❛ c’est beau, le bleu. c’est la couleur du ciel des jours heureux, sans l’aura pesante de la tristesse des nuages gris chargés de larmes — et pourtant, quand on est triste, on a le blues ; le genre mélancolie musicale du dix-neuvième siècle pour chanter ses déboires. des bleus sur les genoux quand on tombe la première fois de son vélo, des bleus au cœur quand il se brise, comme les vagues de la même couleur sur les rochers. je me suis toujours demandé si la tristesse et le bonheur pouvaient naître de la même nuance ; cobalt pour l’espoir, cœruleum pour l’amour et saphir pour la peine.
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2002
january

— L’hiver était là. La ville était recouverte d’un long manteau immaculé d’un blanc dès plus pur et le vent de l’est fouettait les boulots dont les dernières feuilles s’étaient depuis longtemps envolées. Glaçant, perçant, l’air ne cessait de refroidir les rues vides mais pourtant deux innocentes discutaient dans leur cour arrière.  À l’abri du moindre regard, sous de petits flocons délicats qui déposaient leur pureté sur une longue chevelure claire, deux sœurs se tenaient côte à côte. L’ambiance était lourde, pesante; quelque chose s’était passé et avait emporté l’espoir de la plus âgée.  

L’ainée était soucieuse mais la cadette était quant à elle pleine d’espoir, le cœur animé par une seule et unique volonté: Aimer tous ceux qui construisaient son futur et ne pas les oublier.    


« Dis, c'est quoi l'amour ? » s'interrogea la plus jeune.

« Pourquoi me poses-tu cette question ? » lui répondait-elle en fronçant tristement les sourcils devant une telle innocence.

« Parce que papa m'a dit qu'il m'aimait et qu'il ne partirait jamais ! » s'exclama-t-elle dans un immense sourire qui coupa net les dires de son adorée. « Mais il n'es toujours pas revenu de sa promenade dans les nuages » ajouta-t-elle en baissant les yeux. « Peut-être qu'il ne m'aime plus. Tu crois que c'est ça, hein ? »

« Papa est parti, Hiromi. Il ne peut pas revenir... »

« Arrête de mentir ! » cria-t-elle tout en sentant les perles reprendre place au bord de ses yeux.            

           
             Suzune avair réalisé ce jour là
             qu'aimer était le plus cruel des sentiments  
             et qu'elle ne serait plus en mesure de l'offrir    
             à ceux qui voudraient le recevoir


              L’Amour ne se percevait pour cette petite fille qu’au travers des innombrables coups de poing placés sur ce punching bag. Explosive la petite, ses excès de colère font rage et ravage tout sur leur passage. Il se font soudains, abstraits, il se fourvoient dans son cœur et prennent forme dans ses torpeurs. Cet aspect de son âme était une vapeur très dense, une illusion; le meilleur prétexte afin que le monde prétende avoir une solution. Pourquoi se devait-elle d’aimer et de l’être en retour? L’amour ne sert qu’à cacher les vautours.    

 

2007
september

— Le premier cour auquel elle assistait fut le plus étrange de tous. Tous les enfants semblaient bien trop heureux, trop souriants, et tous apaisés. Était-ce normal ou étaient-ils dérangés ? Il était évident qu’aucun d’entre eux ne connaissaient les mêmes tourments que les siens. Si elle avait pu, elle les aurait même enviés. Elle aurait envié la légèreté de leurs pensées et l’insouciance de leur avenir, leur sourire et le fait d’être accompagnés. Mais plutôt que de continuer à noircir des centaines de lignes dans son esprit tourmenté, elle regardait ses petits êtres se placer en formation avant que la valse des mouvements  n’en vienne à lui couper le peu de souffle qu’il lui restait.

 
« T'as vu ? y'a une nouvelle.. Elle a l'air bizarre. » entendit-t-elle avant de se replier un peu plus contre le pilier en bois verni.  

