( • ) ,, un éclat d’étoiles qui brille à l’instar de cette journée bien entamée, quelque-part dans ce ciel dégagé que lui semblait voir d’un oeil atterré. affligé. dépassé. sentiments contraires qui l’habitent en ces heures tardives pour un déjeuner qu’il est en train de manquer, la lassitude se mêlant à la paresse tandis que la voiture est engagée sur la route devant le mener à celle qui est - sur le papier - sa dulcinée. drôle de mascarade qu’on lui a offerte il y a de cela de longues semaines déjà, le laissant à la fois placide et ennuyé face à de telles scénarios écrits pour sa personne. pourtant rien ne semble le contrarier, le déranger, pas même cette bague qui bientôt sera passé à son doigt, un jour froid d’hiver, comme le souhaitent ces mères qui leur ont donné le jour.

et le voilà, dans cet ensemble taillé sur mesure, bien loin des survêt qu’il adore et aimerait porter pour l’heure. un simple repos avant de retourner entre les murs de cet établissement pour couver ses filles des yeux. pour voir son empire prendre place. pourtant, il était bien là, arrivé devant le grand restaurant, revêtant ce sourire adorable tout en se dirigeant vers l’entrée du grand hôtel. afin de la rejoindre et de se prendre ses foudres. il la trouve du regard, est conduit à elle, esseulée à cette table trop grande pour une personne. il peut sentir d’avance que rien ne lui serait pardonné, faisant se réchauffer cette boule dans ses entrailles. “ Kanzaki-san ! Veuillez me pardonner, le travail m’a retardé. ” et pour accompagner ses dires, des roses sont alors tendues, signe de repentance qui ne sera - il le sent - pas accepté facilement. “ Acceptez ces fleurs, en signe d’excuse. Et je saurai me rattraper, soyez en certaine. ”

( • ) ,, la nuit dernière avait été terriblement courte, bien que diablement productive mais maintenant ako accusait le coup. c’était justement peut-être parce qu’elle fonctionnait en automatique que la jeune femme n’avait montré que trop peu de résistance quand à ce rendez-vous et avait enfilé sans broncher la robe hors de prix choisie par sa mère. si rencontrer son très agaçant fiancé était une plaie pour elle, c’était une chance pour tout le monde que ce jour-là son esprit soit trop pris par deux choses : le sommeil et les croquis qu’elle avait dessiné toute la nuit. ce repas n’était qu’une formalité et puis si elle s’endormait devant son assiette, ce ne serait qu’une insulte de plus contre cet homme insupportable. ako n’avait que rarement d’elle et ce mot disparaissait de son vocabulaire dès qu’il était question de cette grotesque promesse de mariage.

première arrivée au restaurant, elle prit ses aises en commandant un verre de vin et en voyant le temps défiler, elle sortit un carnet pour griffonner dessus. les pages étaient trop petites pour son imagination et elle mourrait d’envie de déborder sur la nappe mais jamais son fusain ne marquerait correctement le tissu blanc cassé. trop prise par le papier qu’elle était en train de noircir, elle ne prit pas garde au temps qui passait et encore moins au nombre de verres consommait. une chose était sûre, le vin blanc était un délicieux stimulateur de créativité. ce fut donc guillerette et les doigts noircis qu’elle accueillit son ennemi naturel : isomura tanjiro. s’il eut le droit à un sourire, à la sincérité discutable, elle ne se leva pas pour autant comme l’auraient voulu les règles de la bonne société japonaise. “le vrai cadeau aurait été de ne pas venir.” dit-elle d’un ton las en prenant les fleurs qui ne l’impressionnaient pas du tout et les posa sur la table sans prendre le temps de les sentir ou de les admirer. des roses… c’était tellement convenu. et ako détestait le voir jouer au fiancer bien sous tout rapport alors que cette union ne relevait pas d’eux. “n’hésitez surtout pas à prendre encore plus votre temps le jour du mariage.” elle fit signe à l’un des serveurs pour qu’il remplisse son verre qui se vidait à une vitesse affolante. “toutes les fleurs du monde n’amélioreront pas notre relation. encore moins des roses.” elle soupira cette dernière phrase avec un dédain assumé. une autre raison de le haïr : il la rendait amère et mauvaise.