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Evil's night - Akihiro
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Le quatuor de débiles est de retour. Droits comme des «i», ils te sourient tels des gosses pris en flag, et tu les fixes, bouche entrouverte, yeux plissés. Tu rêves. La dernière fois, l’un d’entre eux n’avaient rien trouvé de mieux que de tester une nouvelle drogue en plein service. Cette fois-ci, ils reviennent après avoir fait un jeu très mature pour des mecs de plus de trente balais (hors service dieu merci), un action ou vérité à la con, où l’un d’eux n’a rien trouvé de mieux que de demander à l’autre de faire comme s’il était une mule pour la drogue. Tu te demandes à cet instant en quoi, être une mule de ce genre a pu paraître, ne serait-ce que l’espace d’une seconde, cool à leurs esprits. Est-ce que c’est badass pour eux de crever si tout pète dans les intestins? Tu pensais que c’était une connerie, qu’ils étaient encore défoncés... jusqu’à ce que tu fasses une radio de son abdomen. Vingt trois petits boudins de ... morceaux de latex remplis de tu ne sais pas quoi, flottent ci et là dans ses tripes, et cet abruti s’étonne d’avoir mal. Un long soupir t’échappe. Heureusement que les autres plus haut gradés sont moins cons, sinon tu retournes à Minato. Tu cherches comment aborder la chose mais honnêtement y’en as pas. Garder ton calme. Ce détail aussi commence à être fragile.

- Avec quoi vous avez fait ça.... , tu demandes en fermant les yeux pour te masser le nez, bras semi croisés sur ta chemise noire.
- Euh...
- Des capotes.
- De la farine.
- C’est pas de la drogue!


Tu les fixes.
- Des... capotes...
- Et de la farine!
Tu ne sais plus quoi dire. Ils sont cons, ils mourront cons. Tes futurs vigiles de remplacement? Faut que tu recrutes... Tu souffles, joues un peu gonflées par la débilité ambiante.
- Boss, je vous jure qu’on pensait pas que ça allait faire ça!
- Oh .. t'es capable de penser toi? ... ça change tout alors. Mh?
- On pensait qu’il allait les chier vite après ça et la vinasse, qu’explique l’autre alors que tu plonges ta main dans un tiroir. Les deux silencieux fixent tes mains en avalant leur salive. Tu en sors quatre sachets de laxatifs et tu les balance à la gueule de celui qui a avaler le gros lot, avant de contourner la table d’auscultation, ôtant tes gants, mais ils se reculent quand tu te rapproches un peu, jetant tes gants dans la poubelle et prenant ton calepin pour y garder une trace. Ouais parce que même ça, t’es obligé d’en garder une trace. Sans prévenir, t’assenes un grand coup sur la tête du premier et un second au pif se prend un revers, alors que le troisième rejoint le quatrième en se protégeant du tabouret médical qu’il a attrapé au vol.  

Ce que tu ignores c’est que dans la salle d’attente, un autre patient est arrivé. Et les deux vigiles derrière la porte commencent à vous entendre et à se demander s’ils ne doivent pas intervenir.
- On le refera plus! C’était pour déconner.
Tu respires, un peu agacé. Les deux qui se sont fait frappés sont un peu sonnés, mais ont le réflexe d’aller se planquer derrière les deux autres, dont le mec bouché est tout juste rhabillé.
- Encore une connerie de ce genre, et je vous jure que votre mère vous servira votre petite dej toute votre vie.
- J’ai pas de mère t'façon, grommelle le premier que t’as frappé.
Les mots de trop. Cette putain d’arrogance pour laquelle tu t’en prenais plein la tronche quand t’étais gosse. Tu te retournes, il prend ton pied, chaussures de ville cirées en plein dans les reins et s’écrasent dans la porte d’accès qui s’ouvre, n’affichant aucune résistance. Elle pousse un des vigiles, surpris, et le mec s’écrase par terre dans un râle de douleur.

- Tirez-vous...

Ordre maladroitement exécuté, alors qu’un vigil fixe Neo sans comprendre, lui faisant les gros yeux.
- Quoi.
- ... vous avez un autre patient... monsieur.
Tu fermes les yeux. Merde. Un soupir. Tu t’avances, en replaçant ta chemise sous ta ceinture, tirant un peu sur ta cravate de service, t’étouffes avec ces conneries. Tu passes la porte et regarde qui est le client. De haut en bas. Bizarre. Cette tête te dit un truc. Tu l’as déjà vu sur les photos qu’on t’a filé des filatures de Akihiko. Alors Akihiko a bien un lien avec un clan. Jusque là ce n’était qu’un doute , c’était trop frais. Pas encore eu le temps d’approfondir. Tu te racles la gorge et tend le bras vers l’entrée pour l’inciter à entrer.

- Après vous...
Tu t’es calmé. Si ces demeurés lui font perdre de la clientèle, ça va chier pour leur matricule.

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    Le Wakashigara avait parlé, ce soir Akihiro était viré. Il avait été renvoyé, manhumilitari du Red Instinct, au beau milieu de la soirée porté par deux de ses frères et mit dans une bagnole. Il n’avait pas osé croiser le regard d’Aki au bar, il avait baissé les yeux en serrant les dents, ça arrivait parfois, il n’avait pas le droit de lui dire pourquoi il sortait. D’ailleurs il n’en savait rien, il croyait pourtant ne pas avoir fait trop de conneries. Direction, il ne savait pas où et il n’avait pas à poser la question. On l’avait débarqué de la voiture sans mot d’ordre à une adresse que les yakouz du secteur d’Osaka connaissait bien et il avait poussé un long soupire ; il pensait s’en être bien sorti jusque-là, à coup de bandages et d’antidouleurs pris à la chaîne. La vie ne l’avait pas épargné dernièrement et les dégradés foncés n’avaient fait que de s’étendre sur sa peau pâle. Même déglutir avait fini par lui faire mal alors il mangeait peu et évitait d’aller à la salle de boxe. Cela avait dû remonter aux plus hautes oreilles du clan. Habituellement, Akihiro n’était pas du genre à être douillet, ni même à être celui qui faisait le plus de grabuge, il s’occupait des petites frappes qui ne payaient pas et des saligots du club d’hôtesses mais il avait rarement plus que quelques égratignures et des boutons qui volaient de ses chemises. Mais cette fois-ci c’était plus sérieux. A tel point qu’aujourd’hui il avait à peine pu rester debout de la soirée, ça l’avait foutu mal cette histoire. Il comprenait pourquoi on le balançait en rade comme ça en plein milieu de la nuit. Le clan ne voulait pas de lui dans cet état. Il était inutile.
    Akihiro observa l’endroit où on l’avait déposé. Il grimaçât, son visage encore quelque peu tuméfié et les légères coupures sur ses lèvres se confondant avec les ombres de la nuit. S’il fallait dresser un inventaire, on le mettrait sur une échelle de mal en point sur cent. Ses cotes avaient pris un méchant coup une semaine et demie plus tôt sur le rebord du comptoir du bar lors d’un tremblement de terre, quelques jours avant ça il était tombé sur son coude qui était resté marron depuis et encore quelques jours avant il avait prit de méchants coups au visage de la part d’un mec bourré. Autant dire que oui il fallait qu’il se requinque et c’était certainement pour cela qu’il se trouvait à cette adresse.
    Ici, on venait voir le médecin quand on avait besoin de rester sous le radar. Ici, on venait voir le vieux qui faisait toujours des commentaires étranges dans son coin et qui avait une odeur d’oignon rance. Akihiro préférait de loin se faire soigner par la tsume, mais visiblement on avait considéré que c’était plus grâce que de petites coupures.
    Sur lui, il ne portait que son éternel costard rituel, élargi aux épaules, avec un pantalon large mais serré à la ceinture, une chemise blanche car il était en poste et que le marcel ça ne fait pas assez classe d’après le boss, et puis surtout son attirail de chaines, bagues et bracelets en or qu’il aimait voir briller à la lueur des néons à défaut d’en voir les couleurs. Il avait aussi son couteau accroché à l’intérieur de son ceinturon, mais ça, il n’était pas supposé le monde.
    A l’entrée, le molosse qui le fit s’asseoir sur un banc lui demanda juste le nom de son clan. Akihiro articulat ‘Kazunari’, et on le laissa là. Il posa sa tête contre le mur en restant assis, fermant les yeux un instant. Il faudrait qu’il pense à envoyer un message à Akihiko pour le rassurer. Certainement dans la matinée, ou bien il repasserait au Red une fois qu’on lui aurait donné des anti-douleurs efficaces.
    Des bruits sourds se firent entendre et le yakuza releva la tête. Il y avait un combat derrière la porte, des voix qui s’élevait et visiblement de l’ameublement qui en prenait tout autant pour son grade. Levant un sourcil il adressa un regard au garde qui bougea imperceptiblement, de gène ou bien d’indifférence, ou des deux. Des idiots sortirent en groupe et apeuré sous les insultes d’une voix qui n’était pas celle du vieux qui sentait l’oignon. Après un bref échange avec le garde la voix l’invita à entrer. C’est alors que, surpris, le yakuza se rendit compte que le médecin avait une tête de mannequin de magasine pour bagnole et visiblement pas passé une très bonne nuit.
    Se levant en serrant les dents afin de ne pas montrer la faiblesse de son corps, Akihiro entra dans la salle, en passant devant le médecin qui lui tenait la porte.
    Rompu à l’exercice il resta debout, les mains dans les poches de son pantalon. Il fallait qu’il montre à la fois qu’il n’était ni intimidé ni physiquement défaillant. Il tenait à sa rigueur, il tenait à son clan. Il articula sa présentation afin qu’on connaisse son grade en attendant de voir à son tour comment ce nouveau médecin de l’ombre allait s’en sortir et si oui ou non il allait lui balancer une chaise à lui aussi.
    « Akihiro, kyodai du clan Kazunari d’Osaka. »
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Tu le détailles un peu plus, le laissant se lever seul. C’est une bonne manière pour voir à quel point il est affecté. Mais pourquoi les autres sont-ils partis? N’auraient-ils pas pu en laisser au moins un pour le ramener à bon port? Surtout que vu son état, pas sûr qu’il arrive à marcher jusqu’à son quartier si c’est effectivement là bas qu’il crèche, près de là où ils ont pris les photos. Et qu’il prenne le volant dans cet état... ou même une ... moto. Ton esprit va vite fait à ce petit con qui t’a pourri gratuitement et tu digères pas encore.

Tu le laisses passer, puis tu fermes la porte et soulève du bout du pied, le tabouret qui est au sol, le redressant près de la table de consultation. Tu choppes le produit à désinfecter et rapidement, avec du papier, tu nettoies le cuir noir, avant de tout jeter dans la poubelle que tu pousses du pied. Tu veux pour taper sur la surface pour qu’il vienne s’y asseoir, quand il se présente comme un robot, ou un soldat formel. Tu hausses un sourcil, et ça te tire un sourire léger.

- Neo. Le nouveau doc. Détends-toi, viens t’asseoir s’il te plaît...

Ta voix est bien plus calme. T’es passé de vous à tu pour tranquilliser la tension, parce que faut dire que t’y as été un peu fort. Dieu merci, tu traites pas tout le monde comme ça. Tu le détailles un peu et te dit que tout cette breloque sur lui doit le gêner avec les douleurs. Ses vêtements ne t’étonnent pas vraiment, beaucoup ont ce style là, c’est un peu une marque d’appartenance. T’as été fait dans un autre moule, c’est plutôt toi l’intrus vestimentaire ici, mais t’aimes le sobre et efficace. Il n’empêche que ces colliers attirent ton attention par leurs reflets, un peu le même effet que ça te fait quand tu regardes les reflets du soleil sur l’eau.

