ootd // C’est une de ces journées banales où la routine est le maître mot. Il ne s’est rien passé qui relève de l’exceptionnel, et Nozomi pourrait presque s’ennuyer si elle n’aimait pas tant être dans sa boutique. Les clients ne sont pas nombreux en pleine journée la semaine, principalement quelques vacanciers, grands némésis d’une japonaise qui ne parle que très peu anglais et peine à communiquer avec les étrangers qui franchissent le seuil de la porte de son magasin. Et elle y a pensé plus d’une fois d’ailleurs, à embaucher une personne bilingue pour l’aider dans la vente, mais ne se sent pas encore prête à partager son trésor, son bébé avec quelqu’un d’autre. Tant pis, elle peut se débrouiller seule. Et puis peut-être qu’un jour elle suivra des cours privés d’anglais, pourquoi pas (non, elle ne le fera pas). L’absence de grande foule à ses portes lui donne au moins l’occasion de ranger ses rayons, classant sa lingerie par taille, alignant les modèles dans un élégant dégradé de couleurs. Tout est parfait, aussi beau que dans ses rêves, identiques aux plans qu’elle avait imaginés. Et Noz elle a réussi tout ça seule, comme elle se l’était toujours promis.

Et quand le léger tintement du carillon de l’entrée résonne dans la boutique, la jeune femme se redresse, sourire fleurissant déjà sur ses lèvres pour aller accueillir sa clientèle. « Oh » Légère surprise en reconnaissant immédiatement la jolie demoiselle qui s’avance -très bonne surprise, d’ailleurs-. Mei Lin. Sa prothésiste ongulaire mais surtout, son aventure d’un soir où la seule chose plus intense que leur degré d'ivresse, c’était les milliers de baisers échangés. Et la brune ne se souvient pas de tout, sait seulement que c’était bien, que c’était bon. Mais pourtant, elles n’en ont jamais reparlé, puisque la chinoise semble ne pas se souvenir d’elle, ou bien peut-être qu’elle essaye d’oublier, qui sait. « Salut, tu t’es décidée à venir ? » Et ça lui fait plaisir à Noz, heureuse de pouvoir passer de cliente à vendeuse avec Mei. De la voir enfin ici après lui avoir tant parlé de sa boutique. « Tu cherches quelque chose en particulier ? Si jamais t’as besoin d’aide ou quoi, hésite pas hein ! J’suppose que tu veux du rose ? » Après tout, c’est sa couleur, et elle lui va à ravir.

ootd // S'il y a bien une chose incontestable sur Mei, c'est qu'elle adore les saisons chaudes. Le printemps bien sûr, qui lui correspond à merveille, mais aussi l'été. L'été qui lui permet de sortir ses tenues les plus légères sans grelotter de tous ses membres, qui autorise encore plus de fantaisies, qu'elles soient capillaires ou ongulaires. C'est d'ailleurs une autre des raisons pour lesquelles Mei adore l'été ; parce que c'est à cette saison qu'il y a le plus de clientèle dans son institut. Les filles changent de manicures plus souvent, sont plus à même de se laisser tenter par des modèles plus chers et plus voyants, et c'est dans ces circonstances de travail qu'elle imagine le mieux de nouveaux designs. et ça pourrait totalement être sa saison préféré ; enfin, si le printemps n'existait pas.  C'est donc en cette belle journée estivale que Mei profite de son jour de congé hebdomadaire ; sans doute est-ce là l'un des avantage à être simple salariée. Quand elle aura son institut de beauté rien qu'à elle, elle ne pourra plus se permettre un tel luxe, et c'est possiblement l'une des raisons qui fait qu'elle traine un peu dans son projet. Ça et le fait qu'elle a cette fâcheuse tendance à dépenser sans compter l'argent qu'elle devrait plutôt économiser. Mais elle est comme ça Mei, elle profite de sa belle nouvelle vie, et savoure ses jours de repos en allant faire du shopping.

