I ,, la fumée qui s'échappe d'entre ses lèvres une dernière fois quand elle écrase la fin de sa cigarette du bout de son talon, Ruby s'échappe par la porte arrière, quitte les rues sombres et rejoint les murs salis par la fumée de ceux qui ne prennent la peine de rien. elle remarque ceux en vieux costard, toujours ceux dont elle n'espère rien. elle pose ses yeux sur ceux qui font du bruit, ceux qui n'ont pas peur de déranger et qu'on ne doit pas déranger. elle n'a le temps de rien et une main agrippe son épaule pour capter son attention. figure de garde de prison qui lui rappelle qu'elle ne doit pas traîner. Ruby doit être jolie et avoir cette voix qui incite au plaisir, elle doit supporter les regards insistants mais refuse toujours plus.

Il souffle, tu as bien travaillé, embrasse sa tempe, et reprend un verre. Il allume sa cigarette, a le mérite de réchauffer les épaules de Ruby de sa veste et l'emmène dehors, la ramène chez lui ou chez elle en fonction des humeurs.

II ,, yeux quasi-divins quand ils permettent de faire voir un monde complètement différent aux autres. Ruby ne connaît pas et ne s'est jamais intéressée à la relation qu'avait un probe avec un mono. elle ne désirait pas forcément de cette responsabilité. mais d'un simple regard, il l'avait trouvé, sans honte il l'a approché. jours, semaines, mois, avant qu'elle se sente étouffée par son envie de tout contrôler. à assurer qu'il avait besoin d'elle, qu'elle ne devait jamais s'éloigner. à parfois l'attraper par les bras et dans sa folie qui n'était qu'à lui, menacer les pires injures quand on est censé aimer quelqu'un.

quand il était prêt, mains en l'air à récupérer ces orbes sacrés, qu'elle fait tomber le corps, lame dans ce coeur déjà souffrant. Ruby, depuis le début, a toujours détesté cette responsabilité qu'on leur imposait.

III ,, si ce n'était pas lui qui l'avait attrapé par le bras quand elle avait les mains en sang, elle n'en serait pas là. sauveur mais surtout gardien de prison, il a vu la détresse et les failles pour jouer au marchand de sable. soufflant les louanges de sa simple existence, Ruby a vu grand parce qu'il lui a murmuré qu'elle pouvait briller. elle serait de celle dont on se retournerait à son passage.
il lui a promis les étoiles sans honte et sans honneur,
pour lui offrir les retours à une réalité trop mauvaise.

quand elle n'est pas satisfaite, c'est trop fort qu'il la retient et murmure que c'est par là qu'elle doit commencer, qu'elle avait accepté et que de toutes manières, elle devait se faire de l'argent aussi vite qu'elle ne le pouvait si elle voulait vivre au dessus de ses moyens plus longtemps. Ruby ne sait si elle avait voulu ne jamais être retrouvé par lui, qu'il cache un corps sans même lui poser de question, qu'il fasse disparaître un cadavre dont il ne connaît rien. mais il l'a fait, alors elle reste accrochée à ses rêves.

IV ,, elle a espéré voir sa porte de sortie en un autre, a imposé vouloir protection quand on tuerait pour ses beaux yeux. d'abord l'indifférence alors qu'elle était prête à accumuler un peu plus de dettes pour l'attirer grâce à quelques billets. elle savait qu'elle vivait dans un monde où en étant femme, même si elle n'a pas peur, elle ne se fera pas forcément écouté. elle voulait se protéger quitte à utiliser quelqu'un d'autre. toujours non, toujours les mêmes refus et il a fallut que le mal arrive pour attraper la main tendue de force.

à halloween quand les prétextes sont bons mais jamais corrects pour s'attaquer à ceux qui voient gris. ces derniers veulent se venger, veulent se faire entendre. elle aurait pu voir la mort, une deuxième fois, mais l'a évité sans avoir à ajouter un deuxième cadavre à son compteur, parce qu'il était là. elle ne sait pas pourquoi il a accepté, ne veut même pas connaître la raison sur le moment, elle se satisfait simplement de ce qu'elle a réussi à obtenir et de son mauvais caractère.

V ,, mauvaise addiction mais rien de mortel elle pense. les paquets de cigarettes s'accumulent, le tabac écrasé dans un cendrier dans un mouvement devenu trop habituelle. marques de rouge à lèvres sur le filtre laissées en vague souvenir. il n'y a pas d'odeur de tabac froid et la fumée ne semble jamais déranger parce qu'elle prend toujours soin de s'éloigner. jamais devant les autres, toujours seule pour se complaire avec elle-même et penser à tous ses mauvais choix de vie dans des moments pathétiquement comiques.

elle pourrait vivre sans, mais prétend que ça l'aide à rester calme quand il s'agit simplement d'une excuse pour s'échapper, et pas plus que ça.