Soupir qui lui échappe une dernière fois avant de s’écrouler sur l’autre oreiller. Taesoo prend une grande inspiration, les yeux fermés, avant d’intégrer lentement ce qu’il vient de vivre. Euphorie de courte de durée, il rouvre les paupières et fixe le plafond. Ne prenant pas la peine de se tourner vers la jeune femme à ses côtés, l’homme attrape son téléphone et le déverrouille – zieutant le peu d’informations qu’il peut récolter, il fronce les sourcils. « tu peux partir là, c’est fini. » déclare-t-il en glissant son doigt sur l’écran. Peu aimable, il en convient, après avoir été plutôt tendre quelques minutes plus tôt : homme au double visage qui ne survient qu’à ses besoins. Douceur qu’il ne partage qu’avec les âmes les plus proches – feu le temps où leurs regards s’échangeaient avec tendresse et compassion. Taesoo n’a jamais été très expressif, mais depuis la rupture, les seuls échanges avec la plus jeune se résument à des rapports intimes. Retombé dans une faiblesse, barrière de la langue empêchant amples conversations avec la population japonaise, le policier a fini par céder et retourner dans les bras d’une âme familière. Relation éphémère tant sur le plan physique que sentimentale, l’homme n’a jamais réellement plongé dans un amour fou avec Madee. Sans doute l’a-t-il considérée comme un pansement dans un environnement inconnu, ou s’est-il éloigné par épuisement dans une dynamique à sens unique : rapidement, il s’est éloigné pour se focaliser sur ses missions.

« je comprends même pas pourquoi t’as accepté de venir même. » Rétines agglutinées à l’écran, ce n’est même plus pour s’occuper qu’il évite le regard de la brune. Sentiment de dégoût (( honte )) envers lui-même, il se retient cependant de lâcher une remarque désobligeante. Car oui, il connait Madee. Il connait ses réactions. Il la connait, chaque parcelle de peau, chaque émotions qui lui parviendrait à l’esprit si un mot de travers s’échappait : vérité, le coréen se terre dans un silence pour ne pas engendrer plus de problèmes. Exaspéré, c’est le terme. « trouve quelqu’un qui te fera autre chose que t’emmener sous les draps. Je ne vais pas aller plus loin pour ma part. » ajoute-t-il en posant finalement l’appareil. Les mains appuyées derrière la tête, il ferme les yeux. L’odeur du coït est encore omniprésente : il grimace. Egoïsme non assumé, le besoin de sentir la chair contre lui dépasse quelques principes. Dieu qu’il aimerait retourner en Corée et vivre sa vie de policier, retrouver sa langue natale, retrouver la chaleur des plats de sa région après une dure journée.
Non, c’est n’est plus possible, et pour un bon moment. Cloitré dans ce pays à la pègre insaisissable, contraint de partager des instants avec autant d’hommes que de femmes imbuvables : en particulier cette brune qui n’a pas sa langue dans sa poche. Ah, parfois, il envie la naïveté de certains. Parfois, il rêve de se réveiller sous la forme d’un chat : libre, et assez attirant pour ne pas avoir à mendier la nourriture. Il en rêve, oui.

Dure est la réalité, à découvert dans des draps souillés par la luxure, une femme qu’il aurait préféré oublier depuis un certain temps maintenant. Mais non, Taesoo, la vie n’est pas si facile. Unicolore, ton quotidien fade que tu subis : à la douche, même, tu ne saurais fuir tes actes.

Le cœur s'affole encore quelques peu quand pourtant les corps se séparent, à permettre une distance entre eux quand elle aurait pourtant préféré qu'il soit plus doux, qu'il ne lui laisse pas cette impression d'être encore utilisée. Mais elle continue d'y croire, quand son regard continue de se poser sur le corps étendu à ses côtés. Le corps se fige cependant aux premières paroles de son aîné, à presque espérer qu'il n'a jamais dis cela quand pourtant elle sait très bien qu'elle a très bien entendu. Silencieuse, c'est en quelques mouvements qu'elle se redresse, prenant quelques instants pour s'occuper de ce qui est nécessaire avant de revenir, vêtue seulement de ses sous-vêtements. ⎨Tu es tellement aimable, cela fait presque peur à voir...⎬ Quand la jeune femme, pourtant, ne désire rien d'autre que de se sentir appréciée. Et elle en vient presque à se demander pourquoi elle a accepté, quand il le met en évidence. Est-ce de sa faute ? ⎨Pourquoi est-ce que tu m'as demandé de venir ?⎬ À espérer quelques peu qu'il lui explique qu'il avait envie d'elle, de personne d'autre qu'elle. Plutôt que de se demander si elle n'est pas juste devenue une poupée dont les services sont gratuit.

