((ootd)) au plus noir de la nuit.
c'est bien là le terrain de jeu des âmes les moins fréquentables. lorsque les ombres grandissent, que le danger peut se dissimuler partout. lorsqu'il n'y a plus ni lumière ni soleil, lorsque les rues sont désertes. c'est bien là que les loups préfèrent sortir, tapis dans l'ombre, à la recherche de leurs proies. là que les yakuzas partent en quête de biches esseulées pour renflouer leurs caisses, avides de chair fraiche à échanger pour bon prix à des meutes alliées ; ou bien simplement à distribuer à toute personne qui les convoiterait pour quelques heures.

et ce soir c'est ce que l'hériter des fujiwara a envoyé ses hommes faire ; rechercher de nouvelles victimes à exploiter, sur ordre du patriarche. pour une fois que ce dernier lui confie une tâche, il n'a pas le choix que de la mener à bien, s'il veut lui prouver sa valeur et enfin faire taire ses foutus doutes à son sujet. c'est bien pour ça que les troupes ont été déployées aussitôt les consignes données, et elles sont claires ; une dizaines de filles, seules et sans proches parents présents sur le territoire, personne qui ne risquerait de les chercher. étrangères, de préférences. chinoises, coréennes, thaïlandaises...  même des européennes pourraient faire l'affaire pour ceux en quête d'exotisme. enquêtes menées par les meilleures équipes que le clan a pu déployer pour les sélectionner, et ce soir, c'est enfin le grand soir. 

installé dans son bureau au sommet du grand casino que possède sa famille, allen attend sa livraison du soir en vaquant à ses occupations, gérant sa paperasse, toute sorte de besogne qu'il est bien obligé de faire. et il trépigne, le jeune mafieux ; il a bien hâte de voir les frimousses de ses nouvelles recrues. surtout, il faut bien l'admettre, il a hâte de pouvoir signaler à son paternel qu'il a mené à bien la mission qui lui a été confiée. ainsi même s'il est assis, sa jambe agitée ne cesse de remuer ; et lorsqu'enfin les lourdes portes résonnent de quelques coups puis s'ouvrent, c'est d'un sourire satisfait et impatient qu'il relève ses yeux anthracites sur sa marchandise.

les filles entrent toutes les unes après les autres empoignées par ses hommes de main, yeux bandés, mains liées et airs terrifiés ; évidemment, elles sont toujours comme des brebis égarées au début. l'argent qu'elles arrivent à se faire ensuite a vite tendance à les calmer. allen se lève avec souplesse dans de grands gestes cérémonieux une fois ses filles placées les unes à côté des autres, et il se met à es détailler une par une, la mine satisfaite. "parfait, les gars. vous pouvez les emmener, vous avez bien bossé." il lance d'une voix sinistre, pleinement satisfait. mais alors que les hommes s'exécutent et poussent les demoiselles à sortir, l'attention du jeune chef est tout à coup attiré par une en particulier. "attendez." ils s'immobilisent tous immédiatement, demandent à leur boss s'il y a un problème ; et celui-ci s'approche de celle qui semble lui avoir tapé dans l'oeil. "celle-là, je la garde." il lance soudainement en l'attrapant par l'épaule pour la tirer vers lui avec une sorte de délicatesse ; et d'un doigt, il vient relever le bandeau disposé sur ses yeux pour voir sa jolie frimousse en entier, sourire carnassier aux lèvres. "emmenez les autres."

((ootd)) Tout ce que voulait Sanha, c’était de penser à autre chose. Il voulait se vider la tête, se distraire de ses sentiments naissant envers son colocataire. Ils ont toujours eu une relation très fusionnelle, mais l’autre soir, lui qui aime pourtant tellement son célibat et les libertés qu’il lui permet, s'est rendu compte qu’il pourrait se satisfaire pour le reste de sa vie de Minki seulement. Et ce n’est pas possible. Alors l’illustrateur refoule ses sentiments, met tout en œuvre pour les faire disparaître. C’est pour ça qu’il est sorti ce soir, il veut séduire, retrouver son attrait pour les histoires sans lendemain. Pour ça, il se rend dans un bar qu’il fréquente assez régulièrement, ne perd pas de temps pour commencer des jeux de regard avec quiconque lui plait un minimum. Jusqu’à cet homme qui s’avance vers lui, verre tendu. Exactement le genre d’attitude qui l’intéresse, en plus d’avoir un physique qui correspond parfaitement à ses goûts.

