OOTD ✩ Café latte dans une main, café noir dans l’autre, lunettes de soleil sur le nez, Naru avançait dans les rues de Osaka sans faire vraiment attention au monde alentour. Son mal de tête ne voulait pas partir, ce qui était assez pénible selon lui mais il devait faire avec et, selon lui, assumer ses excès de la veille. Finir une tournée ou un projet amenait souvent à une grosse fête qui contenait aussi bien de l’alcool que le reste. Le jeune homme avait un peu trop forcé sur la boisson et les regrets ne faisait qu’affluer dans ses pensées même s’il ne pouvait rien y changer désormais. Il souffla en arrivant devant l’agence, maudissant sa négligence. Il passa les portes puis se dirigea vers l’entrée et bipa sa carte avant d’avancer dans les couloirs pour rejoindre le studio de Kamiyama Naoki. Est-ce qu’il en avait envie ? Pas du tout ! Il ne faut pas se méprendre, il a toujours eu beaucoup d’admiration pour l’ancien idole, même encore aujourd’hui puisque ses musiques le transporte et lui permette de créer des pas de danse mais il avait un caractère assez… particulier. Autant Naru appréciait travailler avec lui autant, comme aujourd’hui, il préférait rester dans son coin avec sa tête qui effectuait des travaux. Quelle idée son cerveau avait eu d’engager un marteau-piqueur ? Avant de signaler sa présence, il prit une black pill puis tapa à la porte du studio de son aîné et attendit que celui-ci vienne lui ouvrir. « Salut, ça va ? Je viens pour le prochain projet comme convenu. Café ? » Ayant les mains prises, il avait une bonne excuse pour garder ses lunettes de soleil sur le nez, ne supportant pas la lumière lorsque sa tête lui lançait comme aujourd’hui, ça lui donnait encore plus envie de vomir et cela accentuait sa migraine. Quelle idée sérieusement. « C’est nul quand même, on finit à peine un projet qu’on doit en relancer un autre, on nous prend vraiment pour des robots. D’ailleurs, t’es pas venu à la soirée hier, t’avais d’autres projets ? » Parler était nécessaire à Naru pour oublier sa douleur. Une bonne idée ? Peut-être pas mais est-ce qu’il l’avouerait ? Probablement pas. Il soupira en se laissant tomber sur un canapé, massant l’arrête de son nez près de ses yeux. Qu’est-ce qu’il aimerait pouvoir faire une bonne sieste sans personne pour le déranger, ce serait le rêve ! « Tu as déjà des idées pour le projet ? »

   OOTD ✩ Assis dans mon studio de musique, une jambe repliée sous mes fesses, mon casque sur mes oreilles, je prenais de grandes respirations pour calmer mes angoisses grandissantes. Il avait été éprouvant pour ma petite personne de me rendre dans les locaux de l’agence… surtout que ce voyage avait dû se faire en voiture. Une véritable torture ! Mon compagnon de route avait eu de bonnes intentions en proposant de me conduire pour éviter un trajet à pied, mais malheureusement pour lui, j’aimais beaucoup mes temps de marche… et cela me provoquait moins de crises qu’une voiture. Cependant j’avais su garder mon sang froid, et mon expression « poker face » - Lady Gaga serait fière de moi. Maintenant que je me retrouve dans mon repère, mes barrières pouvaient tomber sans aucun jugement. Je monte le volume de la musique pour me concentrer sur une activité relaxante. Sur mes paupières se dessinèrent les mouvements gracieux et envoûtants de mon collègue, chorégraphe. Cette vision est apaisante. Mes muscles de mon dos se détendent pendant que je m’appuie un peu plus dans le fond de mon fauteuil. Quand ma crise est maitrisée, je descends le volume sonore de la musique et découvre qu’une personne toquait à ma porte. Ma première réaction est de froncer les sourcils puis une petite voix me souffle que Naru est la personne attendant. Je me redresse, étire mes muscles et ouvre la porte. Mon collègue porte des lunettes noires, cachant ses yeux, et cette tenue étire le coin de ma bouche en un sourire. Il avait dû se rendre à la soirée hier soir. Je m’efface pour lui permettre de rentrer dans le studio. « Bonjour Naru, tu me parais être en pleine forme. Tu as bien dormi ? » Je prends le gobelet contenant le café latte puis en bois une gorgée. Pas ce que je préfère ! « Je te laisse le café noir, tu en as besoin apparemment. » Je lui adresse un sourire avant de reprendre ma place dans mon fauteuil. « Ne rien faire de mon temps est une perte de temps… je préfère que mes journées et mes soirées soient occupées par des projets. Le temps libre est une chose que j’abhorre. » Suis-je un OVNI ? Probablement. Espérons