C’était toujours la même rengaine. Aria commençait sérieusement à être agacée par la situation. Okay elle n’était pas un homme et elle comprenait qu’elle ne le serait jamais, mais elle avait autant de compétences si ce n’était plus que certains qu’elle connaissait. Mais comme elle n’était pas un homme, ça ne convenait pas et ça ne conviendrait jamais. La jeune femme en avait marre d’être tout le temps reléguée à son statut de femme juste parce qu’elle en était une. Elle savait qu’elle était bien plus intelligente, posée et diplomate que son grand frère Allen. Ce qui faisait d’elle quelqu’un de plus apte à prendre la suite de leur paternel. Cependant, le plus vieux de la fratrie était l’enfant chéri, l’enfant prodige, celui à qui on pardonnait tout et à qui on passait tout. Ça la mettait en rage bien plus qu’elle ne voulait bien le montrer parce qu’Aria savait que si elle faisait la moitié de ce que Allen faisait, elle en prendrait plein la gueule. Et c’était ce qui s’était passé, encore une fois. Elle avait exactement fait une connerie que Allen avait faite deux semaines plus tôt et si on ne lui avait rien dit à lui, Aria, elle, avait eu le droit à une bonne dizaine de réflexions. Réflexions qu’elle avait pris dans les dents, les serrant d’ailleurs pour éviter de sauter sur le premier venu pour lui arracher la date.

Ce fut pour cette raison qu’elle avait quitté précipitamment la maison pour ne plus avoir à subir les jugements et les remarques sexistes. La princesse en avait marre de ce genre de comportement et elle avait appris avec le temps que rien ne changerait jamais. Alors, elle avait parcouru la ville sans réel but, se demandant ce qu’elle allait faire et où elle allait aller. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle ne désirait pas rentrer chez elle. Ainsi Aria avait passé quelques heures à l’extérieur, flânant dans les rues sans objectif, avant de finir dans la boîte de nuit près de chez elle. Sur le coup, elle s’était dit que ce serait une bonne idée de passer du temps à boire et danser pour oublier ce qui se passait dans sa vie. Sur le papier, cela semblait être la meilleure chose à faire et pendant quelque temps, ce fut le cas. Aria dansait, son corps bougeant au rythme de la mélodie, un verre à la main, pensant que l’alcool anesthésierait ses pensées et ses membres. Ce ne fut pas le cas.

Au contraire, tout lui revient à la gueule quand elle sentit une main sur son épaule. Elle soupira déjà prête à foutre un poing à la personne qui osait la toucher quand son regard tomba dans celui de son grand frère. Une grimace déforma son visage et d’un coup d’épaule, elle délogea cette main. « Qu’est-ce tu veux ? » demanda-t-elle, hostile à sa présence à ses côtés. Elle savait déjà que c’était leur père qui l’avait envoyé la chercher parce qu’elle était partie depuis trop longtemps. Encore une chose qui énervait Aria était le fait que pour ramener Allen à la maison quand il faisait des escapades, il fallait plusieurs hommes. Mais pour elle, il n’envoyait que Allen. Elle sentit la colère qu’elle avait tenté de faire taire depuis le début de la soirée revenir et elle s’éloigna de son frère sans même lui laisser le temps de lui répondre. Elle ne voulait pas le voir, pas lui parler et encore moins apprendre la raison pour laquelle il était là devant elle. Aria savait qu’elle allait s’énerver et ce ne serait pas beau à voir. Alors, autant partir loin de lui et de cette famille, au moins pour encore quelques minutes.

soupire.
c'est le pas lourd qu'allen franchit les portes du bar ce soir, les oreilles immédiatement attaquées par la musique trop forte. il n'est pas venu accompagné, pour une fois, a laissé ses gardes du corps à la maison, certifiant qu'il n'en a pas besoin ; après tout il ne se déplace pas pour affaire, ni pour se battre, ni pour se rendre dans des endroits qui nécessiteraient une protection. non ce soir, c'est une bataille d'un autre genre qu'il va livrer ; une bataille contre l'une de ses deux petites soeurs. encore une fois aria a piqué sa crise et s'est réfugiée dans un bar, et encore une fois leur père a chargé son ainé d'aller la chercher. pourquoi ça ? eh bien, il y a en effet matière à se poser la question. lui a tout à fait le droit d'aller boire quand il a les nerfs en travers, et jamais personne ne vient le chercher pour le forcer à rentrer, sauf peut-être quand l'alcool est trop ancré dans son sang pour qu'il ne puisse tenir debout. et encore, dans ces cas-là, il s'en va bien souvent avec une femme, et non pas ses gardes du corps. alors il a du mal à saisir pourquoi il faut absolument aller chercher aria lorsqu'elle a besoin d'être seule, de s'amuser et de se défouler. ni pourquoi c'est à lui de le faire. mais il obéit, allen ; il est sage ces derniers temps, parce qu'il veut que papa fujiwara lui fasse plus confiance.