- Vu les difficultés que t’as à marcher, tu crois que tu peux ôter tes vêtements?

C’était une forme de politesse. T’en avais connu des putes pudiques ou des yakuza qui n’avaient pas forcément envie de montrer leur corps et tu respectais. Donc tu lui demandais de se dessaper mais ferait avec si c’était un non. Tu devrais soulever toi-même ce qui gênait. Il a des bleus partout. Sur une belle gueule comme celle là c’est dommage. Tu le laisses faire, attrapant du désinfectant pour tes mains, remontant correctement les manches sur tes coudes et t’appuies contre le meuble, observant comme il se meut. Chaque geste difficile, chaque grimace, chaque mouvement inhabituel, te donne une information supplémentaire à ton diagnostique. Les couches de vêtements disparaissent une à une et tu découvres un corps , qui comme beaucoup des vôtres est marqué mais encore jeune et agréable à regarder, ce serait con de pas le constater, mais c’est une info qui ne fait qu’une seconde dans ton esprit. C’est à ton tour, donc tu t’approches, l’incitant à s’asseoir sur la table de consultation. Ces tatouages sont une plaie pour toi à chaque fois. Mais ce qui te frappe en premier c’est l’état de son coude.

Tu le prends en douceur dans une de tes mains baguées et marquées par cette vie anormale que vous aviez tous les deux, et l’écarte un peu de son corps, jusqu’à ce qu’il ait mal.

- ne te retiens pas quand t’as mal. Je sais qu’on a l’habitude de supporter la douleur mais je dois savoir à quel point t’es blessé et jusqu’où ça va. Tu as fait ça comment et quand?

Tu poses un genou au sol, te penchant pour avoir le coude bien en face et ne pas abuser dans la manipulation. Tu lui tends autant qu’il peut et lui replie aussi, le bougeant lentement dans ses limites, touchant du bout des doigts les zones tuméfiées.  C’est pas terrible cette histoire, tu veux voir s’il n’a pas bousillé les ligaments ou s’il n’y a pas d’éclatement de cartilages qui pourraient empêcher que les hématomes se résorbent correctement.

Mais tu as vu autre chose en étant le genou au sol, les yeux à hauteur du coté de ses cotes, quand tu as bougé son bras vers le haut. Le tout a automatiquement tiré sur les cotes et d’ici, là où il y a moins de tatouages, de larges hématomes avalent ci et là sa cage thoracique, et ça ne te plaît pas. Qu’est-ce qu’il a foutu, il s’est pris une bagnole?

Tu te redresses et t’approches de lui en frottant tes mains pour les réchauffer. Tu le gardes à l’œil, avançant ta main, vers ses cotes. Au moindre regard de travers ou coup hasardeux, tu te stopperas, t’en as vu des pas nets qui t’en collaient une pour les avoir touché, sauf que c’est ton job. Tout ça parce que t’as une bonne gueule, tu veux de suite en profiter? Des conneries tout ça, y’a pas plus abstinent que toi. T’as pas le temps pour ça, du moins c’est ce que tu t’obstines à penser.

- Je peux?

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    Akihiro n’était pas un bravache qui réfutait les ordres, il était en règle générale plutôt content de les suivre, ou à défaut d’être content, cela lui semblait normal. On lui avait apprit à être intimidant et agressif, mais pas face à ses frères ou aux autres clans, ça se n’était pas son boulot, lui il était là pour faire le nombre, pour être cette masse qui se répand dans Osaka. Il récoltait l’argent, s’occupait de la sécurité des filles du Red Instinct, de temps en temps il devait jouer les gros bras pour une ou deux situations particulières, le reste du temps on n’avait rien à lui reprocher. Pas de prise de drogues, pas (trop) de relation non autorisée avec les filles, pas de combats illégaux. Il pratiquait la boxe au dojo pour s’entrainer et le reste du temps il errait comme il avait toujours fait dans cette ville fourmilière. Il venait des rues il restait des rues, lui et son fort accent du Kansai transpirait la même odeur que celle de cette ville.
    Ainsi, bien qu’il grimaçât à la remarque sur sa démarche, car il avait cru jusqu’alors bien caché sa situation, il s’exécuta quand on lui demanda d’enlever sa chemise. Prenant le temps e positionner son bras pour que son coude ne se déplie pas trop rapidement et ne lui arrache un cri de douleur. Il savait endurer. Lorsqu’on entrait dans le clan la première chose qu’on leur apprenait, en plus de savoir lire, écrire et compter, c’était d’endurer la douleur, les coups, les exercices interminables sous la pluie ou sous la chaleur, de jour ou de nuit. Il fallait que les kyodai soient endurants, si on n’avait pas la force, on restait shatei, si on était blessé, on devenait shatei. Akihiro avait tout enduré, au moins il était nourri et sa mère n’avait plus sa charge, à l’époque ça comptait beaucoup pour lui. Ils pouvaient ainsi survivre tous les deux. Aujourd’hui il portait ses bagues, ses bracelets et ses colliers comme des trophées de sa réussite. Il pouvait se les payer, il pouvait nourrir sa mère, et au fond il trouvait que son taf était nécessaire à l’équilibre de la ville. A ses yeux, il avait bien réussi, ça aurait pu être pire, il aurait pu tomber dans la drogue, heureusement qu’il avait éviter ça.
    Allant s’assoir en expirant profondément il essayât de ne rien dire lorsque le médecin l’ausculta, fermant les yeux et respirant doucement car tous les mouvements brusques, même celle de sa cage thoracide, surtout celles de sa cage thoracique, lui faisait mal.
    Sous ses épais tatouages, le sang était venu former de nouvelles ombres, restant sous sa peau comme une gangrène.
    Ouvrant les paupières à la question du médecin il se demanda s’il devait lui répondre sincèrement, après tout il n’était pas du clan, il n’avait pas de réponses à lui donner directement, il était là pour être soigné c’est tout. Ce n’était pas son problème au médecin comment il avait fini comme ça.
    « Je… me suis prit un comptoir en marbre. » c’était la vérité, la pure vérité… rien d’extraordinaire. Il n’allait en revanche pas dire que c’était au cours du dernier gros tremblement de terre dans la ville, laissant l’imagination du médecin faire le reste.
    Serrant les dents tandis qu’il acquiesçait au médecin qui lui demandait s’il pouvait ausculter son coude. Aki ferma à nouveau les yeux laissant sa tête tomber à l’avant, étourdit par la douleur, il fronçât les sourcils en laissant échapper une petite injure sifflante entre ses dents « k’so ».
    « Ça allait au début ça faisait pas mal, mais je ne peux plus le bouger depuis deux jours. » ajoutât-il. La situation de son bras l’inquiétait plus que celle de ses côtes. Il arrivait encore à bouger les doigts mais ne pouvait plus le plier correctement. S’il s’avérait qu’on s’en apercevait au clan, il serait certainement mis de côté pendant un bout de temps. Il craignait de perdre l’usage de son bras mais il n’oserait jamais le dire. Il en connaissait des frères de clan à qui il manquait des membres, ou qui étaient en fauteuils ou en béquilles, mais ils étaient bien plus vieux que lui. Il finirait certainement comme eux un jour, mais il n’espérait pas aujourd’hui.
    « Vous avez des sucettes ? » demandât-il en gardant les yeux fermés pour supporter la douleur. « Le vieux il avait toujours des sucettes, elles étaient dégueu mais au moins ça fait passer la consultation plus vite. » Akihiro était addict au sucre, depuis toujours, ses premiers larcins s’étaient pour le sucre, il s’était fait chopper à cause du sucre déjà, et puis quitte à subir un examen long et pénible, autant avoir quelque chose à grignoter.

    @Hasegawa Neo

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Un comptoir. Vraiment? Te prend-il pour un débutant? Tu l’observes un court instant avant de commencer l’auscultation. Passe d’abord le coude, puis tu croises dans son champ de vision le coté des cotes, mais il n’y a pas assez de lumière. Et son injure montre qu’il ne faut pas trop le pousser. Pourtant tu as si peu lever son bras. Tu te relèves lentement, gardant son bras dans sa main, sans le brusquer. Autant tu manquais de tact quand on faisait du mal à ceux à qui tu tenais, ou quand tu devais maîtriser un patient taré ou donner un exemple, tu comptes plus tes nuits de cauchemars qui t’ont rendu insomniaque aujourd’hui. Un jour, bosser 16 h par jour ça te tuera. Et quand ce jour viendra soit. Autant, dans ton taf, avec le commun des mortels, yakuza y compris, tu fais gaffe à ce tu touches et comment tu touches ça.

Tu passes ta main sous la sienne, l’autre main se posant à plat sur son avant bras, pour sentir sous la peau ligament et muscles s’il bouge.

- Serres ma main aussi fort qu’tu... , tu te stoppes à sa requête, surpris, relevant lentement ton regard vers le sien.

Hein? Une ... sucette? Il a pris un coup sur la tête aussi? C’est bien la dernière chose que tu t’attendais à entendre de la bouche d’un jeune yakuza. Mais les explications viennent juste après. T’as pas bougé, t’attends toujours qu’il serre sa main mais tu peux pas t’empêcher de l’observer encore un peu , avant de rebaisser les yeux sur son avant bras. Oh , ce vieux pervers avait décidément tout prévu pour se faire bien aimer avant de tirer parti d’eux. T’as refait tout le local, et t’avoues que t’as pas remis les bonbons. Tu pensais que c’était à lui , ces trucs. ça te fout des frissons rien qu’à penser à ce qui pouvait bien lui passer par sa tête de pervers à offrir des bonbons aux patients. Après qu’il t’ait serré ta main, et que tu aies pu suivre du bout des doigts, les contractions et les emplacements des ligaments, tu lui reposes sa propre main sur sa cuisse.

- Excuse-moi deux minutes...

De là, tu sors de la pièce, fais signe aux vigiles de fermer la clinique pour ce soir, en faisant une croix avec tes avants bras. Puis tu montes au RDC puisque vous êtes au sous sol là, et va fouiller dans le bureau de la jeune pédiatre qui fait parti de ton personnel le jour. Bingo, tu trouves un paquet de bonbons dans un des tiroirs. Est-ce que t’es vraiment en train de braquer les bonbons destinés à gosses pour les refiler à un yakuza? Totalement. Ah... Tu t’arrêtes un moment en regardant ta main pleine et pousse un soupir. Cette ville te fait vraiment faire n’importe quoi. Tu refermes le bureau à clé puis retourne à ta salle, où Akihiro attend. Tu dois dire que une lettre de différence seulement, ça t’aide à retenir. Parce que clairement tu ne retiens pas tout le monde, d’autant plus qu’en général, personne ne donne son nom, juste son clan. T’as choppé un café au passage. Cette séance s’annonce un peu longue. T’as déjà avalé la moitié du verre quand tu reviens vers lui et lui dépose sur le matelas de vinyle bleu, la poignée de sucreries.

- J’ai plus rien ici depuis que j’ai été chargé de nettoyer tout ce bordel ambiant, les arnaques du vieux et de reprendre les rênes. Donc... pour ce coup-ci... tu vas devoir te contenter de ce que j’ai trouvé chez la pédiatre. Je veillerai à refaire un stock. Le sucre te soulage?

