L’alcool passât sur sa langue puis dans sa gorge comme un fouet de feu l’obligeant à fermer les yeux un instant en se secouant légèrement la tête dans un râle. Il restait là, le bras tendu vers elle, elle qui l’observait comme la pire des vermines et dont il sentait le courroux posé sur sa nuque. Elle qu’il avait envie de balancer nue sur l’une de ces banquettes sans plus de ménagement. Essayant de se prouver quelque chose à lui-même, au clan, à elle, au monde entier certainement, bien qu’il n’ait absolument pas le droit de parler de tous ce qui se passait dans cet endroit. Tous ce qui arrivait entre eux deux devaient rester leur strict secret ou ils devraient en affronter les conséquences, et Akihiro sentait bien qu’elles seraient bien pires pour lui que pour elle.
L’énervement de la demoiselle le fit sortir de ses gonds et sans considérer son geste, il balançât le verre en direction de la porte, le laissant s’écraser sur le mur, le liquide venant faire une marque sur le recouvrement sombre dont il ne pouvait pas distinguer les couleurs. Le verre avait frôlé de près le visage de la Fujiwara et Akihiro ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il aurait dû lui lancer à la figure plutôt que de l’éviter délibérément.
« TU PEUX PAS ARRETER DEUX SECONDES TON CIRQUE ! » lui gueulât-il à la figure en se retournant vers elle le souffle court.
Son regard sombre se posa sur la jeune femme qu’il désirait autant qu’il la méprisait pour tous ce qu’elle réveillait en lui. Leur relation n’était pas des plus simples depuis le début, certainement du à leur proximité en âge ou bien à la hiérarchie induite par leurs positions respectives, Akihiro s’était toujours senti inférieur, mal éduqué et absolument pas la personne qu’il faudrait pour quelqu’un comme Aria. Et pourtant leurs chemins n’avaient jamais vraiment arrêté de se croiser.
Pour le meilleur ou pour le pire, le yakuza savait que quoi qu’il fasse, il ne pourrait l’éviter bien longtemps. L’état dans lequel elle était aujourd’hui l’inquiétait autant qu’il lui rappelait à quel point il n’était rien pour elle, un être simplement remplaçable. L’idée même qu’elle se tape le premier mec croisé dans le bar le dégoutait, l’idée même qu’elle pouvait se laisser aller contre quelqu’un comme elle venait de le faire avec lui, le rendait fou. Une folie qui le faisait courir à sa perte.
S’avançât d’un pas vers Aria après un court temps de réflexion il lui empoignât le bras et la tira à lui, se retrouvant à quelques centimètres de son visage à nouveau. De sa main libre il lui attrapât la nuque pour qu’elle ne recule pas et il planta son regard dans le sien.
« Ecoute moi bien. Je suis pas encore ton clébard, et tu vas certainement pas te faire baiser par un de ces tocards ce soir. Tu m’entends ? » le ton du Satoshi était sans appel. Et sa question rhétorique sonnait comment un ordre au milieu de cette pièce sans fenêtres. Son regard emprunt de violence et de désire scrutait les iris sombres de la jeune femme.
« Si on nous surprend on va me découper en petit morceau, et toi t’en a peut-être rien à foutre mais moi je tiens à la vie. » Un léger sourire, presque imperceptible étirât les lèvres du garçon qui passa son pouce sur le cou de la jeune femme en une caresse presque tendre. Sa peau était douce, elle sentait bon, son visage, son corps, son attitude, tout en elle semblait destiner à un autre, et pourtant c’était sans ses mains elle avait atterri ce soir.
Une seconde passa, Akihiro approchât son visage, comme hypnotisé par les yeux de feu de la demoiselle, comme si toute cette rage en elle était un aimant, comme s’il se sentait capable d’alléger son fardeau en le partageant avec le sien.
