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Styx, the road to hell

La sensualité est la condition mystérieuse
mais nécessaire et créatrice du développement intellectuel.
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Elle a appris à supporter les regards des hommes. Plus jeune à travers ces vitres qui lui donnaient la nausée, à l'observer, ils se tenaient debout, divertis par les doigts qui retraçaient ses courbes. A deviner les silhouettes de l'autre côté, elle a appris à leur échanger des regards complices, comme des secrets entre eux. Si avant elle en avait peur, maintenant elle ne les lâche plus quand elle sait qu'ils aimeraient la rejoindre. D'un mal, elle l'a transformé en désir malsain pour se protéger des pensées assassines.

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Sa cour à la place de vulgaires inconnus, c’est qu’elle a toujours su battre des cils, et leur donner envie de revenir. Dégoûtants à cracher les billets, désespérés pour combler un peu de solitude accumulée, elle les fait sentir importants ( tant qu’ils la regardent elle  ) le temps d’un rêve. Ses doigts comme des serpents, ses lèvres de velours et sa peau porcelaine comme une drogue, ils reviennent et jurent fidélité à s’en tuer les genoux à force de la voir en déesse. Ironique, on la voit comme sacro-sainte alors qu’on ne compte plus le nombre de mains qui ont pu s’approprier ce corps.

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Fausse aura maternelle au milieu de toutes les filles, elle prend le rôle que beaucoup d’entre elles ont perdu. Elle les écoute ( à leurs risques et périls ), les conseille et sa main glisse tendrement contre leur dos. Il en faut peu avec ses âmes perdues, pour s’élever un peu plus haut qu’elles. C’est qu’au coin des couloirs, on l’observe d’une admiration pudique. On se sert de cette débauche qui dégouline de partout pour jouer aux innocentes sous ses yeux. On aime quand elle glisse le bout de ses doigts dans cette chevelure parfois malmenée. On évite à tout prix que sa posture noble se brise sous la déception ou même la colère. On a peur de ses mauvais côtés, même si rare à s’être exposés car on sait se tenir.

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Cigarette jamais touchée et toujours refusée, elle déteste l'odeur de nicotine qui chatouille les narines. Elle se crispe aux cendres qui tombent mal et elle trouve que les mégots ruinent les décors. Elle ne boit que très peu, seulement avec ses clients quand ils le désirent. Elle préfère ne pas se perdre dans des ivresses stupide, privilégiant le total contrôle de ses pensées ou de ses actions. Les mots de travers, les joues rougies par l'excès d'une boisson qui brûle la gorge, très peu pour elle.

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De son enfance, elle préfère en oublier beaucoup de choses. Sa vie avant l'okiya n’a jamais existé. Elle tue le passé qui provoque les insomnies. Elle se déteste à fixer le plafond et revoir sa vie sous forme de vieux films quand les corps passent au-dessus d’elle. Son statut ne tenait qu’à ce qu’elle représentait ici et l’avant sa cage dorée n’avait plus lieu d’être. Alors à la place les mauvais souvenirs s’acharnent à battre son sommeil pour être en tête à tête avec elle et un verre quand les maux font trop mal.