Promenade quotidienne dans un de tes parcs préféré de la ville; rares sont les touristes. Balade de routine parce que la bête à quatre pattes qui t’suis du matin au soir réclame d’courir dans la nature pour renifler tout c’ qui bouge et tout ce qui ne bouge pas. A chaque jour son parc, à chaque jour les pensées qui vont avec. Elles sont pas toujours bonnes ou belles les pensées, elles vont elles viennent comme toi dans ce bout d’verdure.
Doucement mais sûrement tes iris sombres se sont faits plus observateurs qu’avant. C'est peut être parce que maintenant tu ne cours plus après le temps. Tu as le temps de le prendre alors tu le prends. Les pupilles qui se perdent des minutes entières dans toutes les couleurs de la flore et la faune automnale que malheureusement tu ne vois pas comme ça. Pourtant tu continues à observer c'que la nature a de plus beau à offrir malgré un nuancier rougeâtre et orangé qui n'est que grisé.

Aujourd’hui, elles sont ni bonnes ni mauvaises les phrases que l’inconscient fait résonner dans ta tête, comme un monologue avec toi même; peut être que c'est plus toi Anzu, qui nécessite une promenade quotidienne. Besoin de te retrouver avec toi même. Une caresse à l’animal avant d’continuer t’écouter parler; en silence. Pensées de toi à toi, parfois connectées au canidé à la langue pendante d’avoir trop marché.
Et à force de marcher, tu ne sais ni comment ni pourquoi mais tu te retrouves au beau milieu d’une conversation privée entre deux inconnu.e.s. Ce que tu sais, à la façon dont on te regarde c’est que t’aurais jamais dû entendre ce que t’as entendu. Mauvais endroit, mauvais moment comme on dit; mais tu vas pas t'en excuser.

Il n’y a pas à discuter les ordres. Les ordres sont faits pour être suivit et Akihiro il suit les ordres sans se poser de question. Alors il se retrouve là, dans un parc, avachit sur un banc à attendre un mauvais payeur car c’est comme ça, si tu veux la paix dans cette ville il faut avoir les moyens de te l’offrir. Lunettes de soleil sur le nez, plus pour cacher les hématomes que pour se protéger des ultraviolets, son éternelle sucette dans la bouche, le yakouz’ attend patiemment qu’on vienne à lui avec une enveloppe bien remplit car c’est ce qu’il a la mission de ramener aujourd’hui et il n’a aucunement l’intention de perdre une phalange à cause d’un petit vieux qui n’aurait pas su mettre son argent de côté. Les gens pouvaient être de gros pourris, le Satoshi le savait, combien de mecs venaient demander grâce alors qu’ils les retrouvaient au Red Insitinct ou au Velvet Pearl à s’assister leurs illusions au lieu de payer une vie décente à leurs femmes et leurs gosses.
Un petit homme maigre et dégarni surgit, il donne tremblant l’enveloppe au Yakuza, au moins il est à l’heure. Akihiro se lève, compte, les maths ne sont pas bonnes. Il a beau être dyslexique on lui a apprit à compter et ici, il manque des billets, alors il attrape son interlocuteur au col.
« Tu ne sais pas compter espèce de salaud ? Il manque quinze milles yens. Elle est passé où ta thune ? Tu as trop traîné dans les bars c’est ça ? »
Une ombre surgit, du coin de l’œil Akihiro l’observe, la silhouette n’est pas solitaire sur ce bout de chemin, elle est accompagnée d’un animal sur lequel Akihiro pose ses yeux trop longtemps avant de reporter son attention sur l’étrangère.
« Qu’est ce que tu regardes ? Passe ton chemin ! » Lui ordonne le yakuza sur un ton agressif tendis qu’il la fusille du regard par-dessus ses lunettes qui ont légèrement glissé sur son nez. Il serre les dents sur sa sucette, regard ne lâchant pas l’inconnue.

L'froid qui glace les phalanges, même avec les mains dans les poches. Toujours en marche pour que le malinois fasse des bornes. Toujours en mouvement; les pensées et le corps pour se réchauffer. Pourtant te voilà à l'arrêt devant un homme et un autre bien plus âgé. Enveloppe (d'argent, d'ce que tu comprends) qui s'échange de mains en mains devant tes pupilles. Le premier qui attrape le second par le col et toi tu t'imagines déjà y passer aussi. C'est des mauvais souvenirs qui se cognent dans la boite crânienne quand des yens sont réclamés. Le palpitant a déjà choisit son camp.