que personne ne me prenne pour un con qui n’a pas conscience des ragots que l’on raconte sur mon compte. Je hausse les épaules avant de prendre un carnet dont plusieurs pages sont noircies par mon écriture, des dessins de mouton. « Pas envie de vous voir prendre une cuite en se donnant de grandes tapes dans le dos et en riant comme des porcs. » 100% honnête, 0 filtre et 0 ami. Je lui tourne le dos, en espérant qu’il soit le seul collègue qui accepte ma façon de me comporter. Je lui tends mon carnet. « Tu devrais regarder par toi-même. » Je lance le carnet sur ses genoux. « Tu peux enlever tes lunettes, tu sais. La lumière de ce studio n’est pas identique à celle du soleil… donc tu ne devrais pas fondre, ni te transformer en tas de cendres. » Je le provoque ? Non je taquine cette nouvelle manie de garder des lunettes de soleil dans un lieu fermé. Je désigne du doigt des endroits précis. « Que dirais-tu d’une musique sur laquelle on aurait deux danseurs qui exprimeraient le duel que les paroles raconteraient ? L’histoire d’un homme sous le charme d’une femme indépendante mais passionnée… un peu comme César et Cléopâtre. »

   OOTD ✩ Pourquoi est-ce qu’il devait être là ? Dans quel but est-ce que sa présence était nécessaire alors qu’il n’était qu’un pauvre petit chorégraphe. Il n’avait pas un contrat d’idole mais se retrouvait à devoir aller travailler alors que presque tout le monde avait réussi à prendre une journée de congé. Il n’avait pas envie d’aller travailler, surtout avec sa gueule de bois mais il ne pouvait pas faire autrement, ne voulant quand même pas décevoir son idole, à savoir Naoki. Oui, Naru est un grand fan de l’ancien idole coréen mais n’en avait jamais parlé à personne. Il avait fait l’effort d’acheter des cafés, espérant que son cachet et cette boisson aient l’effet escompté. La lumière lui semblait trop vive, surtout lorsque le monde reprit ses couleurs à l’aide de ses Black Pills. Il souffla avant de se présenter devant le studio du producteur, tapant à la porte. Il attendit patiemment que celui-ci vienne lui ouvrir. Il avait envie de rentrer chez lui, se rouler sous la couette et dormir jusqu’à demain matin en faisant la larve entre-deux. Il sentait que ce petit entretien serait une perte de temps parce que son état aussi bien physique et mental ne lui permettrait pas de se concentrer. Il le savait, il s’en était doutait mais il ne pouvait rien y faire et refuser une soirée, très peu pour lui. Il salua son aîné, cachant sa non-motivation mais grognant légèrement à sa remarque. « Je pète la forme. J’aurais bien dormi un peu plus mais quelqu’un, toi, ne peut apparemment pas se passer de ma sublime personne. » Il exagéré oui, mais il était ainsi. Il fut complètement outré de le voir prendre le café latte alors qu’il était persuadé ne pas aimer. « Tu te moques de moi ? Tu détestes le café latte. Je voulais te faire plaisir mais même pas un signe de reconnaissance. » Il fit une moue boudeuse avant d’aller s’asseoir dans un fauteuil, arquant un sourcil à sa remarque, secouant légèrement la tête. « C’est ta conception de la vie, je respecte ton opinion mais tout le monde n’est pas comme toi, j’ai parfois besoin de pause sinon mon cerveau sature, je suis incapable d’inventer quoique ce soit. En plus, la danse, c’est quand même physique. » Ses arguments pouvaient sembler bancals mais c’était déjà un miracle qu’il soit en capacité de parler et que ses phrases aient du sens. Il fouilla dans ses poches pour y sortir une dosette de sucre. Il retira le couvercle du gobelet tout en versant la poudre à l’intérieur. « Tu sais, en disant cela, ça peut être offensant pour les procs. Bref, toujours étant que, encore une fois, tu fais ce que tu veux. » Il haussa les épaules avant de tourner son café pour diluer le sucre mais aussi l’incorporer. Il récupéra le carnet pour essayer de lire, ayant du mal à décrypter ce qui était écrit. « La lumière artificielle est parfois pire que la lumière du soleil quand j’ai une migraine. » Il prit une gorgée de son café, continuant d’essayer de lire. « Ton histoire ne ressemble pas un peu à toutes les autres ? C’est intéressant, je ne dis pas le contraire mais l’amour, finalement, ce n’est pas aussi pouvoir tout perdre ? Perdre de l’argent certes mais aussi perdre d’autre chose parfois émotionnelle quand l’un rompt. Exprimer la haine dans l’amour, ça peut être intéressant, non ? » Demanda-t-il en essayant de connecter ses quelques neurones encore fonctionnels.