alors le voilà à s'avancer sous les lumières stromboscopiques, balayant de ses yeux noirs la salle à la recherche de sa cadette. il n'a pas à la chercher bien longtemps, c'est évident qu'elle sera au bar ; et puis avec cette couleur de cheveux, difficile de ne pas la remarquer. alors lorsqu'il aperçoit sa crinière flamboyante, il pousse un léger soupire et s'avance vers elle, les mains dans les poches et l'aur désinvolte, comme si être ici ne l'importait pas plus que ça, au final. et c'est le cas au fond. sa main toujours rustre et forte est d'une délicatesse incontestée lorsqu'il la glisse gentiment sur l'épaule de sa soeur pour lui signaler sa présence. et finalement, il n'a pas le temps de lui dire quoi que ce soit que déjà, elle se braque, lui crache au visage et s'éloigne. et il roule des yeux au ciel, allen ; ça ne l'enchante pas plus qu'elle d'être là à faire le flic.

alors au lieu de la retenir par le poignet ou lui hurler dessus, il glisse simplement son derrière sur le tabouret voisin à celui sur lequel elle était installée, et sort tout de suite son arme secrète pour la faire rester. "attends. reviens, je t'offre un verre." et aussitôt il commande la boisson fétiche de sa cadette, ainsi qu'un jack daniel's pour lui-même. sans glace, bien sûr. et une fois le cocktail pour aria déposé sur le comptoir, c'est à ce moment-là qu'il lui adresse un regard, faisant tournoyer son whisky dans son verre. "alors, t'es encore énervée contre la terre entière ou c'est plus spécifique cette-fois ?" il demande d'un ton léger pour entammer le dialogue avec elle, lui faisant ainsi comprendre qu'il ne compte pas la ramener de force en la tirant par le bras. c'est plutôt rare, qu'il lui offre l'opportunité de vider son sac et de l'écouter.

Elle savait que ça arriverait. Elle n’était pas dupe pour ne pas avoir connaissance du fait qu’on viendrait la chercher ici, avec son accord ou contre son gré. Aria n’était pas stupide au point de passer une bonne soirée sans même que les Fujiwara mettent le nez dedans. Pourtant, l’espace d’un instant, elle aurait pensé qu’on la laisse tranquille, qu’on la laisse vivre sa vie de jeune femme, sans avoir sa famille constamment sur le dos. Mais c’était trop demandé et alors qu’elle sentit qu’on posait une main sur son épaule, elle sut que la fête était finie. Elle n’était plus juste Aria qui tentait d’être une jeune femme de vingt-quatre ans, mais elle redevenait la fille Fujiwara qu’on venait chercher comme si elle était une gamine. Ce sentiment fut exacerbé quand elle se rendit compte que c’était Allen qui était là, son grand frère. Elle serra les dents en le délogeant de son épaule. La bile lui monta légèrement et elle soupira en voyant le plus vieux de la famille. Pourquoi c’était lui qui venait la chercher alors que quand Allen était de sortie, c’était des hommes, beaucoup d’hommes qui le ramenaient à la maison. Encore une fois, Aria vit la différence de traitement entre eux et ça ne fit que l'enrager encore plus.

