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martini blue | sano rui
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— martini blue ft. @sano rui


outfit - Un date. Un de plus pour se le prouver, qu’elle pouvait changer. C’était presque une habitude de sortir avec des garçons. Pourtant, elle ressentait encore cette anxiété. Ce n’était pas à se demander si elle lui plairait, mais si l’alchimie prendrait de son côté. Elle devait chasser ses envies coupables. Une femme avec une femme ? C’était scandaleux. Elle avait seulement besoin d’un homme pour la faire changer de bord.

Il n’était pas encore arrivé. Bien sûr, elle avait choisi de se pointer en avance. Pour l’illusion de contrôler un semblant ce rendez-vous improvisé. Elle profita de son absence pour faire défiler les photos de son profil Heartline. C’était vrai qu’il était bel homme. Vingt-sept ans, c’était un bon âge. Une femme avec un homme légèrement plus âgé, c’était dans ce sens-là qu’elle devait aller. Elle ne pouvait pas courir éternellement derrière des fantasmes socialement critiquables. Mais il n’avait pas de voiture, il ne devait pas en avoir les moyens. Elle préférait les hommes riches. Mais il avait l’air plus intéressant que les hommes d’affaire que ses parents l’obligeaient à fréquenter. Peut-être la solution ne se trouvait pas dans le confort matériel, même si à dire vrai il aidait bien.

Elle avait joué le jeu. Que cela lui plaisait ou non, elle s’était pomponnée. Le choix de sa tenue avait demandé un peu plus de réflexion. Elle aurait pu apparaitre en femme sûre d’elle –ce qu’elle était- dans son ensemble tailleur blanc, sobre et élégant. Mais ce n’était pas ce que recherchait la plupart des hommes qui préféraient voir le sexe faible dans son côté fragile. Bao avait boudé. Elle ne désirait pas sortir ses petites robes pour cette seule raison. Alors elle avait plutôt coupé la poire en deux : Un ensemble blanc composé d’un jean et d’un pull, auquel s’ajoutait un trench Burberry et une écharpe de la même marque. Puis, afin de rompre avec une élégance pompeuse qu’elle devinait ne pas être du goût de son luthier, elle avait renoncé à ses talons hauts pour une paire de Balenciaga.

Autour d'elle, la plupart du public de l'aquarium s'en allait. C'était parfait. Il ne devrait plus tarder. Elle n'avait pas du tout peur de rencontrer cet inconnu. Elle avait tout de suite eu une sorte de bon feeling, une facilité à lui écrire. Le ton de leur échange était devenu tout flirty sans même qu'elle ne le veuille vraiment.

C'était bizarre. Même le ciel avait eu l'air de se mettre sur son trente et un pour ce rendez-vous. Le jour était en train de s'éteindre. La clarté se mélangeait aux ombres. Si elle n'avait pas eu un regard monotone, elle aurait vu au-dessus de la marina un crépuscule d'un rose électrique. Un léger vent marin chatouillait des mèches brunes contre son visage. Il faisait presque un peu froid.

Elle se demanda s'ils se reconnaîtraient au premier regard.



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