Et si elle reste immobile, cela est seulement parce qu'elle a besoin de réfléchir longuement avant de reprendre la parole, s'approchant pour attraper délicatement ses joues entre ses mains. ⎨Est-ce que je suis un jouet à tes yeux, Taesoo ?⎬ La question est sincère quand pourtant elle lui en veut, dans le fond. Elle l'observe, attend presque une réaction, un don du ciel, avant de souffler et de se relever, rejoignant la fenêtre de la pièce pour observer l'extérieur. ⎨Tu es vraiment le pire des hommes qui existent sur Terre.⎬ Quand pourtant son cœur lui appartient encore, d'une certaine façon. ⎨Tu pourrais me laisser au moins dormir ici, au lieu de me renvoyer chez moi. Surtout que le couvre feu sera bientôt effectif...⎬ Et elle se fiche de jouer sur la carte de la légalité si cela peut lui permettre de rester encore un peu.

Il la dévisage, finalement, quand ses joues sont sous sont emprise. Le peu de temps passé ensemble, Taesoo n’a jamais douté de la beauté de la jeune femme. Mais il connait les travers, les ficelles et nœuds formés au cours de leur relation. Deux serpents liés se faisant bataille pour ne pas faiblir face au venin de l’autre : les échanges houleux systématiquement arrangés sous les draps, ah, taesoo n’en n’oublie aucune parcelle. Aucune attache, cependant, face à la brune qui réclame son attention. Souvenir ravivé de son départ lorsqu’il ne pouvait plus supporter la pression ; jouer sur la présence, sur le besoin irrépressible d’être choyée et rassurée, quotidien poison fini dans les larmes. Pourtant, le voilà revenu dans ses propres problématiques : car homme profondément gentil (( qu’il tente de se convaincre )) et se refuse de laisser souffrir son entourage. Contradiction dans ses pensées avec cette force d’attraction et répulsion, le policier se pince les lèvres lorsque Madee se lève du lit. Il sait pertinemment que ses mots brûlent, mais elle est ignifuge, la belle, elle crache. « j’avais besoin d’extérioriser, c’est tout. » sec, comme sa langue contre le palais. La plus jeune s’inquiète, et il lève les yeux au ciel. Le venin fait effet, et il râle. « C’est pas une question de jouet, t’as une voix et une conscience à ce que je sache. » car les jouets, il ne les traite pas ainsi, loin de là.

C’est là, myocarde en feu, qu’elle se lève. Madee, au visage de poupée cherchant à être adorée, il l’observe. Le moindre détail, son corps, le tissu fin épousant à merveille sa peau nue. Ah, la braise imprègne son épiderme tandis qu’il se retient de jeter le monde par-dessus l’épaule. « Le pire des hommes ? » Taesoo arque un sourcil, impassible. Il se lève à son tour, faiblesse d’un homme ivre de luxure – cherchant de nouveau catharsis dans les bras de la gente féminine. « Le pire ? » insiste-t-il, lorsque son corps se colle à celui de la coréenne, les lèvres glissant dans le creux son cou. Chaque baiser, plus intense que le précédent, témoignage d’une avidité insatiable – canines qui se plantent dans la chair avant de disparaitre. « je doute que tu veuilles réellement dormir. » murmure qu’il laisse glisser en soupirant. « le pire des hommes, et pourtant, tu es là. » ivresse de deux âmes désolées, rejetons du vilain.

La souffrance se fait honnête au fond de son cœur, à toujours conserver l'espoir que tout aille bien, que l'on oublie qu'elle souffre derrière les sourires qu'elle affiche sur son visage. Debout, à observer le paysage nocturne qui lui fait face, elle semblerait presque sortir d'une image féérique tant sa beauté ressort avec la lumière lunaire. Mais son visage se fait si triste, à l'écoute des paroles qui viennent écraser son cœur une fois de plus. L'incitant à se demander pourquoi elle continue de s'accrocher à celui qui, pourtant, ne lui veut rien de bon, si ce n'est lui donner du plaisir nocturne et l'envoyer valser dès qu'il en a fini. Et elle tourne simplement son visage vers lui, de façon à le regarder quand elle reprend la parole. ⎨Alors, si je ne suis pas un jouet, je suis simplement un corps qui peut parler et penser ? Avec lequel tu peux t'amuser, à venir te vider quand bon te sembles ?⎬ Quand elle, pourtant si belle, semble peinée par l'idée qu'on ne puisse pas la voir autrement qu'une poupée. Et elle se montre honnête quand elle le décrit comme le pire de tous, à pourtant ne pas pouvoir lui résister quand il lui demande de venir le voir.

