rencontrer des personnes qui apprécient autant l'art que sa petite personne, c'est une chose que billie apprécie. bien qu'elle doute, jour après jour, qu'ils aient la moindre idée de ce dont ils parlent, qu'ils ne soient pas des idiots avec un peu de chance, ou des connaissances du dictionnaire, suffisante pour arriver au bon résultat lors d'une conversation. avec reika pourtant, une connaissance encore nouvelle, la blonde avait bien compris que l'art était également sa passion, la pratiquant sur le corps d'autres personnes, comme des toiles sur peau humaine. un certain respect pour sa cadette, sachant qu'il n'y a pas de "tant pis, on recommence" dans son métier, il ne laisse non plus l'espace à la démence, la rage, les émotions conduisant sa plume, tout était précis, prévu, une chose que billie ne pourrait pas faire. il y avait également le fait que toutes deux partagés se manquent de couleur, cette impossibilité de voir ce que le monde réserve devant leurs cornées, toutes les couleurs qu'elle a imaginé dans sa pensée, la joie qu'elle aurait pu lui procurer. à la place, elles vivaient dans un film en noir et blanc, dans les temps pourtant si moderne.

un passage au lieu de travail de la cadette, billie évitait de le faire la plupart du temps. elle-même détestait être interrompue alors qu'elle pratiquait son art, elle espérait tout simplement que la tatoueuse ne soit pas trop occupée. connaissant les japonais et leur culte de la pureté, elle devrait être tranquille n'est-ce pas ? un regard rapide sur la devanture, bien qu'elle ne voyait pas grand-chose à travers la vitre devant elle, peut-être était-elle mal réveillée ou à nouveau aveuglé par le soleil derrière elle, cela n'allait pas l'empêcher d'ouvrir la porte pour entrer directement dans le magasin.

“ reika ? je te dérange peut-être ? ”

une petite vérification était d'honneur, après tout ce n'était pas comme si elle ne faisait rien dans son lieu de travail, les encres, les dessins, les protocoles a respecté... billie était bien heureuse de pouvoir faire tout ceci chez elle, dans n'importe quel environnement, sans qu'une personne vienne lui dire de nettoyer ci et ça.

“ je t'ai amené quelque chose, je veux voir ce que tu en penses. ”

un petit sac à main assez grand pour tenir son portable, porte-monnaie et une feuille de papier. quelque chose de rare, un dessin simple, et pourtant tout aussi chaotique que les peintures qu'elle pouvait faire, un semblant de fleur, ou peut-être un oiseau, l'un des deux. elle-même savait ce que c'était, une orchidée colombe, paix entre l'homme et la nature, les rêves, les secrets.

tout ce qui était interdit, ou mal vu n'importait pas réellement pour la blonde. billie était depuis bien longtemps une personne qui n'avait pas le moindre intérêt en l'idée du bon et du mauvais que le monde pouvait lui donner, après tout, ce n'était qu'une chose que les supérieurs tentaient de nous mettre dans le cerveau pour nous contrôler, et les règles étaient faites pour être suivies, peut-être, mais également pour être brisées. le fait qu'une de ses connaissances exerce un métier mal vu par la société, elle ne pouvait pas en avoir encore plus rien à faire, elle voyait son métier comme un art, une expression de la personne qu'elle était, et du temps qu'elle ne finissait pas par tuer ses clients et les enfermer au fond du garage, qui était l'australienne pour lui dire de changer ? après tout, billie avait causé des accidents rien qu'en existant. bien sûr, elle respectait sa façon de travailler, d'agir, d'être, et pour cette raison, quand sa cadette lui proposa de s'asseoir pour l'attendre, elle fit exactement ceci, trouvant une place libre non loin de l'entrée tout en sortant ses affaires de son sac à main.

observant les lieux d'un œil curieux, l'idée même d'un lieu particulier pour créer un tel art ne lui semblait pas évident au premier abord, et pourtant, c'était une chose peut-être évidente pour d'autres. à des fins budgétaires pour reika, il était évident qu'elle n'allait pas faire ça dans sa chambre, encore moins avec toutes les choses recommandées voire obligatoires dans le monde du tatouage. seulement, cela donnait à réfléchir à billie qui n'avait pas un tel endroit pour ses toiles, s'étalant le long de son logement jusqu'à qu'elle vienne un jour les ranger ou nettoyer. bien sûr, sa cadette n'avait pas le choix probablement, être soignée et propre dans son métier était un must.

