Les quelques pages cornées dans les mains d’Han Yuki avaient été lues et relues maintes fois. A ce stade de l’histoire Frodon était séparé du reste de la communauté et avançait seul avec Sam. Il n’y avait pas encore de grands dangers, mais la rivière les menait inévitablement vers leurs destins. C’est alors… Que le portable du jeune homme allongé sur son lit après sa longue journée de travail, sonna. Un nom bien connu s’affichât et il répondit automatiquement avant de se lever pour aller dans le salon. Ses chaussons d’appartement faisaient un bruit de glissement et il allât automatiquement vers la cuisine pour ouvrir le réfrigérateur. Il avait de quoi nourrir la personne qui allait bientôt débarquer. C’était la première bonne nouvelle ; La deuxième était que l’appartement n'était pas dans un état catastrophique, seul quelques affaires du colocataire hyperactif trainaient sur le canapé. Yuki les attrapât machinalement, tout en continuant de répondre à son interlocutrice et traversa le couloir afin d’ouvrir la chambre de l’absent pour lui lancer au hasard ses affaires dedans, avant de refermer la porte tout en ne lâchant pas son téléphone des yeux. Il laissait défiler les propositions de films pas trop nuls qu’il pouvait se permettre de louer sur une plateforme en ligne pour la soirée. Il avait un certain gout pour le fantastique en ce moment, alors autant rester dans l’ambiance.
Son visage n’avait pas affiché une seule émotion différente depuis qu’il avait lâché son livre. Il était comme ça. Mais cela ne voulait pas dire qu’il n’était pas en train de se concentrer profondément.
Une fois le film choisit. Il se permit de s’affaler dans le canapé. Ce dernier faisait face à la porte d’entrée, une simple table basse servait d’ultime décoration. C’était sobre, mais il n’avait pas le choix. La cuisine américaine dans le coin de la pièce donnait au tout un aspect bien plus grand qu’on ne pouvait le penser. Le couloir sur la gauche menait à deux chambres et une salle de main ridiculement petite.
Ce n’était pas le grand lux mais c’était suffisant pour les deux jeunes hommes qui vivaient ici. Ils avaient des emplois du temps similaires et bien qu’ils soient très différents, ils avaient fini par s’habituer l’un à l’autre.
Finissant sa conversation par message, Yuki se dirigeât vers sa chambre. Toujours impeccablement rangée. Les trois seuls objets se trouvant sur le sol étant un skateboard, un ballon de basket et petit ventilateur. Le reste trouvait par magie un support sur la porte ou dans l’armoire. D’aucun auraient dit qu’il était maniaque, en réalité pas tant que cela, mais il n’aimait pas perdre du temps à chercher ses affaires, alors il avait fait un compromis avec lui-même, ranger le plus souvent possible.
Allant chercher son ordinateur et une rallonge, Yuki revint dans le salon et installa tous ce qu’il fallait pour la soirée. Il ne savait pas pourquoi Romi ne voulait pas rentrer chez elle, elle lui en parlerait si elle le sentait. Dans tous les cas, il avait décidé que ce serait soirée cinéma et il ferait en sorte que ça le soit. Après avoir bien préparé son écran et validé sa commande de film, il se dirigeât dans le coin de la pièce dédié à la cuisine et sortie un paquet plat d’un tiroir. Il était explicitement écrit qu’il fallait le laisser cinq minutes dans le micro-onde pour que les grains de maïs qui se trouvaient à l’intérieur se transforment en pop-corn, Yuki avait décidé de croire cela et mit le paquet dans l’appareil comme recommandé. Une légère odeur de brulé et de maïs chaud monta rapidement à ses narines et il arrêta le procédé immédiatement. Seulement une partie du pop-corn avait gonflé, tant pis, il irait à l’ancienne. Il sorti une poêle d’une armoire et ce fut à ce moment-là que l’entrée sonna.
Allant ouvrir à la demoiselle, sa poêle dans la main, il lui esquissa ce qui ressemblait le plus chez lui à un sourire et l’invita à entrer.
« Prends la paire de chaussons bleu je les ais lavé hier. » dit-il en continuant de faire tourner sa poêle dans sa main comme un jongleur.
« Je fais du pop-corn, tu veux salé ou sucré ? »
Yuki avait toujours eu une apparence froide pour beaucoup de gens, pourtant il était attentif et à l’écoute, seulement voilà, il ne savait pas vraiment le montrer sur son visage, alors sa manière de montrer qu’il appréciait les gens, c’était parfois tout simplement de leur faire à manger.  

