement son aîné ressort de l'eau aussi vite qu'il a plongé. Cependant la frayeur est telle qu'il n'écoute qu'à peine les mots qui s'en suivent, bien trop tracassé tout d'un coup. "Tu m'as fait peur putain me refais pas ça ! J'ai cru que t'étais tombé dans les pommes d'un coup, t'aurais pu te noyer" Et il boude un peu, parce que bouder est sa réaction naturelle quand il a eu peur. Il fait toujours ça.

Il ne boude pourtant pas assez pour quitter la pièce, ne se relève même pas de son carrelage où il reste fermement assis, bien décidé à rester là le temps que la fièvre retombe. Et d'ailleurs il remet une main sur le front de son amant pour vérifier où ça en est. "t'es encore chaud mais moins que tout à l'heure" Au moins sa température retombe, c'est déjà une bonne chose. Même si elle n'est pas encore redevenue normale, moins elle est élevée et moins les risques pour sa vie sont conséquents. Il jette un oeil à l'heure, puis récupère son téléphone pour ouvrir son application de livraison. "T'as pas dîné j'imagine, tu veux manger quoi ?" Au moins l'avantage, c'est qu'à se soucier de la santé et de l'alimentation de son meilleur ami, il se préoccupe aussi de la sienne. Ce qui est assez rare pour le souligner, en général c'est Sanha qui se préoccupe de lui faire avaler ses repas.

((ootd)) En un instant Sanha oublie tout. Il ne pense plus à son état de santé pourtant inquiétant, à sa vie qui est en danger si sa température corporelle ne diminue pas rapidement. Il ne pense plus au désir qu’il éprouvait pour Minki, à son besoin de l’avoir contre lui, ni même à la frustration qui l’a bousillé quand sa montre a donné l’alerte et a avorté tous leurs plans pour la soirée. Plus rien de tout ça n’a d’importance, parce qu’il vient de faire une réalisation qui bouleverse toute sa vie. Il est amoureux. Sanha est tombé amoureux de son colocataire et ça, ce n’était pas prévu. Ils ont toujours eu une relation assez particulière c’est vrai, assez complexe à définir en un seul mot tant elle avait de dimensions différentes. Bien plus que des amis, pas seulement des amants, le tout sans pour autant être exclusifs l’un à l’autre. Pourtant depuis qu’ils se connaissent, il n’y a jamais eu personne de plus important que Minki aux yeux du plus petit, il n’a jamais chéri personne d’autre de cette façon, avec une affection et une tendresse sans limites.

Mais de là à être amoureux, il y a un gouffre que l’illustrateur ne pensait jamais dépasser, et pourtant. Pourtant oui si ce n’était que charnel il ne réclamerait pas autant de caresses innocentes, il ne passerait pas autant de temps à embrasser ses si jolies lèvres. Si ce n’était pas de l’amour si se ficherait bien de le voir s’en aller trouver quelqu’un d’autre pour assouvir ses besoins. S’il ne s’agissait que d’une amitié il n’aurait pas cette petite pointe de déception à chaque fois qu’il entend Minki dans sa chambre avec quelqu’un d’autre. Et s’il n’était pas amoureux, l’entendre dire qu’il n’est qu’à lui n’aurait pas totalement perturbé son rythme cardiaque au point que dans la panique, il ne cache son visage rougi sous l’eau. Tellement focalisé sur cette prise de conscience, Sanha reste confus quelques secondes lorsqu’en rejoignant la surface, son cadet semble paniqué. « Oh je… désolé c’était pas mon intention » Loin de là même, il n’a tout simplement pas réfléchi et mettre sa tête sous l’eau était le meilleur moyen pour lui de fuir la situation, sans penser que d’un point de vue extérieur une telle action pouvait ressembler à un malaise. « J’vais bien t’inquiètes » Même si les papillons dans son ventre s’agitent encore plus en le voyant se soucier à ce point de son bien-être.