Comme bien souvent lorsqu'elle sort faire les boutiques, elle ne sait pas vraiment ce qu'elle a envie ou besoin d'acheter, elle se contente de se promener là où ses jolie chaussures compensées l'emmènent. Et alors qu'elle flâne le nez en l'air à la recherche d'une enseigne qui pourrait l'intéresser, elle tombe un peu par hasard (ou pas) sur la boutique de Nozomi, l'une de ses plus fidèles clientes et aussi un peu amies. Si tant est qu'on puisse être amie avec Mei et la supporter. C'est vrai qu'elle lui avait parlé du fait qu'elle tenait une boutique de lingerie, et la chinoise est tout autant admirative que jalouse du fait que la japonaise ai son commerce à elle lorsqu'elle nourrit le même projet et n'y est pas encore arrivée. Elle est curieuse néanmoins, et décide de franchir le seuil de la porte à en faire tinter le carillon ; et son sourire se dresse sur ses lippes maquillées lorsque Noz la reconnait. Evidemment, tout le monde reconnait Mei. "Hey" soufflé pour toute réponse, alors que son regard se promène déjà sur les articles ; du moins jusqu'à ce que l'amie ne s'adresse de nouveau à elle. Fines épaules à se hausser, l'air indifférent. Après tout ce n'est pas comme si elle était venue ici exprès. "Ouais je passais dans le coin, et j'me suis dit que je pourrais venir voir" Et à vrai dire elle aime beaucoup l'ambiance de cet endroit. Ses pas d'avancent déjà dans les rayons, ses jolis ongles parfaitement manucurés se promenant sur les articles. "Du rose oui, et de la dentelle, s'te plait" Autant ne pas chercher et se laisser conseiller ; partisane du moindre effort, la jeune femme s'immobilise et se retourne vers son amie, attend tranquillement de voir ce qu'elle va lui proposer.

ootd // C’est une évidence, les deux jeunes femmes sont diamétralement opposées. Dans leurs caractères, et puis surtout dans leurs apparences, leurs styles. L’une ultra féminine qui ne jure que par le rose et les vêtements mignons pleins de détails et de dentelle, qui n’a probablement que des affaires aux teintes pastels dans sa garde robe, et l’autre plutôt femme fatale, que l’on voit rarement porter autre chose que du noir, des décolletés plongeants et du faux cuir. Et pourtant malgré leurs différences si évidentes que n’importe qui pourrait les voir, elles s’entendent plutôt bien. Quand Nozomi va refaire sa manucure, elle est certaine de passer un agréable moment en compagnie de la chinoise, à parler de tout et de rien, à rire parfois, à critiquer les hommes souvent, et puis à flirter aussi, même si Mei Lin semble ne rien voir (ou alors, faire merveilleusement semblant). Mais ce n’est pas grave, c’est tout de même amusant, surtout lorsqu’elle fait des allusions très subtiles à la soirée qu’elles ont passée ensemble, il y a quelques semaines (ou mois peut-être ?) de ça. Et au milieu de tous ces sujets de discussion, évidemment Noz parle parfois de sa boutique, après tout c’est ce qu’elle chérit le plus au monde.

Alors forcément, elle est heureuse de voir sa prothésiste ongulaire venir enfin la visiter, toujours très fière de montrer ce pourquoi elle a travaillé si dur aux gens qu’elle apprécie. Et puis c’est agréable de voir Mei Lin dans un cadre moins professionnel. « C’est cool que tu sois venue, ça me fait plaisir » Et c’est sincère, après tout, rien ne l’obligeait à s’arrêter dans cette boutique en particulier, d’autant plus que puisque c’est sa première fois ici, elle a déjà probablement un magasin de lingerie habituel. C’est aussi pour ne pas lui faire regretter de s’être déplacée jusque là que Noz propose tout de suite de l’aider à trouver ce qu’elle cherche, car aujourd’hui la princesse rose est sa cliente, et qu’elle doit partir d’ici satisfaite. « Okay alors en rose et en dentelle on va surtout en avoir dans ce rayon » Emplacement indiqué d’un signe de la main avant de s’approcher pour prendre quelques pièces. « Je pense que ces ensembles pourraient te plaire, sinon y’a aussi ce body qui est vraiment sympa, je l’ai en noir il est super confortable » Elle sait vendre Noz, mais elle ne ment jamais. Toute la lingerie qu’elle vend, elle la trouve réellement bien. Pas de place pour les soutiens gorge qui font mal dans sa boutique. « Évidemment si tu veux essayer quoi que ce soit hésite pas, je pense avoir ta taille mais si jamais je pourrais toujours la commander »

