Invité
des chiens et des hommes
Sur l’agenda ouvert sur le bureau qui se trouvait presque au centre de la pièce, coincé entre une grande bibliothèque encore vide et un sofa capitonné, un petit trait rouge soulignait un mot « emménagement ». Il ne s’agissait pas ici du sien à proprement parler, sinon Kyoko n’aurait pas eu à le consigner, car elle pouvait vivre partout et nulle part. La femme s’alluma une cigarette en gardant un bras croisé sous sa poitrine. Ses yeux ne quittaient pas le contenu du seul et unique carton qu’elle s’était faite livrer. Elle ne possédait plus grand-chose mise à part ses économies, ce qu’elle avait mit dans la valise avec laquelle elle était arrivé et ce qu’il y avait dans ce carton.
Oh bien sûr, on pourrait parler plus tard de ce qui se trouvait dans le container numéro 3654 dans le port d’Osaka. Mais se n’était pas le sujet.
Elle observait dans son tailleur gris, avec une intensité déconcertante les quelques objets qui s’y trouvait, à commencer par la photographie de son obtention de diplôme. De sa main libre sans nicotine, elle plongeât sa main dans le carton vers le cadre qu’elle prit délicatement entre ses doigts. La photographie avait un grain particulier, due à l’âge. Elle l’appréciait d’autant plus.
Perdue dans un souvenir qui était somme toute aussi coloré que les pixels semblaient le montrer sur l’image. Une photographie d’elle jeune comme elle en avait bien peu en sa possession. Entourée d’hommes en costumes, son clan, elle avait l’air pourtant d’être une autre personne à cette époque. Pouvait-on autant changer ?
Un sourire délicat étirât ses lèvres fines et c’est alors qu’elle entendit un cliquetis inconnu venir vers elle. Le son nouveau de petites griffes qui parcourent le sol et d’un collier en grosse chaîne. La Hasegawa tournât la tête vers la bête qui venait d’entrer.
« Tiens donc, c’est toi mon premier patient ? » dit-elle amusée avant de laisser les cendres tomber dans le cendrier qui se trouvait encore dans le carton.
C’était son premier jour à proprement parler dans la clinique. Elle avait son propre bureau comme avant, mais maintenant elle était bien plus libre et elle le savait. Kyoko avait conscience que son neveu garderait tout de même un œil sur ses activités, après tout il avait un petit problème de contrôle et de lâcher prise. Mais au moins, elle serait libre de ses mouvements pour le reste.
S’approchant du chien elle s’accroupit face à lui en tirant une taffe et se mit à le caresser sous les babines ce que le chien semblât apprécier avant qu’il ne se mette à aboyer joyeusement.
« Oh tu veux jouer ? Mais je n’ai rien pour jouer ici… » dit la psychologue en regardant autour d’elle. C’était un jeune chien, très beau, mais dont il manquait le propriétaire, n’en soit rien d’affolant. A cette heure matinale, il n’y avait guère que son bureau qui était ouvert, et peut-être celui de Neo, le meilleur ami du chien finirait certainement pas se montrer tôt ou tard.