Ville aux sombres destins, Halloween, période d'ordinaire bien trop difficile pour la plus grande des filles, car Rain, on l'obligeait à rester enfermée, toute la garde de son père à son chevet. « Comprends-moi ma fille, je ne peux pas risquer ta sécurité. » Car dans ce monde pourri, les gens comme elle sont poursuivis. Qu'avait-elle fait de mal pour être ainsi punie ? Ô qu'elle ne pouvait se résoudre à comprendre, on lui demandait de mentir, on lui demandait de ne pas faiblir, de rester sage et de ne pas faire de bruit. Et la solitude lui avait marqué les poignets, gamine, car ainsi coupée du monde, Rain avait tout le temps de se rappeler qu'elle n'était pas pareille, et qu'elle ne serait jamais vraiment chez elle.

Cette année, pourtant, les habitudes furent mises au placard, et tandis qu'elle se préparait à rejoindre ses appartements, la main ferme de son père s'était abattue sur son épaule. « J'ai préparé quelque chose pour Halloween cette année. Rain, je sais à quel point c'est difficile pour toi d'être coupé de nous, je ne souhaite pas t'infliger ça une fois de plus, de toute manière, tu as bien gardé notre secret, je suis sûr que rien ne pourra t'arriver. » Notre secret, à croire qu'il le vivait tout autant qu'elle. Si elle n'était pas touchée par l'attention de son père, sûrement se serait-elle mise en colère. Elle n'avait pas posé de question, elle avait remercié le plus vieux avant de retourner dans sa chambre, confuse et peu convaincue.

L'ambassade a pris des airs bien plus glorieux qu'à son habitude en cette soirée d'octobre. Les murs d'ordinaire trop solennels se parent désormais de ribambelles et de paillettes. L'aînée arpente les couloirs dorés, s'émerveillant à moitié de tout ce que son père a mis en œuvre pour elles. Sa robe noire flotte derrière elle, se mélangeant à sa chevelure de jais, les talons aiguilles claquent et les sourire se veulent presque sincères. Les invités se tournent tous à son arrivée, la graciant de salutations trop polies et de sourires faussement admiratifs. Couronne si haute sur sa tête, elle arrive à sentir importante dans ces moments, mais lorsque son regard croise la silhouette de sa cadette à l'autre bout de la salle, sa bonne humeur s'évapore. Elle n'a pas le temps de s'attarder sur Rael, son père entre en scène, sa femme accrochée à son bras, resplendissants, comme toujours, dans leur parure de luxe. Le couple surplombe l'assemblée qui se tourne vers eux, se rassemblant en taisant les conversations. d'une voix charismatique et captivante, Byunsik se met à parler, récitant le discours qu'il avait soigneusement préparé.

Rain se sent soudainement étrange, elle devrait être habituée à ce genre d'ambiance, pourtant quelque chose semble différent, la lueur dans le regard des invités, ou bien est-ce là l'effet des masques dont les visages sont tous ornés ? Celui de Rain prend la forme d'un chat, créature gracieuse et agile, à son effigie. « Ton père a fait les choses en grand cette année, Rain. » On accapare son attention, un ami de la famille, loyal compagnon. Elle répond d'un sourire et d'un hochement de tête, la voix de son père résonnant toujours en font. « J'imagine qu'il s'est enfin décidé à vous faire rejoindre le mouvement. » Demoiselle lui offre un regard des plus confus, elle n'a pas le temps de répondre que les applaudissements s'élèvent et balayent la scène. Que voulait-il dire par rejoindre le mouvement ? Les choses en grand ? Cette année ? Son père avait-il l'habitude d'organiser des soirées comme celle-ci, avant ? Les questions se bousculent, mais la foule éclate, et déjà, ceux qui se trouvaient là ont disparu. Rain tourne la tête, elle cherche la silhouette de sa sœur parmi les invités, sans succès. Son cœur se soulève, ses habitudes sont dérangées, bousculées, elle ne s'y retrouve plus, mais décide de prendre sur elle et part à la recherche de sa cadette.

Horreurs couverts sur le dos des festivités des fins d'été, Rael comme d'habitude se plaisait dans les fêtes organisées que ce soit par son père, ou d'autres grandes figures du pays. Elle a ses moments là de l'année en amour. Dans son bonheur vient sa cacher une triste vérité. On préfère Halloween pour beaucoup de gens car c'était la période idéal pour chasser ceux qui ne voient rien. Son père désire alors qu'on ne touche pas un cheveux de la plus grande, de peur qu'on connaisse son vilain secret. Alors on l'enferme dans sa cage dorée et ainsi, Rael peut enfin manger les miettes d'attention qu'elle désire tant. Elle se plaît à apparaître en seule figure les quelques fois où elle le peut. Si Rain était une fierté pour une partie de la famille ( si parfaite ), il fallait pourtant la cacher comme si on en avait honte ( parce qu'elle ne sera jamais nous ). L'absence de son aînée donne alors une joie de vivre insolente à la demoiselle, qui peut jouer les bonnes petites filles comme ça lui chantait.

Cette année, c'est chez les Im qu'on vient se noyer dans une richesse dégoûtante. Leur père avait vu les choses en grand. Rael se plaisait dans ses ambiances et semblaient enfin vivre comme elle le désirait. Déjà dans la salle, elle pouvait ainsi se nourrir de ses attentions qui lui étaient donnés simplement grâce à son nom. Mais elle ne tarda pas rejoindre un groupe de son âge, petite cour construite dans les plus riches. Parfois, on préfère Rael, parce qu'elle semble plus ouverte, on la trouve plus sincère et c'était bien là leur erreur. Les rires fusaient alors qu'on se moque un peu de tout le monde dans leur dos. Quand les grandes portes s'ouvrent, les conversations se coupent et on relève instinctivement les yeux vers les nouveaux invités. Naturellement, Rael pense à ses parents mais l'horreur prend son coeur quand elle voit Rain faire son apparition comme si elle avait quelque chose à faire ici. Ses doigts se crispent autour de sa coupe alors qu'elle fait mine de rouler des yeux. De sa main libre, elle attrape le bord de son masque pour le passer sur son visage - elle prend des airs de renard.  Le visage maintenant recouvert en partie, les lèvres encore exposée pour qu'elle puisse déverser son venin.

- Elle était censée venir ta soeur ?
- Nan. Elle a dû pleurer auprès de notre père pour se sentir un peu importante.

Et les sourires mesquins sont cachés derrière les verres alors qu'ils retournent à un semblant de conversation. ( toujours des coups de couteau dans le dos ) Rael écoute, mais ses yeux ne peuvent s'empêcher de balayer la salle, de chercher les courbes familières de sa soeur. Il était évident qu'elle la reconnaîtrait entre mille. Il ne lui fallut pas trop longtemps, la figure perdue dans son champs de vision, juste ça et elle avait de nouveau sa vie entre ses mains. Sa main libre s'élève, s'agite pour capter son attention, et ses sourires faussement enjouées redessinent ses lèvres.