Tu parles, mais tu t’es déjà remis au travail en réalité. Tes yeux sur son bras, tu t’approches calmement, contourne le brancard, jusqu’à être derrière lui.

- Mes mains sont froides, désolé, que tu avertis, avant de poser une main sur son épaule du même bras blessé, et l’autre main à plat au milieu de sa colonne.

- Creuse ton dos, essaie de gonfler tes poumons.

Tu maintiens tes mains en observant sa musculature réagir à ses efforts, ne cédant pas non plus à ta position. Faut dire qu’heureusement que la nature t’a donné ce qu’il faut parce que si t’étais resté la crevette que t’étais petit, t’aurais pas assez de force pour contenir les muscles de tous ces fous furieux. Et encore, lui, ça allait, il était plus medium en carrure et ... un peu trop mignon pour un yakuza. Tout comme Akihiko. T’espérais que ça n’allait pas leur causer plus de problèmes qu’autre chose. T’avais rencontré ce problème, et c’est pour leur oublier cette image que tu t’étais durci et que t’avais encaissé plus que beaucoup d’autres à la gueule assez laides pour faire peur sans avoir besoin d’être brutal ou malin. Alors tu ne ferais pas cette erreur avec lui. Tu le traiterais comme un yakuza et vu sa détermination quand il s’est présenté à toi, quelque chose te dit qu’il ne veut pas être traité autrement.

- Encore.

T’as approché la lumière de son dos, et tous les ombres t’apparaissent quand il s’exécute. Voir en noir et blanc pour toi, était et avait toujours été un avantage drastique dans ton travail, là où ceux qui voyaient en couleur se laissaient perturber par ces mêmes couleurs du corps. Tu relâches alors son épaule en massant un peu la base de sa nuque.

- Ok... respires...
Tu lâches son cou lentement, et passe tes mains derrière ses colliers.

- Je dois te faire une radio, faut que t’enlèves ça. Ne bouge pas ton bras, j’le fais , tu pourras les remettre ensuite... T’as des implants métalliques, un pacemaker ou des piercings que j’ai pas vu concernant le tronc du corps?

Tu lui ôtes lentement les bijoux. Tu te doutes qu’il y tient donc tu les poses un à un sur le matelas, puis l’incite à se lever du bout des doigts, et te suivre dans la pièce d’à coté, plus sombre, souvent prévu pour les opérations d’urgence comme les sutures, les balles, et d’autres plus graves. Une autre porte conduit à un double habitacle. L’un équipé d’ordinateur, l’autre de plusieurs machines privées.

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    Akihiro s’exécutait, serrant la main, cherchant à faire le moins de gestes possibles mais surtout à ne pas montrer trop sa douleur. Il serrait tellement fort les dents qu’il pouvait sentir sa mâchoire se tendre jusqu’aux oreilles. Le gars qui l’auscultait ne ressemblait pas à un médecin, du moins pas de ceux qu’il avait eu l’habitude de côtoyer. Il avait un look aussi un peu à part pour se faire appeler boss par le gorille de l’entrée. Le yakuza n’était pas au courant des petites alliances du clan, ni même de quels changements avaient pu avoir lieu ici. En réalité il n’avait pas à s’y intéresser. Il était un gros bras qui gagnait maintenant suffisamment bien sa vie pour ne pas avoir à courir au moins signe d’une alarme de police, il avait une famille des frères, un toit sur la tête ; alors il la fermait et s’exécutait comme on lui avait appris à faire. Ce soir il devait être sage et se faire soigner, demain on lui demanderait peut-être d’amener son arme pour impressionner un mauvais payeur, dans tous les cas il ne posait pas de question. Il respectait les règles, car tout ça n’était pas un jeu, mais un travail, une forme de dévotion que l’on ne pouvait donner que si l’on était suffisamment conscient de la place que l’on avait dans la hiérarchie.
    Le gars avait détalé en moins de temps qu’il n’avait fallut à Akihiro pour dire « s’il vous plait », il ne l’avait d’ailleurs pas dit. Seul quelques instants dans l’office du médecin il aventura son regard autour de lui. Il y avait pas mal de choses qui avaient changés ici, mais il n’aurait su dire exactement quoi. Il n’était venu que quelques fois et avait fait en sorte de ne pas trop en faire pour ne pas y revenir. Parfois il se faisait directement mettre des pansements par la femme de l’Oyabun quand il leurs rendaient visite. Mais c’était plus pour les petites coupures, ou les problèmes de jointures aux doigts après la boxe, on lui appliquait du baume du tigre et il était frais comme un gardon, prêt à repartir en piste comme on dit. Ses doigts avaient été légèrement déformé par la boxe, car on frappait au poing à l’entrainement, on avait pas le temps de mettre des gants sur le terrain après tout. Mais il faisait parti des chanceux qui avaient réussi à garder un visage pas trop amoché et un nez suffisamment droit.
    Le doc’ revint avec une poigné de petits bonbons dans des papillotes en plastiques et Akihiro ne pu s’empêcher d’avoir un sourire lorsqu’il les vit arriver devant lui. Ça sent le café aussi, mais ça l’intéresse beaucoup moins le yakouz’. S’enfilant direct trois des petites douceurs dépapillotées il répond avec la bouche semi-pleine à la question.
    « Non le sh’ucre sha’ shange pas gran’shose sh’est sh’uste que sh’aime bien. Sha’ fait pash’é le temps. » Le goût sucré chatouille ses papilles, se ne sont pas de gros bonbons comme ceux qu’il s’enfile au petit déjeuner, mais ils font l’affaire, ils manquent un peu d’acidité, mais si Akihiro a bien compris c’est plutôt destiné aux petits gosses. Il n’était pas bien sûr de ce qu’était une pédiatre mais il un vague souvenir lui disait que c’étaient les médecins des bébés. Il n’osa pas demander, persuadé de passer encore pour un idiot. Il n’avait pas beaucoup de vocabulaire peut-être, mais il savait quand il fallait la fermer au moins.
    Le doc’ touche son corps, mais Akihiro ne dit rien, il prend un autre bonbon puis encore un … son dos, son cou, tout y passe, comme s’ils allaient y passer la soirée. Au moins celui là a les mains moins baladeuses que l’ancien et ça c’est déjà pas mal.
    Une grimace se forme sur le visage du yakuza quand il lui demande d’enlever ses bijoux. Un instant il tient sa croix dans sa main avant de se décider d’enlever la chaîne. Dernier collier qu’il ose ôter de sa poitrine. C’est assez précieux pour lui ces choses-là, mais il ne dit rien. Il s’exécute avec un regard un peu plus sombre que d’habitude. Du bout des lèvres il marmonne « dieu soit loué » avant de se laisser emmener vers une autre pièce. Il n’a jamais été là auparavant, et quelque part ça le met mal à l’aise. Il a l’impression que le docteur en fait peut-être un peu trop, il n’a pas l’habitude qu’on regarde tous ce qui ne va pas chez lui. Il est bancal, il l’a toujours été, sa vie est bancale, sa démarche aussi, les jambes trop ecartées, les épaules trop larges, tout ça, il le sait.
    Il y a pleins de machines là-dedans et le regard d’Akihiro se balade. Il sait qu’il n’a pas trop le droit d’observer, mais il ne peut pas s’en empêcher.
    « Vous avez du matos là, on dirait un hôpital. » lâche-t-il avec un soupçon d’admiration. D’un coup plein de questions s’embrouilles dans sa tête. Il n’a certainement pas le droit de les poser alors il se contente d’écouter les recommandations. Mais tout de même, du jour au lendemain, ce type arrive et le clan l’utilise comme cobaye pour voir ce qu’il vaut ? C’était un peu l’impression qu’il avait à ce moment précis.
    « Vous avez pas l’accent du Kansai… » sous-entendu contrairement à lui « vous venez d’où doc ? Pourquoi on vous a jamais vu ici avant ? » demande t’il soudain avec un soupçon de défiance, se demandant ce qu’on va finir par lui faire subir dans ces machines. Sa voix trahis un soupçon grandissant et ses sourcils se froncent. Il a peut-être été sympa avec les bonbons, mais c’est pas une raison pour se laisser transformer en monstre de Frankenstein.

    @Hasegawa Neo
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Sa manière dont il parle la bouche pleine et comment il se comporte te donne un sourire en coin. Indéniable qu’ils font la paire ces deux là. Il a l’air d’avoir autant de caractère qu’il est indéniablement cute à son insu. Mais tu ne dis rien. Ce serait con de lui casser à lui aussi ce fameux charisme après il court tous. Tu fais disparaître ton sourire amusé quand tu repasses devant lui. Puis vient le moment où tu l’aides à ôter ses bijoux. Navré pour lui, mais le matériel médical ça coûte une blinde, et tu n’as pas non plus en plus de ça que ça le blesse s’il garde ça sur lui. Tu ne veux pas non plus le rendre plus mal à l’aise qu’il n’a l’air de l’être surtout quand tu l’entends murmurer ces quelques mots religieux. En coin, tu gardes l’idée que ces bijoux soient des objets religieux importants pour lui, donc, tu les glisses d’un dernier geste dans un bac propre pour leur éviter de finir au sol comme de vulgaires breloques au cas où l’un de vos gestes les envoie valser par inadvertance.

Une fois dans la pièce dédié aux examens plus poussés, alors que tu actives tranquillement certains boutons pour allumer ce qui doit l’être, tu captes dans ton champ périphérique qu’il n’est pas rassuré. Tu te redresses un peu, le détaillant calmement un certain temps, cherchant à comprendre ce qui lui arrive, lui trouvant un certain charme avec cette étrange incertitude qu’il dégage. Qui a dit que les yakuza étaient infaillibles. Tu fais décidément des découvertes fort intéressantes dans cette ville. Est-ce qu’il est mal à l’aise à cause des machines? Alors tu reviens du coté de la vitre où il se trouve, remontant un peu une manche qui ne sait pas rester tranquille sur ton coude, et lui sourit.

- Faut bien, vu que les têtes de mules masochistes que vous êtes refusent d’aller à l’hôpital et que je déteste donner un mauvais diagnostique à mes patients...

Tu baisses un écran un peu volumineux et lui tend la main pour qu’il approche.

- Respire... ce soir, je suis médecin, pas bourreau... je te fais juste une radio. T’as rien à craindre. J’suis pas du genre à profiter des biches blessées.

Ta main se pose sur sa ceinture de pantalon , sur le coté de sa hanche, pour le positionner au bon endroit, sérieux revenu. Pourquoi la ceinture? Pour éviter de toucher sa peau et augmenter son stress. Ils ne le savent pas, personne ne le sait mais tu comprends ce sentiment. Même si tu ne montres jamais ce point, le toucher d’un(e) autre te crispe sauf quand il s’agit de violence. Tout autre contact, excepté médical par un confrère, sonne comme une fourberie , qui tout ou tard t’ébranlera l’âme et le reste et tu t’es fermé à ça depuis longtemps. Depuis elle et depuis le sevrage de ton père. Alors tu respectes tes patients.

- Ne bouges plus...

Tu te recules et positionnes la machine, puis repart en lui répondant tout aussi tranquillement.