“ juste de l'eau ira très bien. j'étais venue te montrer quelque chose, j'ai voulu tenter de faire un dessin, peut-être pour un tatouage plus tard, j'en sais rien pour le moment. ”

quelque chose représentant bien sa façon d'être, l'idée d'être tatouée ne la dérangeait vraiment pas, du temps que ce n'était pas une manche complète, ou le dos complet, quelque chose d'assez simple, petit, elle n'était réellement pas contre. mais ce n'était pas l'unique raison de sa venue, dessiner sur un bout de papier avant de peindre, billie ne travaillait jamais de la sorte, et pour quelqu'un dont le quotidien était de revenir sur les détails et améliorer un brouillon, il n'y avait pas de personne mieux placée que reika pour la conseiller.

“ ça se passe bien ? les gens t'énervent pas trop ? ”

à sa place, elle serait énervée bien souvent, elle le savait bien.  

l'idée d'un tatouage, billie n'y avait pas vraiment pensé avant un moment, mais à force de tenter de se forcer à dessiner plutôt que de laisser les émotions prendre le dessus, elle ne se doutait pas qu'elle finirait par créer un symbole existant sur terre, encore moins quelque chose à laquelle elle pourrait tenir sentimentalement parlant. mais reika était celle qui s'y connaissait là-dedans, elle n'allait pas la défier sur son travail tout comme elle n'accepterait pas qu'on la défie sur le sien. peut-être avait-elle était inspiré, il n'y avait pas de honte à cela, n'est pas ? tout le monde était inspiré par une chose dans sa vie, personne ne dessine sans une idée en tête que l'on a vue quelque part. cependant, billie aimait être unique de sa propre façon, les reproches des personnes autour d'elle était agréable parfois. ce tatouage ne serait qu'une façon de se rappeler de certaines choses, de rester elle-même peu importe la situation.

« l'endroit ? hmm peut-être à la cheville, je sais que la peau est fine ici mais je ne veux pas quelque chose de trop visible. discret mais présent, si tu vois ce que je veux dire. »

elle-même avait cet amour pour le détail, pour les choses que beaucoup ne verront jamais, ses tableaux en étaient remplis. des choses que ceux voyant les couleurs ne pourront jamais comprendre, des choses qu'ils voudraient toujours deviner mais jamais ils n'auront l'expérience pour comprendre. reika était une jeune femme avec une compréhension des choses bien agréable, elle ne connaissait pas son passé et n'avait pas besoin de le connaître, elle le voyait en la personne qu'elle était. la blonde n'avait pas besoin de grand-chose pour se faire comprendre, pour qu'elle lui donne ce qu'elle souhaitait. bout de papier donné de main en main, la laissant faire son travail avec son accord d'un geste de la tête, billie regarda autour d'elle, verre d'eau en main, se relevant pour faire quelques pas. ses paroles étaient entendues bien qu'elle ne porte pas son regard sur sa cadette, réfléchissant à ce qu'elle disait. compléter une collection, un rire s'échappa de ses lippes, et si un jour on lui demandait de faire une collection de ses œuvres ? jamais elle ne les laisserait faire.