Le temps passe, les corps s’épuisent. Le coréen aura joué de sa capacité à prendre le contrôle : il ne veut pas l’entendre, Madee. Histoire ancienne qu’il tente tant bien que mal d’effacer de sa mémoire, l’homme est coincé. Couvre-feu oblige, les mains sur l'abdomen, il se perd dans les songes. Qu’adviendra-t-il de lui, et ses états-d’âmes ? Incapable de prendre ses distances sans quitter un pays, cherchant le réconfort dans ses origines, Taesoo souffle, extenué. Cette fois-ci, il a la force (( le courage )) de regarder la belle dans les yeux. Incapable, oui, quelque soit la langue, il ne saurait s’exprimer clairement. « Mads... » surnom qui, autrefois, résonnait à chaque conversations comme signe d’affection. Ah, le brun s’en souvient. Il regrette. Regrette d’avoir utilisé ce nom, tout de suite, car ça ne fait qu’envenimer les choses. « Madee, il faut réellement que tu t’en ailles. » sa voix, brisé par les efforts, contraste avec sa rétine étincelante. « Je parle de toi, en général. Il faut que tu arrêtes de revenir. Même si j’appelle. » Car il en a conscience – double-jeu maudit par le péché, la séparation est cruciale. « Achète un animal ou trouve une passion, j’en sais rien, mais ce n’est pas moi qui vais t’aider. » C’est ainsi qu’il a su compenser le vide. Les animaux, le sport, le travail. L’esprit brouillé par la mission, il s’oublie ; oublie les autres. Le policier se redresse, les bras ballants, et jette un coup d’œil derrière son épaule. « Je vais arrêter de te contacter. »

Le corps de nouveau avachi sur ce lit qui l'a accueilli tant de fois, elle observe le plafond, silencieuse. À chercher comment elle en est arrivée à s'offrir encore une fois de plus à quelqu'un qui ne veut pas vraiment d'elle. Pourtant, elle fais tous les efforts nécessaires pour être aimé, la douce Madee. Et c'est le doux surnom, celui même qui l'a fais craquer tant de fois, qui vient la ramener à la réalité. La tête se tourne lentement pour croiser son regard, le visage plus doux, le sourire aux lèvres. Jusqu'à ce qu'une douche froide s"abatte sur elle, à lui rappeler qu'il n'est pas le prince charmant qu'elle attend. Qu'il ne le sera sûrement jamais. ((sans savoir que son prince charmant est à portée de main, dans un autre lieu.))

Et si c'est un silence qui vient répondre à l'annonce, elle lui tourne pourtant le dos, à refuser de le regarder quand ses yeux se remplissent de perles salées. ⎨Pourquoi est-ce que tu veux toujours te débarrasser de moi, mh ?⎬ Et elle se pense coupable quand elle n'est pourtant que victime, à demander trop quand on ne peut rien lui offrir. ⎨Si c'est parce que tu veux que je cesse de te demander de l'attention, je peux le faire... je peux me contenter de n'être qu'un corps-... qu'une marionnette entre tes doigts. Mais arrête de vouloir me faire quitter ta vie.⎬ Cela en est presque pitoyable de la voir se rabaisser autant quand elle se tourne vivement vers lui lorsqu'il lui annonce qu'il ne la contactera plus. ⎨Alors je le ferais pour toi, si tu ne le fais plus. Je t'enverrais le premier message, je viendrais te rappeler que tu aimes mon corps, que tu aimes m'avoir entre tes bras.⎬ Mais elle ne pourra jamais lui rappeler qu'il l'aime quand cela ne serait qu'un horrible mensonge. Et si elle se redresse pour se mettre à genoux, c'est seulement pour venir entourer ses épaules de ses bras, pour réfugier son visage contre sa nuque, pour se perdre dans son regard. ⎨Ne me laisse pas.... s'il te plait, Tae...⎬

Si Taesoo ne s’attache pas, c’est parce qu’il fuit. Il n’en a pas envie. Il court, loin, loin de ses émotions qui ne s’apparenteraient pas à de la colère. Car la tendresse, c’est de la vulnérabilité. A ses yeux, aux yeux de tous, il fuit. Contradictoire, pourtant, alors que l’homme résout ses problèmes en les affrontant à mains nues : poings ensanglantés à chaque coin de rue, l’homme n’a trouvé réconfort que dans la violence. Aspiré dans la tornade qu’a pu devenir Madee, il a tant adoré s’écrouler dans cette cacophonie. Mais l’euphorie s’est évaporée aussi vite qu’elle est apparue – depuis, Taesoo se terre dans ce qu’il pense être la meilleure solution. Il ne résiste jamais à l’appel de la chaleur, et le voilà. Son regard croise celui de Madee, le sourire naissant aux premières paroles : elle se retourne immédiatement, signe d’une douleur qu’elle n’a jamais voulu lui montrer. « je me débarrasse pas de toi. » si, en réalité, si. Du recyclage à s’y méprendre. Gentillesse saupoudrée d’un manque, mélange parfait pour attirer les plus faibles d’esprit. « c’est fini entre nous depuis des mois, tu le sais bien. »