T'as pas fait exprès de t'arrêter là, juste le clébard qui reniflait derrière et qui voulait pas venir. Toi, l'regard droit devant et pas dans l'dos, t'as tout vu, tout entendu. Pas intéressée non plus la voleuse que tu es. Qu'importe que tu déranges (habituée) t'en as vu des choses dans les parcs, passées sous silence. Tu t'apprêtes donc à faire marche arrière parce que t'es juste la pour promener et t'es pas d'humeur. Tu n'es pas sûre de savoir ni vouloir gérer cette situation de bon matin.

Mais voilà, changement d'plans, parce que le jeune homme il t'adresse la parole et tu peux pas ignorer. Un instant tu en oubli le plus vieux dégarni comme si c'était entre le créancier? et toi. « Pardon ? Je peux savoir à qui tu crois parler comme ça ? » Tu t'avances vers lui, pour pouvoir mieux observer. L'observer de la tête aux pieds. Ou plutôt des hématomes aux pieds. Tu l'sens pas mais elles sont nombreuses les fois où tu réfléchis pas. Tu soupires, rire crispé, pas d'patience quand la journée commence avec une altercation. « Monsieur il s'agirait d'être plus discret avant d'aboyer. » Voilà que tu démarres au quart de tour. Qu'tu fonces dans le tas.
La réflexion viendra après.

Avoir l’air dur, glaciale comme une lame, autoritaire comme le veut son rang. Dans le monde des yakuzas leur présence semble essentielle au maintien d’un équilibre. Il n’y a dans leurs rituels, dans leurs habitudes que calcule et respects de traditions. C’était ainsi qu’Akihiro avait été élevé, à élever la voix, avoir l’air menaçant et faire son travail correctement c’est-à-dire avec aplomb et agressivité s’il le fallait.
La jeune femme qui était apparut au milieu de cette pièce aux codes bien rodés venaient de faire un pas de trop dans un univers qui ne devait pourtant que rester fiction pour bien des gens. Des personnages dans une télévision, des personnages de papiers ou de fantasmes, c’était ce que désirait le clan, garder son emprise sur l’âme humaine sans jamais laisser cette humanité lambda pénétrer dans les succès les plus sombres de cette masse qui se mouvait dans l’ombre. Pour le bien de tous, c’était ce qu’on lui avait appris, il ne remettrait rien en question.
« A toi il y a personne d'autre sur ce chemin. » Répondit simplement le garçon sans agressivité, avec une once de mépris dans le pli supérieur de sa bouche et l'éclat de ses iris. Il observa un instant la demoiselle et son animal par-dessus le montant de ses lunettes avant de reporter son attention sur l’homme qu’il tenait encore par le col et qui ânonnait en lui soufflant son haleine chaude et puante de stress sur le visage. On aurait cru qu’il était sur le point de mourir tellement il paraissait effrayé. Akihiro ne lui preta pas plus d’attention que cela. Trop habitué à ce genre d’homme, de serpillère humaine tout juste bonne à se vautrer sur le sol et manger du gravier.
« Tu devrais surveiller comment tu parles. » sifflât-il entre ses dents, ne lâchant pas la demoiselle du regard. « C’est entre le gentil monsieur et moi ce qu’il se passe. N’est-ce pas ? » Demandât-il narquois au mauvais payeur qu’il avait entre les poings. Ce dernier se mit alors à pleurer, comme un enfant, ouvrant grand la bouche au ciel et se débattant mollement sachant pertinemment qu’il ne gagnerait pas dans un duel physique contre le yakuza.
« La ferme on t’a dit vieux puant. Arrête de chialer. » reportant son attention sur son débiteur, Akihiro se mit à le secouer de plus belle, articulant entre ses dents tout en écarquillant les yeux, son visage devenant un masque de théâtre menaçant, les canines presque ressortis. S’il continuait comme ça, il allait rameuter tout le parc, et Akihiro n’avait aucune envie de se retrouver avec encore plus d’attention sur lui, d’autant plus que la demoiselle qui s’était retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment avait un chien avec elle ; créature pouvant être imprévisible ; le yakouz n’avait aucune envie de se battre. Son rôle était joué à la perfection, intimidation et maintient de l’équilibre, sa partie était simple, récupérer l’argent et partir. Mais ce n’était visiblement pas ce que la situation suggérait comme scénario.

