Invité
Hillz
Cigarette pendue au bout des lèvres, à la recherche d'un semblant de calme pour celui qui ne doit pas dormir, il s'est réfugié derrière la boutique, à l'abri des regards, là où on ne viendra pas l'faire chier. Le moteur de l'Okiya ronronne dans la nuit, Hachi, il n'a jamais été fan des endroits trop fréquentés, même s'il ne semble pas moins adapté que le reste, c'est dans la quiétude d'une pièce, isolé du reste du monde qu'il a grandi toute sa vie.
Les volutes de fumée s'élèvent, troublant la clarté du ciel, le bout de sa clope s'illumine à chaque inspiration, encrassant ses poumons sans l'alarmer, trop habitué à ne jamais trop penser. Brise glaciale, il en frissonne presque et se décide à écourter sa pause, tendant le bras pour faire glisser la cloison arrière de la maison. Son attention est alors attirée par la silhouette furtive d'une jeune femme au fond du jardin. Curiosité piquée, gamin tire une dernière fois sur sa clope avant de l'envoyer valser dans le paysage. Glissant ses mains dans ses poches, il referme finalement la porte de bois et se traîne jusqu'à celle qui s'est mise à escalader le muret, pensant qu'on ne la prendrait pas. Il l'observe de ce regard pervers et taquin, de cette lueur amusée qui ne fait que se moquer de leur réalité. La fugitive ne semble pas l'avoir remarqué, s'impatientant, il vient gonfler sa poitrine et cracher un molard dans le but d'attirer son attention.
Chien de garde, comme on aime l'appeler, et s'il a tendance à aboyer, face aux demoiselles, gamin est capable de s'aplatir, les pattes en l'air. Il finit par reconnaître Kaori, princesse à problèmes, nouvelle recrue qui n'a pas fini de leur causer du tort. Hachi se dit qu'elle finira sûrement par être mise à la porte, à se comporter comme un chiot mal éduqué, mais là encore, il n'est pas obligé de la dénoncer. D'un sourire insolent, il salue la poupée d'un geste de la main tandis qu'elle l'a enfin repéré. « Tu t'amuses bien là-haut ? On a une porte, tu sais... T'as fait une nouvelle connerie ? C'est quoi cette fois ? » Il penche la tête sur le côté, appréciant particulièrement cette position menaçante qu'il occupe désormais. « Donne-moi une bonne raison de ne pas alerter la maison. »
u n i c o l o r e
Invité
Hillz
Il fait un froid d'canard dehors, c'est pas possible. Pourquoi j'ai pas pensé à ouvrir la fenêtre juste deux secondes avant d'y sauter, sérieux. Je fais trop chier. Putain de temps de merde, putain de froid, putain d'hiver, putain de baraque ! J'en ai trop marre de tout là, putain, putain... Ooooh putain. A deux doigts de m'écraser sur le bitume. Mais quelle idée éclatée j'ai eu de passer par là, je suis débile ma parole. Allez, plus qu'un tout petit peu et je suis en bas...
Euh, j'ai entendu quelqu'un ?
Je me fige. C'est la nuit, si je bouge plus, le grand T-rex ne verra rien.
C'est en position de caméléon que mon visage s'offre à l'individu qui est... super, la sécurité. C'était bien ma vaine. J'en ai trop marre. Malgré moi, un interminable soupire s'échappe de mes poumons, trahissant une longue et lente déception... envers moi même, évidemment. J'ai même pas la force de lutter, allez y, passez moi les menottes, officier. Si vous êtes sages, je vous laisserai peut-être aussi sortir vot' matraque.
D'un bond las, je rejoins le sol et m'apprête à lui tendre mes poignées. J'avais peut-être un peu trop pris au sérieux mes pensées. Mais j'avoue je m'attendais pas à ce qu'il me salue avec son sourire bizarre.
Ah ça, je le reconnaitrais entre mille, c'est le sourire d'un chien en position de force qui va commencer les négociations. Instinctivement, je me renfrogne et je garde mes distance. Une petite veine sur mon front laisse imaginer à quel point je serre la mâchoire. Je sais pas trop si j'ai une dégaine de proie ou de prédateur ou si j'ai juste l'air complètement stupide, mais un geste brusque, et je... Non, en vrai, je fais rien du tout, je me prends pour qui sérieux ?