skate en main, la plus jeune de la famille amano avait encore fuit le penthouse familial. endroit toxique, chaque jour resté là-bas lui rappelait à quel point elle ne sera jamais parfaite aux yeux de son paternel, jamais ô grand jamais, vouée à être la petite dernière qui n’était même pas fichue de faire des grandes études, celle qu’on attendait sagement de marier à un bon parti pour s’enrichir. léger soupir qui sortait de ses lèvres, elle ne comptait pas se marier ni trouver un bon parti du point de vue de son père, ça jamais. elle se dirigeait alors vers l’appartement de son ami, elle avait besoin de calme, de se ressourcer loin de sa famille et heureusement que yuki faisait parti de sa vie sinon elle aurait très probablement traîner dehors dans un bar ou bien sur le circuit à conduire jusqu’à pas d’heure, à vivre d’adrénaline. elle arrivait assez rapidement grâce à son skate, elle évitait réellement de prendre sa voiture, certains diront que c’était parce qu’elle est un danger public, elle, elle dira plutôt que c’était plutôt agaçant de ne pas aller vite. arrivée à la porte, romi était accueillie comme si elle vivait avec yuki, retirant immédiatement ses baskets, posant son skate dans un coin à l’entrée et enfilant les chaussons qu’il lui avait donnés.  « merci, j’avais pas envie de marcher en chaussette, j’ai pris les premières que j’ai vu, je crois que ce sont même pas les miennes. » elle était partie vite de la maison après tout, s’habillant le plus simple possible, aucune élégance en elle ce soir-là, à en décevoir son frère aîné qui risquerait de la juger pendant des années s’il la voyait comme ça, jogging sweat, elle avait opté pour le confort plutôt que la beauté. après tout yuki avait l’habitude de la voir comme ça, de voir la vraie romi qui ne faisait pas tout pour plaire aux personnes. et le sucré n’était pas réellement son fort, elle qui suivait un régime la plupart du temps, cela lui arrivait malheureusement parfois de compter chaque calorie qu’elle ingurgite, vie compliquée, vie de compétition, c’était ça qu’elle avait choisi car le sport comptait bien trop pour elle actuellement. « n’importe, je te suis sur ça, prend ceux que tu préfères ! » mais elle pouvait bien faire une exception, une seule pour yuki, elle ira faire un petit footing le lendemain matin pour ne plus culpabiliser et tout ira bien, n’est-ce pas ?

Yuki attachât ses longs cheveux en queue de cheval tendis qu’il laissait son inviter prendre place chez lui. Nulle raison de surveiller Romi, ici elle était comme chez elle. Les deux jeunes gens partageaient cet état de perpétuelle compréhension l’un envers l’autre qui leur permettait parfois de ne pas avoir à parler. C’était pratique au skate parc lorsque plusieurs rides les séparaient et que l’un ou l’autre avait envie de se casser, un seul regard et ils déguerpissaient. La bonne question c’était, comment en étaient-ils arrivés là.
A mesure de se reconnaître l’un en l’autre peut-être et aussi parce que les opposés s’attirent certainement. Yuki ne vivrait jamais ce que Romi vivait et inversement, c’était très bien comme ça, ils arrivaient tout de même à se consoler l’un l’autre.
Le Han sorti le sel. Quitte à ce que ce soit leur seul repas. Autant avoir du salé, et puis souvent le sucre des pop-corn collait aux dents. Ou peut-être était-ce parce qu’il faisait des gaufres toutes la journée que la perspective de pop-corn salé lui semblait fantasque et appropriée.
« C’était soudain comme venue. Tu as besoin de l’asile politique ? » demandât-il avec un sourire doux malgré son humour étrange.
Le jeune coréano-japonais n’était pas du genre à sourire à n’importe qui. Certainement parce qu’il n’aimait pas particulièrement son visage aux traits trop atypiques et qui ne passait jamais pour japonais, mais il s’était construit une armure de glace qui lui allait très bien. Cela éloignait les curieux et les gens qui avaient tendance à tenir tout pour acquis. On le considérait souvent comme quelqu’un de froid et d’apathique, il avait peut-être fini par le devenir.
Mais lorsque ses deux lèvres s’étiraient, son visage devenait soudainement bien plus enfantin. C’était un gageur de le voir sourire en réalité. A son travail, certain payeraient cher pour voir cela.