- Raain ! Je suis là ! et les personnes à ses côtés observent la plus jeune, peu enjoués à l'idée que l'aînée arrive.
- Tu fais quoi ?
- T'es chiante là..
- Tais-toi, vous allez voir. et les plaintes des autres sont cachés également par des sourires de façade, comme tous ceux que les Im reçoivent pour rester dans leur bonnes grâces.

À la recherche de cette étoile obscure, un semblant de panique vient bousculer son battant sous les tableaux qui se veulent bien trop abstraits. Masques et rires gras, strass et champagne, pour ne rien arranger, on décide de plonger la salle dans une ambiance trop peu éclairée afin d'être en accord avec le thème de la soirée. Rain ne voit rien, elle serre ses poings et se mord la joue tandis que les créatures défilent, la rendant bien trop confuse. Et même si elle a toujours détesté rester seule durant Halloween, elle se rend compte que les choses étaient peut-être plus simple ainsi. La voix de sa sœur résonne au loin, elle redresse vivement la tête et remarque le masque de canidé qui la définit si bien. On vient alors se mettre entre elle et Rael, un couple de lapins garnis de parures en fourrure. Sourires trop polis, ils lui tendent un verre dans l'espoir d'attirer son attention, et elle, se doit de leur rendre leurs amabilités en acceptant la coupe, même si elle ne compte pas toucher à une goutte du liquide dorée. Eux aussi exprime leur joie de la voir ici pour une fois, et Rain ne comprend toujours pas. Échanges cordiaux, elle les quitte, une main se posant sur l'épaule de l'homme tandis qu'elle le contourne.

Elle a ce même geste que son père, celui qui marque la fin des discussions, celui qui veut dire « trêve de bavardage. » et qu'on ne conteste pas.

Par chance Rael n'a pas changé de place, Rain se remet en marche, rejoignant le groupe de jeunes qui l'observent de ces yeux faussement ravis. Elle s'enfonce à nouveau dans les toxines de sa sœur, persuadée qu'elle n'osera pas faire d'histoire en public ; qu'elle n'imagine pas jusqu'où peuvent s'étendre ses vices, elle lui adresse un salut de la tête avant de poser ses yeux sur la fille qui s'est déjà attachée à son bras. « Rain senpai ! » Couine-t-elle d'une hypocrisie que la plus grande n'a pas de mal à discerner. « Bonsoir... » Répond-elle, légèrement gênée, délivrant ce froid polaire qui lui colle à la carne et oblige tout le monde à se redresser. Des amis, elles n'en a pas des masses, trop obnubilé par son monde, elle ne pose que rarement ses yeux sur les autres et n'a jamais été très à l'aise à l'idée de fréquenter la société autrement que pour s'élever. Introvertie, mais pas ermite, elle a tout de même son cercle d'amis, mais cela n'a rien à voir avec les insectes dont sa sœur s'entoure et qui ne traînent avec elle que pour la gloire de son nom. Rain n'a jamais été friande des relations de surface, elle se contente d'être cordiale, sans jamais adhérer aux codes de l'hypocrisie et c'est sûrement ce qui la rend si détestable aux yeux de ces garnements qui la prennent juste pour une arrogante. Son attention se reporte sur la figure de sa sœur qui arbore ce sourire vilain qu'elle ne peut plus voir en peinture. « Tu en sais plus sur le déroulement de ce soir ? Papa ne m'a absolument rien dit. Il n'a pas besoin de nous pour quoi que ce soit ? » Demande-t-elle alors, trop peu habituée à ne pas être sollicitée.

Ce manque total de convivialité de la part de la plus grande pourrait faire soupirer le groupe entier, mais à la place ils se contentent de sourire crispé. Rael ne se dérange pas pour rouler des yeux d'un agacement qui est inné chez elle. Il était commun entre eux de lancer des couteaux dans le dos de tout ceux dont ils ne trouvent pas les traits à leur goût, Rain ne faisait pas exception. Son manque de vie était une nouvelle cause de moquerie de la part des autres, c'était à double tranchant. Même si Rael s'en amusait quand elle lançait la première le couteau, si les premiers vices venaient de ses "amis" la honte lui montait à la gorge. Ils n'étaient pas en position de cracher sur les autres sans sa permission, surtout quand il faisait malheureusement parti de sa famille. La possibilité que cela arrive lui faisait pousser des excès de colère qu'elle contiendrait quelques minutes si ce n'est moins, et dans une injustice totale, seront dirigés vers sa soeur.
Ses ongles contre la coupe de champagne, si elle avait une force surhumaine, pourrait briser le verre sans retenue, mais ce n'est pas le cas.

- Mh? Papa? Il n'a pas besoin de nous! C'est juste une fête Rain enfin.. elle souffle dans un petit rire qui n'a rien de bienveillant dans le fond, parce qu'elle lui parlait comme s'il fallait lui expliquer que le ciel était bleu ( petite ironie ). De toutes manières, elle n'en savait rien de plus, toute autant inconsciente de ce qui allait se passer plus tard.

Ô qu'elle aimerait que sa soeur s'amuse, et elle aimerait s'amuser surtout depuis qu'elle a de nouvelles balles pour la blesser un peu plus. Le sourire aimable ( on pourrait y croire ) à côté de sa soeur, c'est qu'elle devient trop affectueuse. Sa joue vient se presser contre l'épaule de Rain, alors que son bras libre passe autour de son dos pour que sa main se glisse sur son autre épaule. Elle relève les yeux, innocente, vers le visage de la plus grande. C'est qu'on voudrait penser que ses intentions sont purs, qu'elle aimerait se rapprocher de son prétendu modèle.

Alors qu'elle aimerait juste la détruire, marcher dessus, et prendre sa place.

Le reste du groupe la regarde faire, sourire amusés car ils avaient déjà bien conscience que ce n'était que mauvaise image. Si on se trouvait proche de son cercle, il était facile pour Rael de dévoiler qu'elle ne portait pas Rain dans son coeur.

- Alors tu peux te détendre! Tu peux rester avec nous, mh? Tu as goûter aux petits fours? Atteeends-.. Tiens voilà ! Fais aaaaaah !

Et immédiatement, elle pose sa coupe de champagne, ne lâche toujours pas sa soeur et la garde prisonnière entre ses griffes. Rael attrape un petit four et comme pour les enfants, elle l'agite devant elle, mime l'avion jusque contre ses lèvres. Les problèmes d'alimentation de Rain encore inconnus de tous, elle était la seule à en prendre compte et ne savait que trop bien que la plus vieille tenait à mimer les perfections et qu'elle devait prendre sur elle.
Il n'y avait pas de problème à ce qu'elle se force à manger un bout alors.