Le reste de la soirée est flou, Sanha se souvient avoir discuté, bu, il se rappelle avoir flirté. Il se souvient surtout avoir commencé à se sentir mal, comme pris de vertiges et la tête dans le brouillard. Était-il malade ? Il se revoit tituber jusqu’à la sortie du bar, essayant de déverrouiller son téléphone pour appeler son colocataire. Et puis plus rien, le trou noir. Lorsqu’il se réveille, le coréen n’a aucune idée de l’endroit où il se trouve. Quelque chose obstrue sa vue, et ses mains sont attachées dans son dos. Et il comprend. Il n’était pas malade, on l’a drogué et enlevé. Il parvient à demander des « On va où ? », des « Tu comptes me faire quoi ? » au milieu de quelques insultes, mais évidemment il n’obtient aucune réponse. Puis le véhicule s’arrête et on le tire hors de l'habitacle, traîné de force sans savoir où ils l’emmènent. Et c’est seulement à ce moment qu’il réalise qu’il n’est pas seul, entend des pleurs, des suppliques désespérées, et ça lui glace le sang. Tout ça ressemble de plus en plus à un grand trafic d’humains.

Tous sont poussés dans une pièce, et la voix de celui qui est de toute évidence à l’origine de tout ça s’élève dans la pièce. Sanha rêve de lui faire manger son poing, ce type les prend clairement pour de la marchandise. Il tire de toutes ses forces sur le bout de plastique qui entrave ses poignets, mais rien ne bouge, et juste avant qu’il n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, voilà qu’il se fait choisir, tirer hors du groupe. Comment ça, il le garde ? La lumière de la pièce lui brûle les yeux lorsque cette pourriture lui retire son bandeau, et dès que ses iris se sont adaptées à la luminosité, il le fusille du regard et et attend que les autres se fassent embarquer, puis que la porte se ferme derrière lui. Parfait, ils ne sont plus que tous les deux. D’un geste aussi vif que possible, Sanha envoie son genou en avant, visant l’entrejambe avec toute sa force. Mais les vertiges ne se sont pas calmés et il perd l’équilibre, sa rotule cogne simplement la cuisse de ce sale type avant qu’il ne s’effondre au sol, son corps encore bien trop endormi. « Libère moi. » Évidemment il n’est pas en position de force, sait très bien qu’il ne s’en sortira pas si facilement, surtout avec cette drogue dans son sang, celui là même qui coule de ses poignets jusqu’au bout de ses doigts. « Libère moi j’te dis ! Tu m’veux quoi même, hein ? »

((ootd)) Dans son esprit endoctriné depuis sa plus tendre enfance, il n'y a plus aucune notion de bien et de mal ; le seul mal est celui qui peut être causé à la famille. Le seul bien est celui du bénéfice que la famille peut tirer. Les affaires sont la vie, la prospérité, l'avenir du clan, et tout ça repose sur ses épaules. Il n'y a rien d'autre dans l'esprit du jeune yakuza, il n'y a jamais eu la place pour quoi que ce soit d'autre. Le reste du monde peut bien le traiter de monstre, d'homme sans coeur, de créature inhumaine ; il les laissera bien parler, ne se rend même plus compte à quel point ce qu'il fait est odieux. Il ne vaut mieux pas s'en préoccuper si l'on veut bien dormir la nuit, lorsque l'on est dans le milieu. Et puis, les trouillards et les lâches sont simplement remerciés d'une balle entre les yeux, alors il faut s'endurcir rapidement si l'on veut survivre. Encore plus si l'on est l'héritier.

Et en tant qu'héritier, il y a des tâches qui vous sont confiées et que vous êtes obligé d'effectuer, sans discuter, sans rechigner, sans contester. Est-ce que ça lui plait ? Peut-être. Peut-être pas. Il se pose pas la question Allen, de si il aime son job ou non ; tout ce qui lui plait, tout ce qui lui importe, c'est lire la fierté sur les traits de son paternel. Y a que ça qui compte pour lui. Alors s'il doit jouer au trafiquant ou au proxénète, il le fera. Peu importe à quel point ça noircit son âme. Il est déjà en enfer, de toute façon.