Il y a des matins où tu t'dis que t'aurais mieux fait de pas t'lever. Celui là en est un parfait exemple. Tu as voulu promener l'chien plus tôt que prévu pour pouvoir te réchauffer et après ne plus sortir; si seulement tu avais su ... Si tu avais su sur quel phénomène tu allais tomber: tu y aurais réfléchi à deux fois. Oui, c'est bien de cet homme qui te fait front que tu parles en ces termes. Tu ne sais pas trop dans quel situation tu t'engages mais c'qui est sûr c'est que maintenant tu n'es ni prête à faire demi-tour ni à te laisser faire. 
Il n'y a qu'un rire cinglant qui sort de tes lèvres à sa réponse, tu es prise pour une idiote et tu n'aimes pas du tout ça. Pas du tout. Surveiller comment tu parles, là est tout le problème. Pourtant, tu te mords la lèvre inférieure, reste dans le silence avec un arrière goût de répartie pleine de mépris dans la bouche. Tu ravales tes paroles les poings serrés; alors que tu es capable de te montrer plus irrespectueuse que tu ne l'es. Car il n'y a bien qu'avec les âmes que tu admires que tu jauges les mots utilisés. 

C'est l'orage qui gronde dans le silence. Les iris qui s'assombrissent; ténèbres. Même sans voir les couleurs, regard noir. Tu regardes l'homme âgé mourir de peur, en pleurs. Tu voudrais parler, toi qui à chaque situation sait choisir les termes pourtant tu restes muette comme si le sens des mots venait de t'échapper. L'empathie se mêle à la haine, c'est comme si c'est toi qui te retrouvais secouée. Tumulte dans la boîte crânienne alors que les pupilles ne ratent pas une seconde de la scène.
Vieille carcasse malmenée par une force supérieure à la sienne. A la tienne aussi, pourtant dans un geste irrefléchi tu te jettes sur les deux pour les séparer. Est-ce que tu y arrives ? Tu ne sais pas, sans contrôler ton élan tu tires le vieux vers toi, à le faire tomber. A t'en faire tomber. Réaction exagérée, proportionnelle à la tempête émotionnelle. Et  soudainement deux mots: un ordre envers le canidé qui s'apprête à sauter, coupé dans son élan il se couche.
Ne pas se considérer en danger, se lever, s’avancer, oublier la peur et tenir tête. Maintenant on peut dire que c’est aussi entre toi et moi ? Voila venir le moment de réfléchir ?

Heureusement qu’il n’y a toujours personne sur ce chemin.