Elle n'est pas dans son élément, Rain, et pourtant, elle a l'habitude des artifices, mais ce soir n'est pas un soir comme les autres et ceux qui sont présents ne se garde pas de le lui faire savoir. Les yeux baissés sur sa coupe, elle écoute sa sœur employer ce ton rabaissant qu'elle ne relève pas, car son envie n'est pas aux chamailleries puériles. Elle hoche doucement la tête et se décolle de celle qui cherchait bien trop son attention, à s'accrocher ainsi alors qu'elle ne pourrait même pas mettre de nom sur son visage. « Je vois... C'est un peu perturbant en vrai. » Répond-elle, hésitante, toujours aussi peu douée concernant les conversations forcées. Elle a pourtant la carrure parfaite d'une politicienne, mais ses compétences ne se placent que dans le travail, elle est du genre à être trop facilement honnête dans sa vie de tous les jours, ainsi elle préfère se taire.

Pour ne pas laisser aux loups le loisir de l'avaler.

Princesse prise d'une motivation que la plus vieille ne lui connaît pas, Rain sent son corps se tendre dès lors que Rael se permet de faire courir sa main sur son épaule, tel un poignard empoisonné prêt à lui trancher la jugulaire au moindre faux pas. La gorge de l'aînée se resserre, elle fait mine de ne pas se sentir gênée, et pourtant, son souffle devient irrégulier. Elle se raidit sous l'affection erronée de sa petite sœur, qu'elle sait habitée de desseins bien moins bienveillants. De toute évidence, Rael a décidé de jouer, même dans un lieu si bondé, en compagnie de gens dangereusement influents, elle fait tourner la roulette de son shérif et vient appuyer le canon sur la tempe de sa sœur qui sent l'angoisse la gagner instantanément. « Rael, arrête. » Lui souffle-t-elle, la mâchoire crispée. Le petit four approche ses lèvres, elle est tétanisée, incapable de réagir correctement, de réfléchir à une échappatoire. Le regard des animaux pèse sur elle. Comme une oie qu'on cherche à gaver, elle se sent piégée, car Rael ne se contentera pas d'agiter son canapé, elle compte le lui faire avaler. « Je n'ai pas faim, Rael, et cesse tes piètreries. » Grince-t-elle en détournant le visage. « Tu as tort Rain, ils sont délicieux. » Lui susurre-t-on comme une invitation à plonger. « Goûtes-en au moins un ! » Les encouragements s'enchaînent, elle se sent encerclée. « C'est gentil, mais non merci. » Elle tient bon, ne cède pas à la peur. Elle se dégage de l'emprise de Rael et respire à nouveau. « Papa m'a dit qu'il avait préparé une salle pour nous si on avait envie de se séparer des vieux, allons jeter un coup d'œil. » Et sans lui laisser le choix, elle empoigne son bras et la tire à sa suite, s'éloignant du groupe qui les observe partir, confus.

En effet, Rain pénètre dans une salle aménagée avec des canapés, une table, de quoi boire et manger. La nourriture la freine, elle resserre ses doigts sur le poignet de la cadette, mais ne recule pas, se retournant vivement avant de la lâcher sans douceur. « Je te préviens Rael, ce n'est ni l'endroit, ni le moment pour jouer les pestes. Je te conseille de ne pas t'amuser avec le feu, ton petit manège n'est marrant pour personne à part toi. Me foutre la paix un seul soir, c'est trop te demander ? » Menace-t-elle, sévèrement. L'air est lourd, elle décide de retirer ce masque qui lui obstrue la vue, l'abandonnant sur un des divans. Elle affiche une mine agacée, rongée par l'anxiété et le manque d'alimentation. « Pourquoi tu fais ça exactement ? »

Pourquoi me faire souffrir t'amuse tant ?

Malgré les violences passives de la plus jeune, malgré les tortures qu'elle prend tant plaisir à infliger, Rain semble assez forte pour s'en détacher et presque les fuir. Rael n'est pas quelqu'un qui peut comprendre tout ça. Rael n'a même pas envie de comprendre au final. Dans son monde où le rapport au chose est différent, elle trouve la plus vieille puérile et elle pourrait très bien la faire passer pour une enfant pourrie gâtée parce qu'elle refuse de croquer dans un maudit petit four. Dans une déception à peine cachée, elle observe sa soeur sous la surveillance du reste du groupe qui fait mine de ne pas être ennuyé par le comportement de Rain. Sûrement qu'ils pensaient tous qu'elle ruinait l'ambiance et c'était faire honte à Rael, chose qu'évidemment, elle détestait.

- Tu as déjà mangé avant de venir ? C'est papa qui a choisi tu pourrais faire un effort non? Pour une fois que tu p-..

Et la plus grande la coupe dans ses mots, Rain a le mérite de la faire taire avant que sa soeur ne parle trop. Il était mieux qu'elle ne laisse pas entendre que Rain était confiner durant ces périodes trop dangereuses.
Sans pouvoir refuser, sans même comprendre les motivations de la jeune femme, Rael est entraînée dans cette salle décorée spécialement pour elles. Maintenant, elles sont seules et il n'est plus utile de jouer à la reine quand on peut rester en toute confiance à porter la couronne de princesse des horreurs. C'est naturellement que son sourire se fane et que ses sourcils se froncent à mesure que sa soeur lui parle. Le masque relevé au niveau de ses cheveux, Rael croise les bras avant d'agiter sa main.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? C'est pas ma faute si tu fais la difficile devant mes amis ! C'est pas la mort si tu manges un truc mais tu veux jamais t'intégrer c'est saoulant.

Les reproches fusent comme si Rain était la coupable. Mais du point de vue de la plus jeune, c'était totalement le cas. Il aurait suffit qu'elle ne fasse pas son apparition est tout aurait été parfait.

Et si tu dois être détruite, ce sera de mes mains.

- Pourquoi t'es là ? Pourquoi ce soir hein ? Ca t'amuse de prendre ce que papa peut enfin m'offrir parce que tu joues pas à le suivre partout ? Tu devais rester enfermée je sais pas où pour éviter de mourir mais t'es encore là et ça me rend folle ! sous l'énervement et une frustration qui dure depuis trop longtemps, sa voix tremble dans une colère qui lui est propre. Le ton monte et les cris menacent de sortir à tout instant.