- Tu es bien curieux pour un kyodai.... , tu souris de nouveau, te demandant pour le coup s’il n’a pas été envoyé après avoir été volontairement tabassé , dans l’optique d’en apprendre plus sur ton compte et le nouveau fonctionnement de la clinique et sur qui tient les rênes à présent. Concentré sur la manœuvre, tu réfléchis. Attentivement, tu le scannes de face. Puis tu reviens le voir. Après tout, autant satisfaire sa curiosité voyons jusqu’où il ose aller mh? Tu lui fais signe de se mettre de profil, ajustant sa position doucement.

- J’ai été élevé à Tokyo par le chef de clan Hasegawa, qui dirige la branche médicale et diplomatique du clan Sumiyoshi-kai, la seconde plus grande famille yakuza du Japon... , qui tu expliques, concentré, chaque mot sortant comme si c’était une normalité assumée.

Puis tu repars tranquillement vers la deuxième part du scan. Puis la machine s’éteint et la lumière revient un peu. Tu observes les radio et les sort sur support transparent avant de revenir vers lui, tout en lisant la feuille de notes que t’as trouvé là et dont t’ignores à qui elle appartient. Tout en lisant, tu complètes.

- Je me suis chargé du vieux... Il faisait du trafic d’organes à notre insu... j’ai avorté cette pratique. Fais passer le mot aux tiens s’il leur prend de vouloir me filer un rein contre de la thune...
, tu finis en relevant les yeux sur lui, très sérieux, tout étincelle évaporée comme si un second Neo avait pris la place.

Tu te stoppes un peu, reprenant tes esprits en expirant, baissant le bras qui tient les feuilles et tendant l’autre poliment vers la pièce pour l’inciter à rejoindre le lit du début.

- Dis moi si tu as besoin d’aide pour remettre tes colliers, je ne veux pas que tu plies ton coude tant que je ne t’ai pas strappé.

Tu accroches les deux radio à une tableau lumineux et prépare le matériel qu’il te faut pour le soigner, mais tu ne le feras pas sans lui expliquer. Alors tu te retournes, et croises les bras face à lui.

- Je vais pas passer par quatre chemins. Si tu étais venu me voir en journée, à mon cabinet juste au dessus, j’t’aurais foutu en arrêt pour deux semaines comme toute personne lambda. A force d’attendre que ça guérisse seul, tu as aggravé ta luxation du coude, tes hématomes se sont épanchés, tes ligaments sont enflammés mais rien n’est visiblement arraché. Quant à tes cotes...

Tu montres les côtes sur lesquelles on voit de longs traits noirs fins, situées sous la zone qui est envahi d’hématomes.

- Il existe deux styles de fractures de cotes... les cassures et les fissures... T’as eu beaucoup de chances, ton poumon est juste derrière. Si une seule d’entre elles l’avait perforé, tu ne serais pas ici. Toi... tu t’en es fissuré trois. Et vu que tu as joué à la roulette russe avec ton thorax, les hématomes se sont agrandis et ont du mal à s'évacuer.  

Tu observes ses réactions et inspires profondément, puis expire en t’approchant de lui clairement, ne lâchant pas son regard.


- J’ai deux choix. Le premier, je te mets en arrêt pendant quinze jours. Tu restes au repos, et tu pourras reprendre ensuite après une consultation. Le second...


Ta main vient poser sans douceur une boite rempli de matériel médical que t’as sorti exprès quelques minutes plus tôt.

- Je te soigne à ma manière, pour que tu puisses bosser. Mais je vais te faire mal. Et tu devras revenir toutes les deux nuits pour les soins, jusqu’à être guéri.  

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    Le doc avait une manière de parler qui plaisait à Akihiro, il était calme, il avait une sorte de charisme un peu étrange qui sont le propre des gens qui n’ont pas peur de qui ils sont. Le kyodai restait là, à moitié dévêtue. Il s’exécutait, restant sur ses gardes mais ne disant rien. Il se laissa positionner près de la machine. Un léger reniflement se fit entendre, il grimaçait. Pour lui ce n’était pas parce qu’ils refusaient de se faire soigner. Lui et ses frères, ils devaient endurer surtout. Parce qu’il n’y avait pas de bon ou de mauvais moyen d’être yakuza, il fallait juste être présent lorsqu’on avait besoin d’eux, et cela voulait dire, être opérationnel. Akihiro ne s’était encore jamais retrouvé au milieu d’une guerre de clan. Il appartenait à une sous-branche qui gérait l’argent, blanchissait les billets et la réputation. Ils étaient les golden boys d’Osaka, les visages de l’organisation auprès des quartiers. Ils n’étaient pas là pour faire vivre l’organisation à proprement parler, ils avaient une importance diplomatique mais seulement dans le milieu dans lequel ils évoluaient. Les Kazunari se chargeait de faire en sorte qu’un certain ordre soi maintenu, une balance dans l’équilibre, le mal nécessaire. Les Fujiwara c’était une autre tasse de thé, mais si le jeune homme savait où il se positionnait dans la hiérarchie, il n’avait croisé le grand ponte qu’une ou deux fois. Lui il était là pour gérer les filles, récupérer de l’argent, de temps en temps menacer, ou effacer des traces, il ne posait pas de question. Et ses blessures, c’était surtout une perte de temps. Il était kyodai, pas une biche… son visage resta fermé à la réflexion du doc.
    Puis ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il entendit les origines de l’homme qui se trouvait devant lui, se souvenant soudain qu’il ne l’avait pas salué proprement, qu’il était resté là debout, donnant juste son rang alors qu’il aurait dû s’incliner. Le Satoshi resta là sans rien dire, bougeant le moins possible écoutant le doc. Il pourrait se faire battre pour son impertinence envers un membre d’un clan aussi important. Mais le médecin ne lui fait pas la remarque, tout cela lui semble presque trop naturel. Peut-être qu’on était en train de le tester. Peut-être que le Hasegawa allait faire un rapport au clan plus tard. Akihiro ne disait rien. Il avait remarqué la précaution avec laquelle il l’avait examiné, ainsi que la manière dont il s’était occupé de lui et de ses affaires, il sentait bien qu’il n’y avait aucune agressivité dans l’air. Pourtant quelques minutes plus tôt c’était le même homme qu’il avait entendu engueuler ses sbires et jeter des meubles contre la porte. Pourquoi était-il aussi gentil avec lui ? Ne pouvait s’empêcher de trouver cela suspect Akihiro restait sur ses gardes tout en exécutant les ordres.
    « Je transmettrais l’information. » de manière beaucoup plus formel, Akihiro baissa la tête afin de faire comprendre qu’il avait comprit le message. Ça n’avait jamais été officiel que le vieux il faisait un peu n’importe quoi avec les jeunes pouces, mais au final ça ne l’étonnait pas plus que ça, il y avait toujours un truc louche avec lui et une odeur de vieux produits qui fermente dans le local, sauf que là… ça sentait juste le désinfectant et le plastique maintenant.
    Akihiro regarde ses bijoux dans la boîte, il ne sait pas trop quoi dire, il a bien envie de les renfiler tout de suite. Surtout la petite croix et le médaillon de la vierge que sa mère lui a offert, mais il prefére ne pas avoir l’air de trop s’en faire pour ses breloques. Elles sont beaucoup pour lui, symbole de sa fierté retrouvée, mais il sait aussi que cela ne doit être que bien superficiel pour les autres yakuzas, et en face de lui, il savait maintenant qu’il avait un yakuza.
    Sans répondre, il acquiesça encore une fois avec respect et écouta de nouveau ce que lui dit le doc, il avait l’impression qu’il faisait bien son taf, mais lui il n’y comprenait pas grand chose, il se doutait bien qu’il était cassé de partout, mais cela ne voulait pas dire qu’il comprenait la gravité des choses. Alors il continuait de réfléchir et d’essayer de trouver quelque chose à dire, ou à faire, mais rien ne lui venait. Il était torse nu, il assit sur un lit brancard et regardait des photos qui représentaient l’intérieur de lui-même. Il trouvait le tout étrange sans réussir à le formuler ainsi.
    « Si on m’a envoyé ici de nuit, c’est qu’on attend pas que je sois soigné comme tout le monde doc… » Akihiro se retient de lui donner un autre titre honorifique et il attrape avec poigne quelqu’un des bonbons qui se trouvent près de lui. Il n’a pas le choix, le clan ne donne pas le choix, et bien qu’il se doutât qu’on ne lui ferait rien faire dès le lendemain, il savait aussi qu’il y avait des conséquences à ses décisions.
    « Je sais être résistant à la douleur, vous pouvez y aller. » Quelque part en lui se trouvait une forme de réticence à se laisser faire. Il eut quelques images de lui-même frappant très fort dans un sac à la salle de boxe, un flash de coups de bâtons après une séance d’alphabétisation qui ne s’était pas bien passé et puis l’image du RED INSTINCT, d’Akihiko qui lui filait un torchon pour qu’il essuie la coupure à sa lèvre et l’alcool qui avait innonder ses fringues après une altercation avec un client. Son quotidien s’était de subir autant que de faire subir.
    « Doc je peux vous poser une question … » Le yakuza resta un moment hésitant avant de relever la tête vers celui qui avait déjà prit dans ses mains la boîte à torture. « Est-ce que ce serait possible de ne pas abimer le tatouage, je voudrais pas repasser par les aiguilles après tout ça … » Akihiro tenait à son tatouage, son appartenance au clan qui lui couvrait le dos et une bonne parti du haut des bras bras et des épaules. Se poisson koï géant, symbole de ce qu’il se devait d’atteindre, et ce masque, sa personnalité dans le clan, son rôle. Pas qu’il dirait quoi que ce soit s’il fallait de nouveau repasser sous les aiguilles de bambou, mais quitte à souffrir en se faisait soigner, autant éviter de douiller encore juste après pour garder au propre l’image que les autres auront de lui au onsen et à la salle de sport. Enfilant un bonbon dans sa bouche sa main se décalât ensuite vers ses bijoux et il attrapât la chaîne avec la croix qu’il prit dans sa main comme un suaire. « Vous pouvez y aller. » marmonnât-il du bout des lèvres.

    @Hasegawa Neo

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Tu l’as vu. Son regard, vers ces bijoux. Tout comme tu as aussi vu son regard changer , juste d’un coup d’œil quand tu as parlé de tes origines, de ton rang, et de ta raison de vie ici. Tu commences à t’y faire. Ce genre de choses ne t’était pas familier avant, tu étais juste le «fils de». Et encore tu as juste dit «avoir été élevé par» et non être le fils de, car ça peut sonner prétentieux pour certains. Le vécu a plus d’importance que le sang dans ces milieux là, et on peut très bien être le fils de, et être un parfait incompétent, bon à se faire baiser par le premier qui vient. Ton père avait justement mis tant de violence à te faire rentrer les pires choses dans le crâne et le corps, que tu n’ignores rien des monstruosités possibles de ces mondes au point de t’avoir appris à les commettre, mais ce ne sont des choses que personne ne saura à moins de passer dans tes mains, par obligation... et si ça arrive... cette fois sera malheureusement unique. Tu n’es jamais appelé pour les petites choses... ton business ici est trop important alors si on te fait revenir à Tokyo, c’est pas pour jouer aux playmobil. Est-ce que tu aimes ça? Non. Mais c’est comme ça. Le sacrifice de soi pour la pluralité au détriment de sa santé mentale et physique. Ta famille est une main puissante à mille doigts, deux milles, plus encore. Sans ces doigts, elle serait inutile. Tu ne te penses pas plus important qu’un autre, c’est ce qui fait que tu es ici: ta remise en question perpétuelle et ta notion de la valeur humaine. Ton père n’est pas con, il sait parfaitement pourquoi il a fait ce choix, pourquoi il a niqué la paix de vie que tu avais fini par trouver dans un banal cabinet médical. Toi qui pensait toutes ces immondicités qu’il t’a fait subir comme inutiles, égocentriques, psychotiques... tu te plantais. Il t’avait préparé. Il savait tout depuis longtemps. Tu te demandes parfois ce qui te serait arriver si tu n’avais pas eu les couilles de mettre à terre le business traître du vieux pour le bien de la famille. Aujourd’hui, tu le sais, ton père le savait et t’a mis à l’épreuve. Et tout ça n’est encore que des épreuves, apprentissage sans pitié par tu es «héritier» de sa branche. Alors tu t’efforces de voir autrement pour ne pas devenir dingue. Le problème... c’est que tout se complique... et qu’il y a peu de chances pour qui tu n’y laisses pas une part de toi cette fois ou que tu y passes. Mais ça... ça.. ça fait longtemps que t’es prêt... si paradoxal avec ton âge.