Frottant son front avec son poignet sous sa frange, il laissât le pop-corn cuire tendis qu’il s’appuyait sur le bar de la cuisine avec les coudes pour observer la jeune fille. Elle était si mince qu’elle tenait sur un tier du canapé, un gabarit bien différent du sien. Yuki savait qu’il ne fallait pas s’y tromper et que derrière ces bras fin se trouvaient des muscles qui seraient capable de vous casser les métacarpes en un claquement de doigts.
« C’est les examens qui te posent problèmes ? » hasardât-il en penchant la tête sur le côté, ses cheveux aux reflets gris lui tombant sur le visage et l’épaule.
Il savait que Rome voulait entrer dans la police, c’était une drôle d’idée mais pas plus sotte qu’une autre. Lui n’avait jamais eu de projet d’avenir, pas d’envie particulière, pas de destin à accomplir, il essayait tout bonnement de faire les choses bien et de ne pas trop tomber dans des deals illégaux malgré sa situation délicate, ce qui… n’était pas simple tous les jours et il frôlait bien souvent la limite, mais ça Romi n’avait pas à le savoir.

fuir, il fallait bien se l’avouer qu’au bout d’un moment, romi ne faisait que ça. toujours fuir lorsque ça n’allait pas à la maison avec son père, toujours fuir lorsque les voix se faisaient de plus en plus puissantes. romi n’était pas faible, loin de là, c’était juste qu’elle ne pouvait pas gagner contre son père et qu’elle ne le pourra probablement jamais. alors elle avait fuit, encore une fois, chez un de ses amis pour la soirée, skate à la main. elle est arrivée rapidement chez yuki, comme si elle ne pouvait que respirer lorsque la vitesse était invitée, que l’adrénaline était là pour la faire vivre. l’habitude, elle avait l’habitude de squatter chez yuki, elle pourrait même appeler cela sa deuxième maison dans un sens, elle s’y sentait chez elle sans réellement l’être. léger soupir qui sortait de ses lippes lorsque yuki parlait des examens, inutile d’en parler, elle avait fini par abandonner dans le fond. ce n’était pas pour elle d’être policière, certes elle aimait l’adrénaline mais il y en aurait peut-être pas assez dans ce métier, puis qui sait, elle serait sûrement coincée sous une tonne d’administration et ce n’est pas réellement ce qu’elle voulait. bien sûr cela n’avait rien à voir avec le fait qu’elle s’était, possiblement, fait virer lorsqu’elle était en train de le passer. elle en avait encore parlé à personne, elle ne savait pas réellement comment ramener le sujet sans se faire massacrer, ni comment expliquer ce qu’elle pensait ou bien comment elle voyait son futur. peut-être que commencer par l’annoncer à yuki pouvait l’aider, romi savait qu’il n’allait rien lui dire, ni la juger et c’était ça qu’elle aimait chez lui.  « j’ai toujours besoin de l’asile politique, je vais finir par juste me barrer et me prendre un appartement seul, c’est plus possible. plus le temps passe, plus j’ai plus d’oxygène chez mes parents. » déménager, elle y pensait bien quatre à cinq fois par jour mais elle n’oserait pas réellement le faire, du moins pas seule, bien encore trop attachée à monsieur amano, que ce soit financièrement mais aussi sentimentalement parlant. même si cet homme n’agissait pas réellement comme un père devrait, il restait son seul et unique père et, dans le fond, elle lui devait encore des comptes.  « les examens ? j’ai décidé d’abandonner et de me consacrer uniquement aux courses de voiture, c’est une bonne idée non ? et puis si jamais un jour je me casse un truc définitivement bah.. je ferai mécano ! » romi laissait un léger silence avant de reprendre la parole, autant se lancer jusqu’au bout et ne pas rien cacher, elle avait toujours été honnête avec yuki, pourquoi elle ne le serait pas maintenant aussi ?  « ok j’ai frappé quelqu’un pendant l’examen. » elle avait fini par dire cette phrase très rapidement, ramenant alors ses jambes contre elle, elle en avait un peu honte mais elle avait une bonne excuse, elle en avait toujours une.

L’appartement de Tonghyon et Yuki était petit, assez pratique et composé d’un grand couloir menant des chambres au salon. La salle de bain se trouvait tout au fond du couloir et la cuisine près de l’entrée. Ils avaient eu de la chance de trouver cet appartement pour ce prix là. Il aurait juste mérité un coup de peinture, mais le propriétaire était d’une petite famille coréenne s’Osaka, alors il leur avait fait un bon prix dû à ses origines. Ici, tous le monde, ou presque pouvait trouver asile, mais surtout Romi et son sacré caractère. Yuki ne comptait plus le nombre de soirée, où ils s’étaient mis tous les deux sous le plaid à regarder des vieux films jusqu’à s’endormir d’épuisement. Il n’y avait jamais eu d’ambiguïté entre eux. C’étaient juste comme ça, ils étaient faits pour perdre leur temps ensemble.