ootd // Ça la tuerait probablement de l'admettre, mais au fond d'elle, Mei ne peut pas nier que Nozomi dégage quelque chose qui lui plait assez. Elle a cette classe, ce charme naturel et cette confiance en elle qui rendent la chinoise aussi admirative que terriblement jalouse ; parce qu'elle, tout ça, elle ne l'a eu que très tard et à coup de bistouri. Alors évidemment elle en veut un peu à toutes ces femmes qui sont aussi belles que ça de manière naturelle, qui ont cette confiance et ce charme qu'elle a du construire au cours des années, après un passé houleux et bien trop de douleur. C'est assez injuste à ses yeux, que des gens aient le droit aussi facilement à ce pour quoi elle a du tant batailler. Et non, elle ne cherchera pas à creuser dans les passés, ne réfléchira pas au fait que peut-être les autres aussi ont du se forger sous les coups et les moqueries, sous les douleurs et les traumatismes. Non, pour elle il n'y a qu'elle qui est méritante, qu'elle qui a traversé assez d'épreuves pour avoir le droit d'être belle et confiante. Alors quand elle rencontre une femme comme Nozomi, oui, elle est jalouse. Elle s'énerve un peu toute seule ; et s'agace contre elle-même quand cette fameuse femme lui plait. Et il faut dire que oui, Nozomi lui plait beaucoup.

Un secret qu'elle se garde bien de révéler d'ailleurs, puisqu'elle se refuse à ce que quiconque sache qu'elle aime les filles. C'est un peu la seule tâche à son tableau de perfection, la seule chose qui pourrait la décrédibiliser. Seuls son meilleur ami et les quelques conquêtes qu'elle a eues sont au courant de cette attirance, comme si c'était une honte, une tare. Un défaut, alors qu'elle ne peut plus en avoir. C'est sûrement pour ça qu'elle ne se montre pas réceptive aux avances que lui fait parfois sa cliente lorsqu'elle vient refaire ses ongles, parce qu'elle ne peut laisser personne savoir, et surtout pas dans le cadre de son travail. Et si elles ont déjà passé une nuit ensemble, la pauvre Mei l'a complètement oublié. Elle avait probablement trop bu, comme à chaque fois qu'elle sort séduire.

Pourtant c'est peut-être ce petit crush inavoué qui a poussé la princesse rose à franchir la porte de sa boutique. Comme si elle cherchait une raison de la voir, ou de ne simplement pas se faire oublier de sa cliente lorsqu'elle n'est pas dans son institut. Lui rappeler qu'elle existe, parce qu'elle ne supporterait pas d'être effacée de sa vie. Toujours tout pour se faire remarquer, admirer. Elle patiente sans un mot que Noz lui indique ce qui correspond à sa demande, la suit d'un regard à peine curieux pour le poser ensuite sur les articles. Oh. C'est exactement ce qu'elle aime, et elle ne peut retenir cette étincelle comblée lorsqu'elle regarde les propositions, et surtout ce fameux body de dentelle rose. "Ma taille ?" Comment Nozomi pourrait connaitre sa taille même ? Mei met ça sur le compte qu'elle doit avoir l'habitude, puisque c'est littéralement son boulot de vendre des sous-vêtements adaptés aux morphologies de ses client.e.s. Il n'y a aucune autre raison pas vrai ? Ce n'est pas comme si elle l'avait regardée ou quoi que ce soit. Comme pour ne pas y penser, elle attrape ce que la jeune femme lui tend et observe la marchandise avec un intérêt qui se veut plus prononcé que celui qu'elle porte à sa cliente habituelle ; mais lorsqu'elle aperçoit la taille des articles, ses sourcils se froncent un peu. "Euh, c'est trop petit pour moi ça, t'as pas la taille au dessus ?" Ses petites joues se gonflent pour masquer le fait qu'elles ont pris une teinte rosée d'embarras ; elle sait qu'elle n'est pas très généreuse en terme de formes, mais tout de même, c'est un peu vexant. Et quand bien même elle est tout à fait à l'aise avec son corps en règle générale, elle a soudainement honte de constater que la fille qui lui plait (juste un peu hein) la voit comme une planche à pain à ce point. Et ses bras se replient honteusement contre ses petits seins instinctivement alors qu'elle détourne les yeux, essaye de ne pas se laisser accabler par la honte qui est une émotion qu'elle déteste et ne sait pas du tout comment gérer.