Il t’a trop fait réfléchir ce kyodai. C’est inhabituel mais est-ce si bizarre, sachant qu’Akihiko est son proche? Tu te doutes qu’il ne se rapproche que de gens qui le comprennent ou lui ressemblent. ça t’intrigue du coup mais tu ne dis rien, comme d’habitude. On verra la suite. C’est donc avec lui que tu regagnes la salle de consultation, pour lui expliquer ce qui va se passer et les choix qui s’offrent à lui alors que tu connais déjà la tournure que ça va prendre. Et quand il te dit qu’on l’a pas envoyé ici pour être soigner comme tout le monde, tu le dévisages avec un petit sourire, en faisant un léger non de la tête et t’appuies bras tendus sur le brancard face à lui.

- Tu te trompes. Si vraiment ils voulaient une manière spécifique de te soigner, l’un d’eux serait rester avec les consignes. Tu n’es pas le seul qu’on me livre comme ça. Tu ne t’es jamais demandé pourquoi? Sache que tout homme a toujours le choix. Certes, il n’y a pas toujours de bons choix, parfois on doit choisir entre deux mauvais, mais on l’a toujours. Et certains yakuza de ton rang ou inférieur, à force de prendre sur la gueule...

Tu commences à ouvrir de lourdes bandes, les positionnant les unes à coté des autres près des bonbons, puis des compresses, et tu attrapes deux seringues et deux flacons.

- ... finissent par lâcher prise et abandonner. Mon rôle est de toujours proposer le choix. En fonction de la décision prise, l’avenir du yakuza est impacté ou non... Passer ici, c’est aussi pour savoir si t’as encore les couilles de faire parti des rangs. Chaque homme a ses limites, mais dans ce milieu, les montrer c’est échoué. Je t’apprends rien. S’ils t’ont largué ici c’est que t’es plus capable de bosser correctement donc inutile. Si je te rends opérationnel... tu devras respecter ta part du marché. Tous les deux jours.

L’argument de la résistance à la douleur arrive alors. Tu l’as entendu tant de fois ça. Tu inspires un peu, parcourant son torse des yeux, ta langue passant dans tes molaires en silence. Les bonbons filent dans ses dents comme une drogue, et toi, tu plantes lentement l’aiguille dans le flacon en la tapant du doigt. Puis la seconde. Quand il te demande de ne pas abîmer son tatouage , tu fronces les sourcils, curieux, en tournant la tête vers lui à nouveau, croisant son regard, silencieux pendant un temps. Sa vie est en danger et il a toujours à cœur l’honneur de son clan? Tu veux lui répondre quand tu vois sa main qui sert le collier religieux que tu as repéré tout à l’heure. Tu poses alors les aiguilles prêtes et t’approches pour lui ouvrir lentement la main, prendre l’objet et passer tes mains autour de son cou, t’approchant pour voir ce que tu fais et lui attacher le collier sur la poitrine. Puis tu te retournes et enroule un petit chiffon médical, et lui tendre.

- Tu vas avoir besoin de mordre la dedans quand je m’occuperai de ton torse, et de tes mains pour tenir ton équilibre sous ma force. Tu peux pleurer, crier si besoin. Je ne jugerai pas. N’oublies pas. Tu m’as demandé de le faire. J’irai jusqu’au bout, même si tu perds connaissance. Compris?

Tu maintiens un peu son regard pour être sur de ce qu’il veut. La douleur en combat ou quand on se fait tabasser est si différente de la douleur médicale, la pire de toutes les tortures. Tu te désinfectes les mains, avant de prendre la première seringue et d’approcher le tabouret du pied. Tu t’assois à coté de son bras blessé, lui prenant le poignet, le posant sur ton genou. Garrot, tu cherches la veine et pique, injectant le produit dans son bras. Oh il va vite sentir que c’est de la morphine et un additif, anti vomitif, parce que la dose est importante. Tu observes calmement sa réaction. Certains sont complètement sonnés et manquent de se fracasser la tronche par terre, d’autres sont plus résistants et demande une dose plus importante. Une fois sûr de l’effet, tu ne perds pas de temps.

Le ciseau passe sur les bandes d’adhésif médicale large et stretch en longueur suffisante. T’enfiles des gants , puis étale une pommade spécialement faite pour traiter les hématomes, et t’attelle à la faire pénétrer dans la peau. Tu le gardes à l’œil près à le rattraper si besoin. Une fois imprégnée, tu repères les zones les plus gonflées et essuie le trop de pommade. Puis une première bande collante vient strapper le coté intérieur, dans une position adéquate pour un maximum de gestes, soit ouvert aux trois quarts. Ce sera à adapter d’ici deux jours si besoin. Une second bande vient à l’extérieur, puis les autres viennent entourées et serrer intelligemment l’articulation. De cette manière, il ne peut ni déplier, ni replier le bras, mais cela reste souple, et sans atèle. Ce n’était que le début, et dans un sens, une banalité en douleur même si tu n’as pas été doux.

Puis tu pousses le tabouret du pied et te redresses. Ton regard change. Tu dégages tes gants, et commence à découper une bonne quinzaine de bandes plus longues et large. Tu check à plusieurs reprises son torse. D’ailleurs, tu notes qu’il est imberbe et c’est plutôt une bonne nouvelle pour lui. Tu passes dernière lui.

- Le tissu, c'est le moment. Quoi que je fasse... essaie de ne pas bouger et laisse ton corps réagir. Je dois le sentir sous mes doigts pour ne pas merder. Si tu te contractes, je vais devoir recommencer.

Tu n’es pas là pour le torturer, mais t’es pas à ton premier strapping de côtes fêlées... C’est une tradition chez les yakuza. On t’a initié à ça dès l’adolescence. T’orientes les lumières sur le coté blessé et l’avant de son torse, prenant en compte l’emplacement du tatouage. Normalement le sparadrap ne devrait pas le détériorer mais tu vas faire de ton mieux pour quand même respecter son souhait. Tu dois immobiliser tout un coté... donc même si tu le strappes et que le poumon ne pas se gonfler énormément, il y aura toujours l’autre pour assurer. Dans le médical habituel, on évite de strapper le contour totale des cotes, pour éviter d’accroître les risques de pneumonies ou les infections liées à cette pratique mais dans ce milieu illégal, cela devient un détail, parce que le patient en question ne saura pas rester allongé au repos. Donc ne pas strapper équivaudrait à le renvoyer sur le terrain sans avoir rien fait, vers une possible mort.

Tu t’y mets. Une première bande fixée en diagonale de son omoplate, puis une seconde dans le même angle, puis une troisième. Tu laisses pendre l’autre extrémité, le temps de mettre les autres en place. Une passe par dessus son épaule, passage obligé, sur son tatouage qui ne devrait pas être impacté pour autant. Tu places ton avant bras contre le haut de son dos et commence le début du strap en tirant, ta main forçant son dos à se tenir droit, creusant l’entre-omoplate. ça va tirer sur ses cotes, mais elles doivent être en place initiale avant d’être bloquées. Tu sens la résistance et bientôt tu sentiras peut être même qu’il tremblera comme beaucoup qui s’efforce de résister à la douleur intense. Les unes après les autres, les bandes contournent les cotes par le coté et se fixent devant par dessous le bras qui est déjà strappé. Vu la tension, tu hésites à le lâcher où à rester là et continue par dessus. Il est jeune. Il dit être habitué à la douleur mais la suite va être encore plus douloureux. Tu prends la décision de rester derrière. Rapidement, tu arraches les bandes de leur socle de papier, tu colles ton torse à son dos pour l’obliger à se tenir droit, un bras passe sous le bras blessé pour attraper le bas de la bande et la fixer sur le coté, l’autre main passe par au dessus de son épaule pour tirer sur la bande vers l’épaule opposée. Une deuxième suite, puis une troisième, toi tu suis ce que tu fais par dessus son épaule. Puis d’autres bandes plus larges mais plus courtes sont à leur tour désocler.

Tu quittes son dos du moins en contact mais reste derrière lui. Les courtes bandes trouvent sources par le devant et tu tires lentement pour t’assurer que la forme des cotes va rester la même. Ton autre bras faisant toujours office de poussée vers l’avant.

- Ne dégonfle pas totalement ton poumon.

Tu le surveilles de plus en plus. Sait-il que le pire n'est pas passé?