Princesses s’opposent du haut de ces tours qui portent leur ego et encaissent le choc de leur éternel combat. Donner à l’une, prendre à l’autre, car le partage dans cette fratrie n’existe pas. « Ce que papa a à t'offrir ? Bon sang, mais qu'est -ce qui va pas dans ton crâne Rael ? T'es vraiment pas nette. Cesse donc d'être aussi matérialiste, tu vivras mieux. Je ne te prends rien du tout, quand est-ce que tu comprendras que cette Guerre puérile est inutile ? Quand est-ce que tu grandiras ? Merde ! » Soupir des plus las, traverse les lippes de celle qui, fatiguée, n'a pas la force de se battre contre l'entêtement de sa sœur. « Si tu étais à ma place, tu comprendrais rapidement qui de toi ou moi est la plus chanceuse ici. » Car les attentent pèsent sur ses épaules, un fardeau que la cadette n'imagine pas, et encore, Rael a la chance d'avoir hérité d'un patrimoine génétique bien moins contraignant que le sien. « Tu ne cesses de voir en ma présence qu'une menace pour ton intégrité, mais dis-moi Rael, qu'est-ce qui te fais peur ? » Peur au point de vouloir me voir crouler sous les débris, ton sourire n'aura pas ma peau fillette, tu ne sais pas de quoi je suis capable pour concerver mon honneur et celui de la famille, intact. Une lueur brille dans le regard de Rain, lueur fugace d'invincibilité en échos à la rage qui bouillonne dans le cœur de sa sœur. « Papa et maman t'ont bien trop gâtée, Rael, tu ne pèses ni tes mots, ni tes actions, tu es une menace pour l'équilibre de cette famille. » Elle renvoie l'épée de la méchanceté, l'abat sur le crâne de la plus jeune, sans sentiments, désireuse elle aussi de la voir croupir sous son propre mépris.

Elles n'ont pas le temps de continuer leur discussion, les mondanités sont à nouveau préconisées tandis qu’elles se voient rejointes par ceux qu’elles avaient abandonnés plus tôt. Rain ne se détend pas, au contraire, car ici, entourés de ces abrutis, Rael a plus de pouvoir qu’elle. Elle tente tout de même de conserver son impassibilité, pour ne pas trahir sa panique. Le bras d’un garçon qu’elle sait d’une arrogance détestable vient trouver sa place autour des épaules de la brune qui lui adresse un regard peu ravi. « Rain, ta sœur t’embête ? C’est bien son genre. Aller, tirez pas cette tronche les filles, c’est la fête. » Il tente d’apaiser les tensions, mais Rain sait pertinemment qu’il est friand de ce genre de querelles. D’un geste trop confiant, il retire à son tour son masque et adresse un clin d’œil charmeur à la plus grande des Im, qui fronce les sourcils, mais ne répond rien. Tentative de séduction inutile, Rain ne s’entiche pas de ce genre de personne. « J’ai ramené de quoi tiser, pas du champagne, un truc plus… Explosif. » Finit-il par annoncer, générant une vague d’enthousiasme à laquelle Rain n’adhère pas. « Amusez-vous oui, je retourne auprès des autres, j’ai encore du monde à saluer. » Déclare la jeune femme en tentant de fuir le cercle. La main du garçon la retient dans son avancée, il l’attrape par le poignet et la tire à sa suite, jusqu’au canapé. « Certainement pas Rain, laisse un peu tomber ces conneries de vieux et reste avec nous, t’as vingt-cinq ans bordel, pas quarante-sept. » Décide-t-il en la forçant à s’asseoir près de lui. Prise en otage, incapable de se tirer de cette invitation sans froisser les egos, Rain se ravise. Coup d’œil rapide vers sa sœur, elle s’assure de lui faire comprendre qu’elle n’a pas intérêt à rendre les choses compliquées, tandis que les bras s’étendent et que les flashs circulent pour atterrir dans les verres en cristal.

Rael la détestait. Elle la détestait tellement à ne pas comprendre ce qu'elle pouvait ressentir. C'était injuste oui, mais la plus jeune ne voyait pas ça de cette manière, sinon ses colères n'auraient jamais existé. Dans une cruauté qu'elle a alimenté seule, elle ne comprenait pas pourquoi elle devait passer après quelqu'un qui n'était même pas la fille de son père. Ses sourcils se froncent au fur et à mesure que sa soeur lui répond des mauvaises vérités. Elle déteste quand elle la reprend. Elle déteste quand elle lui donne l'air qu'elle était celle qui n'avait pas sa place dans cette famille. Si Rain était d'une colère glaciale, Rael en était son parfait contraire et laisser sa voix portée trop fort.

- Tu es stupide ou tu fais genre de pas comprends ?! Tu m'as tout pris ! Il t'a tout donné parce que tu lui faisais pitié ! C'est comme donné une pièce à un clochard, t'es pas mieux. elle souffle dans une méchanceté totalement gratuite. Si Rain n'existait pas, si elle avait été laissé là où elle était, si leurs parents avaient attendu encore un peu, Rael aurait vu la vie qu'elle méritait, la vie qu'elle voulait. - Qu'est-ce que tu racontes ? De quoi j'aurais peur ? De toi ? Te fous pas de moi Rain ! S'ils devaient choisir, tu dégagerais vite d'ici. car son seul moyen de se rassurer était son lien de sang, rien de plus. Son coeur battait à toute allure d'une colère qui ne parvenait pas à se calmer ( c'est douloureux ).

Mais Rael n'a pas le temps de l'incendier d'avantage, de lui faire ravaler ses mots que ceux qui dérangent arrive. Elle se stoppe avant même de parler mais les fixe avec des yeux assassins. Loin des grandes personnes, il n'y a besoin que d'une hypocrisie superficielle et on peut laisser faire apparaître quelques mauvais côtés dans cette amitié malsaine. Et quand le plus insupportable défend la plus grande, ça n'arrange en rien les humeurs de la demoiselle.

- C'était déjà la fête avant que tu viennes je t'assure. elle souffle sans gentillesse au jeune homme.
- Oh allez Rael ! L'écoute pas ! On est venues ici parce que les vieux étaient trop chiants.. l'une des filles du groupe souffle dans une moue faussement innocente mais il était facile pour Rael de deviner qu'ils avaient compris les tensions créées plus tôt par les deux soeurs.

Rael debout, regarde la scène. Elle ne peut s'empêcher de froncer les sourcils quand il attrape Rain par le poignet pour la forcer à s'asseoir. Ce sentiment d'empathie la dégoûte et elle préfère l'écraser par de nouvelles cruautés. Alors le sourire vient adoucir son visage et la voix douce perle sur sa langue de vipère.

- Allez Rain ! Histoire de te détendre, si Papa te voit aussi énervée il va s'inquiéter...