« Moi j'ai pas envie d'aller lui parler, elle a l'air d'être pas gentille. »  

 
Renfermée, étrange, solitaire; tel furent les mots que son ouïe avait toujours perçue. Dur pour Suzune qui au fond, n'avait que générosité et animosité en son âme. Sa famille et la réputation qui lui était attribuée avaient rendu les deux enfants particulièrement méfiantes. Elle ne comprenait pas forcément le sens de tout ce qu’il se passait depuis des années et ne soupçonnait pas l’impact que tout cela allait avoir sur son avenir, mais elle savait cependant que ses bruits de couloir n’étaient pas fait pour la bercer d’espérance. Alors en attendant de pouvoir rêver à une meilleure vie, elle alla tout doucement vers une place libre. Elle se surpris à laisser son regard vagabonder sur l'une des filles de sa classe.

Elle l’étudia dans son esprit, elle en analysait les contours et le moindre détail ; le sang monte et empourpre ses joues, son myocarde se met à battre la chamade.  

 
« Mais qu'est-ce que tu regardes comme ça toi?? Pourquoi tu m'fixes ? Tu veux te battre, c'est ça ? »  La fille en question s'approche d'un pas déterminé, suzune, elle, n'pense plus. Sous la provocation, elle n'hésite pas à donner le premier coup. c'est quand elle la plaque au sol qu'un sentiment de bien-être réchauffa son corps comme si une flamme s’était matérialisée vers son cœur. Et pour la première fois depuis des années, ressentait-elle fougue et passion.

 
« J'te fixais pas, je t'admirais, pétasse. » dit-elle à voix basse, comme murmure à elle-même.

 

2013
june

— Symbole des Forces de l’Ordre dans cette Vallée des Larmes, elle a toujours su faire preuve d’intégrité et de panache, lors de ses interventions policières. Seulement, ce soir-là, ces faux-semblants de bonnes mœurs rencontrent leur limite. Face à cet énergumène, empreint de délinquance, d’insolence et de flegme, elle perd ses moyens et son sens de la Justesse. Le délit, saupoudré d’une folie furieuse, le sachet d’Opium déverse ses effluves entre ses cils, et ses poings tonnent, frappent contre ce malencontreux visage tuméfié par le Vice. elle sait à quel monde il appartient, ce qu'il a fait subir à sa petite soeur et toutes ces autres fillettes et cela la rend dingue d’imaginer, ne serait-ce qu’une seconde, qu’il puisse s’en tirer indemne. C’est avec cette hargne à laquelle personne ne l’associe, qu'elle heurte, cogne, désagrège, l’individu qui a osé défier son autorité et s'en prendre à sa famille. enivrée par cet excès de zèle, de violence. Une soif nullement étanchée, ni même refoulée. L’éclat d’une purgation à l’image d'ce quartier sombre où même sous les pans de la Justice, l’immoralité peut se musser. Dans l’ombre d’une ruelle, l’obscurité s’avère alliée, et complice. Malheureusement pour elle, quelqu’un a surpris cet égarement, et a enregistré la scène, pour immortaliser sa chute. Une vidéo compromettante, scrupuleusement gardée, un outil qui menace sa réputation, et par extension, sa carrière. Une opportunité, pour ses détraqueurs, qui ont su en faire usage à bon escient. On la fait chanter et c'est à contre coeur qu'elle quitte la cité vers des terres nouvelles, sans même un au-revoir.  

TW : tentative de suicide

2013
july

— Douze heures, treize minutes et un quart de seconde. C’était le temps qu’il lui avait fallu pour en arriver là. Les yeux baignés par les flots d’un cœur trop meurtri, un air glacé au bord des lèvres, une envie de vomir et une arme à feu qu'elle a dilligement su camoufler; voilà ce que la destinée avait fait d’elle. Un fantôme, une ombre fluette dont la carcasse peinait à mettre un pied devant l’autre, une marionnette de peine dont les ficelles commençaient à céder sous le poids d’un monde qu’elle haïssait.
Elle n’était plus qu’un vaste souvenir, le reflet terne de ces nombreuses années à vaquer sans buts, elle manquait de souffle et de légèreté; elle étouffait à en avoir la nausée. Alors pour pallier à ce creux dans le fond de son coeur, elle avait pris la décision de mettre fin à sa vie.  