« Tu t'amuses bien là-haut ? On a une porte, tu sais... T'as fait une nouvelle connerie ? C'est quoi cette fois ? Donne-moi une bonne raison de ne pas alerter la maison. »
Autant j'avais envie de rire nerveusement jusque là mais la dernière phrase m'a instinctivement fait préparer un crachat dans l'fond d'ma bouche. Allez, zen, ravale Kaori, c'est dégueulasse.
Allez, usons de mon tact légendaire.
« Il fait un temps à gravir des montagnes, mais comme je suis bloquée dans cette épave, on se contente des murs... »
Je marque un temps, pour jauger de sa réaction. J'crois que c'est dans le top cinq des pires blancs auquel j'ai assisté. Allez quoi, je croyais que t'étais le rigolo du groupe.
« Si le clebs du club se montre compréhensif, je lui offrirai une friandise à mon retour. »
Et on ponctue la phrase d'un clin d'œil. C'est comme ça qu'on parle aux hommes pour qu'ils arrivent à comprendre. Ils sont pas très futfut, croyez en mon expérience.
A ce moment là, on est tous les deux dehors dans la pénombre, et je crois bien qu'on fait tous les deux semblant de se fixer le visage parce que concrètement on voit que dalle. Et quand j'y pense, ça m'arrache un petit cri proche du hoquet, mais je jure que c'était un rire. Dans quel monde il capté mon clin d'œil ? C'est trop tard maintenant, ça va devenir gênant.
A trois, je cours...
u n i c o l o r e
Invité
Hillz
Il a l'oreille qui s'tend, sous les allusions étonnantes de son interlocutrice. D'une répartie absurde, elle finit par lui embrouiller l'esprit, et lui décide qu'il ne comprend et ne comprendra pas, alors il hausse les épaules et vient se frictionner le haut du bras, à la recherche d'un semblant de chaleur. La graciant d'un silence dont il ne ressent pas la gêne, ses prunelles la toisent, l'esprit ne sait pas quoi penser, et elle, continue de chercher comment se sortir de sa merde, lui proposant des alternatives qui, franchement, fonctionnent totalement le concernant. « Ah ouais ? » Un filet de bave qui pourrait presque lui couler sur l'menton s'il n'était pas un minimum civilisé, il est bien plus attentif tout à coup, trop facile. « Genre quoi, même ? » Qu'il cherche à pousser la réflexion, même si, techniquement, il n'a pas le droit de faire ami-ami avec les filles d'ici. Bas de l'échelle, simple cleb, comme on le désigne, à n'être là que pour grogner face aux téméraires et dissuader leurs pulsions malvenues.
Demoiselle hoquette, Hachi redresse un sourcil, il ne voit, effectivement, presque rien, pénombre qui handicape d'autant plus les gens d'sa catégorie. Kaede n'est pas là pour lui montrer le chemin, m'enfin, c'est pas comme s'il n'avait pas l'habitude de traîner à des heures pas possibles. Il cesse de se frotter inutilement le bras et vient se gratter le menton, attendant la réaction de la jeune femme qui semble en grand conflit interne face à lui qui, pourtant, n'effraie presque personne. « Bah alors, t'as perdu ta langue ? Franchement, ça m'dit toujours pas c'que tu fous là. » Lui souffle-t-il en se penchant vers elle. « On fait quoi, tu m'suis gentiment jusqu'à l'intérieur, ou j'dois faire mine de fermer mes yeux, gamine ? » À venir se saisir d'une mèche de sa chevelure, par provocation. « T'étais pas avec un client au moins ? » Il plisse les yeux, cherche à capter son expression. « C'est pour ça qu'tu passes par là ? Tu fuis déjà tes responsabilités ? »
u n i c o l o r e
Invité
Hillz
La situation prend une sacrée tournure... indescriptible. Mais ça me fait chier d'être encore là. Il est bizarre ce chien de sécurité en plus, il aboie pas. Il est plutôt du genre à ronronner aux friandises. Je sais pas si je préfèrerais qu'on me tire par l'oreille jusqu'à ma chambre, mais il a pas l'air aussi hostile que les autres de la sécurité. J'arbore des sourcils constamment froncés face à ses paroles, eh, il en dit des choses lui.