Rain, elle n'aime pas entendre ces mots qui sortent de la bouche de sa sœur, ceux qui lui disent qu'elle n'a pas sa place dans cette famille, qu'elle n'est que pièce rapportée d'un schéma qui se voulait déjà parfait. Ô, s'il suffisait de lui tendre les dossiers, de lui céder son fauteuil et de lui offrir cette vie qu'est la sienne en échange d'un peu de paix, sans doute l'aurait-elle déjà fait, mais Rael est une fille dont la vanité est impossible à satisfaire. Demander, prendre, se désintéresser, toujours courir après ce que les autres ont, sans jamais se contenter de ce qu'elle possède, Rael réclame sans cesse, et Rain, elle n'aura jamais fini de la haïr. Les liens du sang ne sont qu'une excuse dégoûtante que la plus jeune s'amuse à agiter devant le nez de son aînée, espérant la faire abdiquer d'un trône qui ne vaut pas tant la peine. Au fond, les deux sœurs se ressemblent, et sans doute seraient-elles perdues si l'une d'elles venait à manquer. Leur bataille est coupée courte, les paroles sont ravalées, les épaules se redressent et les visages redeviennent ces masques de royauté intarissable.

Assise bien malgré elle, le verre lui est tendu et elle n'a de choix que d'accepter l'offrande, se trouvant bien embarrassée. Elle sent sur elle les yeux de sa sœur, brûlants sa peau de ces orbites malveillantes. Serpent siffle ses idées dans un désir de toujours plus la titiller, et elle ne peut que refouler les sentiments qui la prennent au cœur, comme bien trop souvent. Les rires éclatent sous les conversations échangées, les langues sont bien trop détendues, et elle n'est pas habituée à se laisser si simplement aller, car dans un cadre pareil, elle s'est toujours caché derrière des barrières, barrières qu'ils semblent tous vouloir voir céder. Le Garçon la colle bien trop, il se permet certaines familiarités qui la rendent mal à l'aise, mais elle garde le visage impassible, bras et jambes croisées. « Tu fais jamais rien d'fun Rain. Qu'est-ce qui retient là exactement ? Halloween, c'est fait pour se murger et s'amuser, pas pour passer des accords bidon ou faire preuve de je ne sait quelles mondanités. T'es pas à l'assemblée là, t'es chez toi, avec tes potes, alors cesse un peu avec tes airs pincés et retire moi ce balai de ton cul. » Lui adresse-t-il de la manière la moins délicate possible. Dans des circonstances moins importantes, c'est d'une gifle qu'elle lui aurait répondu, mais elle se contente de lui envoyer un regard noir rempli d'une fureur qui ne fait qu'amuser un peu plus le jeune homme. « Je suis capable de me détendre autant que vous si je le veux, merci. » Répond-elle froidement, instaurant une fois de plus des limites qu'il n'aura pas de mal à franchir. D'une main dangereuse, il se saisit du verre qu'elle n'a pas touché pour le lui placer devant les lèvres. « Prouve-le. » Répond-il avec ce sourire malveillant, le même que celui de Rael. Rain tourne les yeux vers sa sœur, cherche à savoir si la plus jeune a parlé de ses problèmes alimentaires, si elle est à l'origine de cette mise en scène désagréable. « Pourquoi je devrais te prouver quoi que ce soit ? » Répond-elle, la voix tremblante. « Mh, c'est bien ce que je pensais, t'as un putain de balais dans le cul ma vieille. » Il abandonne, retire le verre, mais elle le retient avant qu'il ne puisse reposer le contenant. Ego piqué ou sentiment de ras-le-bol, elle s'emparre du verre et avale le contenu d'une traite avant de l'attraper par le col pour lui rouler la pelle de sa vie, sous les yeux ébahis du reste de la troupe, abasourdie. Elle le repousse juste après, essuie ses lèvres du revers de sa manche avant de se lever pour s'approcher de Rael et lui prendre son verre des mains, qu'elle avale également. « J'espère que ça te satisfait aussi, petite sœur. »

Elle pourrait s'en vouloir Rael, si ce n'était pas l'une de ses seules armes pour l'achever un bon coup. Il y avait bien des choses qu'elle savait, bien des faiblesses qu'elle pouvait gratter afin de briser un peu plus la figure si droite qu'incarnait sa soeur. Mais le couteau sous la gorge, impensable qu'elle puisse criait sur tous les toits que Rain n'avait rien à faire ici parce qu'elle voyait gris. Ses mots seront alors simplement pour elle.

Pour une fois, Rael n'était pas à l'origine des insistances d'un bouffon, elle n'en était que simple spectatrice et même ce statut ne lui plaisait pas, voire la dérangeait complètement. Elle a l'envie de lui dire de dégager à ce porc, que ce n'était pas ses affaires. Ce n'était pas par gentillesse mais les malaises de sa soeur n'était généralement réservée qu'à elle. Une mauvaise jalousie incohérente qu'elle ne cherche pas elle-même à comprendre de toutes manières. Les sourcils se froncent dans un agacement de ne pas être sur celle qu'on pose les yeux en plus de ça. La demoiselle finit par contourner la table basse où était reposée l'alcool et quelques amuse-gueules afin de s'asseoir sur un fauteuil. Ses jambes se croisent l'une sur l'autre et le bout de ses ongles tapotent de manière trop régulière sur un accoudoir. Son attention, une fois faussement lassée de Rain, se reporte sur le garçon qui jouait sur les insolences. Les conversations fusent à droite à gauche entre le groupe, mais son oreille traîne seulement sur ce qui se passe avec la plus grande.

- Ca fait des années ou quoi que tu t'es pas assis à côté d'une fille toi ? On dirait un chien. elle laisse échapper le ton tranchant avant de rouler des yeux.

Et tout se passe vite, Rain semble finir par craquer, avale le verre d'alcool d'une traite. Ca pourrait satisfaire sa petite soeur, jusqu'à ce qu'elle ne vole un baiser à l'un de ses amis. Ses sourcils se froncent et son dos reprend une posture droite sans qu'elle ne se lève pour autant. Le groupe est pris d'un silence imposé par les actions de celle qui était sensée être la plus sage. Les murmures se font, des coups d'oeil qui passe de Rael à Rain et celui qui avait reçu les lèvres de sa soeur ne semblait pas s'en remettre. Elle n'eut pas le temps de demander ce qu'elle faisait que la voilà à lui voler son verre à essayer de prouver des choses. Le rire est jaune et mauvais quand il sort d'entre les lèvres de la demoiselle. Naturellement, elle se lève pour être au niveau de la brune, le sourire redessinant enfin ses lèvres.

- C'est à moi de te dire d'agir correctement maintenant ? Au moins t'as fait un heureux il va le crier sur tous les toits. elle s'en foutait un peu du geste. C'était surtout entendre le nom de sa soeur de la bouche d'un gars aussi chiant qui semblait insupportable.