   OOTD ✩ Installé confortablement dans mon fauteuil, les doigts au-dessus du clavier de mon ordinateur et des boutons de la console de mixage, je prends de longues respirations pour calmer les petites angoisses qui pointent le bout de nez… Il y a des odeurs rassurantes, familières dans ce studio : un mélange de sueurs, de café noir, de chocolat. Personne ne peut m’atteindre dans cet endroit. Je suis en parfaite sécurité… en faites il y a bien une personne qui se pointe dans mon existence et qui y fout un peu le bazar par sa personnalité éloignée de la mienne. Bae Naru est un chorégraphe incroyable, et un danseur captivant. Cette rencontre a marqué un tournant important dans mon quotidien routinier, rassurant, voire planplan. Il ne se formalise pas de mes petits travers – et encore il n’a aucune conscience de ma part sombre – que mes collègues peuvent apercevoir. La conversation est ouverte avec lui. Il me laisse dire des choses qui pourraient être mal prises, et probablement qu’il accuse le coup. Ne nous pouvons pas faire plus opposé que nous : Naru est le soleil, la lumière tandis que moi je suis la lune, les ténèbres. Il me semble que nous formons un duo efficace au travail… Tiens notre Belle bois du dormant fait son apparition dans mon studio. Au premier coup d’œil, il ne me parait pas être de première fraicheur. Est-ce qu’il aurait un petit souci d’alcool ? Ah non ! Naru avait sûrement assisté à la soirée donnée pour le dernier projet sur lequel nous avions travaillés. Les mots sont piquants quand je lui fais remarquer son apparence peu joyeuse. « Je ne peux surtout pas travailler plus tard, monsieur le chorégraphe. Mes heures au studio sont comptées… en plus ils vont venir faire le ménage aujourd’hui. » Mon ton se transforme pour devenir boudeur, ils vont rajouter une odeur de détergeant à mon mélange rassurant. Je n’aime pas ça ! « Tu sais aussi ce que l’on dit : l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. » J’esquisse un sourire malicieux parce que je n’avais pas rebondi sur le qualificatif donné. Je prends une gorgée du latte… BEURK ! Qui peut voire un truc aussi infâme ? On ne sent même plus le goût du café. On dirait un truc délavé ! Je fais la grimace avant de lui tendre le gobelet. « Tiens ! Je te rends ton poison. Comment on peut aimer le latte ? Tu n’aimes pas le café ? » Je secoue la tête puis pose le gobelet. Naru prend place dans un fauteuil, les yeux toujours cachés par sa paire de solaire. Dommage ! Son regard est une source d’inspiration, il est profond, sérieux et d’un marron rappelant le chocolat. « Certes, nous ne voyons pas les choses de la même façon… et cette pause a été prolifique ? » Je ne suis pas convaincu par son habitude de se rendre en soirée pour picoler apparemment. Comme il n’est pas mon petit ami ou mon frangin, je me mords l’intérieur de la joue. Nous pourrions nous disputer mais nous sommes ici pour travailler alors restons concentrés sur notre mission. Ses remarques ne me plaisent pas, sans que je comprenne pourquoi cette conversation est aussi irritante. Il a raison : chacun mène sa vie comme il le désire mais en même temps c’est irrespectueux de venir au boulot dans cet état alors qu’un nouveau gros projet nous mobilise. Je suis probablement une personne trop raisonnable, trop coincée… Je ne savais pas pourquoi je ressentais une folle envie de le planter maintenant. Chaque fois que les choses deviennent insupportables, je me referme sur moi-même. J’érige une nouvelle fois ma forteresse derrière laquelle je peux me protéger. Mon visage devient le masque parfait de la non-expression. Ma mâchoire se crispe tandis que Naru me fait un retour sur ma première idée. Il me faut encore prendre sur moi pour ne pas être méchant. Le jeune homme exprime son point de vue, si jamais il n’adhère pas au projet nous ne bosserons pas dessus ensemble. L’agence nous mettra