Elle se braqua directement, prête à partir mais elle fut stoppée dans son élan par la proposition de son frère. Elle se tourna vers lui et reprit place sur le tabouret qu’elle avait quitté quelques secondes plutôt. « T’as intérêt à cracher l’argent. Parce que je suis pas prête de rentrer. » Il faudrait plus qu’un seul verre pour que Aria décide de rentrer à la maison et Allen devait sûrement en être conscient. Pourtant, il restait là, commandant son whisky et le même cocktail qu’elle buvait. La plus jeune le remercia d’un signe de tête et tourna la tête vers lui quand il reprit la parole. Surprise qu’il lui offre une oreille pour déballer ce qu’elle avait sur le cœur, Aria eut un rictus. « Oh ta gueule. A t’entendre, on dirait que je suis toujours en colère. » Ce qui en soit n’était pas forcément faux. Mais elle préféra taire ce détail, le fusillant du regard, le défiant de répondre par l’affirmative pour confirmer ce qu’elle venait de dire.

Elle soupira une nouvelle fois et après une gorgée de sa boisson, elle finit par parler. « Pourquoi t’as le droit de tout faire, d’être pardonné de tout ? Et moi je dois juste être belle, me taire et attendre que papa trouve un gros porc pour me marier à qui je devrai simplement ouvrir mes cuisses pour avoir une descendance. Je suis autant dévouée à la famille que toi et je pense que j’ai autant ma place que toi… Alors pourquoi y a ce favoritisme ? » Aria savait pourquoi, mais elle souhaitait simplement savoir si Allen en était conscient et surtout comment il voyait ça, de son point de vue.

lassitude.
ça n'amuse pas allen d'être ici plus que ça fait plaisir à sa soeur, et pourtant le voilà, contraint de venir la chercher ici en pleine nuit alors qu'elle voulait certainement un peu d'espace pour respirer. et lui peut tout autant faire une croix sur sa soirée, puisqu'il sait qu'il ne pourra pas partir si elle n'est pas avec lui, et elle semble visiblement décidée à rester ici un bon moment. okay, si c'est comme ça, peut-être qu'ils peuvent essayer de tirer parti de la situation, et s'amuser ensemble, pour ensuite rentrer ensemble. papa sera content comme ça, non ? de toute façon même si il la ramenait maintenant, leur géniteur va quand même les réprimander, elle pour être partie, lui pour avoir mis autant de temps à la ramener. alors quitte à se faire engueuler, autant passer un peu de bon temps avant. "okay, on rentre quand tu veux." de toute façon il a bien envie d'un verre lui aussi. quitte à être dans un bar, autant en profiter.

fait encore plus rare, allen laisse l'opportunité à sa cadette de s'ouvrir à lui. c'est vrai qu'il a tendance à être plus proche d'aurora, et ne prend jamais le temps de réellement discuter avec aria, essayer de comprendre ce qu'elle peut ressentir. parce qu'elle a toujours l'air remontée contre lui et qu'il a souvent juste la flemme de se prendre le bec avec elle. mais ce soir c'est différent, il est de son côté. lui aussi ça l'emmerde d'être ici à jouer au baby-sitter comme si la jeune femme était une gamine, et il sait que ça l'aurait clairement fait chier aussi s'il avait été à sa place et qu'on soit venu le chercher. alors il a envie de la soutenir, pour une fois. "bah c'est un peu le cas en vrai." à ses yeux aria est toujours énervée contre quelqu'un ou quelque chose, c'est pas rare qu'il l'entende pester contre le monde entier même à l'autre bout de leur manoir, et souvent quand ils se parlent, c'est lui la cause de son énervement. malgré tout il y a un peu de second degré dans sa voix, et il finit par se taire et la laisser parler.

sa mine s'étire en moue un peu dubitative quand elle lui expose clairement ce qu'elle ressent, par rapport à toute cette situation. son statut de femme dans la famille, de cadette et de future épouse au vu de négociations à venir. à vrai dire il se doutait que c'était ça qui la tracassait, et ses questions sont malheureusement rhétoriques. allen soupire et avale une gorgée de sa boisson, qui d'ailleurs le fait grimacer. il n'a pas l'habitude de boire du whisky low cost. "tu connais déjà la réponse aria." est-ce que ça serait utile de lui rappeler qu'elle est traitée comme ça à cause de ce qu'elle a entre les jambes ? non. ça ferait que l'énerver encore plus. "j't'avoue que j'aime pas non plus l'idée que toi et aurora soyez juste là pour être données en épouses à des chefs de clans alliés." ses sœurs sont des trésors à ses yeux, et celui qui un jour les méritera n'est sans doute pas encore né. "j'comprends aussi que t'aies envie d'avoir une meilleure place aux yeux de papa mais sérieux, tu sers pas ta cause en tapant tes caprices et en t'enfuyant dans les bars. si t'as envie qu'il te respecte, montre-lui que t'es respectable." il lui conseille gentiment en plantant ses yeux sombres sur elle avec sérieux. "puis tu sais, il me pardonne pas tout hein. il me met une pression colossale et j'suis jamais assez bien pour lui. j'me fais engueuler autant que toi. donc t'inquiète, ma place est pas enviable non plus." c'est peut-être utile de lui préciser ça aussi. qu'elle n'a finalement pas à être aussi jalouse de lui que ce qu'elle est.