Ses doigts, comme des lames de rasoir, remontent le long des bras de Rain, passent sur ses épaules et elle dirige de sorte à ce que sa soeur soit dos au fauteuil afin de l'asseoir de force à sa place. Personne n'osait parler, de peur d'énerver l'une des deux. Ils n'étaient pas au courant des véritables maux de cette famille, mais il était simple de deviner qu'il était toujours probable que ça explose à chaque instant.
Distraitement, elle attrape un petit-four, retente une deuxième fois en se tournant vers Rain.

- Mais Rain.. T'as pas un peu trop bu là ? Fais attention, mange un peu pour éponger mh ? le ton est faussement inquiet quand sa main qui tenait la nourriture infecte pour l'une se pointait devant ses lèvres, les frôlant presque. - T'as rien mangé ce soir. Tu devrais faire gaffe alors tiens.

D'un ego jamais satisfait, Rael fait valser les cruautés comme la plus simple des mélodies, sans jamais se sentir rassasié, car sa sœur aura beau se plier à ses exigences, princesse trouvera toujours le moyen de courir après des sentiments mauvais. D'un œil à s'assombrir, lorsque les offrandes prennent des airs de péché, elle se sent si nauséeuse, et pourtant, son ventre crie famine, paroxysme qui la pousse au bord des précipices. Qu'elle pourrait fondre en larmes, si la vie ne l'avait pas forgée ainsi, celle qui se pare de silence et qui ferme son cœur à chaque fois que les situations deviennent difficiles. Ses prunelles maudites plongent dans celles du démon, et elle se sent tomber dans les abysses de son monde, prisonnière de ce monstre. You're disgusting. Et pourtant, elle ouvre la bouche, la laisse lui glisser le canapé entre ses lèvres, sans rompre le contact visuel.

Et l'ombre grandit, menaçante,
elle rit dans son dos, avant de fondre sur elle.

La mâchoire s'active, elle mâche, avale, ouvre à nouveau la bouche pour lui prouver qu'elle n'a pas triché. Derrière, les chuchotements deviennent parasites, Rain sent les sifflements envahir sa tête, elle est prise d'un besoin de hurler et de tout dévorer. À défaut de pouvoir paraître hystérique, elle opte pour la deuxième option, attrape deux autres petits-fours qu'elle gobe sans attendre avant de se tourner à nouveau vers les spectateurs. Celui qui paraît trop heureux d'avoir reçu la bénédiction de ses lèvres lui offre un regard étonné lorsqu'elle vient lui tendre son verre, réclamant encore de l'alcool. « Resserre-moi et après sortez de là. » Ordonne-t-elle, sévère. Il hésite, lance un regard à la cadette en se grattant le menton. Il finit par soupirer sous l'insistance du regard de Rain, se penche et vient remplir son verre. Il se lève ensuite, comme s'il avait compris qu'il ne valait mieux pas qu'il soit témoin de la suite. Tandis que le reste proteste, il est pris de ce besoin héroïque d'être celui qui respectera les envies de l'aînée des Im, comme si cela lui garantissait une place dans ses draps, plus tard. Rain les observe sortir un à un, elle sourit au garçon lorsque celui-ci se retourne une dernière fois, ce sourire qui veut dire « on se voit tout à l'heure » et qui lui procurera probablement un sentiment de victoire. Elle avale le contenu de son verre, une main sur la hanche, attendant que la silhouette du jeune homme disparaisse avant de se tourner à nouveau vers Rael. « Regarde-toi, si fière d'être la pire personne sur Terre. » Crache-t-elle en se sentant soudainement pousser des ailes. « Si tu veux tant me voir manger, je t'offre ce spectacle en direct, ce soir. » Elle rit, se rapproche et attrape le premier aliment qu'elle trouve à avaler. Jeu dangereux, que la plus jeune s'est risqué à instaurer, Rain n'écoute plus rien, elle va et vient, se gave, ouvre une bouteille de champagne qu'elle se met à boire sans retenue, tournant autour de celle qui ne peut plus rien pour elle.

tw: propos grossophobes


Et la princesse se retrouve dégoûtée par la scène qui se passe sous ses yeux. Répugnée par les regards qu'ils se lancent, à faire espérer des choses à un bouffon, à se rabaisser à ça. Ca devrait la satisfaire ! Les émotions complexes et malsaines préfèrent à la fois être seule spectatrice de ces désastres, et en même temps, elle aimerait montrer au monde qu'elle n'avait rien de parfaite comme on aimait tant le croire. Le regard mauvais est lancé aux autres invités quand ils quittent la pièce, c'est sans un mot qu'elle leur accorde parce que les punitions seront données plus tard, là où l'hypocrisie les étrangle. Si quelques mauvais mots commençaient à courir un peu partout, elle avait déjà des coupables à écraser. Parce que malgré une discorde évidente, on s'efforce à garder le port de tête princier et les mains jointes contre le corps, le dos droit.

Maintenant seules dans ce cauchemars, Rael la regarde sans affection à se tuer comme ça et pourtant aucun sourire sur son visage parce que la satisfaction va au delà des joies idiotes. Il y a ce mélange malsain qui se forme dans l'estomac à vouloir lui faire arrondir le dos un peu plus. Les mots tranchants sont lancés directement par la plus vieille et l'affecte sans la faire réagir par habitude. A la place, une moue vient donner des airs faussement inquiets à son visage. Elle la suit du regard et ne quittera jamais sa silhouette un instant.

- Au moins je ne suis pas celle qui mange comme un porc, ou une truite à voir. elle souffle, d'un air consterné. - Regarde-toi, tu vas bientôt rouler à ce stade..

Et sans délicatesse, sans considération aucune pour le mal-être de sa soeur, Rael du bout de son index, appuya légèrement sur le ventre de Rain, comme pour accentuer ses propos. Aidant à développer les visions déformés en face des miroirs, elle agissait comme un véritable poison, donnant envie de vomir, recracher toute cette crasse qu'elle envoyait sans mal.

- Qu'est-ce qu'elle va dire Maman mh ? A te voir toute gonflée comme ça. figure maternelle qui faisait toujours attention aux apparences. Qui, malgré ses bonnes intentions, n'arrangeait rien du tout parce que trop à cheval sur les courbes du corps de ses filles.

Elle aurait pu lui lancer d'autres horreurs,
elle aurait pu l'étrangler là maintenant,
qu'elle serait enfin la seule à avoir ce visage de princesse.
Mais on toqua à la porte, interrompt les supplices.

- Mesdemoiselles ? Votre père vous attend, c'est bientôt l'heure. souffle un des serveurs, pensant qu'elles étaient parfaitement au courant des cauchemars.

