La cigarette entre les doigts, Yuu profite de la vue que lui offre le toit de l'immeuble sur cette partie de la ville. Vilaine addiction qui le ronge depuis tant d'années de paire avec la caféine. Accoudé sur la rambarde le protégeant d'une chute de quelques mètres, il observe les gens déambuler dans la rue, tant en voiture qu'à pieds. L'expression presque lasse, il coince le bâton de nicotine entre ses lèvres pour le terminer et l'écraser dans le cendrier toujours à disposition. Ce n'est un secret pour personne qu'il fume, bien que ce soit désapprouvé par certains. Il se retourne et s'étire, mains jointes et bras au-dessus de la tête, laissant par la même occasion un bâillement lui échapper. Victime d'insomnies, il est rare que ses nuits soient complètes. De plus, aujourd'hui est une grosse journée, il n'a pas le temps de rêvasser. Yuu descend finalement rejoindre son bureau et enfourne un chewing-gum dans sa bouche afin de changer son haleine. Il reste un fumeur respectueux et détestant sentir la fumée de cigarette en permanence. Bien que l'odeur finisse irrémédiablement par imprégner ses vêtements. Assis derrière son bureau, il entame la longue liste de choses qu'il a faire et, comme à son habitude, il ne voit pas le temps passer. Si bien qu'il manque de passer l'heure à laquelle il a un appel téléphonique important. Fermant la porte de son bureau afin de ne pas être dérangé, le patron de la start-up porte le combiné à son oreille. La discussion commence doucement avant de finir par s'enflammer. Yuu s'occupe surtout de l'aspect gestion, c'est lui qui négocie, prend contact avec les grosses têtes et c'est son visage qui est associée à la société. Il aime son travail ; probablement un peu trop. Véritable workaholic, il est rare de ne pas le trouver à la dr.EA.m tech, puisqu'il y passe ses journées entières. Difficile de le sortir de ce cadre fermé. Lorsque la porte de son bureau s'ouvre à la volée, laissant voir la silhouette élégante de Rika, Yuu ne bouge pas d'un poil et continue sa conversation. Il lui fait signe de revenir plus tard et se cale dans sa chaise, croisant ses pieds sur le coin de son bureau.

C’est un scandale. Un réel scandale. Rika posa le rapport qu’elle lisait, l’air autour d’elle devenant aussi glacé qu’une chambre de congélation. Pour le petit contexte : la d.RE.am Tech avait réussi la lancée de sa montre connectée permettant de détecter les crises de “color rush”, prévenant donc les mono de la possibilité d’un moment d’inconscience, bien enquiquinant pour eux dans la vie de tous les jours. En plus d’avoir toutes les fonctionnalités d’une montre connectée basique (montrer l’heure, contacter des individus, se tenir au courant de son nombre de pas, bref, une base solide et rudimentaire même), cette installation nouvelle avait été tout leur projet publicitaire. Si une bonne partie de la population avait été enthousiaste suite à cette innovation, les médias en avaient fait des reportages mitigés. Bien, à vrai dire, ce n’était pas si grave. Rika s’y était attendu et avait d’ailleurs participé à fournir des réponses à Yuu s’il tombait sur des questions épineuses. Mais là n’était pas le nœud du scandale. En réalité, une pharmacie d’Osaka avait créé un faux rapport de vente, pour faire passer la montre comme un “détraqueur de mono” qui les rendrait “instable” suite à une soi-disant “recherche approfondie avec tests”. Cela ne faisait que quelques mois qu’elle est sortie cette montre, pas assez de temps ne s’était passé pour pouvoir monter ce rapport.

Attrapant les documents - au nombre d’une petite dizaine - elle se leva, quitta le laboratoire en trombe sous les yeux de sa.on adjoint.e qui n’osa dire un mot. Elle dépassa le bureau de lea mannager publicitaire pour pousser la porter du bureau de Yuu. Il était au téléphone, mais elle n’en avait strictement rien à faire. S’approchant même alors qu’il lui demandait de partir, elle assenna si fort le rapport sur la table que l’un des bibelots du boss en trembla.

« J’espère que tu es au téléphone avec la pharmacie du centre, parce qu’ils sont en train de répendre des mensonges plus gros que mon cul sur notre montre. » dit-elle sans tacte, ni mannière, le fusillant du regard comme s’il s’agissait de sa faute à lui.

En réalité, elle n’en voulait absolument pas à Yuu. C’était de son domaine à elle de se tenir au courant des différentes sorties scientifiques de leur projet, aidée en grande partie par saon coéquipier.ère. Seulement, il allait devoir répondre officiellement à la diffamation du rapport et si Rika était totalement okay pour lui écrire une réponse serrée et sec, il allait devoir assumer et au moins démontrer autant de colère qu’elle. Ou non… Elle n’en savait rien, elle n’était pas commerciale. Enfin… Assez pour savoir que frapper dans les partis génitals d’un ftur investisseur n’aidait pas aux financements. Elle n’avait aucune intention de partie, même si l’appel lui semblait primordial. Yuu est le boss, c’est lui qui gère.