Aussi, quand elle mentionna de partir de chez elle, le garçon se retient un petit souffle de rire qui lui échappa tout de même par le nez et il remua doucement la tête de droite à fauche. Combien de fois il avait dû entendre cela ? Si on lui avait donné un yen à chaque fois, il aurait pu repeindre les murs de son appartement à l’heure qu’il était. Mais il la comprenait au fond, c’était la raison pour laquelle il était parti de chez lui aussi. L’oxygène.
« Si tu as besoin de chercher un endroit, je t’accompagnerai. » dit-il simplement tandis qu’il transférait le pop-corn terminé en quelques minutes dans un grand saladier en plastique opaque blanc. Le genre d’objet qu’on pouvait trouver dans n’importe quel magasin à 100 yens du Japon.
Il avait bien remarqué dès son arrivée, qu’il n’y avait pas que cette histoire de famille qui la tracassait, du moins pas comme d’habitude. Et il avait fait mouche en lui parlant de ses études. Il savait de quoi elle était capable, bien plus téméraire au skate parc que n’importe quel autre mec, bien plus hyperactive que lui, bien que ça ne soit pas foncièrement difficile. Il allait lui proposer un café ou un verre d’eau lorsqu’elle lâcha la bombe. Oh qu’elle renonce à son envie de devenir flic c’était déjà quelque chose, mais qu’elle ait frappé quelqu’un … pas qu’il ne la croyait pas capable mais, il n’en comprenait pas la raison et écarquilla ses yeux minces derrière sa frange en posant le saladier devant elle à côté de l’ordinateur en veille.
« Romi … tu renonces ou tu t’es faite expulser de l’examen ? » demandât-il soudainement préoccupé par la nouvelle et comprenant mieux son humeur.
Il l’observait, croisant les bras pas reflexe sur sa poitrine avec une moue, se rendant bien compte qu’elle n’était qu’au début de son histoire et qu’elle devait certainement en avoir plus gros sur la poitrine qu’elle ne le prétendait. Il pouvait le voir à sa mimique, à sa manière se de ramener les jambes sur elle-même, à se faire plus petite qu’elle ne l’était. Il ne la jugerait pas, ce n’était pas son genre et elle le savait. Yuki était juste du genre à avoir besoin de toutes les informations pour analyser et comprendre, ce qui le rendait très bon interlocuteur, quelles que soient les circonstances.

secrets et hontes, la plus jeune de la famille amano en avait peut-être un peu trop dans le fond. elle n’osait pas réellement en parler à ses amis et encore moins à son frère, non pas qu’elle n’avait pas confiance en eux mais plutôt qu’elle en avait honte ou bien que si elle le disait de vive voix, cela rendrait la chose réelle. et c’était le cas pour son concours afin d’entrer dans la police, souhait qu’elle avait eu durant un long temps, chose qui aurait pu rendre son paternel heureux, fier d’elle, chose qu’il ne l’était pas, voir plus. recroquevillée sur elle-même sur le canapé de chez yuki, qu’est-ce qu’elle se sentait honteuse, disant tout bas qu’elle avait une fois de plus raté le concours. est-ce qu’elle n’était même pas assez bonne pour devenir policière ? ou était-ce son caractère qui lui faisait grand défaut ? ou bien son traumatisme à la vue du sang ? qu’est-ce que yuki allait penser d’elle après tout ça, elle ne pouvait pas se permettre de le perdre lui aussi. violence, oui romi avait peut-être un petit problème avec sa colère mais elle ne tapait jamais les personnes qui ne le méritaient pas, même si c’était la première à dire que la violence ne résout rien.  « ok, tu t’énerves pas ? et tu juges pas surtout, ok ? juste comprend moi ok ? je voulais renoncer si j'échoue encore à l'épreuve d’entrée tu vois ? » romi savait bien dans le fond que yuki n’allait pas la juger, bien au contraire, mais elle disait ça juste pour se rassurer parce que dans le fond, elle se jugeait elle-même, elle était énervée contre elle-même mais qu’est-ce qu’elle pouvait bien y faire maintenant ? tout était trop tard, bien trop tard et elle devait assumer tout cela. c’était déjà un miracle qu’elle n’ait pas fini au poste de police. « y’avait cet inspecteur là. il me regardait bizarrement depuis que