               

            【  Plus de souffrance dans le silence,
          plus de douleur dans le néant.  】            

         

                  Le paysage devant elle s’étendait à perte de vue. Cette colline verdoyante perchée au-dessus des vestiges d’un domaine tant aimé semblait appeler son âme pour la préserver. Elle se sentait sereine, apaisée, le destin allait de toute façon trancher en faveur de sa propre continuité. Alors elle posa le canon au niveau de sa tempe en repensant aux sons de son tout dernier rire. « Vais-je te rejoindre papa ?» murmura t’elle dans un dernier soupir. Nul ne savait.  
Elle ferma lentement ces paupières lourdes, comme si elle s’attendait à ce que tout autour d’elle disparaisse; comme si ce mouvement mettait fin à son horrible cauchemar, mais il n’en était rien.  
Tout était flou, tout était noir. Elle était simplement là, assise sur un muret construit par les intempéries, un cerisier au dessus de sa tête, un morceau de mort imminente pointé contre son épiderme granuleux. Pendant un court laps de temps, et ce malgré le refus à penser à son autre dans un tel instant, elle s’imagina que la seule balle présente dans le Glock allait partir et lui ôter l’essence sans qu’elle ne puisse revoir le visage de sa sœur tant aimée. Diable que cette pensée lui était on ne pouvait plus insupportable mais elle ne faisait pas pencher cette balance dans son esprit détruit.  
La nausée lui retourna tout à coup l’estomac mais elle se souvint qu’elle devait vraiment rester calme. Le calme avant la tempête.
Inspirant de longues goulées d’un_r trop toxique, les orbes fixées sur les cieux éternels, elle se mis à parler tandis que le pistolet tremblait contre son crâne.  

« Je n'en peux plus, papa...»

2013
september

— Il y a des endroits dans le monde qui apporte systématiquement la paix pour autrui. Un souvenir d’un rire, d’un « je t’aime », d’un éclat trop fort ou bien si faible qu’il s’apparentait au silence. Celui de la brune portait autrefois le prénom d’un homme qui n’était plus. En parler ainsi était bien mélancolique ; comme décrire un disparu. Il n’était guère mort mais son souvenir lui, l’était. Et peut-être que dans l’esprit lunaire : c’était tout comme. Quelle ironie n’est-ce pas ? Un mort vivant —bien loin de ces clichés cinématographiques— ; un fantôme visible. Un parfum qu’on n’a jamais goûté et qui, pourtant, emplit toute l’atmosphère. Elle suffoquait des souvenirs qu’elle n’avait pu avoir, maudissant l’Amour innocent qui n’avait rien de bourreau ; simplement maladroit. Las, la bassesse de l’espoir qui ne l’avait guère encore quitté. Elle pouvait médire, parjurer ses pensées en prêchant la paix ; son patronyme était tempête. Et la pluie, c’est dans ses yeux qu’elle trouvait la vie.

          
     Et lorsque les mots n’apportent que du vice, doit-on les faire mourir ? Elle se souvient pourtant des ritournelles, des éclats de rires et des joies par centaines. Elle effleure encore les idioties et les maladresses ; tous ces fracas de trop qu’on pensait assez. Et puis le vide, et tout ce qu’il a laissé. On pense à tort que ce dernier s’apparente au Néant, à un Univers froid dépourvu de constellations. Après le vide, il n’y aurait rien. Pourtant, il demeure tellement de choses, peut-être même plus qu’avant. Sauf que, cette fois, rien ne compte. L’importance n’est plus, elle se veut moqueuse. Larmoie, que la gorge s’irrite de ces rires qui sonnent faux et rappelle toi des regards. Du premier, du dernier et de tout ce qu’il y a pu avoir entre eux.