ailleurs. Notre équipe paraissait satisfaire les patrons mais je me rends bien compte que notre place est toujours remise en jeu. Je me retourne vers la console de mixage en maugréant, sûrement assez fort pour être entendu. « De toute façon l’amour c’est bidon. » Un sentiment amer remonte en bas. Les prémices d’un souvenir ? Il est plus prudent de ne pas remuer le couteau dans la plaie. « La mort aussi peut avoir le même effet. » J’appuie mon menton sur ma main, mes yeux plongés sur les données apparaissant sur mon écran. « Tu veux donc exprimer la haine dans l’amour ? Pourquoi pas… Allons-y ! » Je ne pense pas mes idées meilleures que les siennes mais il me semble que nous allons dans une mauvaise direction, et ma première proposition n’était pas aussi bien. J’idéalise sûrement beaucoup les relations amoureuses puisque les miennes ont été catastrophiques, voire inexistantes. Personne ne pourra jamais aimer un monstre comme moi. « Tu développes s’il te plait ? »

   OOTD ✩ L’un des reproches que Naru pourrait faire à Naoki était le sérieux un peu trop présent de celui-ci dans certaines situations. Ce n’était pas une mauvaise chose mais le chorégraphe aurait apprécié pouvoir se reposer avant d’avoir à entamer leur nouveau projet parce qu’ils avaient décidé de célébrer la fin d’un gros travail. Le jeune homme n’avait qu’une envie : celle de se reposer. Il avait l’impression qu’un marteau piqueur faisait des travaux dans sa tête. Il souffla en s’installant dans l’un des canapé du studio, se retrouvant en plus avec un café noir alors qu’il détestait ça. Il l’avait prit pour son aîné et, pour lui, il avait pris un latte. Il grimaça à l’idée de boire ce breuvage infect mais il avait besoin d’une bonne dose de caféine s’il voulait pouvoir faire quoique ce soit de productif. Il se massa le front en fronçant les sourcils, appréciait moyennement les remarques du plus âgé aujourd’hui. Il admirait l’ancien idole mais là, il préférait son lit au reste. « On aurait pu attendre demain, tu sais, parfois prendre des pauses peut être plus bénéfique qu’on l’imagine afin de souffler et pouvoir récupérer ou faire fonctionner notre imagination. Enfin, ça, ce n’est que mon avis et ma façon de voir les choses. Tu n’as jamais pensé à faire un petit studio chez toi pour ce genre de moment ? » Il haussa les épaules, trop fatigué pour pouvoir être empathique, c’était bien trop lui demander pour aujourd’hui. Il bailla discrètement en secouant un peu la tête. « Tu sais aussi ce que l’on dit ? Parfois, une pause s’impose ou, il faut savoir se reposer. » Comme l’adulte responsable et mature qu’il était, il décida de tirer la langue. Oui, tout était ironique, il était loin d’être responsable et mature dans ce genre d’état mais est-ce qu’il s’en préoccupait ? Non, pas du tout même. Il regarda Naoki boire le café latte, le voyant grimacer à cause du goût. En même temps, quelle idée de prendre quelque chose qu’on sait ne pas aimer ? Agaçant. « C’est plutôt toi qui boit du poison et, comme on dit, chacun ses goûts. Tu as pris le latte en connaissance de cause, maintenant tu le garde parce que je ne partage pas les microbes d’autrui sauf si je sors avec cette personne. » Il garda le gobelet en main, s’installant un peu mieux en pianotant ses doigts contre le carton de celui-ci avant de prendre son courage à deux mains pour en boire quelques gorgées. Il grimaça mais décida de ne rien dire, voulant rester sur sa décision. « Elle aurait été prolifique si, comme les autres collègues, un certain compositeur ne m’avait pas fixé un rendez-vous aujourd’hui, sans me donner la possibilité de pouvoir refuser. Même sans la fête, j’aurai rêvé d’une grasse matinée et pouvoir m’occuper de mes chats. » Il souffla avant de reprendre quelques gorgées de café, essayant de passer au-delà de l’amertume avant de finalement déclarer forfait, reposant le gobelet.