Le vieux n’était qu’un détail, un détail dans une journée qui avait un timing plus ou moins bien arrangé. Akihiro devait avoir merdé quelque part, normalement ce genre de choses n’arrivaient pas, il n’avait pas de problèmes habituellement. Mais sa vie dernièrement prenait des tournures étrangement dangereuses. Il n’avait pas eu le temps de beaucoup aller à l’église, c’était peut-être un signal du puissant. Il ne croyait pas vraiment que Dieu exerce une quelconque influence sur sa vie, il avait d’autres chats à fouetter. Et Dieu devait lui aussi savoir que ce qui peut être considéré comme étant mal pouvait aussi faire parti du bien, sinon, il ne leur permettrait pas de se repentir. Akihiro savait parfaitement dire ses salutations à Marie pour essuyer l’ardoise céleste qu’il s’était forgée.
Mais alors pourquoi y avait-il autant d’imprévues dans sa vie. La nana qui se tenait devant lui avait pas l’air de vouloir partir, et si elle ne lui semblait pas particulièrement dangereuse, elle avait à ses côtés une arme à croc qui ne plaisait guère au yakuza.
Entre ses mains, le gémissant grippe sous vola de sa poigne tandis que la demoiselle venait s’interposer de tout son corps. Un évènement, encore une fois, imprévu. Akihiro lâcha un juron entre ses dents et ses lunettes de soleil tombèrent sur le sol, dévoilant un peu plus sa pommette passablement amochée déjà. Il ne devait pas être très beau à voir, et contrairement à ce qu’il croyait il ne devait pas être très impressionnant non plus, sinon on ne prendrait pas la peine de venir l’empêcher de faire son travail impunément comme ça.
Le vieux et la gamine son là sur le sol, Akihiro légèrement déséquilibré s’est retenu au dos du banc et avec un soupire il s’assoit en se pinçant l’arête du nez fermant les yeux un instant. Il sentait une bile énervée lui monter dans la gorge. Il n’allait pas réussir à se retenir longtemps. Il fallait qu’il donne une leçon à l’impertinente. Il n’avait pas le droit de porter la main sur elle, mais il avait tout à fait le droit de l’effrayer un peu après tout.
Avec un geste lent, le Yakuza sorti son couteau de sa poche. Gardant à vu le chien, il pouvait toujours se défendre face à la bestiole si elle s’approchait avec son arme dans la main. Bien que le fait de sortir une arme devant la propriétaire ne soit pas non plus le geste le plus intelligent qui soit.
Toujours assis sur le banc, il planta son regard dans celui de la jeune femme, elle avait des yeux assez clairs, il pouvait distinguer une teinte singulière de gris dans cet océan de dégradés monochromes qu’était sa vie.
« Très bien, c’est entre toi et moi. On fait quoi alors ? C’est quoi les règles de ton jeu chérie ? » avec un sourire, Akihiro se mit à jouer avec la crosse du couteau en le faisant tourner entre ses doigts. Il était depuis peu de temps remis sur pied de longues blessures, il n’avait pas l’intention de retourner chez le doc de sitôt, alors il fallait que cette histoire ne se règle pas trop violemment. Pourtant une partie de lui sentait bien qu’il n’allait pas rentrer indemne de cette rencontre.

Tu voudrais qu'tout d'un coup le chien se mette à tourner en rond en essayant de communiquer. Tu voudrais qu'il montre un signe d'agacement à rester là sur place à écouter l’ordre que tu viens de lui donner. Que le canidé te saute dessus pour te faire comprendre qu'il veut rentrer. Rentrer comme si d’rien n'était, mettre fin aux hostilités. En finir avec cet inconnu dont tu n’arrives pas à anticiper les réactions; plutôt bonne à ce jeu là, aujourd’hui tu es mauvaise. Aussi mauvaise avec toi même, incapable d’arrêter de te jeter dans la gueule du loup. Malheureusement pour toi, c'est ta propre personne qui s'agace, le chien lui s'est couché à tes pieds pour se reposer. Tant mieux, repose toi pour l’offensive qu’tu penses. Au cas où, juste au cas où.

S’il y a bien quelque chose qu’tu maitrises dans ce chaos c’est l’animal qui t’obéit au doigt et à l’oeil, suffit d’un regard, suffit d’un mot pour renverser la situation. Tu veux y croire, tu oublies la peur et par tes mots tu échanges ta place avec l’ainé qui ne s’est toujours pas relevé, roulé en boule comme le ferait un gosse qui tenterait vainement de se cacher sous les draps. Tu as de la peine.
Tu voudrais qu’tout d’un coup le monde s’arrête de tourner, parce que là t’as l’impression que tout va trop vite. La colère qui monte des entrailles jusqu’au fond d’la gorge. Le sang qui ne fait qu’un tour; si tu savais de quelle couleur il est, tu dirais voir rouge. Rouge, bordeaux, pourpre, couleur vin, liquide veineux qui aurait cette teinte s’il venait à couler suite à la lame qui viendrait frôler l’épiderme ou bien s’y enfoncer. Quelle lame ? Celle du couteau que tu fixes et qui danse entre les doigts du japonais sous tes yeux. Même pas l’temps d’observer le visage amoché derrière les phalanges. 
Arme blanche affutée contre canines aiguisées. 