TW : sang, violence graphique, meurtre

2015
january

— [size=10]Son manque d'humanité était une fois encore visible ce soir-là. Taraudée par ses psychoses et la frénésie la possédant, Suzune avait une fois de plus succombé à ses plus grands démons. Ô, la vie n’avait plus le moindre intérêt à ses yeux (c'est la faute de ton bourreau). Pour elle, l’être humain n’avait de raison d’être que pour satisfaire ses désirs et ses horrifiques folies. Une assemblée de marionnettes qu’elle avait la prérogative de manier à sa guise. Les voix névrosées faisant écho dans sa tête apocalyptique, un rire préoccupant avait quitté la lisière de ses lèvres amochées sous les images qui défilaient dans son esprit tourmenté et déstructuré.
Douce et mélodieuse journée, bercée par le fantasme d'une apoplexie nouvelle.
Munie d’une batte de baseball défraîchie et ornée d’imposants clous rouillés, Hirarata jongla distraitement avec l’objet, la tête penchée sur son épaule à l’usure que ses orbes dénuée de vie contemplaient son divertissement vivant. Pendu par les bras au chêne massif qui faisait face à l’Antéchrist, la silhouette d’un homme torse nu se dressait. Approximativement quadragénaire, le fonctionnaire avait les yeux bandés, ses poignets rougis de brûlures par le cordage qui le maintenait à la branche et qui subissait la force de son poids.
Tel un prédateur observant sa proie avant de lui bondir dessus, la Vénus maudite se délectait du moindre ressenti de sa victime. Sa respiration semblait erratique, son buste se soulevant promptement, la peur était palpable et mettait en extase le moindre sens du sadique. Tout en faisant basculer l’objet contondant sur son épaule, la femme au minois angélique ferma un court instant ses yeux, craquant sa nuque dans un soupir d’empressement sous les yeux fiers de son mari, fiers de sa toute nouvelle création.

« Pitié, j'ai une femme et deuz enfants.. N-ne me faites pas de mal... Laissez-moi partir, je ne dirai rien, à personne. J-je vous le promets...!! »

Le rictus étirant ses pulpes d’un pâle déconcertant à l’entente de la voix chevrotante de son martyr à en devenir, la névrosée secoua la tête, amusée par les supplications dont l’Homme pouvait continuellement faire preuve. N'était-il pas conscient que son existence n’avait lieu d’être qu’au nom de sa démence? Sa langue percée claquant contre son palais, elle porta sa seconde main sur la manche de la batte, sa prise se faisant ferme. Balançant l’arme pour lui faire gagner de l’élan tout en fermant un œil afin de visualiser où taper, la brune souffla d’une voix lasse et détachée, un air frustré prenant éphémèrement place sur son faciès.

« Vous auriez dû m'en faire part plus tôt, pardi. Ils auraient pu être à vos côtés et j'aurais eu de quoi m'amuser plus longtemps. Quel dommage. Vraiment, c'est du gâchis...»

Un soupir de contrariété quitta sa cavité buccale tandis qu’une moue presque innocente naquit sur sa bouche voluptueuse. Ses iris se posèrent au sol, ses épaules se haussant dans un geste enfantin par dépit, ses mots lui échappant d’un ton de voix léger.

« Bien.. Tant pis ! »

Abruptement, dans mouvement furtif et offert de toutes ses forces, la tête cloutée vint s’abattre dans l’abdomen dénudé de l’homme. Un hurlement vif d’une douleur accrue résonna dans l’air humide nippon, ses membres se contractant violemment sous la souffrance. Une poussée d’adrénaline posséda la troublée et soudainement, le sourire de la créature abyssale s’élargit à son paroxysme, dévoilant sa dentition immaculée. Ses sclères imbibées des ténèbres admirèrent sa proie en détresse tandis que lentement il retira les bouts de ferraille de la peau du père de famille.

Dérobant tout répit à ce bout de viande qui se lamentait incessamment et bruyamment, appelant à l’aide dans cette forêt déserte, la batte s’abattit à nouveau sur le corps de l’éclopé. Puis encore, et encore, continûment. Suzune frappa de toute son âme, avec toute sa haine, et le banquier gémissait. Les pleurs frôlaient l’hystérie, les déficiences de la belle s'intensifiant à chaque seconde. Elle était euphorique, extatique. Elle dégustait chaque glapissement, chaque afflux sanguin qui la poussait à l’apothéose de son aliénation. Plus les clous déchiraient l’épiderme de la future dépouille, plus l’exaltation s’emparait d'elle. Elle porta d’incessants coups, plus forts les uns après les autres à sa proie défigurée, chaque commotion faisant jaillir le liquide vital sous forme de projectiles, teintant son visage blafard de carmin. Elle était couverte d’hémoglobine de la tête aux pieds, et, lorsqu’enfin l’abdomen de l’estropié se pourfendit à en faire pendre ses intestins, la détraquée se stoppa, la satisfaction l’envahissant.