« Et arrête de mal me parler Fujiwara, sinon le prochain verre tu te le prends ok … » comme murmuré contre les lèvres d’Aria, Akihiro laissa son nez jouer contre le sien, ses lèvres effleurant celles d’Aria tandis qu’il faisait remonter sa main de sa nuque à sa chevelure pour l’agripper, ultime geste pour la retenir et la garder avec lui, contre lui.

Le verre s’écrasa à quelques centimètres de son visage et elle sursauta mais plus à cause de la surprise que de la peur. Le visage de Aria se ferma et son regard se durcit tandis qu’elle ne détournait pas les yeux de Akihiro. Elle avait l’habitude qu’on lui gueule dessus mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle se laissait plus faire. « MON CIRQUE ? TU TE FOUS DE MA GUEULE SATOSHI. QUI M’EMMENE DANS UNE SALLE OU ON EST SEULS POUR ENSUITE ME JETER COMME UNE MERDE ??? » Aria n’était pas de ces femmes qu’on pouvait soumettre sans qu’elle ne dise ou fasse rien. Elle n’était pas le genre à se laisser faire. Être belle et se taire ne faisait pas partie de son vocabulaire et le jeune homme le savait. Ils se croisaient assez régulièrement pour qu’il ait une idée précise du comportement de la jeune femme.
La Fujiwara ne savait pas à quoi s’attendre de l’attitude de Akihiro. Elle avait envie de lui mais elle le détestait pour la mettre dans cet état. Il attisait son feu sans jamais se brûler ou même l'arrêter. Il soufflait le chaud et le froid avec elle et ça commençait sérieusement à l’énerver. Déjà qu’elle n’était pas patiente, il jouait avec ses nerfs et sa patience plus qu’il ne le devrait. Elle ouvrit la bouche pour lui rappeler son rang, mais fut coupée dans son élan par le jeune homme qui s’avança vers elle. Elle sentit une nouvelle fois sa main dans sa nuque et se maudit de voir l’effet qu’il pouvait avoir sur son corps quand la chair de poule apparut sur ses bras. Elle mordit dans sa lèvre et soutint son regard, pas prête à le baisser, pas devant lui. « Pas encore ? » murmura-t-elle, un sourire aux lèvres. « Tu prévois donc d’être un bon clébard ? Un clébard jaloux. » Aria n’avait pas raté le fait qu’il ne voulait pas qu’elle se laisse aller dans les bras d’un autre. Cela fit agrandir son sourire.
Elle ne le perdit pas lorsqu’il continua de lui parler, faisant frissonner son corps. « Je tiens à ta vie aussi ducon ! » lança-t-elle pour lui montrer que malgré tout, elle n’était pas une pétasse sans cœur comme il semblait vouloir le croire. Elle savait ce que leur relation, même une seule fois, pouvait impliquer pour lui. Aria serait épargnée, même si ce serait mal vu, mais Akihiro perdrait la vie et c’était bien la dernière chose qu’elle voulait. Que son jouet préféré meure parce qu’elle avait été inconsciente.
Une nouvelle fois, le sourire de Aria grandit et elle haussa les épaules, le laissant faire ce qu’il voulait d’elle. « Fais moi taire alors Satoshi… Ou crier ton nom jusqu’à m’en péter les cordes vocales. » Elle s’humidifia les lèvres, le bout de sa langue touchant celles du jeune homme tandis qu’elle reprenait la parole. « Tu t’es déjà foutu dans la merde… Alors assume et fais ce qu’on veut tous les deux… » Aria laissa un blanc pendant quelques secondes avant de reprendre. « Ou lâche moi que j’aille trouver quelqu’un capable de répondre à mes besoins… » Malgré ses mots, la jeune femme se rapprocha de lui, collant son corps au sien. Elle le voulait lui. C’était le seul qu’elle désirait à cet instant. « S’il te plait… » supplia-t-elle, laissant de côté sa fierté tout en gardant ses yeux emplis de désir pour cet homme dans les siens afin qu’il voit qu’elle ne jouait plus.