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    Pour la première fois depuis qu’il était arrivé ici, Akihiro sentait l’adrénaline lui mordre l’estomac et la nuque. Cette sensation qui vous prend quand vous devez rester alerte, que vous sentez que les choses autour de vous changent, prennent une tournure nouvelle, vont trop vite ou bien trop lentement, ce changement imperceptible qui vous mets en alerte. C’était exactement ça qu’il ressentait. Et pour la première fois depuis qu’il était là, il planta son regard dans celui du médecin. Il avait envie de le dégager d’un coup de coude de cette proximité forcée, tandis que le doc avait les deux mains sur le brancard, son visage et son corps trop près du sien. Le yakuza aurait dû remarquer qu’il était visiblement entrainé, personne n’a une carrure pareille sans faire de véritables efforts pour, sans avoir été forgé comme on dit dans le milieu. Pour Akihiro c’était la boxe qui le formait, mais il savait que pour la plupart des yakuzas de plus haut rang ils passaient tous entre les mains de grands sensei des arts martiaux. Le kyodai n’aimait pas trop les arts martiaux, on ne tapait pas assez au visage à son gout, et il avait un don pour casser les nez. Mais il ne pouvait se sortir de cette situation, il n’avait pas de coude vraiment disponible, car il craignait trop de se faire casser le seul qui restait en place et l’autre devait être traité avec respect après tout.
    Continuant avec son regard défiant d’observer l’homme Akihiro n’osa répondre lorsqu’il lui suggéra qu’il avait le choix et qu’il avait vu nombre de membres de clans fuirent. Mais fuir s’était mourir, fuir s’était retourner dans la rue, et ça pour lui comme pour sa mère, Akihiro se le refusait. Tant pis pour la douleur.
    Un léger grognement sorti de sa bouche mais il ne dit rien, et se contenta de simplement baisser les yeux. Il avait déjà fait son choix, le doc le savait à sa manière de se comporter, maintenant il irait jusqu’au bout, il était discipliné. Tout mal nécessaire était pour le clan, et s’il était inutile aujourd’hui, il ne le serait pas demain. Fermant un instant les yeux en maintenant sa prise sur le bord du lit, le Satoshi ne vit pas la main du médecin se diriger vers son pendentif et le lui prendre. Il n’eut pas le temps de résister que voilà le bijou passé autour de son cou. Il n’eut que le temps de relever la tête, les yeux écarquillés regardant avec étonnement le doc. On ne parlait pas de religion dans le clan, c’était personnel, et on allait plutôt au temps pour honorer les divinités shintoïstes par habitudes traditionnelles qu’autre chose. Ce n’était pas un secret que Satoshi Akihiro avait une croix sur le coup au milieu de ses autres breloques, mais ce n’était pas quelque chose dont il ne parlait ni qu’il mettait en avant. La religion, comme les superstitions devaient rester des choses privées, on en s’en mêlait pas lorsqu’on était yakuza. Avec un regard mi-étonné mi-reconnaissant il regarda le médecin s’affairer à préparer les bandes avant de lui tendre un morceau de tissus. Comprenant très bien de quoi il s’agissait sans avoir besoin des instructions il ne dit pourtant rien et prit l’objet avec la main de son bras valide.
    L’odeur de la pommade lui prit au nez. Il pouvait dors et déjà dire que le doc n’allait pas y aller de main morte, et son présentiment était le bon. Serrant les lèvres et s’agrippant un peu plus à sa prise sur le lit, le yakuza se tue, ne dit rien, sentant la douleur infuser dans l’entièreté de son bras jusque dans les nerfs de son épaule. Sa peau aussi réagissait à la pommade, il pouvait sentir une forme d’engourdissement le prendre. C’était très douloureux, mais il tenait le coup, il avait passé des heures sous la pluie battante qui l’avaient mis plus mal que ça. Ce n’était clairement pas la sensation la plus agréable du monde, mais la suite allait être pire, bien pire.
    Le doc a une manière de bouger qui fini par devenir presque réconfortante malgré la lancinante sensation de perdre pied. Akihiro a presque envie de se laisser juste prendre trois shots de morphine supplémentaire et de s’endormir, mais il tient bon. La manière dont il retint son torse lui donne l’impression d’être un gosse et il n’aime pas trop ça, mais il fait avec. Et puis vient le moment, il mord dans le tissu et essaye de se concentrer pour ne pas trop bouger. Il suit les ordres, c’est tous ce qu’il a faire, alors autant le faire bien. Akihiro il est du genre à avoir la bougeotte. Au RED INSTINCT on ne le voit jamais au même endroit plus de deux minutes, au restaurant il enlève ses chaussures et s’étale partout, on lui dit souvent qu’il est ingérable, mais c’est juste sa manière d’être, rester impassable et calme c’est pas pour lui, on ne lui avait jamais apprit ça. Et dans les rares moments où il est là pour faire le nombre et où il doit attendre et se taire, il finit toujours par tourner du bout du doigt l’une de ses bagues dans sa main fermé poings tendu sur ses genoux, échine courbée attendant que l’heure passe. La bougeotte, ça lui donnait surtout l’impression que le temps passait moins vite. Alors ne pas bouger là était le véritable défi de sa soirée. Il grimaçât au premier toucher douloureux puis vient la rafale alors que les bandes commencent à arriver les unes après els autres. Le médecin le bouge comme un pantin, il retient un râlement de douleur et sent sa nuque lâcher un cours instant, il se retient la redresse. Ses paupières ne veulent plus s’ouvrir, il contracte son visage, sourcils froncés, mâchoire et nez crispé. Un autre râle sort, son souffle est devenu brulant dans sa poitrine. Il a mal.
    La voix lointaine du doc le fit prendre conscience de sa présence. Jusqu’alors il n’avait été que succession de spasmes douloureux contre lui, marionnettiste de l’enfer. Akihiro se concentre un instant pour ne pas respirer trop profondément. Il sent une légère sueur froide perler sur son front. Un sourire s’étend sur ses lèvres déjà fatiguées qui sert le chiffon. Il a envie de faire un commentaire sarcastique, mais il continue de mordre dans le tissu.
    En une fraction de secondes tout devint noir. Akihiro se sent partir à l’avant, mais il ne peut rien faire. Sa main valide a fini par lâcher le rebord du lit. Il se sent tomber, il tombe légèrement. Un effet de la morphine ? De la douleur ? Des deux ensembles ? Pourquoi se sent-il si faible tout d’un coup alors que jusqu’alors il avait l’impression de plutôt bien supporter ? Un gout de sang de fit sentir dans sa bouche, il s’étant mordu.
    Toujours dans le noir, dans son noir, paupières fermées, impossible de les rouvrir, il se mit à tousser pour expulser le torchon taché de sang, l’intérieur de sa joue mordue laissait tomber un léger filet de sang de la commissure de ses lèvres.
    « Doc… on peut faire une pause ? Juste un instant. »
    Il sait qu’il se sent tomber, mais il ne tombe pas. Désorienté, il essaye d’ouvrir les paupières mais ça le brule. Son corps entier se tend un peu, il lâche un nouveau grognement, car il sait qu’on lui a demandé de ne pas se contracter.
    « J’ai bouffé l’intérieur de ma joue je crois… » dit-il en crachant le caillot de sang qui se forme sur sa langue. La soif le prend à la gorge. Il comprenait soudain mieux pourquoi certains pouvaient lâcher. Mais pas lui il ne lâcherait pas.
    « Juste deux secondes doc, et après on continue… » ses paroles se perde tandis qu’il tente de se redresser de ses propres limbes.
    Derrière ses paupières il voit le sourire d’Akihiko quand il parle de sa moto, et les petites mains abîmées de sa mère. Il a envie de se dire que ça ne fait pas sens de penser à eux, car ce qu’il fait, il le fait pour le clan. Mais ces deux images là ne veulent pas sortir de sa tête, elles défilent l’une après l’autre. Peut-être que c’est un peu pour eux qu’il fait tout ça aussi, car sans lui l’un n’aurait plus personne qui veillerait sur son sourire et l’autre devrait abîmer un peu plus ses mains de nouveau. Et ça, il en était hors de question.

    @Hasegawa Neo
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C’est revenu. Cette sensation. Juste après que tu lui aies passé sa chaîne, alors que quelques minutes avant, il t’avait presque défié du regard. La même chose qu’avec Akihiko. Cette humeur changeante, cette façon d’exposer sans prévenir différentes émotions par un regard trop jeune qui en disait déjà trop. Ce genre de regard qu’on ne peut ignorer parce qu’avec leur courage vient la douleur, la sensibilité et ta perte. Akihiko t’avait bien plus séché que son homologue parce qu’il y avait peut être une résistance qui était encore présente chez Akihiro, encore assez solide pour tenir. Peut etre. C’était si tot pour prétendre comprendre quoi que ce soit, et pourtant... t’avais l’impression de saisir plus que tu ne le voudrais, certaines bribes. Et puis... tu le sais, tu vas briser cette dernière barrière pendant quelques secondes... minutes. Il a déjà beaucoup souffert de ses blessures, il est fatigué autant physiquement que nerveusement et vu son comportement, tout va vite devenir instable. La vraie question c’est... à quel point se ressemblent-ils ces deux là? Est-ce que mieux le comprendre te permettrait de mieux comprendre son homologue aussi? Ces questions te trottent dans la tête mais tu préfères mettre un point d’honneur à rester concentrer sur ton travail. Le reste viendra si cela doit venir.

Et... Les soins commencent. Tu l’as prévenu. Que tu ne t’arrêterais pas même s’il te suppliait. Tu lui as laissé le choix, il n’a pas hésité une seule seconde. Intérieurement , tu as souri. Il est aussi con que toi, c’est certain. Combien de fois ton père t’a laissé le choix d’abandonner, toi qui était si frêle et tendre à l’époque. Mais toi, c’était pas fierté personnelle. Son regard à lui est différent, pareil à celui de Akihiko dans ces moments de fatigue intense et douleur. Pourquoi fallait-il que tu les croises tous les deux à quelques jours d’intervalle dans une détresse similaire... Eux... ils défiaient, tenaient, souffraient, pour quelqu’un d’autre... tenaient pour quelqu’un d’autre. Toi. Tu tenais pour quoi... pour qui...
Un instant, tu as baissé les yeux sur le reste de ses bijoux... Mais rapidement, comme on t’a appris, tu t’es recadré.

Calmement mais fermement, tu t’es chargé de son bras, notant que la morphine n’agissait pas assez vite. Peut-être était-il résistant: il était habitué? T’allais devoir passer à un autre antidouleur. Et celui là, impossible qu’il y soit habitué. Cent fois plus puissant que la morphine, utilisé uniquement en hôpital ou sous surveillance intensive par un médecin, t’y avais recours pour le plus têtu pour ceux qui avait la couenne vraiment dure et dans ce milieu, le petit peuple était loin d’imaginer tout ce qu’un humain est capable d’encaisser pour l’honneur ou l’amour. T’étais pas psychologue, t’étais pas là pour leur soigner l’esprit ou les raisonner, t’étais même pas vraiment mieux qu’eux parfois. T’étais là pour les aider à accomplir leur devoir, jusqu’au bout s’il faut.

Tu le sentais trembler sous tes mains, résistant de toute son âme, serrant les dents, crispant les muscles. Pourtant t’avais été clair, tu ne pouvais pas te stopper sinon la tension de certains muscles et os pouvaient en endommagé d’autres si le travail n’était pas rapidement fait. Et quand la dernière bande de son coté gauche dorsal fut posée pour préparer à la fixation par l’avant du thorax, t’as senti. La tension de ses bras s’est atténuée lentement. Son dos s’est un peu courbé, sa tête s’est faite plus lourde.

- Merde.... , tu murmures, en te relevant pour contourner souplement le brancard, et sa tête atterrit contre toi, contre ton plexus, le rattrapant de justesse dans sa lente chute, captant tout juste ses murmures, accusant au passage les dernières toux de sang, qui finirent sur sa chemise et ta main qui avait par réflexe était la première à se poser entre son menton et sa gorge. Le tissu initialement entre ses dents, taché, tombe au sol et tu le pousses du pied, voyant la trace de cambouis noir que t’identifie bien. Cette odeur, elle fait partie de toi. L’entendre te supplier de faire une pause alors que tu le redresse lentement, une main sur une épaule et l’autre qui t’a essuyé sur ta propre chemise.
- Doucement...

Tu bascules sa tête en arrière et loge ton index entre ses dents pour toucher la plaie... il s’est pas loupé. Ar.... ça te fait serrer les dents. Tu fermes les yeux, te maudissant pour ce que tu vas faire, mais si tu ne le fais pas, la suite sera pire et tu le sais... ces deux là vont parler. Si Akihiro te dépeint comme un psychopathe sadique qui s’est bien amusé avec lui, ce sera impossible de nouer un lien avec ce crétin d’Akihiko ensuite.... Il est plus fragile que tu le pensais... il a fait le gros dur mais ... t’aurais du te fier à ses yeux et à sa docilité.