Reflet déformé, miroirs brisés, elle en cultive les dysmorphies sans pudeur, d'une aigreur destructrice, assassine, car l'empathie n'existe pas dans le cœur de celle qui ne sait que haïr dans des besoins de reconnaissance. Gamine loin d'avoir été négligée, et c'est peut-être ça leur problème, aux Im, on leur a offert le monde sans penser qu'elles iraient chercher des problèmes quand même. Rain rigole, la bouche pleine, les lèvres couvertes de miettes tandis que sa sœur ne lui adresse que des immondices plus viles encore que d'habitude, des propos qui feraient fuir n'importe qui, à se révéler de la manière la plus malsaine à celle qui en est devenue principale victime.

Cesseras-tu de médire
lorsque ma tête sera sur un pique?

Et sur les joues de Rain, les perles roulent, d'une colère cristalline, soupçon de grâce au milieu d'un désastre. Elle tremble, gamine, a envie de lui sauter dessus, un couteau à la main afin de découper cette bouche qui la fait tant souffrir. Et les psychologies continues d'être détruite, dans un mépris dégoûtant qu'elle lui glisse, jusqu'à mentionner maman. Maman... Dans son désir de vouloir les parfaire ses princesses, en est venue à faire germer les désiquillibre en premier. Rain se rapproche de sa sœur, bouteille à la main, elle vient soulever le menton de la plus jeune du bout de ses doigts.  « You're so fucking perfect, aren't you ? » Lui glisse-t-elle en venant caresser sa chevelure d'une tendresse hypocrite. Le regard de l'aîné est bien moins sage, et dans leur différence génétique, elles en viennent à se ressembler. Même lueur de folie qui brille dans le fond de leurs prunelles, Rain a juste appris à mieux la cacher, Rael n'est qu'une gamine dans un corps de jeune femme à qui on a laissé trop de pouvoir. « Comment tu te sens, quand tu te regardes le matin ? J'aimerais tant être jolie comme toi... » Et d'une poigne sèche, elle lui empoigne la chevelure, la tire en arrière, d'une violence qu'on ne lui connaît pas souvent. « Salope. »

- Mesdemoiselles ? Votre père vous attend, c'est bientôt l'heure. Coupée dans son élan, elle en lâche immédiatement le cuir chevelu de sa sœur, laisse tomber la bouteille de ses mains qui se brise dans un bruit strident. « Putain ! Venez nettoyer ! » Ordonne-t-elle agressivement à celui qui était simplement venu les prévenir. « Et qu'est-ce que vous racontez ? Qu'est-ce qui va commencer ? » Le ton de Rain est bien moins patient, l'homme entre, la tête rentrée dans les épaules, démunie face à la colère de sa supérieure. « La cage a été installée... » Ses yeux se tournent à nouveau vers ceux de sa cadette. La cage ? Elle en perd sa rage, les deux sœurs échangent un regard dubitatif, puis la plus grande décide de s'avancer en premier, comme à chaque fois que les initiations doivent être prises. Son pied butte sur la bouteille, elle trébuche, chute, un morceau de verre entaille sa paume. Elle ne dit rien, pas même quand le serveur se précipite pour l'aider à se relever. « Mademoiselle Im ! Vous êtes blessée ! » Elle se retire de son emprise, siffle entre ses dents avant de se précipiter hors de la pièce.

Quand elle s’approche ce sont les mauvais souvenirs qui viennent avec. Elle est toute droite, la princesse des horreurs mais encore une enfant. La gifle bien en mauvais souvenir quand la plus âgée avait laissé parler un peu de frustration  suite à ses acharnements. Elle cache trop facilement les craintes et ne prend pas compte des perles qui roulent sur les joues du visage qui se trouve en face d’elle. A la place, ce sont ses doigts contre son menton qui la font frissonner d’un dégoût tout naturel qu’elle éprouve pour Rain. Ses sourcils se froncent dans une insatisfaction dont elle fait souvent preuve, accentuant la rage qui rend ses yeux trop vivants. ( you're so fucking perfect, aren't you ? ) C’est parce qu’elle avait été élevée comme ça, et à être trop couvée, à se penser surpuissante, on en arrive à cracher sur les autres. Et quand ce mal arrive si profond des entrailles, on vient tuer de son venin les figures trop proches de soi, s’attaquant à ceux avec qui on a passé notre vie. Dans ses cheveux trop lisse, ses doigts prennent des allures de serpent et elle pourrait presque avoir peur, Rael, de suffoquer si elle continuait son jeu.

Mais à la place, elle pouffe de rire. Les prémices de sa joie sont cruels, à se moquer du monde qui l'entoure et surtout de Rain. L'insulte sonne comme une menace et déclenche les colères immédiates de la cadette. Le sourire est mauvais mais embellit ce visage de poupée, on pourrait avoir peur qu'il n'y ait plus une once d'humanité à regarder l'être qu'on maudit tant. Les serpents serrent trop fort et elle est obligée de courber le dos. D'une douleur traduite par ses plaintes, ses doigts s'agrippent à ses bras, y plantant ses ongles sans douceur.

- J'vais te tuer. c'était dit comme une promesse. Les tons ne sont plus doux, n'ont rien d'agréable.

Parce qu'elle pourrait l'étrangler, attendre son dernier souffle et danser sur son corps. Elle pourrait s'écharner à la rendre méconnaissable tant sa haine n'avait plus vraiment de limite. Mais l'inconnue met un termes sans vouloir le savoir à ce qui aurait pu être une chute libre. C'est presque un reflex et immédiatement, le port de tête est de nouveau princier quand elle fait mine de se recoiffer et le regard et médisant, quand Rain se fait remarquer par sa maladresse.

- La cage ? et pour une fois, elle est toute autant innocente que sa soeur. Prête à sortir, Rael ne s'embête pas à aider dans cette chute qu'elle trouve misérable, et quand Maman verrait l'état de l'aîné, elle ne fera qu'apprécier la déception silencieuse. Elle ne mit pas quelques secondes de plus pour la suivre, quittant la pièce d'une discorde maintenant fantôme pour rejoindre ceux qui les demandaient. Les sourires se forment sur ses lèvres quand elle remarque les silhouettes de ses parents. - Papa ! Qu'est-ce qu'il se passe ? et naturellement, dans une frustration invisible, elle va s'asseoir du côté de sa mère, sans comprendre.