Et puis la main contre son front pourrait suffire à le faire rougir à nouveau malgré la banalité de ce geste. Ouais, il est vraiment foutu. Éperdument amoureux. Et maintenant ? Ce n’est pas comme s’il pouvait lui faire part de ses sentiments, ça gâcherait tout entre eux, et ça, il ne peut pas se le permettre. Alors il n’a pas vraiment le choix, va devoir garder ça secret, espérer que ça passe, que ça disparaisse avec le temps. Qu’ils ne redeviennent que de très bons colocataires slash amis slash amants. Minki tient bien trop à son indépendance pour accepter de se contenter d’un idiot malade qui le frustre à longueur de temps. Et puis il mérite infiniment mieux que lui, de toute façon. La gorge nouée par ce constat, Sanha pense un instant à refuser de manger, mais sait très bien que s’il ne se nourrit pas, l’homme qu’il aime aurait une excuse pour sauter un repas et ça, c’est hors de question. « Hmm, un tonjiru ? » Sans doute qu’un bon bouillon lui fera le plus grand bien, et c’est probablement un plat plus facile à manger pour Minki plutôt que quelque chose d’apparence plus copieuse. Épuisé tant par sa longue journée que par sa prise de conscience, Sanha appuie sa tête contre le rebord de la baignoire, yeux clos. « Tu veux pas venir dans l’eau avec moi avant ? J'ai besoin que tu m'enlaces j'crois... »

((ootd)) Les sentiments sont une zone complètement inconnue à Minki, quelque chose qu'il ne connaît pas, qu'il ne comprend pas. Lui qui n'a jamais été aimé par personne, n'était vu par ses parents que comme une vache à lait dont il fallait exploiter le talent afin d'en tirer des bénéfices. Trop concentré dans sa passion la majorité de sa vie, il n'a jamais connu les effluves des premiers émois, et une fois sa liberté acquise, il n'a cherché qu'à savourer sa jeunesse sans réellement vouloir s'attacher. Seules quelques exceptions amicales persistent, et Sanha est évidemment en haut du panier à ce sujet ; mais il ne semble pour le moment pas disposé à remettre ce qu'il ressent en question. Convaincu d'être imperméable à l'amour, de ne pouvoir ni en donner ni en recevoir, il ne voit sa relation avec le dessinateur que comme une amitié très forte surplombée du meilleur sexe qu'il n'a jamais eu, mais rien d'autre. Peut-être que s'il ne se pose pas plus de question que ça à ce sujet, c'est parce qu'il a peur que la réponse soit différente de celle qu'il pense ; peur de découvrir après introspection que non, tout ça va bien plus loin que cette seule amitié. Et pour le moment, le blondinet n'est pas du tout prêt à l'assimiler, à l'assumer.

Et c'est sans aucun doute pour cette raison que le plus jeune ne se doute pas une seule seconde du bordel qui est en train d'avoir lieu dans la tête de son aîné en ce moment même. Trop concentré sur son état de santé pour se soucier de quoi que ce soit d'autre - car il ne faut pas lui demander de penser à plusieurs choses à la fois au Minki - il reste planté là, le cul sur le carrelage de la salle de bain, à attendre les envie de Sanha pour son dîner, afin de pouvoir commander. Mais à peine a-t-il le temps de taper le nom du plat dans la barre de recherche pour trouver un restaurant qui en fait, qu'il se fait interrompre par une nouvelle demande, celle de rejoindre son aîné dans le bain pour l'enlacer. "Si tu veux ouais" Et encore une fois il ne se pose pas plus de question que ça. Parce que ça aussi c'est fréquent, que le plus petit ai besoin de câlins et de tendresse lorsqu'il est malade. Et puis c'est pas comme si c'était la première fois qu'ils prenaient leur bain ensemble, ou même que Sanha le voyait nu.

Sans perdre un instant, le plus grand se relève pour se déshabiller sans le moindre complexe, avant de se glisser dans la baignoire derrière lui pour glisser ses bras autour de sa taille et nicher son nez dans son cou. "Là, tu te sens mieux comme ça ?" Quelques baisers délicats se déposent sur l'épaule de son aîné alors qu'il le serre tendrement contre lui. Rapidement sa peau se recouvre de frissons et ses poils se hérissent ; il n'a vraiment pas l'habitude de prendre des bains tièdes, lui qui préfère quand l'eau est brûlante. Mais il ne dit rien et se contente de se blottir contre le corps de Sanha pour y chercher sa chaleur. Après tout c'est un bain voué à baisser la fièvre de son amant, il ne va quand même pas rajouter de l'eau chaude pour son propre confort.