Cependant ça ne le dispense pas d'avoir du goût, des envies et des désir ; et lorsqu'il observe sa livraison du soir, l'une de ses filles lui tape directement dans l'oeil. Et puisqu'il est le chef - enfin, si on ne compte pas son paternel - il s'offre le droit d'en garder une pour lui. Il y en a bien assez pour aujourd'hui, de toute façon. S'empresse d'aller lui libérer la vue pour pouvoir observer son joli minois dans son intégralité, sans que son sourire mauvais ne quitte ses lippes. Et en plus elle a du caractère, ne semble même pas effrayée par lui, lui ordonne même de le libérer. Bien, elle n'a pas froid aux yeux, ça lui plait. Elle va même jusqu'à essayer de le frapper, mais échoue et s'effondre par terre après avoir seulement effleuré sa cuisse, ce qui le fait glousser d'un rire à glacer le sang de toute la ville. "Ah, pauvre petite brebis. Tu penses vraiment être dans la posture de me donner des ordres ?" Il interroge tandis qu'il s'accroupit pour la fixer droit dans les yeux. "A moins que tout ça ne soit qu'apparence. Comme on dit, les chiots qui aboient le plus sont ceux qui ne savent pas mordre." Et il se redresse sans même l'aider à quitter sa posture affalée au sol. Se met à lui tourner autour d'un pas lent, l'observe de haut, la toise même, sans que son foutu sourire ne quitte son visage. "J'allais te proposer une place près de moi, mais puisque tu ne sembles pas intéressée par ma personne, tu peux tout aussi bien repartir avec les autres. Et qui sait, tu iras dans l'unes des maisons closes du clan, ou bien d'une famille alliée, jusqu'à être vendue à des russes ou des serbes. Un avenir glorieux t'attend, tu vas voir le monde et rencontrer des hommes de tous les horizons, tu n'as pas hâte ?" Un nouveau rire empli de sarcasme sans qu'il ne cesse de lui tourner autour, parle en même temps qu'il enfile sa paire de gants en cuir. "Mais tu as quelques instants pour changer d'avis et accepter de plutôt rester à mes côtés. Tu as le choix bien sûr, je ne t'oblige à rien. Sans jamais lui offrir le choix de la liberté, bien sûr.  

((ootd)) Sanha ne comprend pas du tout ce qui se passe. Il est totalement perdu, désorienté, et la drogue évidente qu’ils ont utilisé sur lui continue de lui donner des vertiges et de brouiller assez son cerveau pour qu’il n’arrive pas vraiment à réfléchir correctement. Et puis ce n’est même pas comme s’il avait le temps de se poser pour analyser la situation, peu importe ce qui se trame ici, il doit agir dans l’urgence. Il ignore pourquoi ces gens l’ont kidnappé lui (et cette autre dizaine de victimes aussi). Et d'ailleurs, pourquoi lui ? Et pourquoi faire ? Si seulement le coréen avait ces réponses, il pourrait plus facilement réfléchir à comment échapper à tout ça, mais de toute évidence personne ici ne le mettra sur la moindre piste. Sanha n’est rien de plus qu’une marchandise, rien qu’un jouet que ce sale type semble vouloir comme un enfant roi qui ferait un caprice dans un magasin. Et ça l’enrage, au moins autant que ça fait naître de nouvelles questions. Évidemment, de tout le groupe c’est lui qui devait être choisi. Mais choisi pour faire quoi ? Rien de bon sans le moindre doute.

Et c’est bien pour ça que Sanha tente d’agir dès qu’ils ne sont plus que tous les deux, s’imagine le frapper assez fort de son genou pour le mettre hors d’état de nuire pendant au moins quelques secondes, juste assez pour pouvoir s’enfuir, que ce soit par la porte ou bien par la fenêtre. Et tant pis s’ils sont à un étage, s’il doit se briser les deux jambes en sautant. Mais il est encore loin d’être en pleine possession de ses capacités, très ralenti et déséquilibré par la drogue qui continue de l’assommer et qui le fait tomber sur cette moquette qu’il tâche très largement du sang qui coule de ses poignets attachés. « Ta gueule. J’suis pas un chiot et je sais mordre. » Il déteste déjà cet homme, déteste sa façon de le regarder de haut, de le voir comme une pauvre petite chose faible dont il peut disposer. Oh qu’il rêve d’envoyer un grand coup de poing dans ce sourire odieux, si seulement ce lâche avait le cran de le détacher. Mais non évidemment, malgré leur différence flagrante de morphologie et de force, il a besoin de le maintenir entravé pour avoir l’ascendant. Pitoyable. Et quand cette ordure commence son stupide monologue, Sanha fronce les sourcils, confus. Une maison close ? Être vendu à des hommes étrangers ? Ça n’a aucun sens. C’est les femmes qui sont victimes de ce genre de trafic normalement, il n’existe pas -à sa connaissance du moins- de mafia qui vend des hommes à d’autres hommes.