On ne peut pas dire que tu n’as pas eu de réaction en le voyant faire, assis sur son banc sourire sur les lèvres. Toi, tu ne souris pas. Tu ne dis même pas un mot, même pas un mouvement de recul, immobile; tu ne sais même plus ce que tu voudrais.
T’as l’regard qui lâche pas le couteau. On ne peut pas non plus dire que tu saches te battre, tu sais juste te défendre mais là ton unique chance c’est d’avoir ton compagnon malinois. Tu essayes de contrôler ta peur pour qu’il ne l’a ressente pas, qu’il ne se mette ni à montrer les dents ni à grogner. Encore et toujours, en finir, tu lâches: « Tu sais mon passe temps c’est pas de me retrouver en face d’un gars aux méthodes de mafieux qui joue du couteau. Il y a pas de règles parce qu’il y a pas d’jeu. Tu m’dis combien il manque, on s’arrange et vu que c’est tous les deux, lui tu l’oublies et pas qu’un peu si tu vois ce que je veux dire ? » Les mots d’la mère qui reviennent dans la tête « Anzu traite jamais avec des yakuza.» « Et tu m’oublies aussi. » T’espère qu’il n’est qu’une petite frappe dont ils ne veulent pas. Tu espères que tout est mal qui finit pas si mal pour toi qui défend corps et âme la veuve et l'orphelin bien qu'ici il ne s'agisse ni de l'un ni de l'autre.

C’est agaçant les petites nanas qui provoques de petits tracas. Ces aléas du quotidien qu’on ne peut pas faire taire juste en fermant les yeux et en inspirant et expirant un bon coup. Au fond, il pourrait très bien lui faire un trou dans le bras pour la forme, histoire de lui rappeler qu’en ce bas monde les ruelles n’appartiennent pas toujours aux citoyens. Mais voilà, faut pas toucher les demoiselles, du moins celles qui n’attaquent pas les premières où qui ne doivent pas d’argent au clan.
Et elle est à la limite la donzelle. Elle a l’air d’avoir une espèce de rage intérieur sourde, Aki connait bien ça, il l’a vu chez d’autres filles, ça les rend encore plus imprévisibles. Elle devrait être du genre joli si elle ne fronçait pas tant les sourcils et qu’elle n’avait pas son foutu clébard à ses côtés.
Akihiro tien plus fermement son couteau dans sa main à mesure que l’homme semble s’éloigner. Il crache part terre avec un juron et s’avance un peu plus de la jeune femme, posant confortablement ses coudes sur ses genoux. L’air faussement détaché alors qu’une partie de son attention ne lâche pas d’un pouce le chien.
« Ah ouai ? C’est toi qui va me le donner le pognon ? Tu crois que je vais croire ça tranquillement en te laissant aller me ramener du cash en restant assis sur ce banc comme un con ? » son accent du kansaï est encore plus fort qu’à son habitude tandis que son agacement pointe et déforme jusqu’aux traits de son visage quelque peu mal en point. Mais enfin, quand on fait un boulot comme le sien, on ne finit pas sur le podium du met gala après tout. Alors il s’en fichait bien d’avoir des auréoles sous les bras, la gueule en biais et l’air mauvais. Tant qu’il arborait tous les atouts et bijoux qui permettaient de montrer qu’il appartenait à un certain type de mecs. Ceux qui se font de la thune avec un couteau dans une main et l’autre bien enfoncée dans la poche de son pantalon de tailleur trop grand pour lui.
« Tu crois que je suis du genre à me faire avoir ? » Un sourire presque grossier pointe sur ses lèvres tandis qu’il fait tourner le couteau entre ses doigts.
« Vas-y, je te suis, on va aller chercher l’argent ensemble ma jolie, et après je me créerai un trou de mémoire. Ça te va ? » demande-t-il sans vraiment lui laisser le choix en se redressant, faignant d’être à l’aise avec la situation.
Bien que ne faisant pas partie des grands de cette population nippone, il reste carré et court plutôt vite, vielles habitudes apprises à force de vivre dans la rue. Alors elle n’a pas vraiment intérêt à lui échapper, et il le sait aussi bien qu’elle au vue des regards qu’ils s’échangent.
Mauvaise journée contre mauvaise journée, une solde qui se fiche bien des habitudes et désirs de chacun.