Naru retira ses chaussures avant de poser ses pieds sur le fauteuil pour ensuite poser son menton sur ses genoux, entourant ses jambes de ses bras alors qu’ils passèrent finalement aux choses sérieuses, parlant du travail. Si le danseur pouvait être rancunier, il savait différencier personnel et professionnel. Pour lui, il fallait savoir être objectif et donner son avis en étant objectif mais aussi en accord avec sa façon de voir les choses. Il sentait que Naoki n’appréciait pas vraiment ce qu’il disait. Il pencha la tête sur le côté, posant sa joue sur ses genoux. « Pas forcément mais disons qu’en musique, le thème de l’amour a été tellement abordé qu’il faut réussir à se démarquer parce que oui, je t’aime mon cœur blabla c’est super, génial, oui mais c’est du trop vu selon moi. Après je m’adapte bien sûr, ce n’est que mon idée. » Il se redressa légèrement, remettant sa tête droite et retenant une grimace parce que la suite de la conversation semblait aller sur un terrain tout sauf joyeux. « C’est vrai mais restons sur l’amour, c’est quand même moins macabre. » Il n’avait pas envie de parler de tout ça, surtout en connaissant le passé du compositeur. Naru fit une légère moue avant de hocher la tête à la question de son aîné. La haine dans l’amour, ça lui plaisait ça. « L’amour c’est un sentiment puissant, qu’on idéalise beaucoup en général mais, malheureusement, toutes les relations ne sont pas roses et certaines se termine même avec de la haine. Cependant, cette haine dans l’amour est plus complexe que cela parce qu’elle signifie avoir du mal à se détacher d’une personne, ne pas vouloir la voir avec d’autres et, que des choses comme ça, quelque chose de puissant, de toxique. Mais qui sait, peut-être qu’à la fin, on arriverait sur un espoir, une lumière pour sortir de cette situation. » Tout en parlant, Naru avait attrapé un cahier lui appartenant dans le studio ainsi qu’un crayon pour pouvoir gribouiller dessus parce que cela lui permettait de se concentrer mais, surtout, de réfléchir. « Après, on peut aussi parler de l’amour dans la passion dans le thème musique et danse en se servant d’une tonalité classique tout en allant dans une chorégraphie plus moderne. Ça dépend aussi ce qui t’inspire le plus parce que, comme tu sais, si tu n’es pas inspiré alors je ne pourrais rien faire sur ta musique. » C’était vrai, la musique le faisait vibrer mais celle de Naoki encore plus que les autres certainement. « Alors, ton envie ? »

   OOTD ✩ Les personnes extérieures pouvaient avoir un regard étonné en nous voyant ensemble. Cette collaboration professionnelle est surprenante quand on nous connait. Nous sommes deux personnalités diamétralement opposées. Il possédait un caractère que le reste du temps me rendait dingue… sans comprendre pourquoi il y avait une certaine alchimie dans notre façon de fonctionner. A mes yeux, Naru avait une aura captivante qui me donnait la sensation d’être un papillon ébloui par la lumière. Jamais je ne pourrais danser comme lui… mon corps est bien trop rouillé pour ça ! Ne pensez pas que mon passé me donnerait une quelconque souplesse. Je suis aussi raide qu’un piquet. « Pourquoi remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui ? » Un petit haussement d’épaules suit mes paroles. « J’aimerai beaucoup avoir un studio dans mon appartement mais… » Comment lui dire que je serai incapable alors de quitter mon foyer ? Mon psy ne serait jamais partant pour ça. Je connais déjà le discours que monsieur me tiendrait : « Attention Mr. Kamiyama ! Ce serait un lieu de confort qui vous rassurerait et vous empêchera de reprendre une vie normale. » Je me mords les lèvres avant de plonger la tête dans la console pour cacher mon désarroi. Naru avait probablement raison. Faire des pauses avait du bon… mais la mienne avait duré de très longues années. Je ne pouvais plus me permettre de relâcher la pression maintenant. Le jeune homme ne pourrait pas comprendre… Je soupire « Est-ce que tu veux rentrer chez toi ? » Ma voix est presque un murmure. Cette perspective fait naître en moi des sentiments encore inconnus. Cependant je peux identifier une pointe de déception et une sensation d’abandon. Pourquoi ? Je n’en comprends pas les raisons. « Si tu souhaites partir, je ne vais pas te retenir. » Pourquoi je continue à lui proposer cette solution alors que clairement cela me rend triste ? Aurai-je développé une tendance masochiste ? Il faudrait sûrement une bonne discussion avec mon psy pour remettre de l’ordre dans ma tête.