Elle l’aimait.
Ô Diable, combien elle l’aimait.
Il était son opium.
Sa raison d’être.
L’air qu’elle inspirait et qui la faisait vivre.
Elle était ivre de lui.
Au-delà même de l’amour, elle lui vouait une obsession inébranlable.
Elle le vénérait, si bien qu’elle lui aurait donné le bon Dieu sans l’ombre d’un doute.
Sa vérité était irrévocable.
Oh oui, elle l’aimait. Elle ne vivait que pour lui.
Elle ne voyait que lui. Elle ne voulait que lui.
Elle obéissait. Obtempérait. Elle adhérait à ses folies, subissait sa haine.
Mais elle l’aimait. Et ce fut tout ce qui l’importait.
Elle n’était qu’un simple pantin.
Un objet de plus à sa collection.
Un être sans la moindre valeur.
Elle n’était rien.
Il détestait le monde.
Il détestait les sentiments qu’elle lui portait.
Oh oui, il la haïssait.
Elle était folle de lui. Dangereusement éprise.
Soumise au joug d’une hypnose charnelle irréversible.
Elle le voulait, pour l’éternité.
Mais il ne la regardait pas.
Il ne l’avait jamais réellement fait.
Elle était prête à tout pour lui, juste pour un simple regard.
Quitte à lui offrir sa propre vie.
Elle se serait damnée pour être épiée de sa part,
Telle une œuvre d’art.

2015
january

— Âme torturée, être bafoué, ermite renfrogné, elle aspira à l'art plus qu'à la sociabilité. Elle haïssait la société. Possédée par une folie meurtrière ô combien dévastatrice, elle tentait en vain d’adoucir ses mœurs des plus anarchiques.
Les yeux clos, s’offrant à la ville, elle se laissait simplement porter par les notes de musique qui faisaient écho dans le silence du vent. Les vibrations des cordes sous les caresses de son archet l’apaisaient, plus que de raison. À cet instant, le monde n’existait plus. En transe mélancolique, elle était emportée par la pureté du moment à mesure que ses phalanges se déplaçaient avec dextérité le long du manche de son violon. Doucement, alors qu’elle chantonnait d'un timbre angélique au rythme de la mélodie, elle oublia. elle oublia l'instant qui avait précédé. ce corps sans vie mutilé gisant à ses côtés n’avait plus la moindre importance. Les taches de sang trônant sur sa chemise d’un blanc jusqu’à lors immaculé non plus.
Alors qu’elle n’était plus, elle avait oublié la tragédie. elle avait oublié sa tuerie. elle ne s’accordait plus qu’à l’accalmie, palliant à sa démence dominatrice.


*    ·          *         ❝〔 LETTRE À MOI-MÊME 〕❞
                                         do not forget who you are.

❛ 2020 - c'est avec la dernière once d'humanité qui m'habite que j’espère que tu diras au ciel que je lui en veux quand les astres en auront finis avec toi. que la pâleur de leur lumière n’a rien à envier au noir abyssale qui s’est installé là, où battent en harmonie espoirs déchus et souvenirs poussiéreux. car ce matin lorsque je me suis réveillée, je ne me souvenais plus de toi — les traits de ton visage avaient l’allure d’une peinture inachevée, manquants, comme une vieille photo abîmée par le temps. ta voix disparue, au profit d’un mauvais spectacle de mime, faisant de moi une spectatrice impuissante. effrayée. crie-le, ô temps. j’exècre, suffoque son emprise tortueuse & des morceaux de vie qu’il me kidnappe.

2022
now

— Délires noctambules à la respiration hâtive, le corps se veut paisible pendant que l’Âme lutte ; prisonnière du carcan empirique des êtres perdus. Les secondes se veulent meurtrières, ralentissement calculé d’une course qu’on ne veut gagner. Le visage est angélique : lèvres entrouvertes, souffle régulier, regard néant dissimulé. Le calme est Roi dans l’apparence, le silence n’a jamais été aussi trompeur —— elle ne vit qu'à moitié.
C’est l’histoire de celle qui est morte avant d’avoir vécu, offerte au présent comme l’Innocence qu’elle n’avait plus. Étrange regard éveillé du nouveau-né ; plus sage que celui qui a étudié mille livres sans les avoir parcouru. Pleurs silencieux aux allures célestes, les perles ont coulé sans épouser le son et le vraisemblable s’est envolé. Elle fut.