Alors tu prends la décision. Ton regard est bien moins froid. Il a la couleur de ce gris de ceux qui en trop vu et dont les émotions font une marée homogène qui vous empêche d’en choisir une en particulier pour déterminer l’état de celui qui le porte...
Tu ne le lâches, passant ta main derrière sa nuque pour l’allonger lentement sur le brancard, après avoir passer ton autre bras sous ses jambes qui dépassaient. Le silence est pesant. Tu prends son pouls. Ses pupilles réagissent à peine, il est à coté de ses pompes à cause de la douleur et t’ignores pourquoi mais ... ça te presse le bide. Fais chier... Tu lui tournes la tête sur le coté et lui attrape une compresse stérile, pour lui loger dans la joue, à l’intérieur de la joue, lui calant, le haut et le bas en pression entre les deux gencives pour empêcher le sang de trop  s’étendre et de l’étouffer dans son état second.

Tu vires la seconde seringue dans l’évier et en sort une troisième avec un flacon totalement différent. Fentanyl. Le fameux. Tu dois le faire partir dans les vapes si tu veux pouvoir finir vite et bien sans qu’il se fasse du mal. Encore un point qu’il a avec l’autre têtu.

- Je suis désolé.... j’peux pas stopper... j’te demande de m’faire confiance...

Il inspire, le souffle lourd et incertain et le pique. Le produit puissant par dans la veine de son bras. Il aura atteindre le cerveau avant le cœur. Une fois fait, tu attends d’être certain qu’il parte totalement dans les vapes. Tu ne peux pas anesthésier à cet endroit pour des cotes même si son état est problématique. Le fentanyl fera l’affaire. Tu prépares quand une seringue d’adrénaline si son cœur merde.

Pour vérifier, tu le surmontes du regard et lui tape le cou sans violence.
- Hey.
Son pouls vérifie, tu lui branches rapidement la tension pour vérifier en permanence les constantes, et tu t’y mets. Tu pousses sa chaîne, et bande après bande, tu replaces chaque muscle, évite au maximum les hématomes, et strape lentement les cotes qui ne doivent pas bouger. Une fois fait, tu vires tout ce qui traîne du brancard, ramasse les déchets, jette, nettoie et regarde un peu plus précisément, les autres blessures superficielles de son corps. Tant qu’il est dans les vapes, autant en profiter. Rapidement, plus pommade et désinfectant trouvent leur chemin. Tu t’occupes même de ses mains qui semblent avoir vécu de sales choses récemment. C’est indéniable, il ne prend pas soin de lui à ce niveau, tu vas devoir lui faire une piqûre de rappel.

Une fois, le travail fini , et vu qu’il est encore dans les vapes pour au moins deux heures, tu vires tes gants, ta chemise pleine de sang, enfilant un débardeur à la place. Tu prends les différents objets qui lui appartiennent et les vêtements pour les amener dans une pièce au fond du couloir lugubre de cet immense sous sol rénové. Puis tu reviens et lui prend dans tes bras. Heureusement qu’il n’est pas capable de réagir ou il t’aurait probablement collé son point. C’est parti pour un petit voyage en mode princesse, dans un putain de couloir étroit, avec pour défi de marcher de biais sans lui râper la tête au mur ou lui tordre une jambe. Puis vous arrivez dans une pièce qui ressemble un peu à une chambre d’hopital avec plusieurs lits séparés par de grands rideaux blancs. Une unique fenêtre donne sur le trottoir face à la maison de santé diurne. Au dessus de chaque lit, une lampe faible blanche. Tu le déposes près du radiateur que t’as allumé. A coté du lit sur la table de chevet, toutes ses affaires rangées. Pour qu’il soit plus à l’aise, tu déboucles juste sa ceinture et tu lui vires ses chaussures, puis tu choppes un drap et une couverture et tu le couvres. Qu’il soit d’accord ou pas, il n’ira pas travailler cette nuit et pourra repartir demain matin, mais tu vas veiller au grain.

Tu vérifies ses constantes avant de t’asseoir en arrière sur un vieux fauteuil, le genre dans lequel on s’enfonce dans un soupir profond. Tu fermes les yeux un instant. Un instant qui dure plusieurs minutes quand un besoin primitif te ravive. T’as besoin d’une clope. Tu te relèves, grognant sous l’effort, tu parles d’une nuit...Avant de t’éloigner, tu vérifies son pouls à son poignet, et si sa fièvre grimpe ou non. Puis tu te mets dans l’encadrement de la porte près de la ventilation et t’en allumes une, pour redescendre tes nerfs et tes pensées, la tête en arrière contre le mur, les yeux fermées.

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    L’épaisse ombre qui enveloppe l’esprit d’Akihiro le fait sombrer, doucement. Il a sommeil, mais son instinct essaye de le pousser à rester éveiller, alors il sent qu’il lutte. Il entend le médecin lui répondre, jurer aussi, il a envie de sourire, peut-être qu’il sourit. Il sent qu’il tombe sans tomber, une sensation de perte de repère et pourtant de calme. La douleur s’atténue, il a envie de demander au doc ce qu’il se passe mais rien ne sort de sa bouche. Désorienté, son corps lui donne la nausée. Il sent ses muscles se contracter de nouveau et la douleur l’envahir, il veut lever le bras, pour demander au médecin de s’arrêter, lui faire un signe de résignation mais il ne sait pas ce qu’il fait. Contre sa joue il sent le cuir dur du lit de soin, il a l’impression que son corps entre en symbiose avec le désagréable survêtement de l’objet. Il pense à Akihiko, il pense à cette fois où il s’était brulé la langue avec le thé vert et où lui, il était parti lui chercher de l’eau froid pour le soigner. Il avait envie de dire au doc que lui aussi il lui arrivait de jouer les super héros, mais à quoi bon, c’était qu’un kyodai après tout, un bon à rien en plus, inutile, qui se laissait briser et casser par tous ce qui l’entourait. Incapable de faire attention à ce qui se trouvait autours de lui, incapable de se soigner tout seul. Il n’y avait aucun super héros dans cette pièce, que des gosses à qui on avait appris à faire un travail et qui se retrouvait broyé par celui-ci.
    Akihiko quand il commence le travail, il regarde toujours l’état des verres. Akihiro entre dans le Red Instinct, comme à son habitude il s’assoit sur les chaises hautes, les clients ne sont pas encore là, il accompagné certaines filles sur le chemin, celles que le clan garde à l’œil en ce moment. Elles se sont foutues de sa gueule comme d’habitude. Il n’a rien dit, comme d’habitude. Et puis il y a le barman qui l’attend, il lui sert à un jus de fruit, comme d’habitude. Pas d’alcool en service. Et puis c’est la dégringolade, un puis noir sans fond, il a l’impression que son corps sombre dans un puis, il a envie de crier mais les mots ne sortent pas de sa bouche aucun son, aucune vibration, rien. Il a envie d’écarquiller les yeux mais rien ne sort. Un drap taché de sang, sa mère lui couvre les yeux et va le faire s’asseoir dans le couloir, elle doit tout nettoyer, il va attendre longtemps, la chambre d’hôtel était sale et puait la pisse et le sang. Le bruit de l’ascenseur le fait sursauter, il voit un homme âgé en costard qui titube, une très jeune fille à son bras, elle porte une robe à paillette très courte et est planté sur de très hauts talons. Elle n’a pas l’air très bien non plus. Akihiro les observes, l’homme passe devant lui en l’insultant, pourtant il n’a rien fait. La jeune fille le regarde, elle est beaucoup trop maquillée. Akihiro ne dit rien il les observe disparaitre dans une des chambres. Sa mère devra la nettoyer celle-là aussi. Son poing est parti si vite, trop indiscipliné, il avait voulu faire ravaler son sentiment de supériorité à Katashi, résultat ils se retrouvaient tous les deux assis sur leurs talons sous la pluie. La sentence voulait qu’il reste ainsi toute la nuit devant la porte de la chambre de l’Oyabun. Nuque baissée, impertinence brisée. Toute la maison passait dans les couloirs du patio, les observant depuis les plateformes de bois, riant et leurs donnant les pires des surnoms. C’étaient des gosses voilà tout. Il sent son corps se disloquer et d’un coup il se réveil.
    Le souffle court, Akihiro regarde autour de lui, il a envie de se redresser mais il a du mal à sentir son corps correctement, comme si n’avait pas été monté dans le bon sens. Le yakuza observe un instant le lieu autour de lui, les lumières semblent différentes, il a un drap sur lui, il n’y a pas la même odeur.
    « K’so… je suis où… » grogne-t ’il en essayant de se redresser sur son bras valide. Une odeur de cigarette lui parvient. Il pousse un peu plus sur son bras et se retrouve assis sur le lit. La douleur l’irradie depuis ses côtés et il s’observe un instant. Il lui manque son froque et ses chaussures. Il grimace encore et va pour toujours son pendentif. La croix est toujours là, il ferme les yeux un instant et murmure des paroles bibliques incompréhensibles. Il va falloir qu’il se remette en route, il ne peut pas rester ici. Ce n’est pas conseillé, car il est trop exposé, et sil il y a bien quelque chose qu’il se refuse, c’est de rester à la merci de qui que ce soit. Il sent son corps raide et diminué et la honte l’envahi. Le Satoshi sait déjà qu’il va être mit au banc du clan pendant plusieurs jours et c’était une honte, pour lui du moins.
    « Mon fûte… » marmonnât-il en cherchant sur le lit avant que son regard ne se lève et remarque la présence du doc. Trop absorbé par son propre état il n’avait pas vu le médecin qui était là, toujours près de lui visiblement, et au fond de lui le yakouz’ était plutôt reconnaissant de le voir, bien qu’il sache aussi qu’à partir de maintenant il ne pourrait plus faire grand-chose pour lui. « Merci doc'... J'vais y aller maintenant. » dit il en essayant d’incliner sa nuque par politesse le plus bas qu’il pouvait avant de lâcher un nouveau juron, la douleur de ses côtes se réveillant à nouveau. Il n’avait aucune idée de comment il allait rentrer chez lui, mais s’il avait bien une certitude, c’était qu’il fallait qu’il rentre.
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Tu t’es laissé embarqué dans les vapes sur ce fauteuil, la clope finie au bout des doigts. Trop longtemps que t’as pas dormi et même si t’es insomniaque, il te les faut, mais tu ne te plains jamais, t’es habitué à ce rythme et même si parfois le corps a du mal à suivre, si tu ne fais rien, là où d’autres trouveraient ça cool, toi t’as l’impression de ne servir à rien, un truc que tu ne supportes pas. Vivre pour toi-même est parfois ridicule à tes yeux, et une existence égoïste n’a aucun sens. Quand t’y penses c’est peut-être ça qui aurait fini de toute évidence par vous séparer avec Rei. Elle ne voit son univers que par les fils qu’elle tire, là où toi, tu attrapes ceux des autres au vol pour les coller entre eux comme l’araignée sculptera la toile du monde. T’es un yakuza étrange, un boss atypique, une de ces personnes qu’on ne comprend jamais au fond, mais ça te plaît que personne n’y voit clair. Ainsi tu restes pareil à ces fileuses grecques qui croisent entre elles les destinées d’autrui. Tu n’envies pas les artisans , car tu es artisan des corps et des âmes cassées à ta manière, un putain d’antiquaire rafistoleur qui trouve en tout ce que les autres rejettent, une beauté sans nom. Tout comme même tes rêves sont sans nom, courts, sans réel fil, parce que le tien, il s’est perdu, on l’a coupé quand tu étais ado, et depuis tu es funambule sur ceux des autres.