« Le choix hein ? » Il rit froidement, agacé par cette hypocrisie et parvient finalement à se redresser en position assise. Rien de tout ça n’a de sens, il ne comprend rien de ce qui se passe et il est censé choisir entre ce qui s’apparente à la peste ou le choléra. « Et c’est quoi ces choix même, hm ? C’est quoi une place près de toi ? Quoi, t’arrives tellement pas à baiser avec ta sale gueule qu’il te faut une pute attitrée ? Ma parole t’es encore plus pitoyable que ce que j’imaginais en fait, tu me ferais presque de la peine. » Le coréen sait qu’il n’est pas en position pour provoquer ainsi, mais il s’en fiche. Et puis si ce type perd son sang froid, il pourra peut-être lui échapper plus facilement. « Et du coup c’est ça ou quoi ? Me vendre à des étrangers ? Je t’appartiens pas, t’as aucun droit de me vendre. Mon choix c’est de me barrer d’ici. » Il le fusille du regard, tirant toujours sur ce plastique qui bloque ses mains dans son dos. « Alors tu vas être gentil et me libérer. Si t’es pas joli, aie au moins la décence d’être aimable. T’façon même si j’acceptais d’être ta pute -et ça arrivera pas qu’on s’le dise, j’arriverai même pas à bander avec toi. »

((ootd)) Elles sont toutes les mêmes au fond. De toutes celles qui sont passées dans ce bureau, Allen n'a pu discerner que deux types de profil différents : la brebis ou le chiot. La brebis correspond à celles qui sont terrifiées, qui pleurent et qui implorent la clémence, celles qu'il rassure par des paroles doucereuses, des intonations de voix aux airs de caresses, de promesses de sécurité et de prospérité. Les chiots, plutôt comme celle qui est en face de lui ce soir, celles qui provoquent et qui grognent à défaut de pouvoir mordre, qui essayent de se rendre impressionnantes, qui insultent ou crachent par terre, mais qui ne font que l'amuser au fond. parce que de sa position qu'il veut inatteignable, il sait qu'il n'a qu'un mot à dire pour en être débarrassé si elles l'ennuient trop ou posent trop de problèmes. Et celle-ci semble particulièrement motivée à lui casser les pieds visiblement. Ah, parfois il aimerait n'avoir affaire qu'aux brebis, elles sont bien plus faciles à convaincre. Mais il ne peut pas lutter contre ses goûts et ses préférences Allen, et malgré lui, il aime celles qui ont du répondant.

Il prend tout de même la peine d'exposer sa proposition à la demoiselle, en lui laissant le choix en Charybde et Scylla et sans jamais lui offrir la liberté évidemment. Maintenant qu'elle est ici, elle en sait déjà trop et il ne peut pas la laisser repartir, sa famille n'a toujours pas inventé de technologie capable d'effacer les souvenirs les plus dérangeants. Et c'est bien dommage, il se passerait bien de quelques personnes dans ses rangs, des gens à qui il voudrait bien rendre leur vie banale s'il n'y avait pas le risque qu'ils aillent tout raconter aux ennemis ou aux autorités. Comme cette fille, maintenant qu'elle a vu son visage, elle pourrait très bien aller en faire un portrait robot et le mettre dans une merde sans fin. Il n'a donc pas le choix que de la garder ou de la vendre. Et il l'écoute vociférer des insultes sans retenir de rire froid et glaçant, amusé qu'elle pense pouvoir toucher son égo en l'attaquant sur son physique. Mais ça ne fonctionne pas ; à vrai dire rien ne pourrait le toucher, hormis le fait de s'en prendre à ses sœurs. C'est son seul point faible, mais ça, personne ne le connait.  Et c'est un soupire exagérément las qui franchit ses lippes quand elle décide enfin de la boucler. "Ahlala, tu parles beaucoup trop, je me demande si je ne vais pas simplement te renvoyer avec les autres avant que tu..."