« tout va bien, tu sais que si tu as besoin d'aide tu peux m'appeler. après les galas et les soirées que j'ai endurés, je sais les renvoyer chez eux avec politesse maintenant. » politesse, c'était un grand mot, un sourire toujours légèrement présent sur ses lippes, elle posa son regard sur sa cadette, posant à côté du dessin sur son bureau son portable avec une photo de la fleur en question, l'orchidée colombe, afin qu'elle voit la base. « c'était ça, si jamais. »

un intérêt pour le tatouage, ce serait un mensonge de dire la chose de cette façon, le tatouage en soi n'était jamais l'important pour l'australienne, tout ce qui importait était de savoir la façon de faire passer un message à travers cette forme d'art, qui d'autre demander que quelqu'un qui exerçait le métier. émotionnelle mais elle s'en cachait, billie a toujours voulu trouver une façon de se souvenir de son frère maintenant qu'il n'était plus, une façon de se souvenir de son existence, à lui seul, bannissant ses parents de ses racines. deux pauvres orphelins, dont l'un était perdu en mer, espérant en vain de le voir retourner sur la terre ferme. sept ans étaient bien trop longs, l'espoir n'était plus, et se peiner à se souvenir d'une date était trop cliché, trop simple, billie n'était pas une femme simple. elle aimait le compliquer, le difficile, les questions et les mystères, sa personne elle-même se devait d'être le mystère, le compliqué. même devant une personne qu'elle appréciait connaître comme reika, elle ne dévoilait jamais son jeu entièrement, elle ne montrait jamais de grandes émotions, attaches. en-tout-cas, elle l'espérait.

“ ne t'inquiètes pas pour la douleur, je ne suis pas douillette, ça ira très bien, même si je sens l'aiguille. ”

elle était pourtant bien entourée la jeune tatoueuse, quelque chose qu'elle irait presque envier, mais la blonde ne méritait pas autant de traces paternelles, encore moins d'être appréciée d'une telle façon. protégée la jeune tatoueuse pour autant, elle continuerait à lui offrir ses poings en cas de besoin, personne n'avait le droit de la toucher sous sa présence, le bulldog de service peut-on dire. en les entendant parler l'une à l'autre ainsi, on pourrait dire que billie était l'élève et reika l'éducatrice, et pourtant chacune des deux tiraient des bienfaits de l'autre, au même niveau dans de différentes catégories, une bien plus pédagogique que l'autre peut-être. billie ne pourrait pas être une très bonne professeur, avec sa patience absente et son jugement simple, elle en traumatiserait probablement plus d'un. il n'y avait qu'à voir la façon dont elle parlait à certains de ses clients après tout. quant à sa question sur la raison de la fleur, une fleur parmi toutes les choses possibles à tatouer, billie choisit de ne pas dire la raison complète, tout simplement d'expliquer le sens de cette fleur originaire du pays dans lequel elle se trouve aujourd'hui.

“ j'ai essayé de faire un dessin simple mais je ne suis pas douée pour le "simple" excuse moi. mais heureuse si tu aimes, je ne dessine pas très souvent avant mes peintures. pourquoi l'orchidée colombe ? hmm... "mes pensées te suivront dans tes rêves", c'est une fleur qui représente autant la paix que la colombe, sa liberté, en osmose avec la nature et la divinité. je ne sais pas si elle me correspond réellement, probablement pas du tout, mais comme je suis incapable de tenir une plante chez moi, peut-être que la tatouer serait ma façon d'atteindre cette paix... ”

elle s'en excuserait de partir dans des idées philosophiques encore une fois devant sa cadette, mais c'était ainsi qu'elle était maintenant que son monde entier tournait autour des opinions formées sur ses œuvres, des idées que ses toiles donnaient au monde. bien sûr, cette fleur, cette colombe était également le signe qu'elle penserait toujours à son frère, que sa pensée le suivrait où puisse-t-il être, mais c'était trop d'émotion à exprimer devant une personne, l'australienne ne dirait rien de tout ça.

“ ah oui. tu travailles toujours avec les enfants ? ou c'est pas la saison ? on m'avait proposé des cours en me disant que j'ai le caractère pour leur tenir tête mais je hais les gamins. ”