j’ai mis les pieds dans la salle, vraiment un regard insistant, VRAIMENT. ça m’a mis mal à l’aise donc je lui ai dit et il a des propos pas fous. il disait que j’étais magnifique et que ça se voyait que je faisais du sport, qu’il avait hâte de me voir après. APRÈS QUOI ? » et la voilà qui avait fini par remettre ses jambes par terre et à les écarter, elle commençait réellement à fulminer rien qu’en repensant à la scène. « il me draguait ouvertement, il aurait pu être mon daron, il avait au moins LE DOUBLE DE MON AGE. je lui ai dit gentiment que ça se faisait pas ce qu’il faisait pas puis il m’a touché le poignet en disant “na na na c’est pas ce que tu crois je voulais juste être gentil avec la nouvelle recrue.” donc je l’ai possiblement renversé par terre ? » elle était tout de même gênée de dire ça à haute voix, qu’elle avait retourné quelqu’un, elle ne voulait pas que yuki la voyait comme quelqu’un d’extrêmement violente, elle ne l’était pas, promis, juré, pas craché car ce n’est pas légal de cracher par terre.

Romi savait, le Han n’était pas du genre à s'énerver, du moins, pas comme le font les autres personnes, son visage impassible pourrait pourtant devenir plus glaciale que les nuits d’hiver de la Toundra et alors, oui, il était certain qu’il pouvait être effrayant dans ces moments là, plus effrayant encore que n’importe quelle crise de colère proférée par n’importe qui.
« Promis je ne m'énerve pas. » répondit-il sur un air égal en décroisant les bras de sa poitrine.
Yuki n’était pas du genre à vraiment montrer ses émotions, mais il avait fini par devenir assez bon pour décrypter les changements subtils dans le comportement des autres. D’autant plus lorsque c’était ses proches. Si il était avare de gestes d'affection, on pouvait dire que son écoute était sa manière de montrer qu’il était attaché aux autres, et il ne lui fallut pas plus de deux secondes pour arrêter son mouvement et s’asseoir en tailleur devant Romi qui était sur la canapé pour l’écouter, le gant de cuisine toujours enfilé sur une main.
Romi faisait partie de ces jolies filles qui pouvaient se faire mater ou bien suivre même, cela devait être depuis toujours le cas, car depuis qu’il l’a connaissait il l’avait toujours vu savoir se défendre. Sur un skate, elle est aussi timbrée que les autres gars du parc. Et il ne comptait plus le nombre de fois où ils avaient dû mutuellement se mettre des pansements sur les genoux, l’intérieur des mains et le menton.
Mais cet examen avait eu l’air de compter pour elle pendant un temps et il se demandait bien comment elle avait fini dans cette situation. Malgré tout, rien de tout ce qu’elle lui dit ne sembla vraiment l’étonné et il ne montra pas un sourcillement à l’énonciation des faits.
Elle avait eu raison. Et quoi qu’elle ait fait pour se défendre, il n’avait pas son mot à dire et la soutenait.
Autre chose m'inquiétait plus, c’était son état global, car se faire emmerder et réagir c’était une chose, mais en perdre la possibilité de pouvoir faire ce que l’on voulait faire dans la vie ça en était une autre.
« Tu as bien fait de ne pas te laisser faire. » ponctua t-il avec un léger hochement de tête en fermant les yeux un court instant, approuvant tout en sachant que les choses étant faite à présent elle n’avait nullement besoin de son approbation.
Yuki haussa les épaules en pinçant les lèvres, sa mèche de cheveux aux reflets gris lui tombant un peu sur le nez.
« Et toi ? Tu t’es blessé ? Il a riposté ? » demande-t-il, plus inquiet soudainement par sa santé mentale que physique.
Lui qui était capable de traverser les pires états psychologiques avait fini par en connaître un rayon sur le sujet bien qu’il ne passe pas son temps à en faire étalage à droite et à gauche, de nature bien trop réservé pour cela.
Romi avait été son réconfort à lui aussi, parce qu’elle ne le jugeait pas, à l’instar de Tonghyon. Ils avaient certainement tous les deux compris que si il y avait bien une seule chose à faire avec lui c’était se montrer présent. Alors il tentait de rendre pareil lorsqu’il le pouvait.