Qui peut boire un latte ? Bordel ! Cela n’a aucun goût. Mon visage offre une belle grimace quand le liquide glisse sur ma langue… BEURK ! Evidemment Naru ne perd pas une seconde pour me lancer une pique. Je prends une teinte rouge pivoine parce que ses propos éveillent de vieilles sensations en moi. Depuis combien de temps n’avait pas eu quelqu’un dans mon existence ? Une belle et longue traversée du désert. Sa remarque lui vaut un bon regard assassin. « Tu es libre de rentrer chez toi, comme de refuser mes rendez-vous. Moi aussi j’ai laissé mon chat pour venir ici. » Une information inutile pour le jeune homme. La conversation professionnelle se lança enfin me donnant l’impression qu’elle pouvait se stopper à tout moment. Pourquoi nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord ? Normalement nous fonctionnons bien ensemble ? Dans mes souvenirs, il ne me semblait pas que nous rencontrions des obstacles de ce type… mais mon cerveau avait une forte tendance à se montrer sélectif. Son discours sur la haine dans l’amour me paraissait correspondre à ce que je me faisais de cette situation. Je hochais la tête lentement avant de souffler. « Il va être compliqué d’écrire une chanson d’amour, comme toujours de toute façon, parce que je ne sais pas ce que c’est. » Ne mentons pas ! Ma traversée du désert avait rendu l’amour non essentiel. Je n’avais eu personne près de moi pour vivre toutes ses épreuves. J’avais aussi la sensation de vivre déconnecté du monde réel. « Je vais me renseigner en interrogeant les gens, et en regardant des films. » Je ne voyais pas comment obtenir des idées. « Tu as été amoureux récemment ? » Je jouais avec le coin de ma page gribouillée, elle en devenait toute cornée. « Tu entends quoi par l’amour dans la passion ? » Vraiment je me sentais mal ! Pourquoi je n’avais plus de connaissances dans ce domaine ? Je gonflais mes joues avant de lui dire. « Je ne me souviens même plus de la dernière fois où on m’a pris la main, où on m’a embrassé. » Ma vie est un peu triste, non ? Je vous promets que je travaille sérieusement pour la rendre normal.

   OOTD ✩ Même si Naru portait une grande admiration envers Naoki, il n’arrivait pas à apprécier certains détails de leur collaboration comme le fait de ne pas avoir une minute pour se reposer après de gros projets. Certes, il avait aussi fait la fête la veille mais, comme tout le monde, il avait travaillé dur et méritait bien de faire cette petite folie… Qu’il répétait souvent, certes, mais c’était aussi dans sa nature. Le jeune homme souffla légèrement en secouant la tête pour essayer de remettre ses idées en place. « Parce que le surmenage n’amène à rien de bon, il faut savoir se poser pour prendre le temps de trouver de bonnes idées ou de faire des recherches pour s’améliorer. » Il appréciait apprendre de nouvelles choses concernant la danse mais son planning lui laissait trop peu de temps, ce qui le frustrait énormément. « J’ai fini par installer un studio de danse chez moi pour préparer les chorégraphies plus facilement sans être dérangé. » Il joua avec le gobelet de son café, tapotant légèrement dessus, perdu dans ses pensées. Son studio était chaleureux lorsqu’il était coloré mais se parait de magnifiques nuances de gris qui ne l’angoissait pas trop, il avait fait exprès, comme partout dans son appartement. Il leva les yeux vers son aîné en entendant sa question, gonflant légèrement le bas de ses joues en pinçant ses lèvres. « Ouais mais j’ai une éthique professionnelle alors je resterai jusqu’à ce qu’on ait fini de discuter ce dont on doit discuter. » Il fit une moue boudeuse en continuant de jouer avec le gobelet de son café. Il soupira en se redressant un peu, refusant de boire un café noir sans sucre, surtout dans son état. Il avait besoin de douceur dans ce genre de moment. « Mais je ne partirais pas, tu sais. » Il soupira, ayant quand même l’impression que cette conversation tournait en rond.
Celle-ci changea légèrement de sujet lorsqu’ils parlèrent du café et Naru n’hésita pas à lui rappeler qu’il l’avait fait en connaissance de cause. Au fond, il était blessé car il avait pensé faire plaisir à son collègue avec un café noir mais celui-ci avait préféré lui faire une petite pique et le charriait plutôt que de prendre la boisson prévue pour lui. Il se retint de tirer la langue alors que la conversation revenait sur le sujet précédent. Il haussa un sourcil avec un sourire en coin en secouant la tête. « Tu m’as bien fait comprendre que ce n’était pas possible. » Avant de prendre un air plus sérieux. « Mais tu as osé laissé un de tes congénères ? Vu buvez du lait tous les deux parfois ? » Demanda-t-il avec un grand sérieux, une véritable curiosité.