Tu finis par sortir de ta sieste et il est toujours endormi. Alors tu t’extirpes du fauteuil vieillot en grinçant des dents, pour retourner à ta salle de consultation et préparer de quoi le contenter à son réveil. Quand tu reviens, hasard ou pas, il a commencé à ouvrir les yeux mais tu ne fais pas de bruit, posant le tout sur un meuble à coté, et tu t’épaules à l’encadrement en l’observant, nouvelle clope au bec. T’auras torché presque tout le paquet cette nuit. Et ce n’est que quand il fait le geste de trop et qu’il t’entrevoit que tu t’approches, et avance du pied un tabouret de bois usé. Tu t’y poses en face de lui, pour poser les fringues manquantes à coté de lui. Est-ce que tu t’opposes à ce qu’il se lève? oui.

- Doucement... reste assis... tu es toujours à la clinique...

Tu cherches ses yeux. Tu le vois bien qu’il a mal. Ça tombe bien. Tu lui tend un verre d’eau, et tu vérifies s’il a de la température... et son pouls... Tu lui donnes plusieurs médicaments en gélules dans la main à prendre de suite.

Il y a aussi autre chose que tu ne lui as pas dit mais s’ils l’ont déposé ici c’est qu’il leur doit un rapport également.

- T’as la couenne dure, souris-tu, croisant les doigts devant toi , coudes sur les genoux.

- J’ai eu une discussion avec eux quand tu dormais... Tu reprends dès demain matin si tu veux, à condition que je te garde cette nuit et que tu respectes mes consignes. C’est contre mes principes, parce qu’une seule erreur et tu finis avec le poumon perforé, ou pire... mais... je vais faire un exception pour toi, parce que...  t’as du cran et que tu mérites qu’on s’occupe de toi. J’aimerais en avoir plus comme toi sous mes ordres...

Tu ouvres d’un coup les scrtachs d’une large ceinture de trente centimètres de haut, qui ressemble à s’y méprendre à un genre de gilet par balle plus étroit puis tu te rapproches avec le tabouret, logeant ses genoux entre les tiens. Un étrange calme règne sur la clinique, mais il n’est pas glauque, juste... ce calme qu’on trouve quand on se balade dehors dans son jardin. Rien ne sent le sang dans cette pièce, les enscens y ont une place au fond dans un autel.

- Je te montre. C’est un corset par balle compressif....

Tu ne vas pas partir dans les largeurs orthopédiques alors qu’il est un peu à coté de la plaque. Disons que ta famille a considéré l’importance de travailler sur des prototypes artisanaux pour pallier aux conneries des leurs. Tu passes le corset souple autour de son torse, rabat les sangles à un angle précis, ne serrant pas plus que ce que le strap impose déjà.

- Si un strap lâche, ou qu’un couteau le coupe... le corset prendra le relais et évitera que ton thorax ne s’effondre sur les cotes endommagées. Il y a des plaques amortissantes tout autour. Tu peux respirer, te plier, mais rien de basique ne peut passer à travers, et les coups seront encaissés en grande partie. ça ne veut pas pour autant dire que tu n’auras pas mal, donc évite de te battre au maximum et de porter de charges lourdes pendant au moins une semaine. Plus tu vas enfreindre cette règle et plus longtemps tu mettras à guérir.

Tu scratches une lanière par dessus chaque épaule pour éviter qu’il tombe plus bas. Et normalement, il devrait peu à peu être soulagé. Tu regardes comment il respire puis tu lui expliques en montrant la poche de médication, sans que ta voix ne hausse une once de ton.

- Là dedans, tu as une ordonnance pour les médicaments à avaler. Ne dépasse pas la dose, ils sont déjà forts. Si tu as trop d’effets secondaires... ou un problème, appelle moi.

Tu lui montres le numéro sur l’arrière de l’ordonnance.

- Quant à l’antalgique...

Tu sors d’une des boites des patches prédécoupés.

- C’est du Fentanyl. Écoute-moi bien, je ne plaisante pas avec ça. C’est cent fois plus puissant que la morphine, c’est ce que je t’ai injecté. Ne prends aucune drogue annexe ou autre médicament non prescrit avec, le temps que tu les utilises, sauf si tu veux finir dans le coma. Même la cocaïne est moins forte. Tu en colleras sur la zone de tes cotes pour les plus grands gabarits, et sur le coude pour les autres. Recommence uniquement quand les effets sont totalement atténués. Tu n’en trouveras pas de bonne qualité sur le marché au noir, puisque c’est notre famille qui gère ce business, donc si tu en as besoin de plus, reviens me voir avant les deux jours impartis.

Tu en prends deux, pour lui montrer et range le reste. Tu commences par le coude et lui place sur la zone qui ne dispose pas de strap exprès. Quand aux cotes. Tu hésites. Tu t’approches lentement, le gardant à l’œil.

- Je vais te toucher ... juste le temps de le mettre.

Et tandis que tu lui mets par dessous le corset qui ne couvre que ses cotes pas le ventre, tu te penses bon de t’excuser, à moitié tordu dans ce que tu fais.

- Navré de t’avoir ôter ce qui pouvait te blesser durant ton sommeil.... Je n’ai pas... aimer faire ce que je t’ai fait si ça peut te rassurer... J’ai ... même eu mal pour toi... C’est pour ça que je t’ai drogué au fentanyl... Je me suis occupé de toutes tes autres blessures, et j’ai cautérisé celle dans ta bouche.

Tu te recules un peu, l’observant faire, avant de baisser les yeux sur tes propres avants bras et soupirant, bougeant la nuque de gauche à droite. Puis tu te lèves et disparaît, reprenant ta clope presque finie que t’as posé dans un coin pour pas à avoir à lui souffler dans la gueule, mais tu t’arrêtes un peu dans le couloir où il ne te voit pas. Et si... est-ce que ça marche aussi pour lui? Après tout Akihiko l’a voulu aussi ce détail...

Quand tu reviens, tu tiens un bol de nouilles instantanées aux légumes, rien d’extraordinaire, mais il doit manger avec l’un des médocs qu’il a pris pour ne pas avoir de brûlures d’estomac. Tu poses le bol sur la table de chevet, un briquet et ton paquet de clopes à moitié entamé.

- Je vais te laisser te reposer... je vais pioncer à coté. Mon service de médecin généraliste, à la maison de la santé juste au dessus, commence à 8 h... Mange un peu, et sers toi, je te les file, si ça peut soulager tes douleurs...

Tu lui adresses un sourire discret mais sincère. Tu ne lui a pas dit de ne pas mouiller ses strap, ni qu’il devait ôter son corset la nuit mais tout est écrit en gros sur l’ordonnance. On verra s’il est malin. Est-ce que tu testes ses aptitudes à pouvoir être responsable et de ce fait protéger Akihiko ? En partie. Tu t’éloignes calmement, et va te vautrer dans ton bureau. Est-ce que tu l’empêcheras de fuir s’il le fait? Qui sait. Encore une fois, tu le testes. Mais il ne le sait pas.

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    Le doc’ regardait le yakuza comme s’il le savait capable de tout comprendre et de tout encaisser, mais sa tête était une passoire et son corps meurtrie n’avait qu’une seule envie et c’était celle de retrouver son futon et de dormir. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il n’était ni même de ce qu’il avait véritablement à faire, mais voilà, face à lui on lui montrait des médocs et des sortes de bandages hyper technique. Il ne pigeait pas grand-chose mais il acquiesçait, tentant de retenir les bribes d’informations nécessaire afin d’être sûr qu’il n’allait pas laisser sa peau. Le médecin l’observait, ça Akihiro l’avait bien compris, pourquoi il prenait autant soin de lui par contre lui échappait. Quelque chose lui disait qu’il avait le droit à un traitement de faveur. Dans sa manière de le féliciter, même si c’était avec des mots dures, ça signifiait beaucoup pour les yakuzas, surtout lorsqu’ils n’appartenaient pas au même clan.
    Akihiro hocha la tête, ne disant rien de lui, il avait l’impression que le doc s’excusait. Il ne comprenait pas trop pourquoi, au moins on ne l’avait pas abattu comme les chiens galeux qui trainent derrières les étales de la boucherie. Quand il était junkôseiin et qu’on lui avait donné un flingue, il s’était fait la main sur ces bestiaux à moitié rongé par la maladie qui jappaient sans jamais s’arrêter. Parfois les bouchers donnaient même un paquet de saucisses aux gosses du clan pour les avoir débarrassés des chiens. C’était comme ça que ça fonctionnait. Un mal pour un bien. Ils auraient pu tout autant le foutre dans un faussé, pour ce que cela leur aurait rapporté. Car le Satoshi le savait, c’était le clan qui payerait les soins, car il était un des frères, et que l’on prenait soin de la famille. Il se sentait humble et reconnaissant.
    L’odeur de la pommade, des straps et de la cigarette montaient aux narines du yakuza. Il savait qu’il associerait les trois maintenant de manière définitive à l’homme qui se trouvait en face de lui et qui lui avouait ne pas avoir passé non plus la meilleure soirée. Un sourire presque aimable tira la lèvre d’Akihiro tandis qu’il baissait la tête en disant simplement.
    « Merci beaucoup. »
    Le doc s’en alla et revint, avec des nouilles et des clopes. Akihiro aurait préféré des bonbons mais il accepta en baissant la tête une nouvelle fois. Il éviterait de raconter aux autres qu’il avait eu le droit à des nouilles instantané après s’être fait rafistoler dans tous les sens mais le geste lui plaisait. Une forme de compassion assez étrange envers le médecin c’était installé en lui, une sorte de pacte de confiance mais en moins officiel.
    Le Hasegawa s’en allât et Akihiro engloutit rapidement son bol de nouille en faisant du bruit puis se rallongeât un instant sur le lit d’hôpital. Il sentait le bouillon chaud lui réchauffer le corps. Il ne pouvait pas dire qu’il avait mal, mais il ne pouvait pas dire non plus qu’il ne sentait rien. Une lourdeur permanente venant le tirailler. La fatigue n’aidait pas non plus.
    Se rappelant du paquet de cigarette, Akihiro se leva, commençât à se rhabiller, renfilât tous ses bijoux et prit une clope. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fumé, pas qu’il n’aimait pas ça, mais souvent tous le monde le faisait autour de lui et il aimait bien se sentiment de se sentir spécial en étant le seul de l’assembler à ne pas fumer, et puis il préférait les sucettes. Il était assez facile à distinguer dans le tas des hommes en costars noirs lorsque tous avaient une fine à la bouche et qu’un seul idiot avait une sucette.
    La fumée se libéra du fin tube de papier blanc et Akihiro inhala profondément. Il finirait sa clope ici et il s’en irait, il n’avait rien à faire là. Comment allait-il rentrer ? C’était une autre histoire, il verrait bien sur le chemin. Sa mère aura certainement préparé de la soupe miso, il y a ajouter au bouillon trop salé des nouilles une note plus acide avant d’aller se coucher.
    Attrapant les médicaments et la prescription sur la table de son bras valide avec vigoureux il s’empressa de les enfourner sans ménagement dans sa poche avant de se diriger vers la sortie. En passant à côté du bureau, il jeta un coup d’œil par la porte où se trouvait une fenêtre donnant sur l’intérieur. Il y voyait le doc affalé dans son fauteuil, visiblement en train de dormir. Akihiro baissa encore la tête en signe de remerciement, même si le médecin ne pouvait le voir et s’en allât sans ajouter un mot. Il passa le couloir, et se retrouva enfin dehors. Libre, fatigué et seul. Son fardeau étant uniquement le sien à nouveau.
    @Hasegawa Neo
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