Mais il s'interrompt, lorsqu'une formulation en particulier le frappe ; elle vient de lui parler de ne pas pouvoir bander avec lui. Et ce terme spécifique le fait se poser tout un tas de questions en une fraction de seconde. Enfin, il sait que l'érection féminine existe, mais les filles n'utilisent pas ce terme pour parler de leur excitation en général. Alors laissant entrapercevoir le doute et l'incrédulité sur ses traits, il s'approche de nouveau d'elle et lui attrape les joues d'une poigne ferme pour la scruter attentivement. "Tu... T'es pas une fille ?" Alors là, il savait que l'incompétence de ses hommes pouvait friser les sommets, mais sur ce coup-là ils battent vraiment tous les records. Même si en vue de la tenue portée, il peut comprendre la confusuin ; après tout même lui s'est fait avoir.

((ootd)) Il y a encore beaucoup de questions et de zones d’ombres, trop de choses que Sanha ne sait pas ou ne comprend pas vis à vis de la situation dans laquelle il se trouve, ni même de qui peut bien être ce sale type qui est visiblement à la tête de cette organisation de kidnappings. Et d’un côté ça l’agace beaucoup d’être autant perdu, convaincu qu’il pourrait bien plus aisément reprendre le contrôle de la situation s’il en connaissait les tenants et les aboutissants, mais d’un autre côté ce n’est pas vraiment sa priorité. Il doit avant tout se sortir de là, car même s’il ne comprend rien à ce qui se passe, il sait que ce n’est rien de bon pour lui. Personne ne drogue puis ne kidnappe des gens pour ensuite leur offrir des vacances sur une île tropicale. Il va forcément lui arriver quelque chose de mal, et à défaut de savoir quoi, le coréen sait qu’il ne se laissera jamais faire. Quitte à mourir ce soir, autant le faire en luttant de toutes ses forces jusqu’au bout. Mais de toute façon, il ne peut pas mourir ici. Pas sans avoir dit au revoir à Minki, pas sans être certain que ce dernier est totalement guéri et saura prendre soin de lui-même pour vivre une belle et longue vie. Pas sans lui avoir dit qu’il l’aime de tout son coeur.

Alors tous les moyens sont bons pour trouver une brèche, une faille, n’importe quoi qui l’aidera à se sortir de cette situation. De toute évidence, tirer sur le lien en plastique ne suffit pas à le casser et ce même en y mettant toute sa force au point de lacérer profondément sa peau, le faisant saigner abondamment. Après à défaut, Sanha tente de déstabiliser cette ordure, compte provoquer sa colère pour le rendre moins rationnel, moins concentré et pour pouvoir s’échapper. Il sautera par la fenêtre s’il le faut, quitte à se briser les jambes il sortira d’ici. Et puis ses provocations lui servent aussi à obtenir des réponses, à mieux cerner la situation. Plus de doutes, il s’agit bien là de trafic d’humains et de proxénétisme, mais ce que l’illustrateur ne comprend pas, c’est qu’il était convaincu qu’il s’agissait d’un milieu qui ne visait que les femmes. Surtout dans un pays comme le Japon, l’idée de vendre des hommes à d’autres à des fins sexuelles lui semble totalement absurde. D’ailleurs ce type lui propose même de lui appartenir, et Sanha se demande bien quel genre de mafieux affiche aussi clairement son homosexualité.

Mais ah, peut-être qu’il est là, le problème. L’homme face à lui n’est pas gay, ce qui expliquerait aussi pourquoi toutes les autres personnes ramenées ici ce soir n’étaient que des femmes. Parce qu’ils l’ont pris pour l’une d’entre elles. En tout cas c’est ce que Sanha comprend quand son visage est emprisonné dans cette ignoble main. Alors c’est ça, il n’aurait jamais dû se retrouver ici. « J’ai l’air d’être une fille, connard ? » En réalité oui, très clairement. Tout dans sa tenue, dans son maquillage et de manière générale dans son apparence laisse penser qu’il est une fille, et pourtant non. Pas biologique en tout cas, pour le reste, il n’est pas trop certain. Et soudain la situation devient comique, le fait même rire. La voilà, sa brèche. « T’as besoin de voir ma queue pour en être sûr peut-être ? » Le regard mauvais, Sanha écarte les jambes en le regardant droit dans les yeux. Le perturber à tout prix, le mettre mal à l’aise, n’importe quoi pour qu’il baisse sa garde. « Si tu me laisse partir, peut-être que je serai gentil et que j’irai pas raconter sur tous les toits que t’as voulu baiser un mec. J’te déconseille de me tuer par contre, j’ai un traçeur et ma communauté saura exactement l’endroit où j’étais avant de disparaitre. » Que du bluff. « Tu as le choix bien sûr, je ne t'oblige à rien.  » Les mots de son bourreau repris avec exactitude.