Finalement, ils parlèrent de la chanson, ayant du mal à se mettre d’accord aux premiers abords même si un semblant de compromis semblait se dessiner. Naru expliqua ce qu’il avait en tête, jouant toujours avec le gobelet qu’il avait en main, le levant en entendant la remarque de Naoki. « Bienvenue au club de ne pas savoir ce qu’est l’amour. » Dit-il, n’ayant connu que l’amour de sa famille dans sa vie. Alors, certes, il a peut-être pu être en couple mais jamais les papillons ou le cœur qui bat. « L’amour tellement fort qu’il en devient dangereux mais un danger qui créé la haine aussi parce qu’il nous enferme dans un danger et une passion tellement fortes que ça brise. Aimer trop fort, se briser encore plus. » Dit-il en levant les yeux vers Naoki avant de regarder son gobelet puis faire la même chose encore une fois. « Parfois, il vaut mieux être seul que mal accompagné. » Il souffla puis posa le gobelet sur une table vide avant de se lever puis s’assit sur son aîné en passant ses bras autour de son cou pour plonger son regard dans le sien. Il se pencha pour poser ses lèvres contre son oreille. « Est-ce que c’est si important ? Aimer c’est prendre le risque de souffrir mais aussi d’être heureux, est-ce que le jeu en vaut la chandelle. » Il remit son visage en face du sien avant de faire un clin d’œil. « Il n’y a pas besoin d’aimer pour se prendre la main ou s’embrasser… Il y a besoin de désir, non ? » Demanda-t-il en passant sa langue sur ses lèvres, prêt à se lever si sa position dérangeait Naoki.

   OOTD ✩ Comment pouvons-nous reprendre la conversation sans que cette dernière ne tourne en rond ? Nous possédons tous les deux des caractères diamétralement opposés. Il est même extraordinaire que nous réussissions à pondre une chorégraphie et une chanson qui fonctionnent parce que nous ne sommes presque jamais sur la même longueur d’onde. Existait-il des points en commun entre nous ? Il ne me semble pas ! Nous sommes deux anomalies qui trouvaient un certain équilibre dans notre collaboration. Etrange. Je me posais souvent des questions concernant cette alliance professionnelle. Pourquoi les choses marchaient-elles quand nous nous penchions sur un projet ? Pourquoi ne sommes-nous pas capables de nous entendre sur le reste ? Pourquoi Naru me fascine-t-il autant ? Pourquoi il aime son café aussi sucré alors que ses paroles pouvaient être aussi acides ? Jamais je ne trouvais une réponse satisfaisante. Cela me frustrait la plupart du temps – quand je ne suis pas en pleine crise d’angoisse. Est-ce qu’il me comprendrait mieux s’il connaissait ma face cachée ? Celle qui rampe sous son piano pour se mettre en position fœtale, pleurant comme un enfant ? Celle qui m’empêchait de quitter chez moi sans exécuter une tonne de rituels débiles ? Celle qui ne pouvait pas poser les mains sur un volant ? Celle qui repoussait tout le monde pour que plus personne ne meure par ma faute ? Heureusement qu’il ne connaissait rien de tout ça parce que le jeune homme prendrait la fuite à tous les coups… et je ne pourrais pas le blâmer pour ça. Je suis un monstre.

Ma concentration fondait comme neige au soleil car nous poursuivions la conversation sur le même thème… celui dont nous ne sortons pas depuis qu’il était apparu dans mon studio. Je sentais les mains glacées de mon angoisse rampées des ténèbres dans lesquelles je les plonge avec mes exercices. Comment allais-je gérer ça ? Devais-je mettre Naru dehors ? Il ne comprendrait pas… et il pourrait me prendre la tête. Je suis un peu perdu dans mes pensées, essayant de garder le contrôle sur mon angoisse et mes multiples questions que notre conversation déclenchait. Je laisse échapper un hoquet de surprise en sentant prendre place sur mes genoux. Mes bras entourèrent sa taille pour lui éviter une glissage qui pourrait blesser son égo. Une de mes mains le presse fermement contre moi pendant que mon cœur suspend son activité parce que ses lèvres sont trop proches de mon oreille. Mes lèvres s’ouvrent légèrement pour laisser échapper un petit soupir. Pourquoi fait-il ça ? Comment mobiliser mon cerveau pour reprendre la conversation ? Cela me demande un effort considérable pour ne pas finir en flaque sous lui. « Aimer… » Ma voix est un peu rauque, presque rouillée comme si elle n’avait pas servi depuis longtemps. « N’est-ce pas une sensation fantastique de ne rien cacher à l’autre ? Lui faire confiance pour palier nos faiblesses comme nous on le fait. Se donner entièrement pour faire un bout de chemin ensemble, voire jusqu’au bout. » Une vision romantique