« Bordel tu débites toi. Depuis quand les hommes ont autant d'mots dans leur vocabulaire ? »
Un rire franc vient ponctuer cette attaque purement gratuite. L'ambiance s'est détendue d'un coup, ou en tout cas, pour moi. Il est marrant, finalement, à se prendre au sérieux comme ça. En tout cas, c'est sur, il acceptera n'importe quoi en échange d'une poignée de miettes. En attendant, moi, autant de questions à la fois, ça me court circuite le cerveau, alors qu'il attende pas de réponse de ma part, ça va pas aussi vite là haut.
« Quand t'auras fini, tu m'accompagnes en ville ? Si toi t'es si inquiet pour ma sécurité et mes bêtises, de mon côté, moi, je me contenterai bien d'un peu de compagnie. Puis qui c'est, ça pourrait bien finir... »
Allez, hop, juste un petit appât pour finir de le convaincre. Aucune promesse, juste de la motivation. Puis il est mignon. Alors pourquoi pas.
On est maintenant très proche l'un de l'autre et il tient une mèche de mes cheveux. Je crois que je réalise que maintenant. Avant qu'il puisse répondre quoi que ce soit, je me hisse sur la pointe des pieds pour coller mon front contre le sien.
« Sinon on peut s'battre, mais va d'abord falloir m'attraper ! »
1, 2, 3 ! Et je file à travers la rue, où la faible lumière des lampadaires dévoilait ma silhouette tous les trente mètres avant de la replonger dans la pénombre. En plus des talons qui se fracassait contre le goudron, mon rire perdait en intensité à mesure que je m'éloignais à toute vitesse.
u n i c o l o r e
Invité
Hillz
Les questionnements resteront en suspens, il a comme l'impression qu'elle s'en fiche, et pour être tout à fait honnête, lui n'en a pas grand-chose à faire non plus. Après tout, si elle veut s'attirer des ennuis, c'est sa vie, lui ne verra pas sa gamelle plus remplie, il ne la verra pas non plus vide, alors il s'dit qu'peut-être, il peut la laisser voguer à ses occupations, et rentrer dans l'Okiya pour aller admirer ses belles, rêvasser de la poitrine de Danbi ou de ses lèvres couleur cerise.
V'là qu'elle vient lui proposer de fuguer avec elle, ça lui fait tout drôle à Hachi, lui qu'avait pas forcément prévu d'la suivre. Il en reste bouche bée, le temps que l'information lui monte au cerveau et qu'il parvienne à identifier toutes les subtilités de sa proposition. Il oscille d'un pied à l'autre, l'observe avec son air d'abrutis tandis qu'il est soudainement pris d'un sacré dilemme. Bien finir... Dans quel sens ? Putain c'que les meufs sont chiantes avec leurs sous-entendus d'merde, à jamais être précises, toujours à jouer les aguicheuses pour, au final rien donner. Toutes des putes. Qu'il pense grossièrement avant de soupirer. « Chai pas. » Répond-il mollement en levant les yeux au ciel.
Proximité soudainement envahissante, il écarquille ses mirettes, mais n'a pas le temps de process que la v'là à détaler sans attendre. « Rah la salope ! » Lâche-t-il avec la sale impression de s'être fait berné.
« C'est quoi ce bordel ? »
Qu'il en a alerté toute la compagnie, à beugler comme un écervelé. D'un mouvement de panique, le voilà lancé à ses trousses, guidé par ses rires hystériques qui résonnent à travers la nuit.
« Oh ! Revenez ! »
Et v'là pas un, mais trois molosses à la poursuite de la princesse et du bâtard turbulent. Excès d'adrénaline et de panique, Hachi rattrape Kaori sans trop de mal, il lui choppe le bras et l'entraîne avec lui, la forçant à courir beaucoup trop vite compte tenu des échasses qui lui servent de tremplin. Tant pis, faudra qu'elle s'improvise voltigeuse si elle ne veut pas s'faire rattraper. Les gardes du Pearl courent après eux, abandonnant l'entrée de la maison si simplement, les imbéciles. Faut croire que les gens qui finissent dans ce trou à rat n'ont pas la lumière à tous les étages. Une épicerie d'ouverte, Hachi plonge dans le bric-à-brac bordélique d'une mamie occupée à s'éventer sur sa chaise en plastique. Grand-mère ne relève même pas un sourcil, et quand les trois costauds viennent à sa porte, elle pointe le côté opposé pour les détourner.