Une énième querelle, qui sera si simplement oublié dans la tête de la cadette, si profondément ancrée dans le cœur de son ainée. Et c'est une plaie qui ne se referme jamais, un bandage arraché avant que la coupure ne soit refermée. À lui donner des airs toujours plus grandioses, quant au fond elle n'est que gamine persécutée, Rain a les réflexes d'une enfant complexée dans le corps d'une jeune femme aux épaules trop droites. Elle jongle, princesse, entre des états compliqués, incapable de trouver le soutient qu'il lui faudrait, incapable d'accepter ses faiblesses, à préférer couler sous le venin d'une vipère, plutôt que d'appeler à l'aide.

Carmin goutte sur le sol trop brillant, sillage macabre qui se trace dans son avancée. Et déjà, Rain a remis sa couronne sur sa tête, mais la démarche est bancale, on devine trop facilement la supercherie. Accompagnée de son démon attitré, elle circule entre les silhouettes masquées des invités qui s'écartent, mais sont trop excités pour l'analyser. Elles rejoignent leurs parents qui leur tendent les bras dans une attitude bien cérémoniale, un des oncles vient faire tinter son verre, on commence à se rassembler autour de la dite cage, dressée au centre de la pièce. Rain alterne son regard entre ses parents et le monstre de fer, légèrement inquiète. La pièce tourne, elle ne voit pas bien, luminosité trop faible, à en être effrayée, car elle n'aime pas le noir. Les discours entamés, on annonce le clou de la soirée, offrande faite aux fidèles, preuve d'une union puissante et indestructible. Rain ne comprend rien, elle lance des regards à Rael, à sa mère, qui l'observe de cet œil suspicieux. « Qu'est-ce qui se passe ? » Souffle-t-elle à son père qui vient alors poser sa main sur son épaule, pour lui prier de se taire, et d'observer. Qu'elle déteste ce geste qu'elle reproduit pourtant trop souvent, ce geste qui leur sert à asseoir leur dominance et à faire peser le poids de leur importance.

Rain serre sa paume blessée, elle vacille, mais reste en place, immobilisée par la force de son père. La famille est aux premières loges, Rael et leur mère assises derrière, Rain et leur père, debout, face à cette macabre mise en scène. On annonce les noms des premiers participants, il ne faut pas longtemps à Rain pour comprendre ce qui va se dérouler, là, devant leurs yeux privilégiés « Papa. » Le plus vieux lui accorde enfin son attention, il sourit fièrement, tandis que deux jeunes hommes, d'allure peu recommandable pénètrent dans l'enceinte de l'arène. « Ta présence ici ce soir n'a rien d'anodin, Rain. Mes filles ce soir, nous allons vous introduire à la puissance de notre famille. » L'ainée a les yeux rivés sur ce qui leur est présenté: un homme vient de déposer un sac rempli sur une table disposée en dehors de la cage. Il se met à fouiller dedans, tandis que les deux adversaires attendent, tendus, à l'affût. L'homme ressort un sachet que Rain reconnaît sans grand mal, il le lance au milieu de l'arène histoire de cultiver leur esprit de compétition. Une main vient attraper le poignet de la première fille, elle se retourne vivement, croise le regard de sa mère qui s'est levée, le visage grave, les sourcils froncés. « Rain ? Tu saignes ? » Demoiselle se libère, elle ramène sa main contre elle, n'a pas le temps de répondre qu'on sonne le gong. L'esprit embrumé, elle se concentre à nouveau sur ce qui se passe au milieu, ces corps poussés par un instinct bestial à s'entre-tuer.  

Si les disputes sont enfantines pour la plus jeune, c’est bien parce qu’elle a ce confort de toujours tenir sur ses jambes qui ne tremblent pas. Elle se ravit même après ces crises d’avoir le port de tête parfait et de ne pas paraître aussi pathétique que pouvait être sa soeur. Alors Rael en quittant la pièce, prend quand même soin de sembler plus noble que celle devant elle. Même s’il s’agit d’un détail qui échappe aux restes,des figures présentes car trop impatientes de ce qui se passera, c’est quelque chose qui la satisfait elle jusqu’à arriver auprès de leur parent, là où elle reprend sa place au côté de sa mère et que son sourire se fane à peine.
A devoir retourner à un rôle qui ne lui plaît guère,
qui nourrit les envies mauvaises.

La présence de la cage lui fait froncer les sourcils et la jeune femme laisse à Rain le soin de poser les questions. Les regards sont rendus à sa soeur dans une incompréhension réciproque. Elle se souvenait des grands événements de ce genre de fête, où on l'invitait à aller s’amuser ailleurs avec ceux de son âge, à préférer se noyer dans une jeunesse pourrie que devant un spectacle macabre. La demoiselle a à peine le temps de tourner le haut de son corps en direction de sa mère, qu’en croisant son regard la plus vieille lui intime de ne pas parler, index contre les lèvres comme avec les enfants trop bruyants. On aimerait juste qu’elles comprennent, qu’elles soient d’accord avec ce qui se passe sous leurs yeux et qu’elles aient cette même espèce de fierté au fond de leur coeur. Mais l’arrivée des deux hommes ne lui donnent rien de rassurant, rien à quoi s’accrocher.
Le sac est lancé et quand le sachet est source d’un cadeau des dieux pour ces deux bêtes, il ne faut pas si longtemps à Rael pour comprendre ce qui se passe. Ses yeux s’écarquillent dans un dégoût et un ennui profond.Elle ne voit pas quel plaisir ils éprouvent à les observer. Ceux qui voyaient le monde fade n’était pas son problème et elle les ignorait au même titre que le reste du monde qui n’était pas à son niveau.

- Papa c’est q-..

Coupée par les inquiétudes de sa mère qui brusque un cadre qui se veut parfait, son regard passe de Rain à leur génitrice quand elle a remarqué les couleurs carmines qui longeaient sa main. L’angoisse au ventre, dans une peur égoïste, elle ne voulait pas que leur dispute se fasse entendre, et sûrement pas au milieu de ce qui se passait actuellement. D’une délicatesse hypocrite, ses doigts glissent sur le bras de sa mère comme pour la calmer et lui intimer de ne pas chercher plus loin.


- Quelqu’un du personnel a fait tomber un vase, elle a voulu aider. elle murmure, voulant revenir sur les horreurs sous leurs yeux.

A se foncer dessus, quand elle pose les yeux sur eux, Rael avait du mal à voir autre chose que deux animaux. Le sol de la cage était déjà peint de quelques constellations rougeâtre. La demoiselle avait du mal à supporter ce spectacle, ne voulait pas comprendre de quoi il s’agissait de peur de voir sa couronne tomber.

- Mais vous allez pas bien ?! T’es complètement fou papa ! et ses émotions explosives prennent le dessus quand elle se lève subitement de sa chaise même si elle est retenue sans douceur par la main de sa mère qui s’accroche trop fort à son bras dans l’espoir de la faire taire, car elle dérangeait déjà le spectacle et quelques regards se portaient sur la famille sacrée