“On rentre quand tu veux…” Comme si Aria laissait le choix à son grand frère. Elle avait besoin de cette sortie et même si elle aurait clairement préféré être seule pour que sa colère contre le clan Fujiwara retombe, elle n’était pas mécontente que Allen soit là. Certes, ils n’étaient pas spécialement les plus proches, mais elle savait qu’en cas de besoin, il serait toujours là pour elle et inversement. Aria ne peut cependant pas s’empêcher de lever les yeux au ciel quand il rebondit sur le fait qu’elle avait toujours l’air en colère contre le monde entier. Ce n’était pas vrai et en même temps, ce n’était pas un mensonge. Elle ne pouvait pas nier le fait que la rage de ne pas être à la hauteur pour son père brûlait dans ses veines depuis bien plus longtemps que Allen ne pouvait le savoir. Ce n’était pas sa faute si elle était née sans le service trois pièces entre les jambes. Ce n’était pas sa faute si son père était tellement fermé au fait que les femmes aient une place importante au sein de la mafia. Aria ne demandait pas la lune. Elle n’avait aucun désir de prendre possession de l’organisation. En être à sa tête ne lui conviendrait sûrement pas parce qu’elle ne serait plus aussi libre de ses mouvements qu’elle l’était maintenant. Mais elle avait quand même l’envie de faire quelque chose, d’avoir un nom et pas simplement être la fille Fujiwara. Mais ce n’était pas dans les projets de son cher papounet.

Une grimace de dégoût s’afficha sur le visage de sa jeune sœur quand Allen lui mentionna qu’elle connaissait déjà la réponse à son questionnement. Elle savait, mais ça ne l’empêchait pas d’être en colère à cause de ça. Par contre, ce qu’elle ne savait pas, c’était que son grand frère n’était pas d’accord avec le fait que leur paternel marie ses sœurs pour des alliances. Elle aurait presque pu sourire si elle n’était pas tant en colère. « Alors pourquoi tu dis rien ? T’es censé être l’héritier… Si tu le fais pas pour moi, fais-le pour Aurora au moins. Elle mérite pas ça. » demanda-t-elle en sachant pertinemment que pour elle c’était presque mort parce qu’elle serait obligée. Mais leur petite sœur n’avait pas à subir tout ça. Puis comme elle était la dernière, elle avait toujours été le soft spot de son père et frère. Si ça pouvait changer quelque chose pour la plus jeune, Aria ne dirait probablement pas grand-chose.

La suite lui fit lever les yeux au ciel. « Oh ta gueule Allen. Me fais pas croire que t’es pas le chouchou simplement parce que maman a donné un héritier à notre père. Okay t’es peut-être jamais assez bien pour lui, mais au final que tu fasses de la merde ou non, tu restes l’héritier et t’as toujours plus de place que moi dans tout ça. » La jeune femme mordit dans sa lèvre sans s’en rendre compte et ce ne fut que lorsqu’elle sentit le goût apre du sang dans sa bouche qu’elle en pris conscience. Avec un léger juron, elle s’essuya la bouche et maudit sa maladie de l’empêcher de ressentir de la douleur. Elle porta son verre à ses lippes et en but le contenu d’une traite, avant de le reposer avec fracas sur le comptoir. « Puis de toute façon, qu’importe ce que je fais, que ce soit respectable ou non, je reste une femme. Et ça, ça changera pas. » Elle soupira, recommandant un verre d’un signe de la main. « Je suis persuadée que même si je devenais un homme, il me verrait encore comme une femme. » Aria blagua sur le fait d’être transgenre sans réellement le penser, mais dans le fond c’était la vérité. Même si elle changea de sexe médicalement, elle resterait une femme aux yeux de son père. Mais ce n’était pas prévu et ne le serait pas, même s’il y avait une chance que ça change sa façon de voir les choses. « J’ai plus qu’à accepter le premier vieux porc qu’il me colle dans les pattes. » lança-t-elle en soupirant une nouvelle fois.

