enfant dorlotée, ako garde de ses premières années des souvenirs en demie teinte. elle se souvient avec amertume de son enfance heureuse dans la luxueuse villa familiale au cœur d'osaka. de sa mère qu’elle trouvait tellement belle et du défilé d’hommes à la drôle de dégaine dans le bureau de son père, de son adorable petit frère  qui la suivait comme son ombre. tableau merveilleux pour une enfant trop heureuse pour voir les sous textes affligeant de la réalité. trop admirative de la silhouette maternelle lorsqu’elle regardait, songeuse, par la fenêtre - trop jeune pour comprendre qu’il n’y a jamais rien eu de beau dans la mélancolie de sa mère. trop naïve pour imaginer que les cadeaux presque quotidiens de son père étaient financés par la misère d’autres familles. relecture venue à l’adolescence lorsque le monde s’est imposé à elle dans toute sa laideur. alors oui, sa famille est encore plus spéciale que dans ses fantasmes enfantins mais elle la troquerait bien pour plus de normalité.

tw malheureusement les déceptions parentales ne sont pas le premier drame de l’existence d'ako, elles sont même moindre comparé à la véritable tragédie qui vient semer les premières graines de la discorde entre eux pendant l’été de sa onzième année. cette année, personne ne veut aller faire de camping avec aruto, le petit dernier de trois ans son cadet, qui part regarder les étoiles avec quelques amis et du personnel pour prendre soin des enfants. ceux qui étaient sur place parlent d’une pluie diluvienne qui les a pris par surprise, de la rivière qui est sortie de son lit pour prendre d’assaut le camping et d'aruto qui manque à l’appel. emporté par les eaux, c'est un cercueil vide qui est mis sous terre. les soupires de sa mère s’allongent et  son parfum capitonné est masqué par la nicotine et l’odeur âpre de l’alcool. ce n’est qu’une question de temps avant que l’on arrache à ako les dernières traces de son innocence.

la fin du mythe du père arrive comme un enfant qui cesse de croire au père noël. le voile se lève des yeux d'ako qui se remémore son enfance avec une toute nouvelle grille de lecture. une où sa mère est une reine captive mais surtout où son père est à la tête d’un empire du crime. tout devient plus clair et le monde réel perd de sa superbe. déjà prédisposée à ne surtout pas suivre les règles, ako se révèle être une redoutable adversaire pour son yakuza de père qui se casse les dents sur son éducation. elle lui refuse toute forme d’amour et tente par tous les moyens de rallier sa mère à sa cause. alliée à l’efficacité discutable qui l’aide à emprunter sa propre voix sans pour autant se libérer pleinement.