il y a des journées comme ça, où la vie n'est que drama et perte de sang-froid. et, pour une fois, il ne s'agit pas de toi. s'est-elle mise à penser. shion, tranquillement installée à une table, journal en main, à attendre l'appel de son nom pour un café. elle fronce les sourcils dans sa lecture. allez savoir si c'est parce que les traductions ne sont pas toujours évidentes pour son crâne séoulite, ou parce que deux inconnus commencent à monter en pression comme des hystériques. habituellement, elle se serrait permis un commentaire immature. ah, men. à en rouler du regard et claquer de la langue parce qu'elle en a marre. mais, pour le coup, l'un des deux à de bonnes raisons de s'emporter. du moins elle suppose. pour tout ce qui est instinct parental, elle n'est pas très douée. mais voilà, il y a cette pauvre enfant, haute comme trois pommes, qui s'est pris la colère d'un grand dadais trentenaire. comme ça, sans raison. tu m'étonnes que le père monte en pression. c'est pas une mère dans l'âme, shion, du moins à ce qu'elle dit. parce qu'en vérité, elle compare facilement ce genre de situations en s'imaginant les mômes qu'elle connaît dans sa vie. la mioche de mian, par exemple.
ça monte en pression et manque d'exploser. la femme ne peut s'empêcher de soupirer. ça va finir en règlement de compte, c'est ni l'heure ni le lieu... la honte. à ne pas pouvoir s'empêcher de penser que si le paternel frappe ou se fait frapper, dans les deux cas, c'est pas la meilleure chose à montrer à une gamine d'ores et déjà en train de pleurer. alors là voilà qui se lève. qui s'en mêle sans le montrer.
— calmez-vous, vous allez vous donner le mauvais rôle. à lui (juhan) souffler au passage. s'il s'énerve comme ça, c'est lui que la direction va dégager de son sillage. ce ne serait pas mérité.
et la voilà qui, prétextant juste récupérer son café au comptoir, vient "malencontreusement" se heurter au coléreux, "maladroitement" tout renverser.
et contrairement à l'enfant, ce n'est pas un iced americano.
— oh, je suis confuse... excusez-moi... elle aurait pu s'arrêter là, si elle cherchait à se faire pardonner. il semblerait que l'univers vous ait rendu ce que vous avez fait. mais c'était purement immature calculé.
à ne pas détourner le regard, le planter dans celui du gaillard. et jouer, pimbêche, avec l'une de ses mèches.
— vous devriez rentrer et vous sécher. ça tâche pas mal, le café. et innocement se tourner en direction du serveur, derrière son comptoir, comme si l'autre idiot avait cessé d'exister. joignant ses mains en prière, s'inclinant légèrement pour s'excuser du dérangement.
— pourrais-je avoir des serviettes ? désolée pour le macchiato au sol, je vais essuyer. et simplement s'amuser à capter le regard de l'enfant pour lui accorder un clin d'œil.
canopus