entêtement.
c'est vraisemblablement un trait de caractère commun à la fratrie fujiwara, puisque ni allen ni sa soeur ne semblent vouloir décamper de leur position. elle restera toujours convaincue que lui est le préféré à qui on pardonne tout simplement parce qu'il a la chance d'être né avec un chibre, quand lui ne le voit pas comme ça et est plutôt du genre à défendre que malgré ça, il est loin d'être bien vu par leur père. trop sanguin, trop instable, trop dangereux pour lui-même et pour les autres, au point qu'il n'a même pas le droit de sortir sans être encerclé de gorilles, qui prétendent être là pour sa sécurité, mais qui s'assurent surtout qu'il ne fait pas de conneries qui pourrait attenter à leur code d'honneur. particulièrement la close qui concerne la paix des citoyens. pour autant aria ne semble pas avoir envie d'entendre ça, reste prostrée dans ses caprices d'adolescente rebelle, et si ça l'amusait quand ils étaient plus jeunes, mais à présent qu'ils sont adultes allen est juste las de devoir gérer les sautes d'humeur de sa petite soeur qui de toute façon ne veut jamais rien entendre qui entre en contradiction avec ce qu'elle pense.

et il lui faut plus d'un verre de whisky pour encaisser ce qu'elle lui dit, ne peut l'empêcher de rouler des yeux au ciel devant ses arguments infondés et recyclés. "me fais pas de chantage avec aurora, tu sais très bien c'que j'en pense. évidemment qu'elle mérite pas ça, et toi non plus." qu'elle n'aille pas en plus penser que lui aussi fait du favoritisme, ce serait un coup à la faire chouiner qu'elle n'est la préférée de personne, et honnêtement allen n'a pas la force de débattre avec elle à ce sujet. il aime profondément ses deux soeurs, de manière différente certes, mais égale. même s'il est effectivement plus proche d'aurora, il n'a pas de préférence. juste des liens différents avec les deux. et c'est une bonne chose à ses yeux, parce qu'il les respecte toutes les deux comme des personnes, ne les voit pas juste comme des filles du clan mais bien comme deux humaines distinctes avec leur caractère qui permettent de tisser des relations différentes. contrairement à leur père qui les traite toutes les deux de la même manière.

la suite de l'argumentation de sa soeur ne manque pas de le faire à nouveau soupirer alors qu'il s'enfile un nouveau verre, pas vraiment sûr de savoir s'il doit la provoquer encore plus ou la rassurer. mais aira est une fujiwara, aria est têtue, et tenter de l'adoucir en la caressant dans le sens du poil ne fonctionnera pas. alors autant foncer dans le tas. après tout c'est toujours dans la confrontation qu'elle et allen communiquent le mieux. "ça, c'est clair qu'il te verra toujours comme une femme, même si tu décidais que tu veux plus en être une." non parce que même si lui peut rester plus ou moins ouvert sur la question du genre, il ne faut pas oublier qu'ils sont nés dans une famille mafieuse japonaise hyper conservatrice, et que ce genre de question n'effleurera jamais les esprits de ces hommes vieux et aigris. mais elle a d'autres solutions moins radicales cela dit. "en vrai si t'en as vraiment marre, casse-toi hein." oui c'est violent, mais en même temps il n'y a que ça qui marche avec elle. "renie ton rang et ton héritage, barre-toi de la maison, va vivre ta vie comme tu l'entends, épouse qui tu veux. ah mais faut être prête à te retrouver sans le sou par contre hein, tu pourras pas avoir le fric de la famille et ta liberté, va falloir que tu choisisses." en réalité si aria voulait vraiment partir il ne la retiendrait pas, il comprendrait parfaitement qu'elle en ai sa claque. "justement, profite de PAS être l'héritière pour saisr cette chance-là. moi j'suis l'héritier, bah je pourrais me casser que si c'est lui qui me renie. alors que toi, si tu veux claquer la porte demain, il te retiendra pas." au final dans ce cas de figure, c'est bien elle qui a la position la plus enviable.