des relations ? Non je ne pense pas. Je considère un partenaire amoureux comme une moitié qui me complète et qui me connait mieux que moi. Une personne sur laquelle je peux m’appuyer en fermant les yeux. La main qui tenait sa taille a relevé un peu sa chemise ce qui laisse un chemin pour mes doigts qui s’appuient contre sa peau. Mes yeux se posent sur ses lèvres tandis que Naru me fait face une nouvelle fois. Je prends une grande inspiration avant de lui répondre. « Exact… mais ne serait-ce pas plus fort comme sensation si tu es amoureux ? Un geste simple qui prend une autre signification. Tu n’aimerais pas découvrir ça ? » Mes doigts caressent sa hanche tandis que je me rapproche un peu plus de lui. Mon souffle doit caresser ses lèvres, et encore plus quand je lui murmure. « As-tu envie de m’embrasser ? » Je passe ma langue sur mes lèvres. « Parce que moi oui. »

   OOTD ✩ Si Naru avait énormément de respect mais aussi d’admiration pour Naoki, il n’allait pas lâcher l’affaire très rapidement puisqu’il restait très têtu. Il avait des idées assez arrêtées concernant certains sujets comme celui de ses sorties nocturnes. S’il devait voir le monde en gris quand il n’avait pas de Black Pills alors il avait bien le droit de s’amuser autant qu’il voulait, surtout qu’il était adulte et qu’il connaissait très bien les limites à ne pas dépasser… Aussi bien concernant l’alcool que les plaisirs d’une nuit. Les deux collègues n’étaient pas d’accord et ce désaccord continua lorsque le sujet du café fut abordé puisque l’aîné n’avait pas eu une autre idée que prendre la boisson destinée à son cadet. Celui-ci se sentit même blessé, ayant simplement voulut faire plaisir à l’autre garçon… Alors qu’à la base, le danseur aurait bien préféré ne pas venir ici, aussi tôt, et le lendemain d’une soirée assez arrosée. Il ne pouvait pas connaître entièrement la vie de l’ex-idole mais ce n’était pas une raison pour accepter ce genre de comportement, surtout sans excuses. Cependant, il préférait attendre pour bien placer la chose de façon légèrement ironique lorsque la moment sera propice, surtout qu’ils étaient là pour parler du travail avant toute autre chose.
C’est d’ailleurs pour cela qu’il changea de sujet pour exposer son idée quant à une chanson sur l’amour toxique et passionnel. Il n’y connaissait rien en amour, à part lorsque celui-ci concernait sa famille. Il n’arrivait plus à aimer au point d’accorder sa confiance aux autres. Oui, il avait des amis mais ceux-ci ne devait pas connaitre au moins un centième de son histoire. Pour éviter de se plonger dans des souvenirs douloureux. Il était persuadé de pouvoir faire une chorégraphie intéressante, voir sublime, si jamais son collègue acceptait son idée. Il était même presque certain qu’elle pourrait gagner un prix aux cérémonies de fin d’année, de même que la chanson. Il ne se retint pas de souffler et finit par s’asseoir sur les genoux de Naoki, s’attendant à ce que celui-ci le repousse mais il n’en fut rien puisque celui-ci le sécurisa même sur ses jambes. Naru passa ses bras autour du cou de son aîné avant de se pencher vers son oreille pour lui dire ce qu’il pensait. Il retint un frisson à l’entente de la voix de son amant, soupirant légèrement à sa remarque. Il est vrai que cela semblait fantastique mais, en même temps, le danseur restait dubitatif. « Est-ce qu’il est nécessaire de se dévoiler entièrement pour cela ? Parfois garder des secrets peut être important pour ne pas se perdre… Après, c’est aussi ça, l’amour dont je voudrais que tu parles dans la chanson mais d’un côté moins doux… D’un côté plus fou, plus passionnel, pouvoir commettre l’irréparable pour l’autre. Comme son monde, l’image qu’il avait des relations était plutôt grise. Il préférait les relations basées sur le désir, sur le temporaire parce qu’il ne voulait pas se sentir piégé. Il soupira d’aise en sentant les doigts de son aîné sur sa peau chaude et il ne tarda pas à répondre à ses dires. « Mais aimer c’est aussi prendre le risque de souffrir et j’ai assez souffert dans ma vie… Je ne veux plus souffrir. » Sa voix n’était qu’un murmure cassé. Il cacha son visage dans le cou de son aîné qu’il embrassa tendrement en entendant sa question. « J’en ai aussi envie. » Il remonta ses lèvres le long de son cou puis de sa joue avant d’embrasser son front, le bout de son nez, le coin de ses lèvres avant de finalement les capturer pour un baiser passionné. « Si tu savais tout ce que tu me donnes envie de faire… » Ce n’était qu’un murmure avant de finalement retrouver ses lèvres.