Le policier soupire et se surprend à vouloir renchérir, pour finalement être interrompu par la déclaration de la brune. Celle-ci se laisse emporter par le désespoir, à tel point que le plus âgé ne peut dissimuler la grimace tordre ses traits. Elle ne peut pas en arriver là, si ? Pas avec lui, pas aujourd’hui, pas maintenant. Il se remémore de leur rupture, et comprend enfin pourquoi il en est arrivé là. « Madee... » souffle-t-il. « Arrête de vouloir chercher l’introuvable. Surtout avec moi. » Taesoo cherche ses car, il le sait, le moindre signe d’attention pourrait lui porter défaut. « Autant se prostituer gratuitement, et je suis pas là pour me taper une... » violence de termes qu’il se décide d’éliminer pour calmer la tension. Les bras s’enroulent, la chaleur au creux de son cou l’envoie dans un autre état de plénitude – dieu, qu’il rêverait que ce couvre-feu cesse. « trouve quelqu’un qui ne te fera pas venir comme je l’ai fait. Parce que c’est la dernière fois, ce soir. » Il brise, petit à petit, les maillons qui n’étaient jusqu’à maintenant pas dessoudés. Ses bras glissent lentement sur les hanches de la coréenne, avant de la laisser tomber délicatement sur le côté.

Taesoo, quant à lui, se redresse du lit. Tournant le dos à la belle, il pousse un énième soupir. « je vais prendre ma douche et aller dormir sur le canapé. Demain, il faut que tu sois partie à la première heure. » et le regard ne daigne pas même se poser sur elle, car il fuit encore. « Je bosse demain, donc perds pas de temps. » Exécutant la tâche qu’il s’impose, le policier disparait de la pièce sans se laisser le temps d’écouter autrui. Car, à nouveau, il court.

Elle se fait presque enfantine à ne pas vouloir voir l'autre s'en aller, à ne pas accepter une séparation qui pourtant a eu lieu bien des mois plus tôt. Et cela en est pitoyable quand pourtant elle a conscience du fait qu'il n'est pas et ne sera jamais celui qui fera battre son cœur. L'espoir se fait pourtant de nouveau présent quand il annonce qu'il ne se débarrasse pas d'elle. Et cela sonne presque comme un conte de fée, comme un miracle. Qui devient désastre dès qu'il reprend la parole, à lui briser une énième fois son cœur quand elle ne pensait pas que cela pourrait être possible.

Et si le cœur se serre, que les larmes commencent à couler, encore plus quand il la compare à une prostituée, cela n'empêche pas Madee de venir l'enlacer. À espérer qu'il tienne encore assez à elle pour ne pas lui faire plus de mal que ce qu'il fait déjà. À désirer croire que tout ira mieux, que tout redeviendra comme avant. Comme quand ils étaient ensemble. Mais les rêves ne sont jamais réalité et elle le sait mieux que personne, la douce Madee. Encore plus quand elle est repoussée de nouveau, loin de la chaleur de ses bras, de ce bien-être qu'il lui apporte même quand il ne l'aime pas, ne l'aime plus. Et si elle devrait se battre, encore, elle ne le fait pas, ne le fait plus. Parce que son cœur lui fait mal.

Alors, sans un mot, elle le laisse partir, attend même qu'il ne soit plus à portée de vue. Pour se permettre de pleurer, une nouvelle fois. De pleurer le fait qu'on ne l'aimera jamais comme elle, elle aime. Qu'elle ne sera jamais celle avec qui l'on veut finir sa vie, celle qui sera toujours le jouet parfait entre les mains des hommes et femmes qui aiment la posséder mais ne veulent jamais rester. Et elle attend, encore. Attend qu'il en ait fini dans la salle de bain pour y aller à son tour, s'habillant d'un haut lui appartenant quand elle sort de la douche. À lui voler sans hésiter, parce que ce sera le seul souvenir de leur relation, non ? Et si elle ne dort pas de la nuit, c'est seulement parce qu'elle attend que le couvre feu cesse.

Et, sans un mot, laissant simplement une note qu'il ne verra certainement pas, elle quitte le logement qui a été refuge de leur relation. Elle s'enfonce dans la nuit, sans penser au fait qu'elle pourrait tomber sur des personnes pouvant lui faire du mal, ou qu'elle pourrait se perdre. Parce que ses pas viennent l'emmener naturellement jusque chez elle. Où elle rentre en silence, rejoignant son lit pour s'y coucher, s'y endormir. Et oublier qu'elle a cours dans quelques heures quand la seule chose à laquelle elle désire penser est lui.