Elle était allée trop loin en mentionnant Aurora dans la conversation, tentant de le faire culpabiliser. Aria en avait conscience. Cependant, elle ne pouvait pas faire autrement. Tous ses arguments étaient démontés les uns après les autres et surtout, c’était toujours les mêmes qu’elle donnait, parce que la situation ne changeait pas d’un poil. « On ne mérite pas ça et pourtant… On va se retrouver mariées à un type qu’on ne connaît pas, simplement pour assurer une alliance et une descendance… » Chose que la jeune femme refusait de faire. Elle n'était pas simplement là que pour faire la poupée, se marier et enfanter. Aria attendait donc la sentence avec une boule au ventre. Quand cela lui tomberait-il dessus ? Avec qui ? Et surtout, pourrait-elle refuser à son paternel alors qu’elle était née dans ce but-là. La jeune femme n’en avait aucune idée et pensait, utopiquement, qu’elle arriverait à lui faire changer d’avis si jamais ça venait à être le cas.

Son soupir fit écho à celui de son grand frère et une nouvelle fois, elle l’accabla de tous les maux de la terre. Allen n’était pas responsable de ce qui lui arrivait. Il n’était que l’héritier et n’avait pas de pouvoir décisionnel, du moins pas encore. Aria leva les yeux au ciel aux paroles de son frère. Elle n’avait pas besoin de la confirmation de son aîné pour savoir que c’était vrai. Leur père ne verrait en elle qu’une femme, qu’une personne plus faible qu’un homme et cette constatation rendait Aria folle de rage. Elle était bien plus qu’un vagin et voulait le prouver à son père. Mais d’après Allen, elle ne s’y prenait pas bien, ce qui eut le don de l’énerver encore plus. Elle n’avait qu’une envie, étrangler son grand frère parce qu’il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Elle l’écouta donc lui parler du fait de partir, de se détacher de l’héritage familial et surtout de ne plus avoir d’argent. Aria posa avec mépris son regard sur le plus vieux de la famille. « Tu penses vraiment que je ne reste qu’à cause de l’argent ? Putain, mais c’est pas croyable l’image que les gens ont de moi. Je ne suis pas qu’une poupée superficielle. » répliqua-t-elle aussitôt, serrant les dents ainsi que son verre avant de le finir d’une traite.

Aria détestait cette image qu’on pouvait avoir d’elle. Alors oui, parfois elle jouait un rôle, se mettant dans la peau d’une autre. Mais jamais elle n’avait pensé rester avec les Fujiwara que parce qu’ils avaient de l’argent. Ils étaient sa famille. « C’est si compliqué à concevoir que je reste parce que je vous aime… » C’était bien la première raison, mais il était vrai que la jeune femme ne le disait pas souvent, voire même pas du tout. C’était rare d’entendre ces mots de la bouche de la rousse. « Et ensuite, j’ai envie de m’investir dans la famille, de faire quelque chose de concret et intéressant… Pas seulement en me mariant et en écartant les cuisses. Je veux réellement aider. » De toute façon, ce n’était pas comme si elle pouvait faire quelque chose d’autre. Après tout, elle n’avait pas fait d’études et il n’y avait rien qui lui donnait envie. « Je sais pas, je pourrai devenir une tueuse à gages… Ou m’occuper d’un casino… Faire quelque chose plutôt que d’attendre comme une potiche. » rajouta-t-elle, exprimant par ses mots le fait qu’elle détestait ne rien faire. Ce n’était pas dans ses gênes de toute façon. Son regard se reporta vers Allen et elle haussa un sourcil. « Si t’as tellement pas envie d’être l’héritier de la famille… Pourquoi toi tu te casses pas ? Je récupèrerai ta place, puisque plus d’hommes pour le faire et toi, tu seras libre. » C’était peut-être ça le souci. L’aîné qui n’était peut-être pas fait pour être l’héritier d’une famille mafieuse et la seconde qui ne rêvait que de ça, avoir des responsabilités et aider sa famille. C’était tout ce dont Aria rêvait : pouvoir être utile aux Fujiwara sans vendre son cul à n’importe qui.